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  Dernière mise à jour : 2 mars 2018

Extraits de revues où il est question de fraises et de fraisiers.
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Fruits de grandeur naturelle de plantes
d'une année.
Véritables fraisiers
MAMMOUTH

Grâce à des travaux laborieux et des soins les plus assidus, j'ai réussi à obtenir un fraisier qui, relativement à sa productivité facile et abondante, la grosseur des fruits ainsi que de leur arôme, n'a pas été surpassé jusqu'à présent en Europe et qui mérite avec raison le nom de fraise Mammouth. Sa chair ferme et savoureuse et son arôme agréable en font un fruit de table et convient aussi plus que toute autre fraise pour la préparation de confitures, elle peut aussi être donnée aux malades comme rafraîchissement et calmant très agréable et inoffensif. Malgré ces excellentes qualités, ce fraisier n'exige point de soins particuliers trop minutieux et un sol quelque peu labouré et légèrement fumé ainsi qu'une situation libre et du soleil suffisent pour obtenir, après la plantation au mois de mars jusqu'à la mi-mai, des fruits en abondance encore la même année. Avec des soins convenables, j'ai obtenu en moyenne jusqu'à 3/4 de litre de fraises par fraisier, de sorte qu'avec des plantations plus grandes d'environ 3000 fraisiers, on obtient, rien qu'avec les fruits, un rendement de 1000 à 1500 mark. M'appuyant sur toutes ces excellentes qualités, je me permets de recommander cette véritable fraise Mammouth cultivée par moi pour la plantation et je prie les honorables acheteurs de me faire parvenir le plus tôt possible leurs commandes. 50 plants vigoureux coûtent 6 M. 75 Pf ; 100 pièces 11 M, 50 Pf ; 1000 pièces 100 M. Les commandes faites par écrit accompagnées du montant ou contre recouvrement seront effectuées promptement et l'emballage ainsi que l'instruction de culture sont gratuits pour les achats de 100 pièces.
W. VETTERS, horticulteur et pépiniériste, Dresde, Louisenstrasse, 66.




LA CULTURE DU FRAISIER DANS LE PAYS MESSIN
PAR M. D. AMBLARD,
Membre titulaire.
Lu en séance de l'Académie le 25 Juin 1885.

   La culture du fraisier pour le commerce, et surtout pour l'exportation, était à peu près inconnue autrefois dans le pays Messin. Mais, depuis quelques années, l'introduction de nouvelles espèces, plus propres à la spéculation par leur fertilité, a donné à ce genre de culture une extension et un essor qui vont s'augmentant chaque jour. - Les fraises de Metz ont déjà une excellente renommée sur la plupart des grands marchés et sont recherchées non seulement à Paris, où on les expédie par nombreux wagons, mais encore à Berlin, Francfort et Nuremberg. Seulement ces dernières villes demandent tout particulièrement les espèces printanières.
Le fraisier est de la famille des rosacées : son calice a dix divisions sur deux rangs, dont cinq extérieures plus étroites et plus écartées ; sa corolle compte cinq pétalles arrondis, vingt à vingt-cinq étamines et beaucoup d'ovaires. Le réceptacle devient ovoïde charnu et succulant après la floraison et forme une sorte de baie portant les graines à l'extérieur. Les fleurs sont blanches.
Il a été connu de tout temps dans nos pays et on en fait souvent mention sous le nom de frogier dans d'anciens manuscrits antérieurs à 1750, année où le capitaine Fraize est dit l'avoir importé en Europe.
La fraise croît à l'état sauvage dans toutes nos forêts et sur quelques coteaux rocailleux : c'est la Fragaria vesca ou Fragaria vulgaris. Très parfumée, assez fertile, elle apparaît fréquemment sur nos marchés où elle est fort recherchée.
Sauvage encore, quoique bien différente, est la fraise remontante (Fragaria vesca semper florens), variété à fruit rouge et blanc durant quelquefois jusqu'à l'époque des neiges, et croissant surtout à Villers-Bettnach.
La fraise sauvage est aussi cultivée dans les jardins : des sélections habiles éliminant les membres trop faibles et à fruits trop petits ont perfectionné cette espèce rustique et créé (les variétés nouvelles donnant des fruits d'assez fortes dimensions et dont le principal avantage est de fournir des fruits pendant plusieurs mois, tandis que les nouvelles variétés ne produisent que fort peu de temps. On cultive entr'autres le fraisier Estagellis qui ne produit point de rejets rampants.
Pour la culture spéculative, la fraise Marguerite (Lebreton) est fort recherchée : elle est la plus hâtive mais laisse beaucoup à désirer sous le rapport du parfum. Je lui préfère la Princesse royale moins fertile mais meilleure.
Comme fraise de 2ème saison, la fraise Docteur Morère est fort répandue, le fruit est bon et d'une belle couleur. Cependant les jardiniers préfèrent la Châlonnaise produisant un bon fruit rond, juteux et à graines peu saillantes.
On recommande comme fruit de 3ème saison la fraise Elton improwed (Ingram). Elle est cultivée surtout à Woippy et à Saulny ; elle n'est pas très grosse, et ce manque de grosseur est largement compensé par le nombre des fruits qui sont ronds, à pointe tronquée, juteux, parfumés et à graine saillante. Cette variété craint particulièrement les hivers rigoureux.
Enfin la fraise dite Ananas, cultivée spécialement à Bellevue, au Ban-Saint-Martin et Devant-les-Ponts est recherchée par la confiserie de Metz qui en fait des fruits confits qui s'expédient à Londres principalement où ils sont aussi avantageusement connus que les mirabelles de Metz.
Depuis peu la fraise Napoléon III est introduite en grande culture par quelques maraîchers. - Tout comme la fraise des bois, cette nouvelle variété est couverte sous les feuilles et les pédoncules d'un duvet soyeux épais. Le fruit est gros, très rouge, de très bonne qualité mais tardif. Les caractères de cette fraise se reconnaissent fracilement à la feuille. Mais pour les autres espèces, les fruits types doivent toujours être pris parmi les premières fraises mûres ; - les fraises mûrissant à la 2ème ceuillette perdent les principaux caractères qui les distinguent.
La récolte de ces diverses variétés se fait ordinairement au mois de juin, mais comme les fraises primeurs sont toujours vendues un prix énorme, surtout si elles joignent la grosseur à une belle couleur vermeille, les spéculateurs s'efforcent par tous les moyens d'avancer la maturité. - La seule méthode, employée aux environs de Metz et principalement par les horticulteurs du Ban-Saint-Martin pour hâter la maturité des fraises, consiste dans le forçage sous châssis vitrés sur une couche faite en janvier avec du fumier de cheval et recouverte de 25 à 50 centimètres de terreau. Les fraisiers forcés sont choisis parmi les sujets les plus forts. On les plante quelquefois en pots et, lorsque la couche se refroidit, on prépare une nouvellee couche sur laquelle on replace les pots au bout de 7 à 8 jours après que cette nouvelle couche a été faite, car ce temps est nécessaire pour permettre au fumier de se mettre en fermentation et à la terre de s'échauffer.
Un autre moyen est employé à Pont-à-Mousson par les jardiniers pour devancer de quelques semaines la récolte des fraises et en obtenir même en avril. Ils établissent des couches de fumier de cheval recouvertes de châssis vitrés sous lesquels ils plantent en janvier des fraisiers espacés entr'eux de 20 centimètres en tous sens. Ils lèvent les châssis pendant les journées chaudes et arrosent sur un paillis de grand fumier pour empêcher la terre de salir les fraises. J'ajouterai cependant que cette industrie paraît fort peu rémunératrice dans cette petite ville, parce que les variétés employées sont peut précoces et qu'on n'y cultive guère que la Châlonnaise ou la Jueunda, dite la ronde sur le marché de Metz. Cette dernière variété est non seulement peu productive mais encore de 2ème saison.
Le mode de multiplication du fraisier consiste dans les semis ou dans les replants.
Les replants sont les stolons ou rejets rampants que produit chaque pied de fraises aussitôt après la fructification et qui, s'enracinant d'eux-mêmes au bout de quelque temps forment des pieds nouveaux.
La multiplication par semis est excessivement simple : Après avoir écrasé des fraises dans du sable on les sème de suite en terrines sur couches ou au printemps suivant dans une bonne terre dans laquelle elles lèvent au bout d'une quinzaine de jours. Inutile d'ajouter que ces jeunes semis devront être soignés longtemps d'une manière spéciale, sarclés fréquemment et arrosés au moment des chaleurs.
C'est par les semis qu'on est parvenu à obtenir toutes les nouvelles variétés cultivées aujourd'hui. Par l'influence du climat, du terrain et du choix des graines les anciennes variétés se sont perfectionnées peu à peu. On n'aurait jamais obtenu ce résultat par le replant des stolons qui ne produisent jamais que des sujets identiques aux fraisiers générateurs.
Dans les maisons bourgeoises, la culture des fraises se fait généralement en bordures, le long des sentiers du jardin ; c'est un très mauvais moyen pour obtenir de beaux et bons produits. Il est préférable de consacrer à cette culture un espace, si restreint qu'il soit, dans un carreau du jardin potager où on plantera les pieds à 33 centimètres en tous sens : c'est l'intervalle généralement adopté par tous ceux qui cultivent les fraises en grandes pièces.
La durée moyenne d'un pied de fraises est de 4 à 5 ans, parce que, passé ce temps, le fraisier dégénère et dépérit.
Les soins à donner au fraisier sont plus nombreux et plus coûteux qu'on est porté à le croire. Au printemps il faut bêcher à la main et arracher avec soin autour des pieds ies mauvaises herhes et surtout le chiendent et la chicorée qui s'entrelacent dans les racines. Dans les premiers jours d'avril il faut biner légèremcnt le sol, et, par une journée un peu fraîche, répandre dans les lignes de la longue litière ou de la paille hachée. A l'automne enfn, il faut de nouveau fumer abondamment le sol.
La cueillette des fraises se fait après la disparition de la rosée du matin. Celles qui ne sont pas destinées au marché sont placées dans des paniers spéciaux et conduites directement à la gare, dans des voitures à étages, pour être expédiées par grande vitesse.
La vente des fraises, après avoir suivi pour les prix une marche ascendante, tend maintenant à baisser. Cependant, même l'année dernière où la crainte du choléra a restreint considérablement la consommation et par suite la valeur de toutes les espèces de fruits, la culture du fraisier demeure très rénumératrice et rapporte net en moyenne de quinze à seize cents francs par an et par hectare dans une culture bien tenue.
Il serait seulement à désirer que les amateurs étudiassent les nouvelles variétés de fraises de manière à perfectionner leurs cultures, sous les rapporls et de la qualité et de la quanlité, pour conserver aux fraises de Metz, la renommée et la supériosité qu'elles ont acquises jusqu'ici sur tous les marchés. Mais c'est principalement sur les variétés les plus précoces, et par conséquent les plus chères, que leur attention devrait tout spécialement se porter.
Notons en terminant que depuis quelques années des horticulteurs allemands sont venus aux environs de Metz acheter des replants de fraisiers pour les multiplier dans leur pays. Ils font en ce moment une concurrence énorme à l'exploitation messine.



L'Agriculture nouvelle - Samedi 17 mai 1913.

(Rédaction-Direction : PETIT PARISIEN, 16-18, rue d'Enghein, Paris Xe)

La Fraise des Quatre Saisons

Le Fraisier des quatre saisons ou des Alpes (Fragaria semperflorens), a été introduit dans les jardins en 1754, i1 est surtout remarquable par sa faculté de remonter, c'est-à-dire de produire sans interruption toute l'année des fleurs et des fruits. Avant cette époque on cultivait déjà la fraise des bois, mais i1 s'agissait du Fragaria vesca qui ne remonte pas. Au château de Rouvres, près de Dijon, la culture de cette plante, en 1375, s'étendait sur quatre quartiers du jardin. Ce domaine appartenait à la duchesse de Bourgogne qui appréciait beaucoup ce fruit. Au seizième siècle, on vendait des fraises dans les rues de Paris ainsi qu'en témoigne ce quatrain des cris de Paris :
« Fraize, fraize, douce fraize !
Approchez petite bouche,
Gardez bien qu'on ne les froisse,
Et gardez qu'on ne vous touche. »
(Histoire des légumes, par G. Gibault.)
Le Fraisier des quatre saisons se plaît dans les terres saines, fertiles sans excès, silico-argileuses, chaudes, neuves et provenant de défriches. Une situation déclive regardant le sud ou le sud-est serait des plus favorables pour donner des produits précoces.
Deux races bien distinctes sont connues et cultivées, l'une, sans filets, dite « de Gaillon », est propre à la culture en bordure dans les jardins ; la seconde, plus productive, est surtout utilisée par la culture commerciale.
Un bon fraisier doit réunir les qualités suivantes : vigueur, rusticité, fertilité. Les fruits doivent être de belle couleur rouge, mais pas trop foncée ; on tient naturellement grand compte de la saveur et de la grosseur, mais surtout aussi, quand il s'agit de la culture commerciale, des graines saillantes, plus ou moins, qui protègent la fraise et en permettent une manipulation plus facile.
Une variété, « La Généreuse », est signalée comme étant la meilleure par l'ouvrage : Les meilleurs fruits au début du vingtième siècle, que vient de publier la Société natio¬na1e d'horticulture de France.
À Hyères, où cette culture est faite sur plusieurs hectares, on cultive une variété locale qui se reproduit assez fidèlement par le moyen du semis. C'est là, d'ailleurs, une propriété précieuse et commune à la plupart des races cultivées et que les cultivateurs mettent à profit pour repeupler leurs fraisières.
Avant de semer, il convient de sélectionner les semences en les récoltant à l'automne sur des pieds franchement remontants, portant les fruits sur des hampes robustes, assez élevées au-dessus du feuillage, sur des fruits beaux, bien faits, de forme allongée. On écrase les fruits et on laisse sécher la pulpe à l'ombre ; on frotte ensuite le résidu obtenu, puis on sépare les semences par vannage. La durée germinative se prolonge trois années.
On sèmera dans 1e courant de mars, de préférence à l'aide de graines jeunes. Sous un châssis et sur une couche tiède, on sème dans une terre composée de moitié terreau et moitié terre de bruyère. Les graines sont répandues à la volée et enfouies seulement de deux millimètres ; on plombe le sol et on le maintient frais par bassinage. Le châssis reste fermé et couvert d'un paillasson jusqu'au moment de la levée, qui arrive au bout de dix à douze jours. Après la germination, on donne de l'air, de la lumière, et l'on arrose suivant les besoins.
Vers la deuxième quinzaine de mai et en juin, on peut semer en pleine terre, dans une plate-bande abritée, et en plein soleil.
L'aération des jeunes plantes obtenues sous châssis se fera successivement, de manière à les durcir et à les amener en état d'être transplantées en plein air dès la fin de mai ou dans la première quinzaine de juin.
Cette transplantation a lieu dans un carré labouré et bien fermé, éloigné de l'ombre des arbres. Un hersage est donné pour pulvériser et niveler la surface. On trace ensuite des planches de 1 m 40 de largeur, séparées par des sentiers de 0 m 40. Les planches sont terreautées, puis on y trace, à l'aide du râteau, huit rayons espacés de 0 m 20. Avant de procéder à la plantation, il peut être utile de raffermir le sol par un plombage à l'aide de la batte ou du rouleau, car le plant se trouvera mieux d'être planté dans une terre ferme.
Un arrosage précédera l'arrachage du plant, qui doit avoir quatre à cinq feuilles ; on soulèvera les plants à l'aide d'une spatule de manière à les extraire avec leurs radicelles et sans briser celles-ci, pour faciliter leur reprise après la plantation.
À l'aide d'un plantoir obtus, on plante en quinconce à quinze ou vingt centimètres, deux plants accolés de même force, pour former une seule touffe. Après le repiquage on arrose au goulot. Des bassinages plus ou moins répétés, suivant le temps, seront donnés ensuite à l'aide d'un arrosoir à pomme fine.
Les soins d'entretien consisteront en sarclages, binages et arrosages. Les coulants ou filets seront supprimés au fur et à mesure qu'ils apparaîtront. En septembre les plantes seront fortes, elles seront de nouveau transplantées et mises en place en octobre ou au printemps suivant.
Le terrain destiné à recevoir la plantation définitive est fumé et labouré ; on y trace des planches larges de 1 m 35, séparées par des sentiers de 0 m 40. Quatre rayons équidistants à 0 m 33 sont tracés au râteau, ils sont destinés à recevoir la plantation.
Les touffes sont arrachées en mottes, à la houlette, puis plantées, premier lieu, sur les rayons médians. Elles sont placées à 0 m 45 et, en quinconce où on les enfonce jusqu’au collet par un tassement modéré. Si on plante en bordure d’allée, on maintient la plantation plus serrée à 0 m 25. Un bon arrosage termine l’opération.
Si la plantation a été faite en octobre, on procède, en mars, de l'année suivante, à un premier binage en même temps qu'on enlève les feuilles mortes. La floraison arrive à la fin d'avril et les premiers fruits mûrs vers le milieu de juin.
Les filets ou coulants sont coupés et supprimés. Vers le 15 mai on procède au paillage, pas plus tôt, pour ne point retarder l’échauffement de la terre et aussi pour ne point exposer davantage les plantes aux gelées tardives. Le paillis est indispensable ; il a pour but surtout d'empêcher les fruits d'être souillés de terre au moment des pluies. On se sert, pour le faire, de fumier recuit, que l'on secoue vigoureusement au préalable. Le paillis empêche aussi le desséchement de la terre en même temps qu'il est un obstacle à la croissance des herbes adventices. On peut encore pailler à l'aide de feuilles de fougères sèches, de mousse, de paille de seigle et de toute autre matière fibreuse, non fermentescible.
Les arrosages pendant l'été seront plutôt copieux que répétés, à raison de un à deux arrosoirs par mètre carré.
La récolte du printemps, qui commence vers la mi-juin, dure un mois ; elle devient presque nulle du 15 juillet au 15 août. À partir de cette dernière date, elle reprend, pour se continuer jusqu'à la fin de septembre.
À Hyères, la récolte commence en avril et se continue jusque vers le 10 juin ; ce travail est fait par des femmes : elles déposent avec précaution les fruits dans des « ferrats », sorte de petites boites en fer-blanc, susceptibles de contenir environ 500 grammes de fruits. Ces fruits sont transportés de suite au magasin d'emballage ; là, ils sont transvasés et triés, puis finalement, déposés dans de petites corbeilles d'osier qui peuvent contenir en moyenne 800 grammes. Ces corbeilles sont elles-mêmes empilées dans des cageots disposés pour l'expédition.
Le rendement, très variable, oscille entre 200 et 400 kilos à l'are.
Vers la fin d'octobre, quand la récolte est terminée, on enlève le paillis. Un binage est donné à la serfouette en même temps que l'on coupe les derniers filets. Un apport de terreau ou de compost peut avoir son utilité. Cet engrais peut être remplacé, au besoin, par des engrais chimiques à la dose suivante : 3 kilos de superphosphate de chaux et 4 k. 250 de chlorure de potassium. On complète la fumure en semant au printemps, en plusieurs fois, 2 kilos de nitrate de soude. Ces quantités sont indiquées pour un are de surface.
Les autres soins d'entretien restent les mêmes que ceux indiqués précédemment. Le maximum de production arrive la deuxième année. La troisième année les plantes sont sacrifiées et détruites ; elles sont remplacées par de nouvelles, en observant la loi d'alternance.
Exceptionnellement, dans les sols fertiles et quelquefois, sous l'influence des engrais, il pourrait y avoir intérêt à poursuivre une culture de troisième et même de quatrième année, mais il faut des conditions spéciales de fertilité.
Une méthode un peu différente de celle que nous venons de voir et qui, d'après les meilleurs fraisiculteurs, est susceptible de donner d'excellents résultats dans les jardins et dans les sols riches, consiste à ne planter que des filets des plantes provenant de semis.
Au lieu de planter en place et en pépinière à la fin de juin, ainsi que nous l'avons vu, on plante sur une seule ligne centrale, dans une planche large de 1 m 30. Trois plantes formant touffe sont assemblées et espacées de leurs voisines de vingt centimètres.
Les soins culturaux sont les mêmes que précédemment, avec cette différence que l'on coupe toutes les hampes florales au fur et à mesure qu'elles se montrent, et qu'on laisse développer les filets qui viennent s'enraciner dans l'espace libre, si on a soin de maintenir le terrain meuble et frais. On a ainsi une pépinière où l'on peut puiser à profusion des filets pour la plantation.
A chaque printemps, on enlève les anciens coulants et on ajoute un terreautage au sol de la pépinière à la suite d'un labour.
En outre de la Généreuse, on peut encore signaler comme bonnes variétés remontantes : la Belle de Meaux Améliorée, la Reine des Quatre Saisons, la Belle de Montrouge, la Brune de Gilbert, la fraise Quatre Saisons améliorée Millet.

A. MAGNIEN.




Rustica, 31 mars 1929.

Des fraises six mois de l'année
LES FRAISIERS REMONTANTS

Historique.
Il y a seulement trente-cinq ans, on ne connaissait que deux groupes de fraisiers : les fraisiers des quatre saisons qui produisaient de mai à octobre, mais dont les fruits étaient petits, et les fraisiers hybrides ou fraisiers anglais à gros fruits, mais qui ne donnaient qu'une récolte chaque année.
L’obtention des fraisiers remontants permit d’avoir des plantes ayant la particularité de fleurir constamment pendant toute la belle saison. Par un traitement approprié, leur principale production s’échelonna du 15 août à fin septembre, c'est-à-dire au moment même où la récolte des fraises anglaises est complètement épuisée.
Ce fut en 1894 que l'abbé Thivollet présenta à la Société d'horticulture de France le premier fraisier remontant à gros fruit auquel il donna le nom de Saint-Joseph.
A la même époque, le Caennais Louis Gauthier fécondait artificiellement une variété à gros fruit avec une variété des quatre saisons. Il obtenait lui aussi une nouveauté remontante à laquelle il donnait son nom. Les stolons ou « filets » de ce fraisier se couvraient de fruits blanc rosé fin août-septembre. Cette obtention fut le point de départ d'une nouvelle race de fraisiers. Depuis cette époque, successivement furent mis dans le commerce :
En 1899, Saint-Antoine de Padoue (abbé Thivollet) ; puis Constante Féconde (M. Charollais) ; Jeanne d'Arc (Edouard Lefort) ; La Perle (M. Charollais). Parurent ensuite : Gemma (abbé Touraine, 1906) ; Saint-Fiacre (Vilmorin) ; Merveille de France (Louis Gauthier, 1906) ; Soleil d'Austerlitz (Louis Gauthier, 1910).
Plus près de nous, Vainqueur d'Arcole, Princesse Marie-Clotilde, Président Poincaré, Général de Castelnau (1920), Abondance (1922), tous gains de Louis Gauthier.

Époque de plantation.
En septembre-octobre, vous vous êtes procuré (les plants de fraisiers remontants et les avez repiqués en un endroit bien abrité de votre potager, par exemple au pied d'un mur, au midi. Pendant l'hiver rigoureux, vous avez recouvert ces jeunes plants de paille ou de feuilles mortes.
La meilleure époque pour les mettre définitivement en place est fin mars-avril.

Emplacement.
Le but de la culture des fraisiers remontants, c’est de produire pendant la saison chaude et sèche. Il convient donc de leur réserver un emplacement frais, à mi-ombre ; sans quoi, il est évident que le soleil d'août les grillerait. Eviter par suite les côtières, la proximité des murs et les expositions trop brûlantes.

Sol et engrais.
Le terrain le moins favorable au fraisier est le calcaire. Il affectionne particulièrement les sols riches, profonds, bien ameublis. Tous les engrais lui sont bons, à condition qu'ils soient parfaitement décomposés. Ne le placez jamais en bordure, il manquerait de fraîcheur. Ne le plantez pas sur un terrain où vous venez de récolter une légumineuse (pois, haricots, fèves) qui a absorbé les engrais potassiques dont il est avide. Recherchez un carré riche de « vieille graisse », un coin sur lequel vous avez récolté des poireaux, des choux, de l'oignon, des salades, et où, en automne, vous avez enfoui du fumier de vache bien décomposé. En février, vous avez retourné la terre, pour la rendre très homogène. Maintenant, au début d'avril, faites un dernier bêchage et divisez votre terrain en planches pour la plantation des fraisiers remontants qui sont en pépinière d'attente.

Plantation.
Faites des planches assez étroites pour pouvoir cueillir les fraises sans avoir à marcher entre les plantes. Donnez-leur 1 m. suivant Louis Gauthier, ou 1 m. 20 suivant l'abbé Touraine. Dans le premier cas, vous ferez 2 rangs par planche ; dans le second, vous en ferez 3. Pour récolter facilement, ménagez des sentiers de 50 cm. entre les planches. Achetez des plants si vous n'en avez pas ou levez les plants dans votre pépinière avec un transplantoir, ne coupez pas les racines, et mettez en place à une distance de 25 à 30 cm. sur les lignes, suivant la vigueur des variétés. Faites des trous assez grands pour ne pas froisser les racines et arrosez au goulot.

Après la plantation.
Arrosez fréquemment si le temps le réclame. En mai, binez chaque planche de fraisiers remontants, vous détruirez les mauvaises herbes qui ont germé entre les pieds et aussi vous ameublirez la terre que les arrosages ont tassée au collet de chaque plante. Travaillez soit à la ratissoire ; soit à la main de fer.
En juin, les premières hampes florales commencent à se développer. Supprimez-les sans hésiter. Elles affaibliraient vos jeunes élèves. .D'ailleurs vos autres fraisiers sont en plein rapport (fraises anglaises, non remontantes.) A chacun sa saison.
Les filets se développent ensuite. Supprimez-les sans pitié.
Voici juillet, vos fraisiers remontants sont en pleine floraison. Il fait chaud ; arrosez-les matin et soir avec de l'eau tiédie au soleil. Si vous voulez obtenir de très gros fruits, faites une fois par semaine un arrosage à l'engrais liquide. Si vous avez des bestiaux, le purin est tout indiqué ; employez-le au 10e. Opérez le soir, à l'ombre, avec le goulot de l'arrosoir ; passez entre les pieds pour ne pas salir les feuilles. Le lendemain matin, avant le lever du soleil, arrosez de nouveau, mais avec la pomme et bassinez partout, même sur les feuilles, en employant de l'eau pure exposée à l'air depuis plusieurs jours dans un baquet.
Vous n'élevez pas de bestiaux ? Remplacez le purin soit par du nitrate de soude, du sulfate d'ammoniaque ou du chlorure de potassium ; ne dépassez pas 200 gr. par 10 litres et ne donnez jamais d'engrais à une plante fanée.

Paillage et tuteurage.
Vous vous souvenez que nous sommes en plein été : ne souffrez pas que vos fraisiers aient soif. Pour cela, procédez au paillage. Prenez du fumier de cheval à demi consommé ; secouez-le à la fourche pour enlever le crottin et garnissez-en toutes vos planches de fraisiers remontants. Si vous avez quelques loisirs, placez chaque inflorescence au centre d'un petit tuteur circulaire en fil de fer. Ce petit appareil, vendu par le commerce peut même être remplacé par une légère fourche prise dans la haie voisine. Ainsi soulevés de terre, vos fruits sont soustraits aux éclaboussures terreuses et à la bave des limaces ; vos fraises sont propres. Vous pourrez en servir à vos amis jusqu'aux premiers froids.

Des fraises de mai à fin octobre.
Si vous cultivez quelques variétés de fraisiers non remontants pour avoir des fruits dès le début de mai, en les associant avec les variétés remontantes cultivées comme il est dit ci-dessus, il vous est très facile de produire sans interruption des fraises pendant six mois de l'année, de mai en novembre.

Un très bon choix.
I - A gros fruits non remontants :
Très hâtive : L’Aurore.
Hâtives : Docteur Morère (la meilleures fraise connue).
Moyenne saison : Madame Moutot (la plus grosse des fraises).
Pour confitures : Vicomtesse Héricart de Thury (vulg. « Ricart » sur les marchés).
II – A gros fruits remontants :
Pouvant être transportés : Saint-Antoine de Padoue, Merveille de France.
Pour consommer sur place : La Perle, Gemma, Pie X, Merveille de Bon Secours.
 
EDOUARD LANGEVIN.



L'Illustration - Année 1929 : N° 4 - Supplément au N° du 3 août 1929



23 juillet 1933 - N° 2939

Woippy (Moselle) est le pays de la fraise ; 600 wagons ont été expédiés durant la saison 1932, mais notre gravure montre
que ceux qui cultivent ce fruit délicat savent aussi l'apprécier.




Rustica, 9 février 1936.

LA CULTURE PRATIQUE DU FRAISIER AU JARDIN
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Délicieux fruits de juin... Parfumées d'un arome subtil, les bonnes fraises, juteuses et sucrées, se récoltent en abondance... dans une plantation bien tenue.


L’arrosage des bordures… de fraisiers.


La plantation en petites cuvettes.


La récolte des fraises en grande culture.


Fraisiers à gros fruits variété
« Tardive écarlate ».
Un point d'histoire utile à connaître :
Les Fraisiers « à gros fruits », souvent appelés Fraisiers anglais, cultivés en bordure de nos potagers, ne sont pas, comme trop de jardiniers le pensent, des « fraisiers des bois plus ou moins améliorés ». Ils proviennent de deux races exotiques : Le Fraisier de Virginie, introduit en Angleterre en 1629, et le Fraisier du Chili, connu en France depuis 1715. Depuis trois siècles, ces deux espèces cultivées en Europe ont produit un grand nombre de variétés dont aucune n'accepte de vivre comme le fraisier des bois : à l'ombre ou dans les endroits humides.

Culture en pleins carrés :
Les fraisiers exigent beaucoup de lumière, du soleil, un emplacement très aéré. La proximité du mur, même exposé au midi, leur est peu favorable.
C'est aux environs de Lyon, sur les coteaux faisant face à l'est, que se récoltent par dizaines de tonnes les belles fraises d'expédition, succulentes et « fermes en chair », qui approvisionnent le marché de Paris et vont même jusqu'à Londres aider, avec celles de Bretagne, à la renommée du bon fruit français.
Dans nos jardins - sachons-le - le fraisier, pour bien produire, a les mêmes exigences que dans la grande culture loin des arbres, loin des murs, peu d'eau.

Plantons dès maintenant.
Des fraisiéristes expérimentés recommandent la plantation automnale. Ils n’ont pas tort et ce procédé est déjà bon. D'autres spécialistes prétendent mieux réussir en plantant à la fin de l'hiver. Il est certain que, dans un jardin où nous pouvons arroser pour aider à la reprise, il est bien préférable de planter en février-mars. Les jeunes fraisiers ne risquent pas d'être soulevés, déchaussés par les gelées ou abîmés par une longue stagnation de neige fondue ou d'eaux de pluie. Ils entrent immédiatement en végétation active et forment chacun une belle touffe résistante qui n'a rien à redouter de l'hiver suivant.

Soins de plantation.
On cultive avec le même succès les fraisiers en bordure en les plantant sur une ligne à 0 m. 20 les uns des autres, ou en « planches » en les espaçant de 0 m. 30 à 0 m. 40.
Faisons d'abord bêcher le terrain en enterrant une bonne couche de terreau ou de fumier déjà fermenté (fumier noir).
Les jeunes plants soigneusement nettoyés (on supprime toutes les feuilles tachées et les racines sont raccourcies à 2 cm.) sont mis en place à la main. Ils doivent être enterrés très exactement jusqu'au collet (c'est la partie blanche au-dessus des racines), mais on évite de recouvrir le « cœur ».
Un arrosage assez abondant suit immédiatement et, si le temps est sec, on arrose à nouveau, une ou deux fois à quatre-cinq jours d'intervalle.
Dès la première semaine, les fraisiers se mettent à pousser visiblement lorsque la température est douce.
Au cours de l'été, il est inutile d'arroser, sauf en cas de longue sécheresse.

Les meilleures variétés :
La plus hâtive de toutes les fraises est la Surprise des Halles ; la plus renommée pour l'exportation est la Sulpice Barbe ; la meilleure pour marchés est la Noble, la plus grosse est la Moutot ; on recommande, pour résister à la sécheresse, Alphonse XIII, etc. ; d'autres, comme Empereur du Maroc à fruits noirs ou Ananas à fruits blancs, sont des variétés d'amateurs.
Pour un jardin où nous recherchons une production prolongée de bons fruits, il nous faut au moins deux variétés, dont une très précoce commençant à fournir en juin, l'autre pour juillet. Choisissons, par exemple : Grosse hâtive sucrée, d'un excellent rendement, à fruits en cœur, à chair rose, très douces, et Tardive écarlate à gros fruits pesant en moyenne 40 à 50 grammes, de végétation vigoureuse et s'adaptant à des terrains de natures diverses.

Protégeons les fruits :
Pour éviter que nos fraises ne soient souillées par des éclaboussures au cours des pluies, il suffit de recouvrir le sol auprès de chaque plante avec un peu de paille propre ou même des bandes de papier fort maintenues par de petits piquets. La mousse, les fibres de bois que les pépiniéristes emploient pour emballer leurs rosiers conviennent aussi. Cela vaut beaucoup mieux que le fumier étalé par certains maraîchers autour de leurs fraisiers. Après la récolte, le paillis est enlevé.

Contre les limaces :
Les escargots, loches et limaces dévorent volontiers nos meilleures fraises. Il est facile de capturer ces indésirables mollusques. On place, le soir, quelques rondelles de carotte rouge entre les rangs de fraisiers comme appâts. En visitant la fraiseraie le lendemain, de bonne heure, le jardinier matinal aura la satisfaction de ramasser avec les morceaux de carotte une légion de ravageurs du jardin.
Nous terminerons ces quelques conseils par une bonne nouvelle. Les lecteurs de Rustica qui désirent cultiver des fraisiers et n'ont pas sous la main les plants nécessaires trouveront, en page 31, une offre exceptionnelle de PLANTS DE FRAISIERS SÉLECTIONNÉS. C'est un colis-prime avantageux et utile.




Vie à la Campagne - 1er octobre 1937



Irradiation des plantes
par la lumière au néon

IRRADIATEURS POUR PLANTES. 1. Le dispositif additionnel en série est incorporé ici au réflecteur près du tube, de façon à obtenir un ensemble simple et compact. 2. Grand modèle dans lequel le dispositif additionnel en série est contenu dans une boîte étanche, en fonte (à droite), sur laquelle le tube (placé dans le réflecteur) est branché par des câbles.
COMPARAISONS. Fraisiers variété Deutsch Evern, mis en terre à l'extérieur le 19 Juillet 1935, rentrés en serre le 2 Octobre. 3. Au 28 Février 1936, vers la fin de la cueillette. Avec irradiation. 4. Sans irradiation. 5. Au 7 Décembre 1935. Avec irradiation faite à la lumière au néon, 450 lux, de 22 h. à 6 h. 6. Sans irradiation.
Appréciables
résultats

CONSTATATIONS intéressantes.
Les essais d'irradiation de plantes par la lumière au néon ont permis de constater qu'en plus d'une croissance plus rapide les feuilles qui se forment sont plus grandes. De plus, grâce à une formation plus abondante de 1a chlorophylle, elles sont d'un beau vert sombre. Les tiges s'épaississent, les racines poussent plus vigoureusement, et fréquemment la croissance des fruits se trouve ainsi favorisée et hâtée.
(Cl. Philips.)

PRODIGIEUSE RECOLTE ABONDANTE ET CONTINUE
avec le merveilleux Fraisier "Record"


1. Chacune des Fraises contenues dans cette assiette atteint à peu près la grosseur d'une Pêche. Le verre à pied, la pièce de 10 francs et la cuiller à potage vous fournissent d'intéressants éléments de comparaison. 2. Une seule grappe de Fraises pèse 190 gr. 3. Une assiette bien garnie avec deux hampes de fruits.

FRAISIERS "RECORD"
Plantés en bonne terre franche ou terre à blé, convenablement préparée et fertilisée, cette variété remontante, très résistante à la sécheresse, assure une production de fruits remarquable. L'aspect de ce carré, au cours de l'été, après les premières récoltes, vous donne une idée de la productivité de ce Fraisier et vous permet d'apprécier sa puissance végétative et de fructification.

Plus d'un demi-kilo de fraises par pied !

PIEDS DE FRAISIERS "RECORD"
1. Jeune filet de Juillet 1936 qui a produit, la 6 Juin 1937, 66 fruits. Pesés en présence des membres de la Section de Pomologie de la Société Nationale d'Horticulture de France, ils accusèrent le poids de 635 gr. 2. Jeune plant ayant donné, le 8 Juin 1937, 85 fruits pesant 805 gr. Ce Fraisier a vraisemblablement donné encore en Septembre 400 à 500 gr. de fruits. 3. Pied photographié le 13 Août 1937. 4. Ce pied de 71 cm de diamètre portait, le 2 Septembre 1937, 620 gr. de fruits, dont 25 très gros.


PARTICULIÈREMENT intéressé par la nouvelle variété de Fraisier Record, présentée en Octobre 1936 à la Société Nationale d'Horticulture de France, et dont les touffes volumineuses, surchargées d'immenses bouquets de grosses Fraises, firent l'admiration de tous les spécialistes, j'ai, à l'instar de St-Thomas, voulu voir cette variété en culture.
Le 2 Juin 1937, j'ai parcouru de vastes carrés de ce Fraisier en plein champ, et voici ce que, à mon grand étonnement, j'ai pu constater. Des Fraisiers plantés en Octobre avaient pris un développement comparable à celui des sujets d'autres variétés vigoureuses, figés de deux ans, et éployaient leurs feuilles amples, parcheminées, d'un vert intense. Les pieds sur lesquels les bouquets floraux avaient été conservés étaient surchargés de fruits volumineux et de fleurs abondantes.
Les touffes dont toutes les hampes florales avaient été supprimées pour les productions du plant avaient déjà émis des filets corsés, charnus, de la grosseur d'un crayon, dont les premières rosettes de feuilles s'enracinaient.
J'ai goûté sur place quelques Fraises Record arrivées à maturité 8 ou 10 jours avant celles de la variété non remontante Mme Moutot. Elles étaient volumineuses, régulières et joliment colorées d'un rouge brillant intense. Je les ai trouvées délicieuses, sucrées, parfumées, juteuses, à chair ferme, supérieures dans l'ensemble non seulement à celles de la variété précitée, mais aussi à celles de la variété Belle Caennaise, très renommée.
Un seul pied portait plus de 500 gr. de fruits et, malgré cette abondante fructification, ses feuilles immenses émettaient déjà des stolons gros comme le petit doigt.
À la suite de ma visite, j'ai fait promettre au fraisiériste amateur, originateur de cet incomparable Fraisier dont il envisageait la préparation de 100 000 pieds, de vous en parler à nouveau, en vous faisant bénéficier de sa grande expérience. Les photographies qui accompagnent cet exposé soulignent l'extraordinaire productivité de ce Fraisier, variété Record, que maints d'entre vous, j'en suis persuadé, voudront expérimenter.
A. M.
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Voici le moment de renouveler les plantations de Fraisiers. Après un Été dont la sécheresse exceptionnelle a mis les Fraisiers remontants à une rude épreuve, peut-être n'est-il pas inutile de préciser quelques points de leur culture.
Je vous ai dit précédemment (1) qu'en raison de sa vigueur la variété de Fraisier remontant Record pouvait supporter sans dommage les journées brûlantes de l'Été. Ceux des lecteurs de cette Revue qui ont pu l'essayer dans les conditions préconisées n'ont pas manqué de remarquer combien ses fortes racines, puisant profondément le peu d'humidité en réserve, ont pu nourrir parfaitement les fruits abrités en grande partie sous un feuillage ample et abondant.
(1) Vie à la Campagne, n° 404 : LE FRAISIER REMONTANT « RECORD ». Avec 4 ill. Prix : 6 fr. 60 franco. Étr. 9 fr.

MILIEU ET PRODUCTION
En confirmation de ce qui précède, je soumets à votre appréciation l'aspect d'un pied de ce Fraisier photographié le 2 Septembre dernier, donc après deux mois d'une sécheresse et d'une chaleur particulièrement intenses en plein champ et sans arrosages, mais cultivé en terrain argilo-siliceux, profond et frais.
Ce pied mesurait 71 cm. de diamètre et portait 620 gr. de fruits, dont la grosseur ne vous échappera pas.
J'ajoute de suite que, si vous n'avez pas la chance de posséder un sol parfait, c'est-à-dire une bonne terre franche, ou terre à blé (argilo-siliceux), vous ne pouvez espérer un pareil résultat, mais vous pouvez en escompter de semblables dans une bonne terre de jardin, assez consistante et souple. Par contre, je vous ai dit, et je n'y reviendrai pas, pourquoi je me méfie du fumier trop récemment enfoui. Cependant, et si vous ne disposez que d'un terrain où les éléments nutritifs sont en quantité insuffisante, il est tout de même indispensable de fournir à une plante gourmande de quoi non seulement vivre, mais aussi produire. Alors ayez recours au fumier de vache assez décomposé et contenant le moins de paille possible, complété par des engrais minéraux, et ce de la façon suivante.
Avant le labour, épandez le fumier et 50 gr. par mètre carré de phosphate de chaux précipité (que les Fraisiers affectionnent particulièrement).
Dans un sol ainsi préparé et fertilisé, procédez à la plantation de préférence en Octobre, afin que la reprise soit complète et les nouvelles racines bien développées avant les grands froids.
À la fin de l'Hiver (2e quinzaine de Mars), préparez le mélange, par quantités égales en poids, d'un bon engrais complet du commerce, de sang desséché moulu et de sulfate de fer neige. Semez-en une bonne poignée (environ 50 gr.), autour de chaque pied, en dessous et en dehors du feuillage, là où les nouvelles racines vont puiser ces matières nutritives. Enfouissez cet engrais avec un instrument ameublisseur.

SACHEZ PLANTER
Un point de détail sur lequel j'insiste particulièrement est la façon de planter. Il est généralement admis que le Fraisier doit être planté le collet au niveau du sol.
La pratique m'a démontré qu'il est plus avantageux, le Fraisier ayant tendance à se déchausser au cours de sa croissance, de planter dans une légère cuvette et le collet plutôt un peu bas. Le jeune plant est ainsi mieux protégé contre les grands froids qui le soulèvent, puis, lorsque arrive l'Été, les binages ayant comblé la cuvette et « rechaussé » chaque touffe, les racines conservent plus de fraîcheur.
J'ajouterai que la fourchette est l'outil le plus pratique pour planter, en procédant comme suit :
Labourez simplement le terrain soit à la bêche, soit à la charrue, puis ameublissez-le par le passage de la fourche crochue soit de la herse, dans les deux sens. Laissez les mottes jusqu'au Printemps, ce qui est préférable pour l'aération du sol, et les gelées se chargent de les effriter. Émiettez seulement la terre à la place où se trouvera le plant par deux ou trois coups de fourchette.
Puis faites le trou à la fourchette, saisissez le plant de la main gauche, les racines inclinées vers la droite en éventail ; placez-le dans le trou, rabattez la terre et tassez avec votre pied, de tout votre poids. Après le 10 Octobre, il n'est presque jamais utile d'arroser en plantant, sauf dans le Midi de la France. Les radicelles se forment plus saines et plus vigoureuses sans eau.
En opérant comme il est indiqué ci-dessus, le sol reste meuble tout autour du Fraisier, sauf à l'endroit où la pression du pied l'a fait adhérer aux racines. Il est mieux aéré, et l'Hiver le tassera suffisamment.
D'autre part, je ne vous conseille pas de faire rayonner les racines autour du plant, ce qui vous oblige précisément à tasser le sol partout. En effet, il est rare que les racines existant au moment de la plantation soient celles qui subsistent par la suite. Elles aident seulement à la reprise et cèdent la place à des racines neuves qui se développent aussitôt tout autour du collet du jeune pied ; ces nouvelles venues sont d'autant plus vigoureuses qu'elles trouvent et s'étendent dans un sol parfaitement meuble et vierge de vieilles racines. Cette condition n'est pas remplie si vous tassez la terre tout autour de la touffe. Maintenez également la surface du sol meuble par quelques binages pratiqués en Avril-Mai.

CE QU'EST LA MOSAÏQUE
On vous parle souvent d'une affection des Fraisiers sous le nom de Mosaïque ou de leur dégénérescence, ce qui implique cependant une différenciation précisée ci-après.
La Mosaique, qui a été signalée pour la première fois par Millet, dans son excellent ouvrage sur les Fraisiers, sous le nom de « maladie anonyme », et que l'on suppose être une maladie à virus, s'est montrée jusqu'ici rebelle à tous les traitements. Elle s'attaque par prédilection à quelques variétés, qu'elle rend à peu près incultivables, alors que d'autres demeurent indemnes, sans que leur vigueur et leur rusticité semblent tenir aucun rôle.
Exemple : les sujets de la succulente Fraise Vicomtesse Héricart de Thury, peu vigoureuse, ne sont presque jamais atteints, alors que maintes cultures de la variété Mme Moutot (ou Fraise Tomate) sont contaminées dans une proportion de 60 p. 100, d'où il résulte une récolte très fortement réduite.
On reconnaît cette maladie aux feuilles cloquées, difformes, glabres, des pieds contaminés. Les hampes florales sont plus rigides, les fleurs voient leurs sépales se développer anormalement, tandis que les organes de reproduction sont atrophiés à des degrés différents. Les quelques fruits qui se développent sont difformes.
Lorsque la maladie revêt un caractère grave, le cœur de la plante est totalement atrophié, les feuilles ressemblent à des moignons.
Pourtant le Fraisier ne disparaît pas et ne perd rien de sa vigueur ; de nouveaux bourgeons naissent à côté du bourgeon central atrophié et s'atrophient à leur tour de sorte que la plante semble être atteinte d'une affection de l'ordre de celle dite broussin de l'Orme.
La Mosaïque se manifeste le plus fréquemment en Mars-Avril après des pluies froides dans des sols à humidité stagnante. Elle est peu contagieuse, mais, apparue dans un terrain, elle y subsiste, affectant un pourcentage de plantes d'autant plus élevé que la variété y est plus sujette.
Après des essais portant sur de nombreux traitements, seules des pulvérisations violentes et répétées d'une solution de pentasulfure de potassium (barège) à 5 pour 1 000 ont paru produire une atténuation de la maladie.
L'épandage au moment du labour de phosphate de chaux tribasique ou de phosphate précipité a été beaucoup plus efficace, et la proportion des pieds atteints se trouve réduite largement.
Par contre, le phosphate de potasse augmente les cas de maladie. La Mosaïque étant souvent héréditaire, évitez soigneusement de multiplier les sujets atteints.

FAIBLESSE ET DÉGÉNÉRESCENCE
Une ressemblance extérieure fait désigner sous le nom de dégénérescence deux affections d'apparence extérieure semblable, mais dont les causes sont bien différentes : Mosaïque et Dégénérescence. La Dégénérescence, que j'appellerai plutôt vieillissement, s'applique aux variétés qui, après avoir donné pendant un nombre d'années, très variable d'ailleurs, de belles cultures et d'abondantes récoltes, deviennent difficiles à cultiver et produisent de moins en moins, leur vigueur faiblit, leur végétation devient languissante, leurs fruits sont de plus en plus petits et rares. Finalement on est obligé de les abandonner, et ces variétés disparaissent. C'est le sort de toutes les variétés anciennes, dont les plus résistantes seules subsistent.
Il ne s'agit pas là d'une maladie, mais de la conséquence de toutes les multiplications asexuées. Cette forme de reproduction : boutures, éclats, stolons, fait propager un même individu dont la vie est limitée ; alors, au bout d'un temps déterminé, cette variété, cet individu, vieillit, s'affaiblit et doit s'éteindre.
Des soins, un bon terrain, une culture appropriée en prolongent l'existence et font l'effet d'une régénérescence. Une culture en montagne provoque sur cette variété l'effet d'une cure de rajeunissement sur un vieillard. Cultivés ensuite en plaine, ces Fraisiers s'affaiblissent vite de nouveau.
Si une variété est vieille et fatiguée, prenez-en votre partie et remplacez-la par une autre jeune, vigoureuse et productive, mais vous perdez votre temps à la vouloir cultiver quand même. Pourtant vous ne pouvez abandonner sans regret les variétés de premier ordre comme la Vicomtesse Héricart de Thury, que vous ne pouvez pas encore remplacer. Elle fait preuve d'ailleurs d'une vitalité remarquable, avec quelques autres variétés comme : Dr Morère, Sir Joseph Paxton, etc. Mais il en est qui se maintiennent moins longtemps et ne vivent même pas dix ans !
Une autre forme de dégénérescence, trop confondue avec la première, qui s'attaque non pas à la variété, mais aux individus, constitue plutôt un véritable rachitisme, une sorte de maladie de la nutrition, affectant toute la plante, y compris les racines.
Le Fraisier prend alors un aspect souffreteux. Il n'est pas vert, mais grisâtre ; chaque touffe est de dimensions réduites, les feuilles sont souvent en cuiller, les hampes florales courtes, les fruits petits et mauvais. Vous pouvez lui prodiguer tous vos soins, rien n'y fait ; il ne veut pas mourir, mais c'est tout juste.
Sa maladie n'est pas contagieuse, mais il dépare une plantation, fait des vides alors que les autres sujets de la même variété croissent normalement. Arrachez ces sujets rachitiques. Si ces cas d'abord isolés se multiplient, cela vient sans aucun doute de ce que le sol est trop pauvre ou intoxiqué. Dans le premier cas, enrichissez-le par des fumures abondantes et la culture de légumineuses (2).
Dans le second, labourez profondément, assurez un long assolement ; plantez des légumes qui assainissent le sol, comme la pomme de terre, semez du phosphate précipité, et, avant l'Hiver, bêchez votre terrain en faisant des mottes aussi grosses que possible, afin que l'air et la gelée pénètrent partout. L'année suivante, je serais surpris que vous ne remarquiez pas une amélioration notable.
(2) Vie à la Campagne a déjà multiplié les conseils et publié les résultats d'expériences pour régénérer, rajeunir, reconstituer des lignées de bonnes variétés de Fraisiers auxquelles vous tenez, surtout des variétés commerciales produites intensivement : FRAISIERS VIGOUREUX ET PRODUCTIFS, n° 372 ; RÉGÉNÉREZ LES FRAISIERS, n° 373 ; ASSUREZ-VOUS DE BELLES RÉCOLTES DE FRAISES, n° 386 ; CULTURE DES FRAISIERS EN PYRAMIDES, n° 388 ; RAJEUNISSEZ VOS FRAISIERS, n° 393. Chacun de ces n° : 6 fr. 60 franco. Étr. : 9 fr.
Vous consulterez ces conseils avec profit.

Charles SIMMEN,
Créateur de la Fraise « Record ».
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TRAITEMENT DU FRAISIER RECORD
M. SIMMEN, dont vous venez de lire les judicieux conseils, est défavorable au paillis des Fraisiers. Il estime que le paillis, comme d'ailleurs le fumier, est dispensateur d'affections, qu'il impute à la paille. Il ne conseille pas davantage l'emploi de dispositifs métalliques en couronnes, car, sous le poids des grosses Fraises à chair dense, les tiges charnues se courbent et se coupent partiellement à leur point d'appui sur la couronne métallique. Mais il voit très bien, par exemple, pour la préparation de beaux fruits, des supports métalliques individuels, sortes de toitures supportant chaque tige. Le grand inconvénient de l'absence de paillis et de support, surtout pour les jeunes Fraisiers peu développés, est que nombre de Fraises sont souillées par la terre. Pour éviter cet inconvénient, couvrez le sol pendant la période de production, avec de la longue paille immergée préalablement dans un bain de sulfate de fer ou mieux de sulfate de cuivre, afin de détruire tous germes de parasites.
Le Fraisier Record développant de très grosses racines charnues, celles-ci s'enfoncent profondément, ce qui implique un ameublissement très profond du sol. Complétez cette préparation par des binages qui brisent la croûte du sol, rompent la capillarité et maintiennent la fraîcheur. Évitez, par contre, les arrosages copieux et suivis, car les racines charnues pourrissent facilement. D'ailleurs, dans toutes ses plantations, M. Simmen ne fait aucun arrosage.
Chaque forte touffe de Fraisier cultivée en plein champ, développe au moins 40 tiges florales par pied, au cours de la saison. Ne conservez que 4 à 6 fleurs par pied, vous récolterez ainsi des fruits infiniment plus gros dont le poids total est sensiblement le même que celui de la totalité des Fraises.
R. D.

DES FRAISES TOUTE L'ANNÉE
Un intéressant exposé, au cours d'une conférence de M. Chouard, a fait entrevoir les possibilités que permet l'utilisation de l'électricité, notamment pour le chauffage, l'éclairage d'appoint des cultures, le forçage, et même la culture retardée de nombreuses plantes. Il a rappelé que la loi du minimum tient son rôle dans la distribution de la chaleur et de la lumière (au même titre que pour les engrais) lesquelles doivent être équilibrées pour satisfaire les besoins des plantes. Si l'électricité ne peut remplacer le fumier assurant le chauffage biologique des plantes sous châssis, parce que le rôle thermique des couches a comme complément celui de dispensateur du terreau, elle peut en devenir le suppléant comme dispensatrice de chaleur de fond. C'est ainsi que des essais d'éclairage électrique complémentaire institués en Hollande, à l'instigation de Philips, ont permis d'obtenir des Fraises dès janvier.
Les Fraisiers préparés pour le forçage furent mis en pots le 19 Juillet ; rentrés en serre le 7 Octobre, ils furent divisés en deux lots de 24 pots chacun ; ceux du premier lot furent simplement mis en serre ; ceux du second bénéficièrent d'un éclairage d'appoint s'étendant de 22 heures au lever du soleil chaque lendemain matin.
L'éclairage était fourni par une lampe au néon de 475 watts située à 1 m 30 au-dessus des pots. Le chauffage artificiel commença le 14 Octobre. Dès le 21 Octobre, une différence très nette apparaissait entre le lot éclairé et le lot-témoin sans éclairage.
Dans le lot éclairé, les premières fleurs s'épanouirent le 19 Novembre ; les premiers fruits mûrs furent cueillis le 30 Janvier. Sur les 24 pots dans chaque lot, furent récoltés du 30 Janvier au 21 Mars : lot témoin, 5 Fraises pesant 30 gr. au total ; lot éclairé, 251 Fraises pesant 1 309 gr. dont 30 pesant plus de 10 gr.
Le coût du traitement (éclairage, chauffage, manipulations, amortissement) fut évalué à 10, 20 florins, soit environ 40 cent. par Fraise.
L'irradiation se serait cependant montrée partiellement insuffisante sans le tour de main suivant. Alors que la majorité des végétaux doivent être nettement entrés dans la période de repos (naturellement ou artificiellement obtenue et même intensifiée) pour entrer de nouveau en végétation et fleurir, dans le cas présent, on prolongea la période végétative des plantes.
Tout cela me porte donc à penser que, si on préparait des Fraisiers à gros fruits remontants, généreux, comme la nouvelle variété « Record », si les sujets n'étaient pas trop vigoureux (plutôt que des Fraisiers non remontants) et des Fraisiers de 4 saisons dont on ne laisserait assurer la fructification que très tardivement, ces Fraisiers, à qui on fournirait chaleur et lumière équilibrées devraient, en principe, produire beaucoup plus. C'est à essayer dès cette année.
Si les résultats obtenus se confirment en faisant succéder les mises au forçage jusqu'à la production normale, puis en abritant des Fraisiers remontants, vous pourriez vous assurer des Fraises toute l'année à des prix de revient différents. J'ajoute que les Fraisiers sont, comme tous les végétaux, soumis aux conditions du « photo-périodisme ». Alors que l'éclairage intensifié retarde la floraison du Chrysanthème, plante des jours courts, celui-ci est par contre indispensable pour assurer celle des Fraisiers, plante des jours longs et en croissance.
A. M.

DÉBOUCHÉS POUR LES FRAISES
Producteurs, cultivateurs, éleveurs, industriels agricoles, vous avez trop à vous débattre contre la concurrence que font, à vos produits, ceux d'importation, pour ne pas être satisfaits des débouchés réservés aux Fraises au delà des Alpes.
Bien que la culture du Fraisier se soit étendue en Suisse, surtout dans le canton du Valais (la récolte atteignit 1 500 tonnes en 1936), la production nationale y est insuffisante pour assurer les approvisionnements. Les compléments de ceux-ci sont assurés par des importations italiennes, régions de Vérone et de Venise, 1 045 tonnes en 1936 et de France 1 559 tonnes en 1936. Les Fraises de primeurs viennent des Centres d'Avignon, puis de Carpentras (Avril-Mai). Puis se succèdent les Fraises de la vallée du Rhône, Saint-Rambert d'Albon, Oullins, Brignais, etc... (Mai-Juin) ; de la Moselle (Juin), ces dernières sont dirigées principalement sur les marchés de Bâle, Berne, Zurich. Les Fraises de Plougastel pénètrent peu en Suisse.
Le marché apprécie les Fraises grosses, colorées, à épiderme résistant, calibrées et conditionnées sans fardage, en paniers de 3 à 4 kg. Les Fraises en paniers découverts sont soumises au droit de douane à 2 fr. suisses par 100 kg. ; celles en paniers fermés et en cageots, 10 fr. suisses par 100 kg., à condition d'être accompagnées d'un permis d'introduction, les Fraises étant contingentées. A défaut d'autorisation, il s’ajoute un droit de 20 à 30 fr. suisses par 100 kg. Notez tout cela pour vos productions de Fraises remontantes (parmi lesquelles la variété Record se classe au premier rang) et des 4 saisons, et pour vous productions de l’année prochaine.
R. D.



Rustica, 1er octobre 1939.



Le plus humble jardin doit posséder son carré de fraisiers qui produit des fruits savoureux, les premiers que nous récoltons en plein air, dès le mois de mai. Il faut apprendre à bien cultiver, et surtout mieux connaître ces précieuses plantes, pour en retirer de copieuses récoltes printanières.

Notes d'histoire et de botanique.
Le fraisier ne semble pas avoir été connu, tout au moins estimé, des anciens. Les auteurs latins qui ont écrit sur l'agriculture n'en font aucune mention.
C'est à Claude Mollet, premier jardinier du roi Henri IV, que nous devons le plus ancien mémoire relatif aux fraisiers, dans un chapitre de son « Théâtre des plans et jardinages ». Il classe ces végétaux parmi les « fleurs rouges et blanches pour servir d'ornement et embellir les parterres ». En 1683, un ouvrage, « Le Jardinier français », signale quatre variétés de fraises : les blanche, les grosses rouges, les caprons et les petites rouges sauvages. L'auteur s'est vraiment occupé de la question puisqu'il signale les résultats de ses expériences personnelles... « Pour récolter des fruits en automne, il faut retrancher au printemps toutes les hampes et annuler ainsi la floraison normale. » Ce système est d'ailleurs parfaitement applicable encore aujourd'hui et conduit toujours à une bonne production tardive.
La Quintinie, jardinier de Louis XIV, avait une singulière façon de traiter les fraisiers ; elle est décrite dans son livre célèbre « Instructions pour la conduite des jardins fruitiers », la voici : « On connaît les fraises blanches et les rouges qu'on arrache, à moins qu'on n'ait une amitié particulière pour elles !... Dans ce cas, on cultive au midi les précoces que 1’on mange en mai et au nord les autres, elles ont un goût musqué. Quant au « coucou », il est stérile et c'est le fléau des jardiniers. »
Toutefois, en 1766 et 1768 parurent successivement deux ouvrages : « Histoire naturelle du fraisier » et « Traité des arbres fruitiers », qui firent connaître dix races de fraises : ananas et frutillier étaient les plus remarquables, elles venaient du Chili. Ce furent les premières espèces à gros fruits.
Les progrès réalisés dans la culture du fraisier jusqu'en 1833 furent insignifiants ; à cette date, la « Pomologie française » publia une liste de vingt-cinq variétés. Toutes celles donnant de gros fruits étaient de provenance américaine, elles ont été hybridées, sélectionnées, améliorées et répandues par un spécialiste de Châlons-sur-Marne, le docteur Nicaise, à qui nous devons, entre autres, « Marie-Louise », « Perfection », « Rubis », encore bien estimées actuellement.

La cueillette est fatigante,
mais quel régal au dessert !

Pour les botanistes, la seule espèce de fraisiers qui reconnaisse une patrie européenne est la « Quatre-Saisons », fille du fraisier commun des bois. On sait que ces plantes appartiennent à la famille des Rosacées, ce qui indique une parenté directe immédiate avec les amandiers, cerisiers, églantiers, sorbiers, néfliers, aubépine, pimprenelle, ronces, pêchers. Enfin, un savant doit se rappeler que la fraise n'est considérée comme un fruit que par les jardiniers et personnes étrangères aux études. En réalité, c'est le réceptacle des carpelles qui est charnu, succulent et devient bon à manger sous le nom de fraise. Les vrais fruits sont les carpelles que vous pouvez encore appeler « akènes » pour être bien en règle avec la science précise.

Les fraisiers à gros fruits.
Nos grosses bonnes fraises écarlates et parfumées sont donc des fruits relativement modernes et nous ne nous étonnerons plus si nous voyons les cultivateurs manquer encore d'habileté dans la conduite de leurs plantations. A la campagne surtout, on a trop la tentation de considérer les fraisiers comme des herbes sauvages, à peine améliorées par la culture et qui poussent, tant bien que mal, n'importe comment.
Plantes horticoles, hybrides de races provenant nettement de pays chauds, les fraisiers à gros fruits exigent absolument une situation très, éclairée et ensoleillée, un terrain assez fertile, profond, perméable, ne contenant pas une proportion exagérée d'argile.
Les bordures de fraisiers, le long de plates-bandes ombragées par des murs en « plein nord », les plantations souffreteuses sous les grands arbres du verger ne peuvent pas donner un produit sérieux.
Si nous pouvons disposer d'une bonne place en plein carré du jardin, n'hésitons pas à en consacrer une partie importante aux fraisiers. Là, nous aurons des fruits précoces, sucrés, abondants. Nous serons encouragés par la récolte certaine et volontiers nous donnerons les soins voulus.
On a toutefois observé que le fraisier ne souffre pas trop de l'ombrage léger des pêchers et, sans inconvénient, on peut établir une plantation mixte en ligne intercalaire unique, entre deux rangs de pêchers espacés de 3 à 4 mètres, comme cela est d'usage dans les cultures de rapport.

Epoques de plantations, soins aux plantes.
Les jardiniers resteront éternellement divisés sur la question du choix de l'époque de plantation des fraisiers. Certains préconisent la mise en place printanière, les autres préfèrent opérer à l'automne.
Les fraisiers plantés en octobre-novembre donnent une première récolte dès le mois de juin suivant, c'est un argument de poids pour les partisans de la saison pré-hivernale.
La préparation du sol comporte un labour ou bêchage avec extirpation minutieuse de toutes racines d'herbes vivaces : liseron, chiendent, renoncule, oseille sauvage, chardon, etc., et enfouissement de terreau ou de fumier déjà décomposé ou encore de corneille pulvérisée, de guano de basse-cour, etc.
On trace des lignes distantes de 40 cm. environ et les plants sont disposés en quinconce, espacés de 30 cm. entre eux sur chaque rang.
Ces plants proviennent de la pépinière, c'est-à-dire des sujets porte-coulants sélectionnés avec le plus grand soin pour reproduire les caractères typiques de chaque variété. On préfère les jeunes sujets racinés, ayant deux à quatre feuilles, dits de « second jet », c'est-à-dire de deuxième génération, plus aptes à produire rapidement des fruits que les autres.
La mise en place s'opère comme suit :
  1° Habillage des plants effectué au dernier moment et qui consiste à raccourcir toutes les racines d'un demi-centimètre environ. Ce travail favorise la formation du « chevelu », il ne doit pas être négligé.
  2° Plantation selon la méthode classique. Après avoir fait un trou à l'endroit choisi pour chaque fraisier, on y place une plante en observant que les racines ne soient pas rebroussées et que le « cœur » ou bourgeon central se trouve bien exactement au niveau du sol. Avec la pointe du plantoir, on appuie d'un côté du trou de manière à serrer la terre auprès de la plante assez fortement pour la faire adhérer aux racines et on laisse l'empreinte du plantoir à côté de la plante, empreinte formant une espèce de cuvette qui retiendra l'eau des arrosements.
  3° Arrosage de chaque plant, l'un après l'autre de manière à favoriser le tassement de la terre.
  4° Rechaussage qui consiste à placer une poignée de terre fine et meuble auprès des plantes que l'arrosage aurait dégarnies ou déplacées. Pour ce rechaussage, il ne faut absolument pas employer le plantoir, ni aucun outil en « pétrissant » plus ou moins la terre humide. Nous insistons pour qu'il soit fait à la main sans toucher ni la plante ni la boue de surface.
De nouveaux arrosages seront distribués si le temps est sec au moins deux fois par semaine. On pourra cesser dès que les fraisiers, par la pousse de nouvelles feuilles vert clair, indiqueront la « reprise » effectuée.
Les fraisiers sont rustiques, aucun abri ne doit être installé contre les gelées. Il faut, au contraire, que le froid agissant sur les plantes en arrête la végétation pendant l'hiver. Au printemps, c'est-à-dire pour les jardiniers vers la fin février, le « binage » de la plantation est indispensable. On gratte le sol avec une binette, une serfouette ou une petite pioche, pour détruire les petites herbes naissantes et surtout pour ameublir la surface. La floraison qui ne manquera pas de se produire, déjà prometteuse sur des plantes ainsi traitées, va nous suggérer de protéger les fruits contre les éclaboussures de terre provoquées par la pluie. Cette protection se réalise d'une façon pratique, rapide, mais à coup sûr repoussante chez beaucoup de maraîchers ; on étale un paillis de fumier frais qui fertilise le sol tout en évitant les taches de terre. Le paillis est réputé inoffensif parce que lavé par les pluies !... Les hygiénistes répondent en conseillant au public de laver soigneusement toutes les fraises achetées sur les marchés et dans les magasins.
Pour notre consommation personnelle, soyons plus prudents et remplaçons le paillis par une légère couche de fibre de bois, de paille fraîche et propre, ou même par des bandes de papier, vieux journaux ou feuilles d'emballage, maintenues sur le sol par de tout petits piquets... Nous aurons en échange le plaisir de consommer saines, propres et savoureuses, comme le sont les fraises non lavées, des fruits exquis riches de tout leur parfum... ce parfum subtil et fugace que ne connaissent pas les citadins tributaires des Halles et des « revendeurs » pour leurs desserts !
Il serait ingrat, après avoir durant six semaines récolté, d'abandonner notre plantation. Nous lui devons, et c'est là le gage des récoltes futures, quelques interventions au cours de l'année. Surveillons la formation des stolons ou coulants que nous couperons à mesure de leur apparition à 4 ou 5 cm. de chaque plante, et maintenons le sol propre, exempt de toute végétation parasite, par des sarclages et ratissages répétés aussi souvent qu'il est utile.
Cultivons au jardin les fraisiers, des précoces et d'autres tardifs pour avoir le plus longtemps possible une récolte prolongée de bons fruits, gâteries que l'on consomme sans apprêts et que nous pouvons aussi mettre en réserve pour les mauvais jours...




Rustica, 4 octobre 1953.


Pour avoir des fraises en juin
Cultivez des fraisiers

QUAND doit-on planter les fraisiers ?
Pour qui n'aurait pas le temps ou la patience de suivre un raisonnement détaillé, répondons tout net : en octobre ou novembre.
Les plants nouvellement mis en terre doivent, pendant les premières semaines, se défendre contre l'évaporation qui pourrait les dessécher tant que leurs racines ne sont pas en état de puiser dans le sol l'humidité compensatrice.
La saison des nuits déjà longues, des rosées abondantes, d'un ensoleillement modéré, est infiniment favorable à cette opération toujours un peu laborieuse : la « reprise ».

Un compotier qui fera bien des envieux.
Pour avoir le même l'été prochain,
plantez des fraisiers.

Vous aiderez aussi ces heureuses influences en supprimant les vieilles feuilles qui, au lieu d'effectuer des échanges avec l'atmosphère, ne feraient qu'épuiser vos plantes en offrant trop de surface au soleil avant de jaunir elles-mêmes. Vous arroserez, si possible, de temps en temps, prenant bien soin de ne pas laisser recouvrir le bourgeon avec l'eau de ruissellement. Combien de fraisiers meurent, tout simplement asphyxiés sous trois ou quatre centimètres de terre.
En quelques jours, généralement moins d'une semaine, on voit de jeunes feuilles se développer ; blanches au sortir de terre le matin, elles prennent en quelques heures la belle teinte verte caractéristique de leur fonctionnement normal.
Pendant ce temps, les racines qui doivent trouver dans le sol, non pas un fumier fraîchement enfoui, mais plutôt des parcelles d'humus provenant d'un terreau consommé, travaillent activement. C'est ainsi que vos plants prospèrent durant l'automne et seront prêts à fructifier au mois de juin.
Ne cherchez pas à les protéger contre le froid ; bien loin de leur être nuisibles, les gelées provoquent un mûrissement des tissus dans la souche même, qui les prédispose à la floraison printanière.
Nous avons parlé de terreau. Voilà un point important. Avant de bêcher, répandez largement sur le sol ce précieux compost noir. Vous pouvez le recueillir dans le coin du jardin où vous entassez tous les débris végétaux, sur le bord des fossés et des petits cours d'eau. Les fraisiers sont « avides » de terreau ; bien que tout à fait capable de vivre dans un maigre terrain argilo-siliceux, leur production est facilement triplée dans un milieu riche d'humus.
Il faut répondre à ceux de nos lecteurs qui ne peuvent planter qu'au printemps, parce que leur jardin va subir quelques bouleversements au moment de la répartition de nouveaux arbres pendant l'hiver, parce que des récoltes tardives encombrent l'emplacement, etc. : procurez-vous maintenant les fraisiers, placez-les provisoirement dans une plate-bande, si possible exposée à l'est et, dès que vous le pourrez, transplantez-les avec une motte de terre.
Enfin, nous avons lu comme vous, dans plusieurs ouvrages, que le mois de juillet, d'après certains spécialistes, convient pour la création d'une « fraisière». Que faut-il en penser ? Si vous êtes décidé à provoquer, dès avril, la prolifération de vos fraisiers en supprimant toutes les fleurs, vous aurez assez tôt, en été, des stolons racinés. Repiquez en sol frais, ombrez pendant les heures de soleil jusqu'à reprise complète. N'oubliez pas un seul jour l'arrosage. Vous pouvez réussir ainsi, tout le monde est d'accord ! Mais ce sera beaucoup plus difficile que pendant l'automne et le gain de « deux mois de végétation » n'est pas celui que vous pourriez espérer, car les fraisiers refusent de pousser tant que la température dépasse 28 à 30 degrés. Ils se maintiennent seulement.
Un mot au sujet des variétés les meilleures pour la culture familiale. Choisissez la plus précoce : rubezhad, pour la grande récolte de juin. Dans l'intention d'avoir des fruits d'été, plantez aussi suavis, remontante et rustique, dont vous sacrifierez la première fructification de printemps en coupant les fleurs d'avril et mai. Il faut aussi supprimer les filets (coulants, stolons ou rejets) des fraisiers destinés à la production. C'est le seul moyen d'obtenir de puissantes touffes qui donnent plusieurs grappes de très gros fruits.
Par contre, nous laisserons multiplier normalement les plants qui doivent fournir de nouveaux sujets l'an prochain. Pour favoriser l'enracinement des stolons, il est recommandé de répandre autour des touffes-mères une couche de mélange sable et terreau par moitié. On arrose fréquemment et chaque nouvelle plante est « sevrée », c'est-à-dire privée de sa petite tige nourricière, dès qu'elle possède deux feuilles.
Il a été constaté maintes fois que les plantations vieilles de quatre ans et antérieures produisent de moins en moins, le maximum étant obtenu les deuxième et troisième années. Le jardinier adroit organise chaque automne le remplacement du tiers de ses fraisiers. Utilisant au mieux les espaces disponibles, bordures simples et doubles ou plates-bandes, il surveille l'assolement de manière à ne répéter cette culture au même endroit qu'après cinq années au moins. Cette pratique, combinée avec l'échange de plants provenant d’autres jardins et, si possible, d'autres régions, est un excellent facteur de succès.
Nous avons déjà indiqué une simple formule d'engrais soluble pour stimuler les fraisiers languissants, épuisés ou plantés dans un sol vraiment trop pauvre. La voici à nouveau : nitrate de potasse (sel de nitre ou salpêtre commun) ; 20 grammes ; eau : 10 litres.
Ne jamais dépasser ce dosage. Arroser d'abord avec de l'eau ordinaire, appliquer l'engrais quelques heures plus tard, environ 1/4 de litre par plante. A renouveler tous les mois, au printemps et à l'automne.

Précoces, énormes et savoureuses à souhait,
que demander de mieux.

(Photos Sélection.)

Les fraises perdent une grande partie de leur parfum lorsqu'on est obligé de les laver (ce qui est le cas pour celles provenant du marché). Pour récolter bien nets, propres, appétissants, les savoureux fruits rouges, le meilleur procédé consiste à étendre sur le sol, au-dessous des fleurs, de la paille, de la frisure de bois ou encore des papiers de journaux et autres sur plusieurs épaisseurs. On obtient ainsi une protection suffisante contre les projections de boue lors des pluies. Mais, surtout, qu'on abandonne la déplorable manie du paillis de fumier frais, encore pratiqué par de nombreux maraîchers !
Nous traiterons brièvement la question de « culture forcée » permettant d'obtenir des fruits avec une avance de plusieurs semaines.
Préparez dans un coffre cette plantation spéciale, avec de beaux sujets espacés de 20 centimètres environ. Attendez au moins le 15 janvier pour placer des châssis mais, dès ce moment, couvrez chaque soir, aérez aussi souvent que possible et ne laissez plus surprendre les feuilles nouvelles et encore moins les fleurs par le gel.
La culture « hâtée » se pratique également en pots. C'est une amusante distraction d'amateur qui aboutit à servir sur table, au cours d'un repas de famille, la touffe chargée de fraises que chaque convive cueille lui-même. Il suffit de planter à l'automne, dans des vases à fleurs de dimensions moyennes 20 à 25 centimètres. On enterre ces pots au jardin pour les retirer seulement après une période de grands froids et les placer dans un local clair. La température ne doit jamais dépasser 25 degrés le jour (c'est même trop, au début surtout) et peut s'abaisser sans inconvénient jusqu'à + 5 à + 8 degrés pendant la nuit.
Comme vous le voyez, pour avoir des fraises au printemps prochain, il faut, dès maintenant, prendre les premières dispositions en vue d'une plantation prochaine.



Rustica, 23 octobre 1955.


L’art de bien traiter les fraisiers

PLANTES vivaces à fruits exquis, les fraisiers vous offrent à brève échéance (huit mois) un double plaisir pour les yeux et le palais, un profit certain pour l'économie du ménage et même un revenu appréciable si vous vendez votre superflu. Ils ne demandent qu'un peu d'attention et de travail pour les semaines à venir.
Plantation en bordure double. - La présente époque est tout spécialement favorable aux plantations et nous devons signaler l'intérêt d'une disposition adoptée avec succès par de nombreux jardiniers. C'est la bordure double. Il s'agit de placer les fraisiers en quinconce sur deux rangs jumelés, espacés de 15 centimètres.

Pour donner des fruits propres, donc sains,
les fraisiers doivent être « paillés » avec de la belle paille bien propre et non avec du fumier.

On obtient ainsi, dès la première année, une solide plate-bande fruitière qui donnera de copieuses récoltes. Les plants sont répartis à raison de huit par mètre, sur chaque ligne. Un bon procédé consiste à tracer les sillons assez profonds, 20 centimètres environ, et de les remplir à moitié avec du terreau de compost. Les fraisiers se trouvent ainsi dans un milieu qui leur plaît, ils sont avides de matière organique.
Cela ne doit pas être opposé aux affirmations habituelles sur leur grande rusticité. Nous savons que le fraisier qui se rencontre jusqu'à 800 m. d'altitude, dans les éboulis exposés à l'est, vit au besoin dans les terrains les plus pauvres. Mais il est certain que cette plante, comme beaucoup d'autres, se montre plus vigoureuse et surtout infiniment plus productive lorsqu'elle trouve sur place tout ce qui lui convient.
Il est parfaitement admis qu'on peut l'employer non seulement au potager, mais aussi au jardin d'agrément.
Dans les parterres du type courant, garnis de plantes vivaces, rosiers, arbustes variés, une allée bordée de fraisiers est aussi agréable à parcourir qu'une autre, bordée de buis. Exception est faite pour les décors de grand style, où les pelouses, dessinées avec des angles vifs et les arbres taillés en boules appellent, autour des massifs, des petites haies rectilignes.
Le choix des espèces. - Il est d'usage de planter, moitié en variétés précoces à gros fruits, les primeurs étant toujours appréciées, et moitié en variétés dite « remontantes », c'est-à-dire fructifiant plusieurs fois au cours de l'été. Pour ces dernières la suppression des premières fleurs est la meilleure manière de s'assurer les abondantes récoltes tardives.
Faites des échanges. - Les plantes proviennent le plus souvent de la petite pépinière que chacun organise en repiquant des stolons prélevés dans un carré de culture.
Nous devons toutefois recommander vivement les échanges entre amis ou voisins. Les fraisiers qui changent de terrain ou, mieux encore, de climat, comme cela se produit quand on fait venir d'une autre région de nouveaux plants, sont plus robustes durant plusieurs années.
N'hésitez pas à troquer, avec un autre jardinier, quelques sujets. Ce sera pour chacun une heureuse affaire.
Soins de printemps. - Pendant tout l'hiver, notre plantation ne donnera guère de soucis, mais au début de mars il faut y revenir. Le regarnissage de terre sur les racines qui auraient été soulevées et mises à nu par le gel, le désherbage, sont les premières opérations à effectuer. En cas de persistance d'un mauvais vent desséchant (le redoutable « hâle »), il peut aussi être utile d'arroser une fois ou deux. Notons cependant que, plus tard, les fraisiers n'auront que très exceptionnellement besoin d'eau. Ils supportent assez bien la sécheresse.
Quand pailler ? - Dès l'éclosion des premières fleurs blanches de si agréable aspect, on pense au paillis, cette légère couche de paille ou de copeaux destinée à éviter aux fruits le contact du sol et les éclaboussures. Savez-vous qu'il serait dangereux d'étendre ce paillis trop tôt, par exemple avant le 15 mai ?
Voici pourquoi les gelées blanches matinales qui peuvent détruire des fleurs précoces se forment plus facilement sur le paillis que sur le sol, brins de paille et copeaux se couvrent de givre tout près des corolles. Les dégâts ne sont pas très graves car de nouveaux bouquets remplacent assez vite ceux qui ont souffert.
Pour récolter tôt. - Sans entreprendre la « culture forcée » dont le but est de procurer des fruits mûrs en avril, vous seriez sans doute satisfaits de récolter avec une avance de 15 jours. C'est-à-dire en seconde quinzaine de mai.

La récolte, abondante et savoureuse,
récompense du travail et des soins.

(Photos Sélection.)

Nous vous proposons un moyen simple. Disposez, au potager, une ligne de fraisiers en direction est-ouest. Vers la mi-avril, installez une planche debout sur champ, haute de 40 ou 50 centimètres, et maintenue par quatre piquets, un peu en arrière de vos fraisiers, côté nord. Les plants se trouvent ainsi protégés des courants froids, comme sur un ados. Si la planche est peinte au brou de noix foncé (je ne propose pas le noir qui serait pourtant préférable !) et légèrement inclinée vers le sud, le résultat est encore meilleur.
Conservez ou supprimez les « filets ». - Au début de l'été, les premiers stolons naissent et vont se fixer à peu de distance de chaque touffe. Il convient de décider. Si vous désirez avoir de nouveaux plants, dirigez vous-même ces coulants sur le côté que vous ameublirez par un léger binage. Maintenez-les en place par une poignée de terre sur le filet, très près de la rosette... Mais n'oubliez pas que cette prolifération arrête immédiatement la production.
Si vous ne prévoyez pas l'utilisation de plançons, coupez, une fois par mois, tous les filets. Vos fraisiers « remontants » continueront alors à vous donner des fruits et les autres se prépareront mieux, en accumulant des réserves, à fournir la grosse récolte du printemps.
Les fraises sont toujours d'un prix élevé en raison des immenses débouchés offerts aux premiers fruits frais après une longue période d'attente.
Pour que tous puissent les savourer sans restriction à la maison, plantez dès maintenant et soignez ensuite attentivement quelques douzaines de fraisiers bien choisis.   N. DUSSAUD.



Vie à la Campagne - Août 1960.

Vol. XLIX - numéro 598 - 54e année - Août 1960.
Le fraisier est accessible aux attaques de très nombreux ennemis, cela d'autant plus que les variétés sont plus sélectionnées et ainsi plus vulnérables, la sélection possédant la propriété de développer au maximum les aptitudes des animaux et végétaux qui y sont soumis, donc aussi bien leurs qualités que leurs défauts. Aussi devez-vous dès le départ organiser la lutte, prendre toutes mesures utiles pour prévenir l'infestation de votre fraiseraie par les divers parasites qui la menacent et par les maladies à virus [jaunisse (chlorose) et autres], susceptibles d'amener la dégénérescence des plants.

PARASITES ANIMAUX
Dès l'automne précédant la plantation, désinfectez le sol avec l'un des produits suivants, à la dose à l'are, en grammes, de matière active aldrine, 40-50 ; heptachlore, 30-40 ; chlordane, 50-100 ; lindane, 10-15 ; afin d'en éliminer en particulier les vers blancs (larves de hannetons) et les autres parasites (vers fils de fer, larves de taupins, etc.), qui y sont abrités. N'utilisez les insecticides engrais que prudemment, en observant très strictement les proportions indiquées sur le mode d'emploi de chaque spécialité.
Effectuez la plantation avec des stolons rigoureusement sains, préparés hors de la portée des pucerons, traités aux esters phosphoriques (parathion, malathion, à l'exclusion des produits systémiques, sauf ceux à base de phosdrine, dont l'emploi est toléré dans les fraisières), donc indemnes de tout virus dont ces insectes assurent la dissémination.
Combattez les attaques éventuelles dès l'apparition des larves, par les moyens suivants : Vers fils de fer : arrosez avec une bouillie à base des éléments déjà cités, à raison de 4-5 litres au m2 ; Vers gris (chenilles de diverses noctuelles, larves de tipules) s'attaquant la nuit aux racines et collet des fraisiers, en répartissant sur le sol : son, 1 kg., auquel vous adjoignez un des insecticides de synthèse appropriés, en gr. : aldrine à 5 p. 100 de matière active, 100 ; toxaphène à 8 p. 100, 100 ; H. C. H. à 12 p. 100, 100 ; chlordane à 20 p. 100, 35 ; heptachlore à 5 p. 100, 100. Détruisez les courtilières, qui creusent dans le sol des galeries superficielles et sectionnent les racines des plantes, également avec du son empoisonné ; 1 kg. par are de riz trempé dans l'eau pendant 15 heures, puis ressuyé et mélangé à 50 gr. de phosphure de zinc ou de fluosilicate de baryum ; ou des granulés du commerce préparés dans ce but. Opérez de même contre les limaces, avec du son associé à 5 p. 100 de métaldéhyde ou des granulés.
Éliminez les otiorrhynques adultes (en particulier l'O. de la vigne : O. sulcatus, qui apparaît fréquemment en mai sur les fraisiers) avant le début de la ponte, avec D. D. T., lindane ou esters phosphoriques, en poudrages ou pulvérisations. Renouvelez le traitement 15 jours plus tard. Arrosez avec 3-5 1itres au m² de bouillie au parathion (50 gr. de M. A. à l'are) pour détruire les chenilles de l'hépiale (korscheltellus lupulinus) qui attaquent le collet des plantes. Le bupreste (corœbus sinuatus) dépose aussi sa ponte en juin-juillet au collet des fraisiers ; la larve de ce coléoptère hiverne dans une galerie creusée dans les racines des sujets. Traitez dès l'apparition des adultes avec esters phosphoriques, D. D. T. ou H. C. H.
Les pucerons sont parmi les plus redoutables ennemis du fraisier, car ils transportent sur le feuillage les germes des maladies à virus ; appliquez des esters phosphoriques (parathion et malathion) pour interdire la propagation. Utilisez les mêmes produits ou des acaricides spécifiques, généralement à base de roténone, contre les acariens (tétranyque et tarsonème) dont les piqûres provoquent des décolorations du feuillage et réduisent largement ou annulent la fructification. Répartissez 5 1itres à l'are de bouillie au D. D. T. pour détruire les nématodes ou anguillules, invisibles à l'œil nu, mais dont la présence se manifeste, surtout au printemps, par le rabougrissement de la plante dont les pétioles sont courts, épais, et les feuilles fortement plissées.
Combattez la galéruque, coléoptère dont la larve dévore cuticule et parenchyme de la face inférieure des feuilles, avec les esters phosphoriques et, avec ces mêmes préparations ou une autre contenant du D. D. T., le rhynchite coupe-bourgeons, charançon dont la femelle dépose un œuf dans une pousse, laquelle, par suite, se dessèche ; également l'anthonome, ressemblant au précédent, mais plus petit et de teinte noirâtre. qui pond dans le bouton floral et dont la larve, vivant dans la fleur, provoque l'avortement de cette dernière. Traitez à la dieldrine à 2 p. 100 de M. A. les blaniules (millepattes de couleur blanchâtre) qui détériorent les fruits mûrs, et les harpalus et féronias, coléoptères qui, pour se nourrir, rongent les akènes des fraises, qu'ils mutilent.

PARASITES VÉGÉTAUX
De nombreux champignons sont des ennemis du fraisier. La lutte à leur encontre est malaisée ; prévenez surtout l'infestation par une bonne rotation des cultures et plantez des variétés résistantes, préparées dans ce but (1). Parmi ces parasites attaquant les racines et collet des plantes figurent entre autres : phytophtora fragariœ, occasionnant la maladie du cœur rouge (red core), déterminant l'amollissement, la pourriture des racines dont il ne reste souvent que de courts tronçons ; le cylindre central, parfois le collet et le pétiole des feuilles rougissent. Le rhizoctone violet et le r. noir provoquent fréquemment le dépérissement des plants en année humide ; le pourridié (surtout observé sur un emplacement libéré d'une plantation fruitière), les fusarium et cylindrocarpon atteignent le système radiculaire. Contre tous ces éléments nuisibles, peu de moyens efficaces ; désinfectez le sol par l'incorporation (10 l. au m2) d'une émulsion à 3 p. 100 de sulfure de carbone ou une solution de formol à 2,5 p. 100.
Les principaux champignons attaquant le pétiole et les fleurs des fraisiers sont : la rouille (sphoerella fragariœ) ou maladie des taches rouges, causée par le ramularia, affection généralement peu grave, se manifestant en automne ou en période d'humidité par l'apparition de taches rouges allongées sur les pétioles ; fabrea earliana (marssonina potentilla) : mêmes caractéristiques que la précédente, mais avec des taches plus grandes (3-6 mm.) ; septoblocum fragariœ, même aspect que spharella fr., mais les taches anguleuses des feuilles sont brunes. Combattez ces trois parasites avec les produits cupriques et les fongicides de synthèse ; effectuez une première application (captane : 125 gr. de M. A. dans 100 l. d'eau) quand les feuilles ont atteint la moitié de leur taille normale. Renouvelez-la deux fois, à 15 jours d'intervalle, dès la récolte terminée.
Contre l'Oïdium ou blanc (sphœrotheca humuli), se manifestant par une poussière blanche se développant d'abord sur les feuilles, puis sur les pétioles et les fleurs, pratiquez avant la floraison des pulvérisations de soufre micronisé mouillable ou de dinitrophénylcrotonate. Vous pouvez aussi, avec quelques chances de succès, utiliser des produits cupriques et des fongicides de synthèse.
Parmi les champignons parasites détériorant les fruits, figurent deux espèces favorisées par l'humidité : botrytis cinerea, responsable de la pourriture grise provoquant le ramollissement des fruits, qui se couvrent d'un feutrage ; rhizopus nigricans, occasionnant la pourriture noire des fraises récoltées. Le mildiou (phytophtora cactorum) durcit les fruits qui prennent une coloration brune ou rosée et deviennent amers. Le tan-rot (pezizella lythri) atteint la face du fruit qui est en contact avec le sol, alors que la partie apparente présente un aspect et un parfum normaux. Luttez contre ces divers ennemis de votre fraiseraie par une stricte hygiène du sol de la plantation drainez, paillez celui-ci, limitez les apports d'azote dont l'excès favorise la prolifération des parasites. Ramassez les fruits touchés et détruisez-les pour stopper l'extension des affections contre lesquelles on ne semble pas, jusqu'ici, disposer de moyens chimiques curatifs efficaces. Appliquez préventivement, tous les 12-15 jours, des pulvérisations ou poudrages à base de captane.
Prévenez, dans toute la mesure possible, les attaques des parasites animaux et végétaux ; surveillez votre plantation et, dès que vous découvrez sur vos fraisiers le moindre symptôme d'atteinte, supprimez la plante ou la partie de plante (tige, feuille, fleur, fruit) touchée ; brûlez-la pour interdire la propagation des maladies qui réduisent la récolte et ne vous permettent d'obtenir que des produits de qualité inférieure, quand elles ne déterminent pas la destruction de la fraisière ! M. A.

(1) Vie à la Campagne, n° 587 : VOUS AUREZ RAISON DES AFFECTIONS DU FRAISIER. Ce n°, fco : 2,20 NF ; Étr.: 2,65 NF.

DÉTECTEZ LES NOCTUELLES
Le papillon de la noctuelle des fourrages (tholeta popularis) apparaît généralement en août et persiste jusqu'à la fin de septembre. Il ne vole que pendant la nuit et sa femelle dépose ses œufs, en petits paquets, au pied des touffes d'herbe. Les minuscules chenilles auxquelles ils donnent naissance consomment la base de cette herbe, se dissimulent pendant le jour sous des feuilles, des pierres, etc., et, dès les premiers froids, s'enfoncent en terre pour y hiverner. La chenille de noctuelle, longue de 5 cm, brune et rose, rayée de trois lignes longitudinales jaune pâle et aux anneaux non ponctués, s'abrite habituellement dans les prairies de marais, dans celles envahies par la mousse, dans le feutrage du gazon. Au printemps, généralement au début de mai, elles surgissent d'autant plus nombreuses que l'année précédente a été plus sèche et occasionnent de graves dégâts, s'attaquant aux jeunes pousses, dévorant en particulier la base des gaines foliaires et provoquant la destruction des plantes fourragères. En juin, elles se transforment en chrysalides ; en août éclosent les papillons.
En raison de la rareté de ces invasions, la lutte contre la noctuelle des fourrages est peu pratiquée. Il est cependant conseillé, dès que la présence des chenilles a été constatée dans une prairie, d'arrêter leur dispersion en ouvrant une rigole de 20 cm. de largeur et de profondeur autour du secteur atteint. Par temps sec, épandez dans la rigole de la chaux vive qui détruit les chenilles, alors qu'elles tentent de gagner du terrain. Si vous observez une forte pullulation, désinfectez soigneusement le sol avant d'y établir une nouvelle culture. M. A.
CONTRE LA CÉRATITE
Ne traitez pas préventivement (donc prématurément) les fruits contre la cératite (ceratitis capitata). Attendez d'avoir constaté sa présence ou d'être avisé de son apparition par la station d'avertissement, dont vous dépendez. Celle-ci vous prévient opportunément si vous êtes abonné ; peut-être aussi lisez-vous ses communiqués dans votre quotidien ou hebdomadaire régional. Les traitements prématurés ou inutiles sont en effet coûteux et dangereux, parce qu'ils favorisent le développement de l'araignée rouge, autre insecte indésirable. Par contre, agissez en temps utile afin de vous assurer des fruits sains ; surtout, incitez vos voisins à traiter également, dans leur intérêt comme dans le vôtre, car toute technique de lutte n'est largement efficace que si elle est généralisée. En principe, la mouche cératite ne commence à pondre sur les fruits que lorsque ceux-ci sont parvenus à moins de 4-5 semaines de leur maturité. L'application des produits à base de D. D. T. est à arrêter avant la période de quinze jours précédant la cueillette, mais l'interruption des traitements (dans un but d'hygiène pour le consommateur) rend également insuffisante la protection des fruits. C'est vraisemblablement pourquoi un attractif puissant (solution à 1 pour mille de protéine hydrolysée) modifie avantageusement la technique de lutte dans les vergers américains. Cet attractif est associé au malathion, un des insecticides les moins toxiques pour le consommateur. Il n'est plus nécessaire de traiter tous les arbres, mais seulement les arbres, arbustes roseaux, herbes proches, les cératites étant davantage attirées par les feuilles de ces végétaux plutôt que par les fruits. L'essence des graines d'angélique constitue également un des attractifs expérimentés aux É.-U. A. ; ce produit présente la particularité d'attirer seulement les mâles. Leur destruction n'en est pas moins efficace, puisque leur nombre correspond à celui des femelles. Ph. L.

LE SAVIEZ-VOUS ?
Vous lisez constamment, dans ces colonnes, qu'après avoir biné le sol pour briser la croûte que forment les pluies et les arrosages et ameubli la surface (opération qui freine déjà l'évaporation de l'humidité, bienfaisante en cette saison pour les végétaux), il est indiqué de le recouvrir d'un paillis de fumier à moitié décomposé, mélangé ou non de feuilles ; également d'étendre, sur la terre des pots et caisses contenant des arbustes et des plantes d'ornement, un revêtement de mousse qui remplit le même office. Si vous ne disposez pas de ces matières, utilisez les coupes de gazon court dont la matière constitue un souple paillis se transformant graduellement en humus. Cet humus, si nécessaire, sans lequel l'effet des engrais minéraux perd une partie de son action.


Le CHASSEUR FRANÇAIS
N° 796 – Juin 1963 – page 370
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LE PROPOS DU JARDINIER
Récoltez des fraises, jusqu’aux premiers froids !


Comment étaler la récolte de fraises ? Existe-t-il des procédés culturaux qui étagent les périodes de maturité ?
La consommation de fraises est appréciable pendant une période plus longue qu'il est habituel de le faire. Les cultures hâtées, le paillage permettent d'avancer la récolte, mais, pour obtenir un étalement réel de la cueillette, il est nécessaire de planter une collection de variétés qui se complètent dans le temps. La fraise est un fruit qu'il est maintenant parfaitement possible de cueillir jusqu'aux premiers froids.
Parmi une quantité très importante de variétés, une sélection s'impose, mais, si la liste suivante est volontairement limitée, ceci ne signifie pas le manque d'intérêt d'autres variétés que le commerce met en vente. Il faut même souligner la facilité de la culture du fraisier à condition de l'adaptation au sol de la variété cultivée. Aussi l'amateur aura-t-il à essayer plusieurs variétés et à se fixer sur le choix de celles qui « réussissent bien » en fonction des caractéristiques du sol de son jardin.
Les fraisiers sont dits « remontants » dans le cas où plusieurs floraisons se succèdent. Nous classerons les variétés en deux groupes qui fixent l'époque de récolte.
Une première saison est assurée par les variétés non remontantes qui se distinguent par des précocités variables.
Viennent d'abord à maturité les variétés les plus hâtives, avec par exemple :
  La Précoce musquée. – C'est un fraisier très vigoureux. Une terre un peu sèche, de richesse moyenne lui convient, et la production est plus importante que dans une terre trop riche. Les fruits sont parfumés, à saveur de fraise des bois, et sont d'une excellente qualité.
  Reine des précoces. – Le fruit est d'un calibre supérieur et de bonne qualité. Ce fraisier est avantageux pour sa résistance marquée aux maladies.
  Régal. – C'est bien là le fraisier parfaitement rustique et qui de plus s'accommode à tous les terrains. La récolte est abondante et de qualité. Il tend à surpasser la « Vicomtesse Héricart de Thury » et convient à la table et à la confection des confitures.

À maturité un peu plus tardive :

  Hercule dans les sols argileux, siliceux, un peu lourds, c'est une variété remarquable par la beauté de ses fruits très parfumés. Il faut éviter les sols légers et adapter la culture à la vigueur de ce fraisier, une plantation espacée avec étalement des coulants qui porteront une fructification abondante au printemps est à conseiller.
  Fertilité est une variété cultivée en grande culture pour ses qualités particulièrement marquées de vigueur, fertilité et saveur de ses fruits.

En fin de première saison des fraisiers tardifs :

  Tardive de Léopold : C'est un fraisier remarquablement rustique qui s'accommode de tous les terrains. Il faut planter ce fraisier à proximité d'autres variétés pour que le pollen de ces derniers assure la fécondation de ses fleurs qui en sont dépourvues.
Les fraisiers remontants assurent la cueillette en deuxième saison. Les hampes florales qui apparaissent avant le 15 mai sont à supprimer pour reporter la production de ces fraisiers au cours de l'été et de l'automne.
Les travaux de sélection ne cessent d'améliorer ces fraisiers quant à leur aptitude à remonter et également quant à leur vigueur et à l'abondance d'une fructification de qualité. Nous limiterons la liste à quelques variétés, mais sans exclusive.
  Géant framboise. – C'est un fraisier issu de Muscade voisin de « Précoce musquée ». Sa vigueur très réelle en fait véritablement un géant et ses fruits ont bien une saveur très fine. Ce fraisier ajoute à ses merveilleuses qualités celle d'une production ininterrompue.
  Géant Ch. Simmen. – Les hampes florales de ce fraisier sont suffisamment fortes pour que les fruits soient portés au-dessus du sol. La rusticité, l'adaptation de ce fraisier aux terrains argilo-siliceux, même un peu calcaires, en font un fraisier très intéressant. Les fruits sont d'un calibre assez fort, mais la production de la première floraison est limitée, ce qui permet de négliger la taille de la première hampe florale.
  Record. – C'est une variété exigeante au point de vue du sol, une terre forte étant nécessaire à sa culture. Sa vigueur atteint le maximum dans ces conditions. D'énormes touffes, qui peuvent avoir un diamètre de 70 centimètres, portent des fruits qui pèsent jusqu'à 60 grammes ! La production donne parfois un kilogramme de bonnes fraises par pied.

Nous signalerons enfin deux variétés qui conviennent pour des sols médiocres.
  Sans Rivale. – C'est un fraisier rustique, très productif, qui se contente des sols sablonneux assez légers. Le fruit est d'une qualité appréciée, assez gros. L'ensemble de ses qualités font de « Sans Rivale » un fraisier de grande culture.
  Profusion. – C'est une variété très intéressante pour sa faculté d'adaptation aux sols calcaires, dans lesquels elle forme des fruits de meilleure qualité. C'est une variété très rustique et vigoureuse. La production de fruits à saveur moyenne est abondante.
Cette liste de variétés permet un calendrier de récolte de mai à l'automne et il ne faut pas oublier le fraisier des Quatre-Saisons qui intercale sa production de petits fruits, mais combien savoureux, tout au long de la bonne saison et qui trouve sa place en terrain un peu frais.
La culture du fraisier est source de satisfaction ; les terres maraîchères usées, noires, trop légères, sont parfois à l'origine de difficultés; l'apport de terre forte est à conseiller. Deux précautions sont également importantes : la désinsectisation du sol et le choix des plants sélectionnés, indemnes de maladies à virus.
Le choix de variétés et quelques précautions affirmeront parmi vos amis votre réputation de bon jardinier ; dégustez d'excellentes fraises.

G. RIVIÈRE.




La Moselle - Richesses de France - N° 120
4, rue de la Sorbonne - 75005 PARIS - 3e trimestre 1983
(Page 40)


Quelques études sur la fraise


Librairie Larousse, 1917

Sans date

Hachette, 1933

La Maison Rustique, 1945

1961

Encre, 1980


1990


Juin 2001 - CLOITRE Imprimeur (29)

Février 2004 - Ed. Alan Sutton (37)


Vergt (Ed. René - 24-Dordogne)
 

Plougastel-Daoulas (Ed. JOS - 29-Finistère)
Capitale de la fraise. Une dame de Plougastel en costume traditionnel au travail.
 
Mais aujourd'hui c'est plutôt comme ci-dessous (juillet 2017)


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