raconte-moi-woippy Retour menu

Le clipper la Ville-de-Metz
Mis à l'eau à La Rochelle le 29 avril 1854

| Retour menu "Metz, articles de journaux" |

Le 29 avril 1854, un navire de commerce, un clipper, la Ville-de-Metz, construit à La Rochelle, était mis à l’eau et rejoignait Le Havre.
D’une capacité de 1 200 tonneaux, il effectua un premier voyage commercial vers Cadix et Montevideo. Plus tard, il fit la route des Indes.

Cinquante ans plus tard, la Gazette de Lorraine du samedi 30 avril 1904 écrit :
Un jubilé maritime messin.
Le 29 avril 1854, le navire de commerce « La ville de Metz », de 1200 tonneaux, construit à la Rochelle aux frais d’une société commerciale de Metz, était mis à l’eau. Le commandant était Messin et quelques jeunes gens de la Moselle comptaient parmi l’équipage. Après avoir reproduit l’article du 4 mai 1854, le journal pose la question : « Existe-t-il encore, le navire la Ville-de-Metz, et qu’est-il devenu ? »

Voici quelques épisodes de son parcours : (Journal « Courrier de la Moselle », Collection de la Bibliothèque-Médiathèque de Metz).

Samedi 4 février 1854
On lit dans l’Ere nouvelle, journal de la Charente-Inférieure :
« Le clipper la Ville-de-Metz, qui se construit en ce moment sur nos chantiers, sera le plus grand navire appartenant au port du Havre et l’un des plus grands navires français : sa longueur de tête en tête sera égale à celle d’un vaisseau de 90 canons.
Ce navire, dont les travaux occupent deux cents ouvriers, doit être terminé en avril prochain. Il appartiendra aux actionnaires, en grande partie, habitants de la ville de Metz ; la maison T. Ferrère et Cie, du Havre, en sera l’armateur et il sera commandé par le capitaine Viller, l’un des officiers les plus distingués de cette place.
Les perfectionnements considérables apportés par M. Léopold Turpain, constructeur de ce navire, dans les liaisons et la structure de ce grand bâtiment, feront apprécier, nous n’en doutons pas, la qualité des navires sortant des chantiers de construction de notre port. »

Jeudi 4 mai 1854
Le navire de commerce la Ville-de-Metz, du port de 1 200 tonneaux, construit à La Rochelle, aux frais d’une société commerciale de Metz, a été mis à l’eau le 29 avril.
Un succès complet a couronné cette opération, qui pouvait laisser quelques doutes sur sa réussite ; car la Ville-de-Metz est non seulement un des plus grands navires de commerce, mais le plus grand qui ait été construit à La Rochelle. C’est un clipper qui a les dimensions d’une corvette de premier rang.
Le constructeur est M. Léopold Turpain ; le bâtiment a pour commandant M. Viller, un de nos concitoyens ; quelques jeunes gens de la Moselle comptent déjà parmi les marins de l’équipage.
Ce clipper a donc pour nous, gens de Metz, un intérêt particulier. Aussi, en annonçant sa mise à l’eau, - fait qui peut ouvrir au commerce de notre ville une voie toute nouvelle et toute prospère, - ne dirons-nous point au navire, avec Horace : « O vaisseau chéri ! quoi , les flots t’entraînent au sein des mers ? Que fais-tu ? demeure, demeure au port !… Ah ! si tu ne veux être le jouets des vents, demeure ! »
Nous savons que le commerce, généralement, goûte peu Horace ; et, à son point de vue, il a raison. Nous aimons mieux donc redire ici les touchantes et patriotiques paroles du prêtre, qui a béni la Ville-de-Metz près de quitter son chantier.
Si la Providence, a-t-il dit, permettait que ce nouvel enfant des mers rencontrât, quelque jour, ceux de nos frères qu’une juste cause appelle en ce moment sur de lointains rivages, qu’il aille leur porter cette formule de nos vœux, enrichie du double langage de l’Ecriture :
« O Dieu écoutez nos prières ! bénissez ce vaisseau ; bénissez notre flotte, comme vous daignâtes autrefois bénir l’arche qui portait un sauveur dans son sein ; étendez votre droite ; envoyez vers nos matelots, votre ange qui les garde de tous dangers, et qu’après les nombreux périls du voyage, ils rentrent tous heureux et triomphants dans le port ! »
F. BLANC.

Mardi 4 juillet 1854
Nous avons déjà entretenu nos lecteurs du navire de commerce la Ville-de-Metz, qui vient d’être construit à La Rochelle pour le compte d’une société commerciale de notre ville. Nous lisons dans le Courrier de la Rochelle les nouveaux détails qui suivent sur le même navire : « Hier une affluence considérable encombrait les quais et la jetée de notre ville. La foule voulait saluer de ses adieux le beau navire clipper la Ville-de-Metz, dont elle avait suivi avec tant d’intérêt le développement sur les chantiers de La Rochelle.
Pendant que tous les apprêts nécessaires de la sortie se faisaient dans le bassin, un vapeur chauffait au pied de la tour Saint-Nicolas et attendait le moment de remorquer le trois-mâts qui allait, pour toujours sans doute, quitter nos murs. Vers quatre heures et demie, le remorqueur de Boyard se mettait en ligne, et quelques minutes après il était en marche, entraînant avec lui la Ville-de-Metz dont on pouvait mieux que jamais admirer la coupe élégante.
La population suivait avec intérêt du regard ce navire filant majestueusement le long de la jetée, dirigé par le pilote Galteau et commandé par le capitaine Viller qui, à la hauteur des bains de mer, a salué trois fois du pavillon la ville de La Rochelle, où cet honorable capitaine ne laisse que de bons souvenirs.
La Ville-de-Metz se rend au Havre et emmène pour second un de nos compatriotes, M. Julien Seignette, capitaine au long cours, dont la présence à bord de ce navire fera doublement intéresser la Rochelle au succès de l’entreprise commerciale qui avait choisi M. Turpain pour constructeur.
L’épreuve est donc complète, à la mise à l’eau comme à la sortie, pour les navires d’un fort tonnage, construits sur nos chantiers, puisque la Ville-de-Metz est de 1 000 à 1 100 tonneaux. »

Samedi 16 septembre 1854
Le trois-mâts la Ville-de-Metz a quitté la Havre mercredi dernier pour aller prendre charge à Cadix avec destination ultérieure pour Montevideo et les mers de l’Inde. Favorisé par un temps magnifique et un vent favorable, ce beau navire, avec sa forme élégante, son port élevé et sa bonne marche, a tenu tout ce qu’il avait promis lors de sa première traversée de La Rochelle au Havre.
Nous apprenons avec plaisir que la Ville-de-Metz emporte quelques produits du pays pour l’exportation. Espérons qu’on ne s’en tiendra pas à ce premier essai d’opération maritime tenté par le département et que de nouvelles constructions viendront par la suite donner de nouveaux débouchés faciles et avantageux aux produits de la Moselle.

Jeudi 4 octobre 1855
La dernière malle de l'Inde nous apporte la nouvelle qu'à la date du 2 août dernier le beau clipper la Ville-de-Metz, commandé par notre concitoyen M. le capitaine Viller, et appartenant au commerce de Metz, était en charge à Calcutta pour Maurice (Ile de France).

Mardi 5 janvier 1856
On écrit de Maurice (Ile de France), le 5 novembre, que le navire la Ville-de-Metz, capitaine Viller, était entré à Port-Louis, venant de Calcutta. On sait que ce bâtiment appartient au commerce de notre ville.

Jeudi 7 février 1856
Le clipper la Ville-de-Metz, qui a pour capitaine notre compatriote M. Viller, a quitté Port-Louis de Maurice (Ile de France), le 25 novembre dernier, sans destination indiquée.

Samedi 9 février 1856
Le navire la Ville-de-Metz, dont nous avons annoncé le départ de Maurice (Ile de France), faisait voile pour Calcutta (Bengale), à la date du 23 novembre dernier.

Jeudi 6 mars 1856
Le clipper la Ville-de-Metz, ayant pour capitaine notre concitoyen M. Viller, est de retour à Calcutta venant de Maurice (Ile de France). Parti de Port-Louis vers la fin de novembre, il rentrait dans la capitale du Bengale le 10 janvier.

Samedi 22 mars 1856
On écrit de Calcutta (Indes anglaises), le 8 février, que le clipper la Ville-de-Metz est en charge dans le port de cette place pour la Réunion (Ile Bourbon). On sait que ce navire appartient au commerce de Metz. Il est commandé par M. Viller, notre concitoyen.

Samedi 17 mai 1856
Nous apprenons par la dernière malle de l’Inde, (voie de Suez), que le clipper la Ville-de-Metz, capitaine Viller, de Metz, est arrivé à Maurice (Ile de France), le 13 mars, venant de Calcutta (Indes anglaises). La traversée avait duré un mois.

Jeudi 19 juin 1856
Par la malle de l'Inde, arrivée le 11 à Marseille, on a des nouvelles de la Réuniuon (Ile Bourbon), en date du 14 avril.
Le choléra, qui désolait Maurice (Ile de France), avait fait prendre dans notre colonie des mesures de précaution extraordinaires. Défanse était faite à tout navire ayant communiqué avec l'île infectée de se présenter sur d'autre rade que celle de St-Denis, et une quarantaine de vingt jours, dont quinze sous voile, lui était imposée. Le capitaine de port était autorisé à tirer sur le bâtiment qui, à l'expiration de la quarantaine sous voile, reviendrait au mouillage san savoir en tête du grand-mât le pavillon national, siganl indiqué pour signifier : Tout va bien à bord. Enfin, des prescriptions hygiéniques tendent à prévenir l'introduction du fléau. Ces diverses mesures étaient rigoureusement exécutées.

Le navire la Ville-de-Metz, appartenant à des négociants de notre localité, et commandé par un messin, le capitaine Viller, était sur rade à Saint-Paul, en destination pour Calcutta (Bengale). Son arrivée inattendue avec 2 000 balles de graminées, lorsque des avis de Calcutta annonçaient qu’il fallait s’attendre à n’en recevoir que très peu, a occasionné une baisse d’un franc par balle dans le prix (22 fr.). La Ville-de-Metz a placé en outre 600 balles de riz à 17 fr. 50, et 100 caisses de saindoux à 2 fr. le kilo.

Jeudi 16 octobre 1856
La malle de l'Inde (voie de Suez), vient d'apporter des nouvelles de la Réunion (ancienne île Bourbon), en date du 30 août. Une correspondance de Saint-Denis, reçue à Metz, porte : Nous attendons d'un jour à l'autre votre navire la Ville-de-Metz, commandé par le messin Viller, revenant d'un voyage à la côte d'Afrique.

Samedi 21 mars 1857
Nous avons annoncé, il y a quelques temps déjà, la départ de l’Ile de la Réunion du navire la Ville-de-Metz, en destination pour Bordeaux. Au commencement de l’année courante, la Ville-de-Metz n’avait point encore doublé le cap de Bonne-Espérance, ainsi qu’il en résulte d’un rapport du capitaine Peltier, commandant du Colbert, qui vient d’entrer en Loire :
« Le 6 décembre, je suis parti de Maurice. Le 29 du même mois, au matin, étant à environ 5 milles dans l’ouest du cap Seal, j’aperçus le trois-mâts français la Ville-de-Metz, qui se dirigeait vers la terre. Au moyen de la série télégraphique, il me signala qu’il avait des avaries dans son gouvernail, et peu de temps après, je le vis entrer dans la baie de Plettenberg pour y gagner le mouillage. »
La baie de Plettenberg est située à l’extrémité méridionale de la côte d’Afrique, au sud-est du cap de Bonne-espérance, au pays des Hottentots.
On sait que la Ville-de-Metz appartient à des négociants messins, et qu’elle est commandée par un de nos concitoyens, le capitaine Viller. L’accident signalé est, heureusement, de très peu d’importance.

Mardi 7 avril 1857
Nous avons annoncé récemment la relâche forcée, au pays des Hottentots, par suite de la rupture de son gouvernail, du clipper la Ville-de-Metz, capitaine Viller. Cet accident avait lieu vers la fin de l’année dernière ; mais comme on le présumait il n’avait rien de bien grave. En effet, nous avons appris depuis que ce navire avait relâché à Ste-Hélène en février, et que le 28 mars il avait été rencontré par 46° latitude nord et 20° longitude ouest, ayant quarante jours de mer et allant de Maurice à Bordeaux.

Mardi 14 avril 1857
Le navire la Ville-de-Metz, dont le capitaine et les actionnaires sont nos concitoyens, est arrivé le 10 avril à Bordeaux, venant de Maurice, après quatre mois de traversée. Son chargement se compose de 11 916 sacs de sucre, 796 sacs graine de gingelly (sésame), 8 caisses d’écaille, 3 caisses de vanille, 12 fûts de vin, huile et rhum, 2 caisses d’objets d’histoire naturelle, 22 caisses de cire, etc. : c’est un fret considérable.

Clipper : On désigna sous ce nom de grands navires à voiles qui inaugurèrent et soutinrent des vitesses inconnues jusque-là. C'était aussi des bâtiments très solides qui luttaient avec avantage contre la grosse mer du cap de Bonne-Espérance et du cap Horn. Leur guibre faisait souvent partie intégrante de la charpente du navire et, pour être plus solide, ce genre de construction devenait dangereux dans ceratins cas ; il pouvait notamment compromettre le navire dans un abordage.
Les clippers ont fait des traversées demeurées célèbres et, à ce titre, on se plaît toujours à citer ceux d'entre eux qui portaient les premiers chargements de thé nouveau. Des paris s'engageaient sur les clippers qui faisaient le service entre Chang-Haï et Londres ; et, comme la première cargaison se vendait mieux que les autres, les capitaines, piqués au vif, luttaient de vitesse et cette émulation produisait les plus heureux résultats.
Le plus grand clipper fut le Great Republic de 4 000 tonnes que M. Donald MacKay construisit à Boston en 1853 pour le service de New-York à San-Francisco. Le Great Republic avait 78, 77 mètres de longueur, 5 381 m2 de surface de voilure et cent trente hommes d'équipage.
Ainsi que le fait remarquer l'amiral Pâris, c'est au moment où la vapeur commençait à paraître que M.Kay construisit ce bâtiment, le plus grand navire à voile de l'époque. Le passé maritime, ajoute l'amiral, s'est concentré dans le Great Republic pour se montrer une dernière fois. Voici les matières employées dans la construction de ce grand bâtiment : pin dur, 3 810 m3 ; chêne blanc, 2 056 tonnes ; fer, 336 500 kilogrammes ; cuivre, 6 600 kilogrammes, y compris le doublage ; enfin, on employa pour la coque 50 000 journées de travail et 14 668 mètres de toile pour la voilure. Le musée de marine du Louvre possède un très beau modèle du Great Republic. Malheureusement il n'eut jamais l'occasion de faire ses preuves, ayant été avarié par le feu avant son premier voyage et transformé en un trois-mâts ordinaire.
Le Sovereign of the Seas de 2 421 tonnes, construit en 1852, fit jusqu'à 436 milles en vingt-quatre heures ; le Northern Light allait de Boston à San-Francisco en soixante-seize jours et huit heures ; le Lightning fit le trajet de Liverpool à Melbourne en 63 jours.
Les plus célèbres clippers ont été construits par Mac Kay. L'établissement des grands services de paquebots les a fait abandonner.
(LA GRANDE ENCYCLOPEDIE, Paris, H. Lamirault et Cie, Editeurs, 61, rue de Rennes, Paris)
Mille : 1 852 mètres.


Clipper : Les clippers étaient de rapides voiliers, à la mâture puissante et aux formes particulièrement minces, autrefois employés au commerce du thé entre l’Angleterre et la Chine, et qui, grâce à leur solidité leur permettant d’affronter la grosse mer du cap Horn, firent communiquer les deux côtes d’Amérique. Leurs traversées rapides restèrent célèbres. Très employés au milieu du XIXe siècle, ils ont disparu vers la fin de ce siècle devant les progrès de la vapeur. (Larousse du XXe siècle - 1929 )
Tonneau : mesure de capacité pour le jaugeage d’un navire valant 1, 440 m3 et adopté en France depuis 1681 (Colbert).

| Retour menu "Metz, articles de journaux" |

raconte-moi-woippy Retour menu