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  Dernière mise à jour : 9 février 2014

Le Centre de Ravitaillement en Essence de Metz

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Le Centre de Ravitaillement en Essence de Metz vers 1930.

Historique réalisé d'après le Livret d'inspection du C.R.E. daté de 1930.
Le Centre de Ravitaillement en Essence fut construit en 1913-1914 par les autorités allemandes et commença à fonctionner en 1915.
Il comprenait uniquement deux groupes de réservoirs souterrains desservis par une voie ferrée, reliée aux voies de la gare de Woippy.
La manutention des carburants était effectuée par le procédé Martini Huneke (Réservoirs sous pression de gaz carbonique).
Aucun embidonnage n'était réalisé. Les lubrifiants du C.R.E étaient stockés au polygone de Chambière. Toutes les livraisons étaient faites en camions-citernes. On accédait au centre soit par le quai militaire de Woippy (accès depuis la rue de Maison-Neuve), soit par un chemin privé passant sous la voie de chemin de fer, commençant rue du Nord près de la gare de Metz-Nord.


Depuis le pont du chemin de fer de Woippy, vue du quai militaire et des voies ferrées Metz-Thionville dans les années 1930.

A partir de Novembre 1918, le Centre fut géré par les Services de l’Artillerie. En Juin 1920, c'est le Service des Poudres de Sevran-Livry (Ministère de la Guerre) qui reprit la gérance et qui aménagea progressivement le site : modification des voies ferrées, construction de bâtiments et de réservoirs, poste électrique, etc.
En 1927, la route d'accès au centre depuis la route de Thionville est aménagée (future rue des Intendants Joba).
En 1928, une station de pompage est installée au pont du Sauvage et un pipe-line est posé. Le centre pouvait alors être ravitaillé par des chalands-citernes.
Quelques années plus tard, en 1931, la station de pompage du Sauvage est tranférée au nouveau port de Metz.

Visite du centre.
A l’entrée du C.R.E se trouvent d’abord les deux pavillons servant de logement, l’un à l’agent technique militaire, gérant le C.R.E., l’autre, aux deux sous-agents technique militaire.
Les bureaux, les vestiaires, le réfectoire, les bains-douches, et le garage à bicyclettes sont situés dans la clôture du C.R.E, mais séparés du reste de l’établissement dont l’entrée est surveillée continuellement par un garde.
A l’intérieur de cette deuxième clôture se trouve le laboratoire, la chaufferie, le poste de transformateurs électriques, la centrale électrique de secours, l’atelier mécanique, le menuiserie, le magasin aux accessoires, les ateliers de vérification, nettoyage et réparation des emballages. Plus loin de l’entrée se trouvent les réservoirs de stockage, les ateliers d’embidonnage et le quai de chargement.
Le C.R.E, clos en grillage métallique de 2 m 50 de hauteur, est relié à la gare de Woippy par un embranchement particulier qui comprend deux voies d’échange longeant le quai militaire de Woippy et quatre voies de manœuvres à l’intérieur du C.R.E.

Le centre était fourni en électricité par la ville de Metz en 17000 volts par un câble souterrain. Le poste électrique comprenait deux transformateurs abaisseurs, de 5 kVA pour l’éclairage et de 60 kVA pour les manutentions (pouvant être secouru par un moteur Chaléassière à 3 cylindres d’une puissance de 80 cv actionnant un alternateur de 70 kVA).
Un groupe électrogène pourvu d’une dynamo pouvait être utilisé pour l’éclairage de secours.
La vapeur nécessaire au fonctionnement du C.R.E était produite par deux générateurs Delaunay-Belleville avec réchauffeur de 2 m2 de surface de chauffe timbrée à 16 bars. Les deux chaudières fonctionnaient alternativement.

Comme indiqué plus haut, le C.R.E. était alimenté par wagons-citernes. Pour remédier, en cas de guerre, aux difficultés de circulation de trains, une station de pompage fut installée au pont du Sauvage en 1928 et un pipe-line fut posé jusqu'au centre, ceci pour permettre son alimentation à partir de chalands-citernes.
Lors de l’aménagement du nouveau port fluvial (Camifemo), une nouvelle station de pompage y fut installée et le pipe-line détourné.
Cette nouvelle station de pompage comprenait une estacade en bois avec deux ducs-d’Albe où accostaient les chalands-citernes.
Un petit bâtiment séparé en trois pièces abritait les moteurs, la pompe et un réfectoire-vestiaire.
Le diamètre du pipe-line était de 150 mm. Entre les arrivages, le pipe-line était toujours rempli d’eau sauf en hiver où il était vidé pour éviter le gel.
Ce pipe-line était doublé d’une ligne téléphonique mais par suite de malfaçon cette ligne était inutilisable. Elle avait été remplacée par les lignes du réseau de défense de Metz.

Le C.R.E. était approvisionné :
- en essence aviation et essence poids lourds par chalands-citernes,
- en essence tourisme, pétrole, benzol, alcool, huiles A.B.C. B.M. et C.M en wagons-citernes,
- huile D en fûts de 200 ou 400 litres,
- graisse en fûts de bois dits pétroliers,
- huile de Ricin et glycérine en bidons de 50 litres,
- carbure en tonnelets métalliques.

Provenance et transport des essences.
Les essences aviation et poids lourds provenaient de Rouen, elles étaient acheminées par chalands-citernes d'une contenance de 250 à 300 m3 appartenant au Service des Essences ou loués à la Cie de Navigation « L'Union Normande ».
Les chalands-citernes utilisaient un des itinéraires suivants :
   1er- La Seine de Rouen à Conflans-Ste-Honorine,
L’Oise de Conflans à Clairoix,
L’Aisne de Clairoix à Rilly,
Le canal des Ardennes de Rilly à Pont-à-Bar,
La Meuse de Pont-à-Bar à Troussey,
Le canal de la Marne au Rhin de Troussey à Frouard,
La Moselle de Frouard à Metz.
   2°- La Seine de Rouen à Paris,
La Marne de Paris à Vitry-le-François,
Le canal de la Marne au Rhin de Vitry à Frouard,
La Moselle de Frouard à Metz.

Le premier itinéraire bien plus long que le deuxième était le plus rapide car il utilisait surtout des rivières avec moins d’écluses.
A titre indicatif, la statistique de 1930 indique 27 chalands-citernes dépotés, représentant un volume de 6 682 m3.

Le stockage.
Deux groupes de réservoirs enterrés construits par les Allemands en 1913 de six et huit réservoirs de 100 m3 chacun,
- un réservoir non enterré de 90 m3 réservé à l'essence poids lourds,
- un groupe de neuf réservoirs dans une fosse bétonnée, sept de 100 m3 et deux de 50 m3,
- quatre réservoirs enterrés et isolés réservés pour le pétrole,
- et quatre réservoirs surélevés réservés aux huiles B.M. et C.M.

Sécurité - Protection incendie.
Des consignes sévères prescrivaient les mesures de protection contre l'incendie. Défense de fumer, défense de faire du feu sauf dans certains ateliers déterminés.
Précautions pour éviter les étincelles par choc ou produites par l'électricité, etc.
Pour combattre l'incendie le C.R.E. disposait de dépôts de sable avec pelles répartis à différents endroits, d'extincteurs à mousse et de dix-huit bouches d'incendie avec manches en toile et lances réparties dans l'enceinte pouvant attaquer le feu dans n'importe quel réservoir.
Deux wagonnets pleins de sable sur voie de 0,60 et contenant des pelles étaient prêts à être conduits sur n'importe quel point de l'établissement.
Le centre possédait aussi une moto-pompe génératrice de mousse. Un essai fait avec cette pompe au début de 1931 avait permis de couvrir en 19 secondes une surface de 100 mètres carrés d'une épaisseur de mousse de 18 centimètres.

Le personnel.
Le centre employait plus d'une cinquantaine de personnes, de l'agent technique militaire des poudres aux manœuvres.
Les horaires de travail : du lundi au vendredi, de 7 h. 10 à 11 h. 30 et de 13 h. 30 à 18 heures. Le samedi, de 7 h. 10 à 11 heures.
Le service de garde était posté sur trois quart de huit heures : 5 h. à 13 h., 13 h. à 21 h., 21 h. à 5 heures.
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En fin de l'année 1930, un distributeur automatique avait été installé à l'entrée du centre, mais peu de personnes venaient s'y approvisionner car trop loin de la ville et les prix de cessions étaient sensiblement ceux du commerce.

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A noter : dans cet historique, il n'est pas fait mention du centre annexe installé en 1926-1928 à Sainte-Agathe, route de Rombas, lui aussi alimenté par un pipe-line. Il en sera question lors de l'étude de la route de Rombas.

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Au début de la deuxième guerre mondiale, quelques jours avant l’arrivée des Allemands à Metz, le 14 juin 1940, les réservoirs et les installations de ce centre furent incendiés par l’armée française. L’incendie dura plusieurs jours. Après l’arrivée des Allemands, les installations furent remises en état pour les besoins de l’armée et de l’aérodrome de Frescaty.
Lors du bombardement de l’usine Hobus Werke le 28 août 1944, le centre subit de sérieux dégâts. Réparé et remis en service après guerre, il fut abandonné en 1985.


Vue aérienne du Centre de Ravitaillement en Essence de Metz réalisée en 1946.

De nos jours, l’endroit est prévu pour y accueillir le dépôt des bus du Mettis. Pour cela, le 24 octobre 2010, une grande opération de dépollution fut organisée et nécessita l’évacuation de 2 747 personnes sur le périmètre de Metz et de 830 personnes sur celui de Woippy.

(Républicain Lorrain du 16 octobre 2010)


Ce qu'il subsiste aujourd'hui du CRE, futur dépôt du Mettis.
A gauche, vu de la voie ferrée, à droite, vu de la route.


La passage sous la voie ferreée, aujourd'hui, depuis la rue Théodore de Gargan.

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