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Presse locale : Informations, Faits divers, Courriers, Annonces ( 1927 - 1 )

Journaux consultés et abréviations utilisées Sources
Le Lorrain (LL)
Le Messin (LM)
 
  Les journaux consultés sont issus des collections de la Bibliothèque-Médiathèque de Metz-Pontiffroy, des Archives municipales de Metz et des Archives départementales de la Moselle.
(références disponibles sur place)

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Année 1927 (Janvier à juin)


Samedi 8 janvier 1927
Annonce : « Société Anonyme des Etablissements Quervel Frères demande Ingénieur diplômé de la partie mécanique, pour fonctions techniques et commerciales auprès industries, connaissance des deux langues indispensable. S’adresser avec références à la succursale de Woippy (Moselle) » (LL)

Vendredi 21 janvier 1927
Une avalanche d'amendes.
Condamnée par défaut le 6 octobre dernier par le Tribunal correctionnel de Metz, la veuve Fonbanck avait fait opposition au jugement intervenu. En conséquence, elle comparaissait à l'audience du 19 janvier, dans laquelle le tribunal a purement et simplement confirmé son jugement antérieur. Celui-ci suffirait à assurer la déconfiture d'une maison comme la maison Fonbanck si celle-ci n'était déjà en faillite.
En effet, la veuve Fonbanck a été condamnée :
1/ à 50 amendes de 50 francs ; aux quintuples décimes ; au quintuple de la taxe de luxe éludée ; aux doubles décimes et demi de cette quintuple taxe et à la confiscation des eaux-de-vie saisies.
2/ à 71 amendes de 50 francs ; aux quintuples décimes ; au quintuple de la taxe de luxe éludée ; aux doubles décimes et demi de cette quintuple taxe et à la confiscation des eaux-de-vie saisies.
3/ solidairement avec le débitant Casana d'Amnéville : à 500 francs d'amende pour les alcools détenus et 200 francs d'amende pour les vins détenus ; aux quintuples droits de consommation éludés ; aux doubles décimes et demi de ces quintuples droits ; à une amende de 50 francs ; aux quintuples décimes ; au quintuple de la taxe de luxe éludée et aux doubles décimes et demi de cette quintuple taxe.
4/ solidairement avec le chauffeur Girard de Plappeville à 500 francs d'amende ; aux quintuples décimes ; au quintuple des droits de consommation éludés ; aux doubles décimes et demi de ces quintuples droits ; à une amende de 50 francs ; aux quintuples décimes ; au quintuple de la taxe de luxe éludée et doubles décimes et demi de cette quintuple taxe.
La veuve Fonbanck peut se répéter, pour sa consolation, qu'elle a battu le record de la complexité des condamnations prononcées à Metz depuis l'armistice. (LL)

Dimanche 6 février 1927
Etude de Me tabary, notaire à Metz, rue aux Ours,0.
Le lundi 21 février 1927, à 14 heures, à Woippy, au café Wagner, Me Tabary procédera à la Vente par adjudication publique d'un beau lot de jardins situés sur le ban de Woippy, dépendant de la succession de Mme vve Fagot.
Pour tous renseignements, s’adresser à Me Tabary, notaire, ou à M. Lagrange, liquidateur, 3, rue aux Ours.
Et immédiatement après, Me tabary procédera à la vente par adjudication publique d'un terrain situé sur le ban de Woippy, cadastré sous section D nº 56p, lieu-dit les Sales, 71 ares 57 de terre, entre le chemin communal et Duval Zéphyrin, appartenant aux époux Goujon-Elten de Metz. Pour tous renseignements s’adresser à Me Tabary, notaire. (LL)

Mardi 15 février 1927
Gamineries. Dimanche après-midi à 16 h 18 lors du passage de l'express 14 en gare de Woippy, des gamins qui jouaient sur le pont ont lancé des pierres contre le convoi et ont brisé deux vitres du fourgon de queue. (LL)

Jeudi 17 février 1927
Réunion. Dimanche prochain, 20 février, aura lieu une réunion de la Ligue des Patriotes. Tous les vrais Français, tous ceux qui se préoccupent des destinées de la Patrie, répondront à l'appel qui leur sera fait. Des orateurs bien connus et estimés prendront la parole pour rappeler, entre autres choses, la mémoire du grand patriote que fut Déroulède, « le sonneur de clairon ».
Nous reparlerons encore de cette réunion, à laquelle les dames seront également admises. (LL)

NOS BELLES FAMILLES MESSINES.
L’honorable président de « Pro familia », M. Henry de Marin et Mme de Marin, ont eu le bonheur, hier mercredi, de faire baptiser, en l’église Saint-Martin, leur onzième enfant, un fils, auquel le prénom de Yves a été donné. Mgr Pelt, évêque de Metz, voulant ainsi honorer le représentant de la famille chrétienne, a conféré le baptême au petit Yves, qui avait pour parrain M. Sechehaye, président de l’Union Jeanne-la-Lorraine, et pour marraine Mlle de Bonnegarde.
L’église Saint-Martin a rarement vu pareille affluence pour un baptême ; de toutes les classes de la société on était accouru saluer la belle famille de Marin et faire des vœux pour le nouveau-né.
Le « Lorrain » présente ses respectueuses félicitations à M. et Mme Henry de Marin et à toute la famille, et souhaite bonheur et prospérité en particulier au petit chrétien d’hier. (LL)

Vendredi 18 février 1927
* Une réunion. Contrairement à ce que nous annoncions hier sous ce titre, la réunion de la Ligue des Patriotes n'aura pas lieu dimanche prochain, car ce même jour tous les partisans de Woippy viendront à Metz, à l'Hôtel des Mines, applaudir le général Gouraud, qui présidera l'assemblée annuelle du Souvenir Français.
La réunion de la Ligue des Partisans est remise à huitaine, nous en reparlerons. (LL)

* La soirée de l’« Union ». C'est dimanche prochain 20 février, à 20 heures, dans la grande salle du Lion d'Or, que l’Union offrira à ses membres et amis, la seconde séance théâtrale de la saison d'hiver. Rien ne manquera au programme : pièces de théâtre, duos, chansonnettes, et exhibitions gymnastiques de la section d'athlétisme. Aux émotions fortes du grand drame « Don José » succédera un fou rire d'une heure et demie, avec la comédie « Un duel à l'étouffé ». La fanfare, sous la direction de son nouveau chef, fera entendre de très jolis morceaux. (LL)

Mercredi 23 février 1927
Ligue des Patriotes.
Une grande cérémonie de la Ligue des Patriotes aura lieu à Woippy dimanche prochain 27 courant à 15 heures.
Dans un prochain communiqué nous donnerons des détails sur cette manifestation nationale à laquelle des orateurs très connus prendront la parole.
Nous espérons que les Patriotes de Woippy se feront un plaisir de profiter de cette occasion pour venir en grand nombre affirmer leur amour pour la France. Le Comité. (LL)

Vendredi 25 février 1927
Une réunion de la Ligue des Patriotes.
Comme nous l'avons annoncé dans un précédent communiqué, une grande réunion de la Ligue des Patriotes aura lieu dimanche prochain, 27 courant, à 15 heures précises, au Café du Commerce.
Dans les temps troubles que nous vivons, il est absolument nécessaire que les gens d'ordre et de bonne volonté soient mis au courant de ce qui intéresse le sort de leur pays, c'est la tâche entreprise par la L.D.P., tenir des réunions où, en dehors de tout esprit de parti, elle fait connaître aux citoyens les dangers courus par la nation et les moyens à employer pour les conjurer.
Un grand danger menace la France, la Lorraine en particulier. Sous le vain prétexte d'une paix trompeuse, les Allemands réclament l'évacuation anticipée de la rive gauche du Rhin, ce serait une faute impardonnable si notre gouvernement se prêtait à une telle manœuvre. Faute impardonnable, car tous ceux qui connaissent l'Allemagne savent ce que valent ces promesses. Faute impardonnable pour la France qui verrait encore, et dans bien peu de temps, une nouvelle guerre dévaster son sol ; faute impardonnable pour la Lorraine qui serait la première et la plus grande victime d'un nouveau cataclysme.
Patriotes Lorrains, vous viendrez nombreux à cette réunion pour affirmer votre désir de rester Français toujours et votre défiance à l'égard des Allemands, que malheureusement vous avez vus à l'œuvre pendant les 44 douloureuses années durant lesquelles vous avez gémi sous la botte prussienne.
A dimanche donc, que personne ne manque ; pour la propriété et la grandeur de la France. Le Comité.
Les dames sont, non seulement admises, mais instamment priées d'assister à cette réunion. (LL)

La soirée de l'Union.
Une assistance nombreuse se pressait dimanche dernier dans la grande salle du Lion d'Or à l'occasion de la séance récréative donnée par l'Union de Woippy. Elle fut réussie. Les acteurs interprétèrent leurs rôles fort consciencieusement. Ils surent, avec le grand drame "Don José" tenir les spectateurs en haleine, comme ils déclenchèrent un éclat de rire général avec la gentille comédie "Un duel à l'étouffée". Aussi, les applaudissements qui leur furent prodigués étaient bien mérités.
Ce qui a le plus agréablement surpris dans cette soirée, ce sont les résultats obtenus par la section de musique depuis qu'elle est dirigée avec la compétence que l'on sait par le si sympathique chef de fanfare du 8e bataillon de chasseurs. Renforcée par des éléments de la fanfare de ce bataillon, elle exécuta avec brio le beau défilé avec trompettes "Baltimore" et plusieurs autres pas redoublés et fantaisies. Contrairement à ce qui s'était passé au dernier concert, la salle ne se vida que lorsque le dernier morceau fut complètement exécuté. On se sépara alors, enchanté de l'excellente soirée que l'on venait de passer.
Nous sommes heureux de féliciter les organisateurs de cette belle soirée et d'apprendre aux amis de l'Union que, pour clôturer sa saison théâtrale, elle prépare une revue qui ne remportera pas un succès moindre que celle de l'an passé. Nous en reparlerons en temps opportun. (LL)

Dimanche 27 février 1927
* Ligue des Patriotes.
Nous rappelons à la population patriote de Woippy que la réunion de la Ligue des Patriotes aura lieu cet après-midi à 15 heures précises au café du Commerce.
A cette réunion prendront la parole : M. Maire, secrétaire de la LdP, Me Mallet, l'avocat renommé pour son grand talent d'orateur, M. Berthet, le délégué bien connu de la LdP. C'est un lot d'orateurs de choix que les patriotes de Woippy auront l'occasion d'entendre. Ils ne manqueront pas de venir nombreux les applaudir. Le Comité de la LdP. (LL)

* Etude de Me CROSPAL, notaire à Metz, 17, rue des Clercs. (Successeur de Me Welter)
Adjudication publique d’une belles Maison d’habitation à Woippy, route de Metz, 39, et d’un jardin et d’une pièce de terre de 73 ares 39 centiares, situés sur le ban de Woippy. Le lundi 28 février 1927, à 3 heures de l’après-midi, à Woippy, en l’auberge Fléres.
Appartenant à M. Chrétien Kuntz, de Woippy, et ses enfants.
Pour renseignements, s’adresser à M. Schutz, liquidateur, à Metz, 37 place de Chambre, ou au notaire soussigné. Aux conditions du procès-verbal d’adjudication. E. CROPSAL, notaire. (LL)

Dimanche 6 mars 1927
Etude de Me Tabary, notaire à Metz, rue aux Ours, 0.
VOGEL & Cie, fabrique de conserves alimentaires, société à responsabilité limitée avec siège à Woippy-lès-Metz.
I.Suivant acte reçu par Me Tabary, notaire soussigné, le onze février 1927, M. Achille VOGEL, négociant, demeurant à Woippy-lès-Metz, a cédé et transporté à M. Albert LEYRER, négociant, demeurant à Metz, de sa part sociale dans la susdite société, une partie soit 1000 fr.
II. L’Assemblée générale extraordinaire des sociétaires ainsi que cela résulte d’un procès-verbal reçu par Me Tabary, notaire soussigné, a pris les résolutions suivantes :
1. La société a été soumise à la législation françaises avec effet à dater du 1er janvier 1927.
2. La durée de la société a été fixée à 99 années, à compter du 1er janvier 1927
3. Le capital social fixé à 300 000 fr. a été divisé en 300 parts sociales de 1000 fr. chacune toutes entièrement libérées et attribuées à :
1) M. Vogel, sus-nommé pour deux cent quatre-vingt-dix-neuf parts sociales, 299,
2) M. Leyrer, pour 1000 fr., soit une part sociale 1. Total : 300.
III. Une expédition des actes sus-énoncés a été déposée le 5 mars 1927 à chacun des greffes :
a) de la Chambre commerciale du Tribunal de Première instance de Metz ;
b) du Tribunal cantonal (Section du registre du commerce de Metz) (LL)

Mardi 8 mars 1927
BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE DE L'HISTOIRE DE METZ PENDANT LA RÉVOLUTION, 1788-1800 par René Paquet, membre honoraire de l'Académie de Metz.
Ce bel ouvrage a déjà été présenté dans nos colonnes par l'érudit conservateur du Musée, M. Rogcr Clément. Si nous y revenons encore une fois, c'est pour dire tout le bien que nous en pensons nous mêmes et tout l'intérêt que nous a procuré une première lecture un peu hâtive de ces deux forts volumes, nous réservant de les prendre dans nos moments de loisirs.
M. René Paquet a mis prés de 24 ans pour faire cette copieuse bibliographie, il n'a négligé aucune source de renseignements, aux Archives Nationales, à celles de la Moselle et de la ville de Metz. Il a consulté les collections privées des bibliophiles de notre région et de ses recherches en est résulté in-4°, petit texte à deux colonnes, comprenant 1500 pages, plus un index des noms cités, de 118 pages. Il nous fait assister au début de la Révolution, et dans 90 chapitres, il nous conduit à sa fin : Comité patriotique - Garde nationale - Armée - Finances - Comité de surveillance - Justice - Instruction publique - Assistance - Commerce, etc., défilent tour à tour devant nous. La partie concernant l'émigration et les suspects, ne comprend pas moins de 300 pages. Désormais, il sera presque impossible de rien écrire sur la Révolution dans notre région sans consulter d'abord le livre de M. Paquet, et le département de la Moselle sera peut-être le seul qui soit muni d'un instrument de travail aussi développé, aussi complet. Cet ouvrage deviendra bientôt rare et recherché parce qu'il est d'un tirage très restreint : il comprend seulement 200 exemplaires, dont 25 sur japon, 26 sur vergé et 150 sur vélin. A Paris, la « Bibliographie » de M. René Paquet a reçu le même accueil empressé qu'à Metz et à Nancy. « La seule récompense que j'ambitionne - dit l'auteur dans sa préface - est d'obtenir le suffrage de ceux de mes amis qui ont bien voulu, jadis, s'intéresser à mes études antérieures sur l'histoire locale. Depuis de longues années, le Lorrain est du nombre de ces amis fidèles, et à ce titre, il lui est permis d'exprimer toute son admiration et sa sympathie au digne et laborieux Lorrain de Woippy. LE LORRAIN.

Lundi 14 mars 1927
Vol au presbytère.
Dans la nuit du 11 au 12 mars vers 4 heures du matin, des malfaiteurs se sont introduits dans le presbytère, après avoir forcé un barreau à proximité de l'espagnolette. Ils ont dérobé une somme importante d'argent, des saucissons et des bouteilles de vin. M. le curé, entendant du bruit dans la chambre voisine, se leva et aperçu une ombre qui s'enfuyait. La paisible population est outrée de ces vols si souvent répétés en ces dernières semaines. Espérons que la justice parviendra à mettre la main sur ces indésirables. (LL)

Jeudi 17 mars 1927
En correctionnelle.
Le Tribunal Correctionnel de Metz a infligé hier 50 francs d'amende aux femmes Madeleine Brach, née Jansen, et Anna Eyermann, née Steff, qui s'étaient rendues coupables de vols de sucre et de conserves aux dépens de la fabrique Vogel. (LL)

Samedi 2 avril 1927
Soirée de l'Union.
Demain dimanche 3 avril à 20 heures, l'Union donnera son troisième concert pour clôturer sa saison théâtrale au café du Lion d'Or. Au programme figurent de nombreuses chansonnettes et duos. Le drame militaire "Le Poste du bled" représentera un épisode de la guerre du Maroc. Le clou de la soirée sera certainement la revue locale en deux actes "Woippy en 1995" jouée par toute la troupe de l'Union. La fanfare fera entendre les plus jolis morceaux de son répertoire. L'entrée est fixée à 19 h 30 ; rideau à 20 heures. (LL)

Samedi 9 avril 1927
Annonce : « Par suite d’importantes commandes, l’Usine Sainte-Agathe, à Woippy, cherche pour de suite des Mouleurs. Travail assuré. »

Samedi 30 avril 1927
Faillite Vve FONBANK, née PLUMERE, Vins en gros à Woippy.
Pour entendre les propositions de concordat de la faillite et en délibérer, conformément aux art. 504 et suivants du Code de commerce et de l’art. 14, al. 1 de la loi du 4 mars 1880, les créanciers vérifiés et affermés ou admis par provision sont invités à se réunir devant M. le Juge-Commissaire le 17 mai 1927, à 9 h. 30 du matin, au Palais de Justice, chambre 35, à Metz.
Les créanciers doivent se présenter à cette réunion en personne ou par fondes de pouvoirs.
Metz, le 28 avril 1927. Le Greffier du Tribunal cantonal. (LL)

Mercredi 4 mai 1927
Monsieur René Paquet d'Hauteroche.Tout (ou presque) sur René Paquet d'Hauteroche.
Ce lien ouvre la première page d'une série de sept.
On peut naviguer de page en page et revenir à celle-ci à tout moment.
Bonne visite !

M. René Paquet d'Hauteroche s'est éteint à Paris samedi dernier, 30 avril, dans sa 82e année.
Fils de M. Claude Joseph Henri Paquet, capitaine de frégate en retraite, officier de la Légion d'honneur, et de Madame Julie Anne Marguerite Boussard d'Hauteroche, il était né à Charleville, dans les Ardennes, le 29 septembre 1845, mais dès son plus jeune âge, il était devenu messin.
Licencié en droit, avocat à la Cour de Paris, M. R. Paquet s'est laissé, jeune encore, captiver par les enchantements du Val de Metz et il s'y est consacré, on peut vraiment le dire, de toute son âme. Les ouvrages qu'il a écrit sur la faune locale, sur la chasse, surtout son histoire de Woippy, sont là pour le prouver.
Lorsque, le 16 janvier dernier, nous présentions à l'Académie de Metz une notice sur la « Bibliographie analytique de l'Histoire de Metz pendant la Révolution », récemment parue, nous avons énuméré les nombreux travaux publiés par M. Paquet et nous n'hésitons pas à redire que par son importance, sa méthode rigoureusement scientifique et la richesse de sa documentation, l'œuvre historique de notre regretté concitoyen le place sur le même plan que les Praillon, les Philippe de Vigneulles, les Bénédictins, auteurs de l'Histoire de Metz et, enfin Auguste Prost.
Les chercheurs de notre histoire locale rendront compte, dans l'avenir mieux que nous ne saurions le dire aujourd'hui, de l'importance de l'œuvre historique qui leur est léguée par M. Paquet d'Hauteroche.
L'ami vénéré que nous pleurons aujourd'hui, a écrit son œuvre d'histoire messine dans son domaine familial, modestement appelé : « Le Rucher », à Woippy.
Nous avons dit déjà, et nous croyons devoir le redire aujourd'hui : Dans ce Rucher, une abeille laborieuse a accumulé ses richesses historiques en butinant un peu partout avec ardeur, et le bourdonnement de ses ailes a toujours chanté, ici, la chanson française. Cette chanson a eu le don de ne point choquer les maîtres étrangers de ce pays pendant près d'un demi-siècle. On ne dérange point une abeille dans sa ruche : on se borne à l'admirer.
Personne n'était mieux placé que ses concitoyens de Woippy pour apprécier et admirer l'homme excellent qui vient de disparaître.
Une grande partie du vaste domaine de M. Paquet était louée, par parcelles aux habitants du village, depuis de longues années déjà et, malgré la hausse de tous les prix, ceux de la location de ses terres restaient toujours les mêmes.
Dans l'église paroissiale, pour laquelle il s'est toujours montré généreux, il tenait à occuper une place obscure. Et à la sortie de la grand-messe, sur la petite place de l'église, c'était régulièrement une distribution de bonbons et de chocolat, tous les dimanches, tous les petits enfants étaient là... Les enfants de Woippy ne verront plus désormais, leur vieil ami qui les aimait et les gâtait.
Nous voyions, hier, dans ce village, une vénérable personne dont la sœur fut, durant plus de 30 ans, au service de M. Paquet et mourut après la guerre. Nous lui avons demandé de nous dire ce qu'était M. Paquet, et elle nous a répondu : « Ah! Monsieur. Il était tout bon ».
Peu de jours avant la chute qui devait lui être fatale, M. Paquet s'est vu attribuer le Prix Prost par l'Académie des inscriptions et belles lettres, pour sa Bibliographie analytique dont il a été parlé plus haut : ce fut là la dernière joie de sa vie.
Roger CLEMENT
Le Lorrain tient à saluer la mémoire de l'érudit compatriote dont la disparition laissera un vide parmi nos bons historiens du terroir, et présente à la famille l'expression de ses biens sincères condoléances. (LL)

Lundi 9 mai 1927
Œuvre de St Chrodegang. Fête de mai pour la musique religieuse à Lorry-lès-Metz le dimanche 1er mai. Le chœur de demoiselles de Woippy interpréta « Jésus décus angelicum » de Mitterer... Les vêpres solennelle furent présidées par M. l'abbé Guénot, curé de Woippy... (LL)

Mardi 17 mai 1927
* D'un pays où l'on cultive les fraises.
Je ne sais si ce que je vais dire s’applique à toutes le localités où l’on cultive la fraise d’une façon intense ; je dis simplement ce qui se passe chez nous et ce que j’ai constaté moi-même. Il est possible, je le souhaite, qu’il y ait d’autres pays plus favorisés que le mien.
Voici ce qu’on trouve chez nous : Beaucoup de champs de fraises sont ravagés par les vers blancs. On sait que ces insectes malfaisants sont très friands de la racine du fraisier ; or, en certaines contrées de notre ban, ces vers pullulent. Vous voyez les pieds des fraisiers qui se dessèchent les uns après les autres. Vous regardez la toquée, et vous trouvez le coupable. Vous rencontrez des plantations de fraises où au moins la moitié des plants ont la racine ainsi rongée. La mal est d’autant plus grave qu’on ne sait comment le combattre. Il y a des années, et, comme je l’ai dit, des contrées où le mal est plus grave que dans d’autres : cela dépend de la manière dont ces vers se sont propagés. Vous comprenez que les propriétaires de ces plantations sont bien désolés.
Nous nous plaignons aussi que beaucoup de fleurs de fraises n’ont rien donné. Il y a des champs qui ont magnifiquement fleuri et qui ne donnent presque rien. C’est comme pour les autres : vous trouvez des mirabelliers qui ont eu une floraison splendide et sur lesquels on ne voit pas de fruits. Nous l’attribuons à ce que, au moment de la floraison, il y a eu un ou deux jours de trop grande chaleur : la fleur a grillé. Le mirabellier, pour fleurir, ne demande pas trop de soleil : un temps plutôt un peu froid et humide, convient mieux à la fleur. On pourrait dire la même chose du poirier : beaucoup ont magnifiquement fleuri et ont cependant très peu de poires. Qu’on sache bien, du reste, que ce ne sont pas les années où les arbres fleurissent le mieux, qui donnent le plus de fruits. Cela se comprend : l’arbre s’épuise par une floraison trop abondante et n’a plus assez de sève pour permettre aux fruits de se nouer.
Cette année, par contre, les cerisiers qui ont rarement si bien fleuri, tiendront le record de la production. Cela veut-il dire que les cerises seront pour rien ? Non, aujourd’hui, plus que jamais, il faut compter avec la main-d’œuvre nécessaire à la cueillette. (LL)

* Des fruits ? Pas tant que ça !
Oui, la floraison fruitière s’est admirablement effectuée cette année ; oui, à part quelques coups de gel tardif dans les régions de Boulay et de Creutzwald, saints de glace et lune rousse ont été assez bons apôtres ; oui, les orages auraient pu faire plus de mal qu’ils n’en ont fait… Et pourtant !
Pourtant, le sort en est à peu près jeté aujourd’hui : l’année 1927 sera loin de tenir en fruits les promesses qu’elle avait données en fleurs.
La faute en est aux insectes, c’est-à-dire aux hommes – les premiers croissant et multipliant de façon exemplaire et bonne en soi, les seconds négligeant de plus en plus de parer à une surpopulation qui menace leur pain quotidien de la manière la plus directe, et que n’a pas prévue Malthus. Car l’homme semble ne plus se défendre devant l’insecte ; au contraire, c’est à ses meilleurs auxiliaires qu’il réserve ses plus durs coups : aujourd’hui encore, je puis citer un magasin de notre bonne ville dont l’étalage s’orne impunément des corps empaillés de plusieurs dizaines d’oiseaux utiles.
A plusieurs reprises, les années précédentes, nous avons dénoncé le mauvais état d’entretien des arbre fruitiers plantés en bordure des routes et qu’on pouvait qualifier de « conservatoires à vermines ». A la fin de l’hiver passé, un sérieux effort a été fait par les services compétents, qui ont fait pratiquer en plusieurs endroits du département des grattages de troncs qui auront certainement donné de très bons résultats, sans remplacer pourtant la pose de bandes à glu en temps opportun. Les conférences des spécialistes n’ont pourtant pas fait défaut, et M. Navel, pour son compte, les a multipliées.
Mais on peut répéter, sans scrupule d’être injuste, que, tant du côté de l’Etat que du côté des particuliers, le nécessaire, le strict nécessaire, est loin d’être fait pour sauvegarder la production fruitière. Un exemple encore : l’insolite éclosion de papillons qui se produisit durant l’automne dernier à la faveur d’une splendide arrière-saison, a eu pour conséquence, grâce à l’interminable durée même de cette arrière-saison si belle, la multiplication de millions de bestioles nouvelles qui, non combattues en temps utile, viennent d’éclore à leur tour, et que nous voyons à table.
Ah ! Cela n’est pas beau à voir ! Combien d’arbres fruitiers qui, il y a une quinzaine de jours, donnaient les plus belles espérances, ne montrent plus que des ramures dépouillées de leur feuillage et de leurs fruits ! Mirabelles et quetsches voient leur récolte très très compromise, et les cerises elles-mêmes sont bien attaquées. C’est désolant à plus d’un titre, en un temps où beaucoup d’habitants du Pays Messin se prenaient à rêver d’un avenir assuré par la culture fruitière. Il faut prendre garde que les gens se lassent d’accumuler déceptions sur déceptions, et que l’anéantissement des espérances d’une belle récolte est de nature à les détacher encore plus de la terre.
Pendant qu’il en est encore temps, et pour conclure, faisons écho au cri d’alarme que poussait ces jours-ci un de nos correspondants. Il s’agit de crier haro sur les hannetons.
Les hannetons sont cette année exceptionnellement nombreux. Le promeneur qui s'aventure au crépuscule est frappé du nombre extraordinaire de hannetons dont les vols se croisent au-dessus de sa tête. Ceci, c'est le côté pittoresque de l'affaire.
Or, sait-on de quoi les larves du hanneton - ces redoutables « vers blancs » qui s'occupent pendant trois ans à couper des racines - font leur nourriture de prédilection ?
De la racine du fraisier. A l'état parfait, les hannetons se nourrissent de préférence des jeunes feuilles des chênes, et l'on sait s'ils trouvent dans les bois de Lorraine ce qu'il leur faut à ce sujet. Quant aux fraisiers, nul n'ignore qu'ils sont devenus, au Pays Messin, les héritiers directs de la vigne.
Dans quinze jours, et sans doute moins, les hannetons femelles vont commencer leur ponte. Si, dès cette année, la lutte n'est pas menée à fond contre ces indésirables - on savait bien la mener, sous Napoléon III, en mettant en campagne les enfants des écoles - on peut dire que la culture fraisière en Moselle subira dans les années à venir des dommages incalculables, dont les conséquences sociales sont difficiles à prévoir.
O. … si l'on veut remarquer que pour beaucoup, la culture du fraisier est un … qui conditionne leur fidélité à la terre. A.B. (LL)

Mercredi 18 mai 1927
Woippy. Les vols de matériel électrique.
Les vols de matériel commis l'an passé au détriment de l'Usine d'électricité de Metz, viennent d'avoir leur sanction devant le Tribunal Correctionnel de Metz. L'ouvrier Jean-Nicolas Hemmer, 36 ans, a été condamné à deux mois de prison et la femme Elisabeth Schuck à un mois par défaut. (LL)

Vendredi 20 mai 1927
* Les petits profits du marcaire. Le jeune sarrois Alfons Weissenfels, un marcaire de 15 ans, avait débuté assez gaillardement dans la carrière du vol lorsque les gendarmes arrêtèrent brusquement celle-ci. W. qui avait soustrait 100 francs à M. le Maire de Woippy, 300 francs à Mme Mayot, a été entendu hier par M. Paguiez, juge d'instruction près du Tribunal de Metz qui l'a fait écrouer.(LL)

* Les ennemis des fraisiers et des arbres fruitiers.
Un correspondant mentionne avec raison les dégâts faits aux fraisiers par ce qu’il appelle le ver blanc. Il aurait dû préciser, afin que l’on puisse efficacement combattre ce vieil ennemi de nos cultures car il est connu depuis longtemps : c’et tout simplement la larve du hanneton qui, jusqu’ici s’attaquait volontiers aux pommes de terre. N’ai-je pas, il y a trois jours, surpris un de ces coléoptères se jetant la tête baissée su un plant de fraises et creusant la terre pour y déposer ses œufs. Ceux-ci, au bout de quatre à six semaines, donnent naissance aux larves qui s’attaquent immédiatement aux racines des plantes, passent au ou deux hivers en terre, se muent en chrysalides au mois d’août pour devenir de parfaite hannetons au mois de novembre. Au mois de mai suivant, ils sortent de terre quand ils sentent que la table leur est largement servie sur les arbres. Secouer ceux-ci de bon matin et tuer tous les hannetons qui tombent est un moyen de s’en débarrasser. Je l’ai fait vendredi dernier et bon nombre de ces bestioles vinrent mordre la poussière.
Mais sur nos coteaux que d’arbres abandonnés, pruniers, quetschiers, mirabelliers, qui ne portent jamais de fruits parce qu’ils restent sans soins, et sans culture ! Couverts de mousse, moitié desséchés, ils ne sont plus que des nids à vermine et l’on devrait obliger les propriétaires à les arracher. Comment comprendre ces paysans qui, dans tel ou tel champ, travaillent comme des nègres pour avoir des fruits et, un peu plus loin, dans tel autre champ font tout le mal possible à ces mêmes fruits en négligeant totalement les arbres et en favorisant la vermine ?
Heureusement qu’il y a les hiboux, les chauves-souris, les étourneaux qui sont de grandes destructeurs de hannetons ! Oui, mais ces bêtes utiles on les extermine aussi bien que les innocentes couleuvres et les orvets plutôt que les hannetons.
Que dire maintenant des chenilles ! Ce qu’il y en a cette année ! Les derniers jours de la semaine passée il faisait frais et les chenilles engourdies tombaient par dizaine quand, d’un coup sec, on secouait les différentes branches d’un espalier. Autre constatation parallèle : on ne voit presque plus de ces oiseaux, grands mangeurs de chenilles : bouvreuils, chardonnerets, mésanges, pinsons, rouge-gorges, rouge-queues, etc. Depuis deux ans ces derniers ont même complètement disparu. Leur grand ennemi, c’est le chat, lorsqu’ils ne peuvent pas mettre leurs nids en sûreté. Et où les mettre ? Les murs des bâtiments d’aujourd’hui, même à la campagne, n’ont aucun égard pour eux. Autrefois, je me rappelle cela du temps de ma jeunesse, rouge-gorges et rouge-queue nichaient de préférence dans les anfractuosités, dans les trous des murs et les maçons avaient soin de leur en ménager quelques-uns du côté des jardins. Allons, maçons et propriétaires, un peu d’égard pour les petits oiseaux. Quant aux gamins dénicheurs d’oiseaux utiles, qu’un soit pour eux impitoyables.
Voici, pour finir, une expérience faite sur un espalier - pommier chancreux. Voyant, au mois de juin, une sorte de jus noir suinter d’un de ces chancres, je fouillais avec le canif et réussis à découvrir l’auteur de ces méfaits : un ver de couleur rose qui, invisible, dévore l’écorce et la sève. Le tuer, nettoyer la plaie et le chancre disparaîtra. J. P. S. (LL)

Mardi 31 mai 1927
Messe de Requiem. Vous êtes priés d'assister à la Messe de Requiem et au Service funèbre qui seront célébrés le vendredi 3 juin à 10 heures en l'église de Woippy pour le repos de l'âme de M. René Paquet d'Hauteroche pieusement décédé à Paris le 30 avril 1927 dans sa 82 ème année. De la part de la famille. (LL)

Samedi 4 juin 1927
Hier vendredi à 10 heures en l'église de Woippy, a été célébré un service pour le repos de l'âme de M. René Paquet d'Hauteroche, notre savant compatriote, décédé à Paris, qui était originaire de Woippy, où il habitait la jolie propriété du Rucher.
Le maire et le conseil municipal, le Souvenir Français avec son drapeau, la compagnie des pompiers et toute la population avaient tenu à rendre un suprême hommage au défunt, très estimé dans le pays en assistant à l'office.
Remarqué dans l'assistance : M. et Mme Jules Bompard, M. et Mme Jacques Laurent, MM. Vautrin, maire, et Maret, premier adjoint, représentant le conseil municipal de Metz, Roger Clément, d'Arbois de Jubainville, Sechehaye, Paul Guermont, de Marin, de Bonnegarde, le chanoine Christiany. L'absoute a été donnée par l'ancien curé de Woippy, M. L'Huillier, archiprêtre de Dieuze. (LL)

Dimanche 5 et lundi 6 juin 1927
Un oubli. Dans le compte rendu de la messe de Requiem célébrée vendredi dernier en l'église de Woippy pour le repos de l'âme de M. René Paquet d'Hauteroche, le reporter du Lorrain a omis de citer, comme assistance à l'office, les deux personnes qui s'honnoraient le plus de relations d'amitiés avec le défunt tant regretté, sans omettre la correspondance suivie qu'ils entretenaient avec lui : le commandant Gélinet, de Vigneulles, et M. Barbé, archiviste de la Ville de Metz. A ces deux écrivains et publicistes, M. Paquet avait fait l'honneur de les citer dans la préface de son grand ouvrage historique sur Metz et la Moselle, citation qui constitue à elle seule déjà un titre de reconnaissance à la mémoire de notre cher et érudit compatriote. (LL)

Dimanche 12 juin 1927
* Ecrasé par son camion.
Venu à Woippy chercher des fraises en camion, le Sarrois Henri Stopp, âgé de 38 ans, s'en retournait à la tombée de la nuit jeudi, lorsque sa voiture eut une panne sur la route. M. Stopp descendit du véhicule pour chercher les causes de l'arrêt, lorsque son chauffeur mit maladroitement le camion en marche. Pris sous le véhicule, M. Stopp eut une jambe écrasée. Transporté à l'hôpital Bonsecours de Metz, le blessé a dû y subir l'amputation du membre broyé. (LL)

* Etude de Me Henri CHAVET, notaire à Metz, 3,rue d’Austrasie (Successeur de Me Bazin).
Adjudication aux enchères publiques de 2 belles maisons dépendant de la faillite de Mme vve Fonbanck, à Woippy, le lundi 20 juin 1927, à 1 heure, à Woippy, à l’auberge Humbert, d’une maison sise à Woippy, rue de Briey, à usage de commerce et d’habitation.
Et le même jour, à Metz, en l’étude, à 4 heures, d’une maison de rapport, sise à Metz, rue de l’Arsenal, 37, susceptible d’un revenu de 6 500 fr.
Pour tous renseignements, s’adresser à M. Arthur Francfort, syndic de la faillite Fonbanck, rue Pierre-Perrat, 8, à Metz, et à Me Chavet, notaire (tél. 12 71). (LL)

Mercredi 15 juin 1927
Les producteurs de fraises à l'honneur
Sur l'initiative de son très actif président M. Henry de Ladonchamps, le Syndicat des Producteurs de Fraises de Woippy et du Val de Metz avait envoyé à l'Exposition agricole de Nancy quatre sortes de fraises précoces de Woippy. Il va sans dire que les fruits magnifiques ont été admirés du public, et le jury a décerné au Syndicat de Woippy une médaille de vermeil avec un diplôme d'honneur. (LL)

Vendredi 17 juin 1927
Les fraisiéristes se fâchent
Un vif mécontentement se fait jour parmi les fraisiéristes des localités sises au sud de Metz. Ces braves gens déclarent insupportable le régime de la douche écossaise à laquelle les soumettent les ramasseurs de fruits. Depuis plusieurs jours déjà, et d'une façon tout à fait arbitraire, on assiste à d'étonnantes fluctuations des cours, dont le consommateur lorrain ne doit attendre, du reste, aucun bénéfice. Il y a même plus fort : on a vu à plusieurs reprises les ramasseurs qui se sont probablement concertés au préalable, quémander les fruits sans engagement de prix.
Voici comment on opère : le tambour de ville est nanti d'une annonce qu'il publie à travers le village et aux termes de laquelle « M. X. achète les fraises au plus haut cours dans la grange de M. Y. »
Bien entendu, les fraisiéristes, qui doivent vivre, cueillent leurs fruits mûrs et les portent, mais par ce fait même, ils attestent qu’ils ont « mis les pouces » et sont prêts à accepter le prix qui leur sera fait, quel qu’il soit. Des ramasseurs sans conscience - il y en a ! - font ainsi de remarquables bénéfices.
Or, l’époque devrait être favorable à une vente fort satisfaisante pour le producteur lorrain, puisque, si la fraise commence à « donner » en abondance, nous sommes arrivés au moment où elle a cessé de produire dans la région provençale. Voici à ce sujet une dépêche d’Avignon :
« La campagne des fraises est virtuellement terminée dans la région vauclusienne.
Le personnel féminin, spécialement recruté dans les Alpes, l’Ardèche et la Lozère, pour procéder à la cueillette de ces fruits savoureux, a commencé à prendre le chemin du retour.
La saison des fraises a, cette année, été généralement déficitaire, comparativement à celle de 1926, par suite de maladies des plantes et de l’excès de l’humidité. »
Les déboires actuels des fraisiéristes mosellans sont d’ailleurs imputables purement et simplement au défaut d’organisation. Les intéressés l’ont, du reste, si bien compris qu’ont voit se multiplier les réunions préparatoires à la fondation de syndicats. Mercredi soir, une telle réunion s’est tenue au restaurant Génot, à Novéant-sur-Moselle, qui est devenu cette année un des grands centres de culture de la fraise. On s’est mis d’accord sur le principe : mais pour que les organisations syndicales puissent rendre leur plein effet, il faut non seulement qu’elles englobent tous les cultivateurs de fraises d’une localité, mais encore qu’elles groupent tous les villages où l’on s’adonne à la culture des fraises. Ce n’est qu’à cette condition que le producteur tiendra en mains le marché, qui jusqu’à présent lui échappe au bénéfice de l’intermédiaire.
Il serait aussi à souhaiter qu’une sorte de marché-soupape soit institué à Metz, et dans lequel les producteurs assureraient plusieurs fois par semaine aux ménagères des fraises destinées aux confitures, à des prix qui seraient avantageux aux deux parties. Metz a, c’est le cas de le dire, une puissance d’absorption que les fraisiéristes semblent oublier devant la fascination de la Sarre. (LL)

Samedi 18 juin 1927
DERNIERES NOUVELLES LOCALES (en première page)
La grève des fraisiéristes.
Nos lecteurs trouveront en 2ème page un aperçu détaillé sur la situation du marché des fraises.
Hier soir, à 23 heures, s'est terminée une entrevue des producteurs de Woippy avec les représentants et intermédiaires des grosses maisons. Les producteurs ont exigé 1 fr. 25 la livre au preneur, sinon on ne cueillerait pas.
Les commissionnaires n'ont pu donner de réponse ferme, prétextant qu'ils veulent se mettre en rapport avec leurs firmes. Ce matin, entre 10 et 11 heures, la réponse doit arriver.
A moins que, une fois de plus, on ne traîne les choses en longueur et qu'on ne renouvelle le triste manège qui consiste à laisser ignorer aux gens le prix jusque pendant la cueillette, et même après.
C'est ce que ne veulent plus tolérer les producteurs.

Les Fraisiéristes de fâchent.
La grève des bras croisés. Tous les villages solidaires.
Les événements ont marché, depuis la simple manifestation dont le Lorrain, hier, se faisait l'écho.
Hier matin, réunis dès 5 h. 30 à Woippy, les fraisiéristes de la « capitale de la fraise » ont proclamé la grève et, par leurs soins, des émissaires ont parcouru la région avec le mot d'ordre : « Pas de cueillette, pas de fraises. »
A l'exception de trois ou quatre « renards », comme il s'en trouve toujours lorsqu'il s'agit de faire preuve de solidarité et d'unanimité, les fraisiéristes ont tenu parole. L'oisiveté n'y a rien gagné, puisque quelques quarts d'heure plus tard, on pouvait voir ces braves gens occupés, qui à butter ses pommes de terre, qui à parfaire se fenaison. Tout au plus quelque « couaroil » de ménagères gardait-il de l'animation au village, commentant la situation et rappelant qu'il y a une trentaine d'années, sous l'impulsion du regretté curé Laurent qui devait laisser un si grand souvenir comme archiprêtre de Gorze, les intermédiaires avaient déjà été mis au pas, au prix d'une grève de trois jours.
Car enfin, ces gens-là qui s'en font accroire en répétant et en se répétant que les cultivateurs ne gagneraient rien sans eux, oublient trop volontiers qu'eux non plus ne gagneraient rien sans les cultivateurs. Et l'on cite des exemples révoltants de suroffres par rapport aux prix du syndicat, puis au contraire des manques de parole : le marchand, en possession des fruits, ergotant sur les prix qu'il avait offerts pour les avoir par les soins d'un ramasseur. Les fraisiéristes « tiquent » surtout sur la discipline et l'entente de ces marchands, qui leur fait soupçonner l'existence d'une organisation plus ou moins occulte dont, à bon droit, ils redoutent tout pour l'avenir.
Ils en donnent comme preuve que leur syndicat, ayant voulu, l'an passé, s'assurer le précieux débouché du marché de Bâle, vit bientôt ce marché submergé sous les fruits qu'y amenaient lesdits marchands prêts à subir des pertes pour ruiner l'initiative syndicale.
Que va-t-il advenir de cette grève originale ? L'enjeu est gros, car il s'agit du gagne-pain des fraisiéristes, qui ne veulent pas se résoudre à défricher les terres, planter et fumer les fraisiers - on sait ce qu'il en coûte - cueillir la fraise, pour le seul profit des intermédiaires. Mais Woippy n'est plus seul en cause comme il y a trente ans ; les fraisiéristes du Pays Messin vont-ils savoir se solidariser cette fois ? Alors qu'on a vu, avant-hier soir, des fraisiéristes d'alentour amener en gare de Woippy une dizaine de voitures chargées de fraises qu'ils se flattaient d'y vendre à meilleur prix, mais qu'ils n'hésitèrent pas à lâcher à quinze sous la livre.
Une visite dans nos villages producteurs de fraises nous permet d'ajouter aux données ci-dessus les détails suivants :
Une des raisons de la crise, et apparemment la plus visible, a été le gros orage de samedi soir et la pluie de dimanche. Par ces jours de mauvais temps, la cueillette était impossible et la fraise, trempée, se trouvait en de mauvaises conditions.
Mais lundi, l'affluence des marchands était considérable, à Woippy surtout. Les prix qui, lundi, étaient encore de 2 fr. 40 la livre, passèrent à 2 fr. 10 mardi et jeudi on a vendu même à 1 fr. 25.
Pourquoi : Les mauvaises conditions de transport de la fraise ont été certainement exagérées par les gros ramasseurs, et d'un malaise passager on a fait l'occasion d'un chantage à la baisse.
En outre, il y aurait peut-être encore une raison de spéculation qui entre en jeu. La floraison a été magnifique, mais, à la suite d'un coup de froid, - comme les mirabelles du reste, - la production de la fraise tardive ne répond pas à la floraison. Or, il se peut très bien que les gros marchands, venus dans le pays à la floraison, aient passé des marchés avec leurs preneurs sur la base d'une grosse récolte. Y a-t-il eu des marchés fermés ? Dans ce cas, on comprend que les gros acheteurs, qui ont spéculé sur la forte récolte, ne vont pas offrir les prix qu'exigerait la récolte moyenne.
Voilà quelques renseignements recueillis sur place. En attendant, Woippy a déclaré la grève, et on n'a pas cueilli hier. Saulny, Lorry, Fèves, Semécourt, Norroy, Marange, Moulins, Rozérieulles, Scy, Jussy, Novéant sont à peu près dans les mêmes conditions. Ces villages semblent vouloir se déclarer solidaires des producteurs de Woippy. Le cri de guerre : « Nous ne cueillons pas », paraît envahir tout le pays producteur.
Malheureusement aussi le découragement. Des paroles de dégoût et de colère sont prononcées. Les uns ont même dit : « Nous arracherons la fraise ».
La solution.
Ce ne sont là, évidemment, que des paroles et des moments de crise. Or, il appartient aux fraisiéristes eux-même de mettre fin à cette crise qui, malgré leur syndicat, et vingt-cinq syndicats, se renouvellera tous les ans.
Le syndicat n'est qu'un mot s'il n'a pas de moyens d'action. Certes, la fraise est un objet désirable et désiré, mais... on peut s'en passer, à la rigueur. Et puis, l'extension même de la culture fraisière a rendu plus difficile le maintien solide du lien syndical. L'abbé Laurent a fait l'œuvre nécessaire en fondant à l'époque le syndicat des producteurs : aujourd'hui, cette époque est dépassée, il faut autre chose.
Il faut l'usine. L'usine qui vienne appuyer l'œuvre du syndicat, qui vienne, aux jours de crise, absorber le trop-plein du premier choix, puis utiliser sur place le fruit de second choix, la queue de récolte, les laissés pour compte, par le moyen de la distillation liquoriste et surtout de la confiture.
L'usine, l'industrie fournira seule l'élément stabilisateur capable de limiter au minimum les vicissitudes infligées aux fraisiéristes, soit par les intermédiaires forts des qualités « périssables » de la fraise, soit par les intempéries qui diminuent la rapidité de la cueillette et les qualités de la fraise.
Le syndicat sans l'usine, - autant cracher en l'air.
On tient le coup un jour, deux jours. Et après ? Après, l'un ou l'autre cède, des rancœurs s'établissent, la production diminue, la terre est abandonnée.
Les paysans producteurs de lait l'ont compris. Leur syndicat, qui a compté 800 membres en un rien de temps, leur a claqué dans la main. Ils ont dû créer l'usine, l'usine coopérative. Le lait, matière périssable par excellence, n'attendit pas. Trois usines, aujourd'hui, pasteurisent 50 000 litres de lait. Pour faire hausser le prix du lait ? Non pas. Mais pour assurer au producteur un prix rémunérateur et pour permettre au paysan de rester sur la terre en gagnant mieux sa vie avec une vache ou deux.
Que les gens du Val de Metz le veuillent, et leur crise n'existera plus l'an qui vient. Le Crédit agricole leur avancera les fonds correspondant à leur nombre et à leur solidarité : Et demain, dans ces villages travailleurs, la fraise industrielle permettra aux producteurs de voir arriver avec joie et sans crainte l'époque de la cueillette.
Ces idées ont déjà été développées devant les fraisiéristes de Woippy, l'an dernier, par deux ou trois enragés coopérateurs agricoles. Ils avaient écouté en se promettent d'agir. Voilà une campagne perdue. Qu'ils se mettent à l'œuvre pour la campagne prochaine.
Un homme se dévoue beaucoup, à Woippy, pour l'organisation des fraisiéristes : Le sympathique M. de Ladonchamps. Qu'il achève le geste qu'il a si bien commencé. Il sera suivi. Agricola. (LL)

L'accident d'auto, survenu dans la soirée du 9 juin à Woippy, et au cours duquel M. Stopp eut une jambe sectionnée s'est produit de la façon suivante : M. Stopp se trouvait près de son camion arrêté sur le côté droit de la route lorsque sa voiture fut tamponnée par une auto Citroën. C'est au cours de ce tamponnement que M. Stopp fut gravement mutilé. (LL)

Dimanche 19 juin 1927
La grève des Fraisiéristes
La grève des fraisiéristes, que le Lorrain a suivie avec tout l'intérêt que mérite une affaire aussi sérieuse, touchant à la prospérité du Pays Messin, a pris fin dès hier dans les conditions qu'on lira plus loin. Elle a pris fin à l'avantage des courageux et probes travailleurs de la terre, en dépit des manoeuvres de division habilement conçues et poursuivies contre leurs intérêts, des bobards tendancieux et notes à la presse lancés à cet effet.
C'est ainsi que dans les centres de production éloignés de Woippy, et dans le plus important d'entre-eux, Novéant, le bruit avait été répandu dès vendredi soir que « les Woippy » avaient repris la cueillette, satisfaits d'avoir obtenu quinze sous de la livre, et qu'ils ne s'étaient mis en grève que parce que les marchands ne leur en avaient plus offert que dix sous...
On prend sur le vif la manoeuvre tentée : désolidariser les divers centres de culture, et amener les moins bien organisés à céder sur les points essentiels défendus par le Syndicat de Woippy. Dans les années qui vont suivre, si les fraisiéristes n'y prennent garde, on les dressera les uns contre les autres, de village à village - et ils seront mangés, tout comme leurs fraises. Diviser pour régner, telle est la formule appliquée par certains grossistes peu consciencieux.
Les prix qui ont continué d'être demandés à Metz hier au consommateur par les détaillants montrent surabondamment quelle marge existe entre les prix à la consommation - que ne majorent en somme qu'une ou deux petites opérations de transport et de manutention - et les prix payés au producteur qui doit amortir le prix de ses terres, payer son fumier, son replant et ses peines.
A Metz, hier, les prix demandés pour la fraise Madame Moutot - la « tomate » traditionnelle - variaient de 2 fr. à 2 fr. 50 la livre.
* * *
Ainsi que le Lorrain le faisait prévoir, des pourparlers ont eu lieu, dès hier matin, entre les ramasseurs et les producteurs à Woippy. Après bien des tergiversations, les producteurs tombèrent d'accord avec cinq ou six grossistes que les fraises seraient vendues 1 fr. 25 la livre. D'autres ramasseurs n'ont pas voulu s'entendre et ont tout de même pu charger des wagons à ... on ne sait quel prix.
Bref, à partir de 10 heures du matin, on a travaillé, cueilli à toute vapeur. A la gare, tout le possible a été fait pour charger beaucoup de marchandises.
Dans les autres villages de fraisiers, on a à peu près suivi le marché de Woippy, mais les mêmes indécisions s'y sont présentées plus fortement peut-être.
Nous constatons, une fois de plus, que la solution d'hier n'en est pas. Le producteur ne sait pas où il en est. On vit au jour le jour, d'heure en heure. Rien de précis dans le marché. Rien de fixe, de net. Et que le consommateur remarque bien qu'il ne gagne rien à cette incohérence, les fraises qu'il mange, il les payera aussi cher que si le producteur les vendait à meilleur compte. C'est l'économie générale du marché des fraises qui est malade. Et le marché ne se redressera que quand la coopérative de producteurs aura industrialisé la production fraisière - comme le fait l'agriculture. Sinon, c'est la ruine de la culture de la fraise et l'abandon de nos belles campagnes du Val de Metz. Agricola. (LL)
* * *
Grande réunion à Woippy.
Le président du Syndicat des producteurs de fraises de Woippy prie MM. les maires et présidents des localités où la fraise est cultivée, de bien vouloir se réunir aujourd'hui dimanche à 16 heures à la mairie de Woippy. (LL)
- - - -
Etude de Me Tabary, notaire à Metz, rue aux Ours, 0.
Le mercredi 29 juin, à 14 heures, au café Humbert, à Woippy, Adjudication volontaire
1. sur le ban de Woippy de 2 hectares 60 ares de terres (culture de fraises)
2. sur le ban de Devant-les-Ponts, d'une parcelle d'environ 1 hectare 23 ares.
Pour tous renseignements, s'adresser en l'étude et pour traiter soit à la Maison Adolphe Moyse, avenue Foch, 24, à Metz, Tél. 319, soit à M. Armand Lévy, rue Migette, à Metz, Tél. 1436. (LL)

Dimanche 19 juin 1927
UN CONFLIT INEDIT
LA GUERRE DES FRAISES DANS LE VAL DE METZ
Woippy. Un conflit aigu vient d’éclater entre les producteurs de fraises du Val de Metz et les acheteurs en gros ainsi que leurs intermédiaires.
Un confrère donne sur ce conflit les détails suivants :
Lundi, écrit le « Lorrain », qui a fait une enquête sur place, l’affluence des marchands était considérable, à Woippy, surtout. Les prix qui, lundi, étaient encore de 2 fr. 40 l kilo, passèrent à 2 fr. 10 mardi et jeudi on a vendu même à 1 fr. 25.
Pourquoi : les mauvaises conditions de transport de la fraise ont été certainement exagérées par les gros ramasseurs, et d’un malaise passager on a fait l’occasion d’une chantage à la baisse.
En outre, il y aurait peut-être encore une raison de spéculation qui entre en jeu. La floraison a été magnifique, mais, à la suite d’un coup de froid, - comme pour les mirabelles, du reste, – la production de la fraise tardive ne répond pas à la floraison. Or, il se peut très bien que les gros marchands, venus dans le pays à la floraison, aient passé des marchés avec leurs preneurs sur la base d’une grosse récolte. Y-a-t-il eu des marchés fermes ? Dans ce cas, on comprend que les gros acheteurs, qui ont spéculé sur la forte récolte, ne vont pas offrir les prix qu’exigerait la récolte moyenne.
Voilà quelques renseignements recueillis sur place. En attendant, Woippy a déclaré la grève, et on n’a pas cueilli hier. Saulny, Lorry, Fèves, Semécourt, Norroy, Marange, Moulins, Rozérieulles, Scy, Jussy, Novéant sont à peu près dans les mêmes conditions. Ces villages semblent vouloir se déclarer solidaires des producteurs de Woippy. Le cri de guerre : « Nous ne cueillerons pas. », paraît envahir tout le pays producteur.
Malheureusement aussi, le découragement. Des paroles de dégoût et de colère sont prononcées. Les uns ont même dit : « Nous arracherons la fraises ».

REUNION DES PRODUCTEURS
Le président du Syndicat des producteurs de fraises de Woippy prie Messieurs les maires et présidents de syndicats des localités où la fraise est cultivée, de vouloir bien se réunir aujourd’hui dimanche, à 16 heures, à la mairie de Woippy.

UNE LETTRE DU PRESIDENT DU SYNDICAT DES PRODUCTEURS DE FRAISES
Nous insérons bien volontiers la lettre suivante que nous adresse M. de Ladonchamps, président du Syndicat des producteurs :
Monsieur le Directeur du « Messin »,
Comme président du Syndicat des producteurs de fraises de Woippy, je tiens à vous faire part sans délai de l’impression très pénible que j’éprouve et qu’éprouveront tous les producteurs de fraises de la région, à la lecture de l’entrefilet paru dans le « Messin » d’hier, article erroné lorsqu’il dit que la récolte de fraises était « forte » cette année au pays messin et que le prix payé au cultivateur était « encore rémunérateur ».
Je souhaite que ne continue pas comme l’an passé la propagation de ces nouvelles tendancieuses contre les producteurs et ces coups d’épingle qui ne peuvent qu’impressionner dangereusement les esprits que je m’efforce d’apaiser. C’est pourquoi je me refuse à la polémique à laquelle j’aurais pu ma laisser entraîner.
J’ai la conviction que le « Messin » voudra bien me seconder dans ma tâche et, en remerciant sa direction, je la prie de croire aussi à l’assurance de mes sentiments très distingués.
H. DE LADONCHAMPS, Président du Syndicat des Producteurs de fraises de Woippy.
N. D. L. R. – Certainement, le « Messin » est prêt à seconder les efforts justes des producteurs. (LM)

Lundi 20 juin 1927
La crise du marché fraisier
Réunion des producteurs du Val de Metz.
Comme le Lorrain l’avait annoncé, les communes productrices de fraises du Val de Metz ont envoyé, hier après-midi, leurs délégués à une réunion qui s’est tenue à la mairie de Woippy. Près de vingt villages étaient représentés, beaucoup par leurs maires ou leurs adjoints.
Réunion très intéressante, comme toutes celles des producteurs, travailleurs et consciencieux : réunion surtout très symptomatique en raison de ce qu’elle fit, une fois de plus, ressortir tout ce qu’a de malsain le marché actuel de la fraise. Des exemples furent donnés, des cas furent exposés, qui dénotent une situation très précaire, très préjudiciable aux intérêts de toute la région et dont la conséquence fatale sera l’abandon de la culture fraisière et de la terre en général si une aide puissante n’est pas apportée rapidement aux producteurs. Pour cette année, il est trop tard. La crise avait été prévue l’an dernier, mais on a vécu au jour le jour, dans l’espoir que les choses s’arrangeraient d’elles-mêmes. Or, les choses ne s’arrangent jamais seules – et les producteurs de nombreux villages fraisiers seront forcés de s’en tirer vaille que vaille, sans que le consommateur voie les prix baisser sur le marché de détail, ou au moins pas dans les proportions désirables.
* * *
Mais n’anticipons pas. Le premier orateur fut M. de Ladonchamps, président du Syndicat des producteurs de fraises de Woippy. Fort de son expérience de fraisiériste et de son amitié pour ses compatriotes de la terre natale, il fit un exposé très complet de la crise actuelle, remontant aux embarras de l’an dernier déjà, apportant des exemples vécus de la situation instable du marché et des raisons, souvent peu propres, qui motivent cette situation. M. de Ladonchamps expose le rôle du Syndicat en général, de celui de Woippy en particulier, la façon dont il est combattu, la manière dont il faut le soutenir. Il jette un coup d’œil rapide sur le marché mondial de la fraise et précise ce que la Syndicat peut faire pour remédier à la crise et ce qui lui est impossible de réaliser. Comme le Lorrain le disait, le Syndicat sera impuissant s’il n’est pas soutenu par l’usine à transformation qui sera un agent fixateur des cours, et qui permettra aux producteurs syndiqués de tenir le coup en cas de crise comme celle d’aujourd’hui. M. de Ladonchamp termine, très applaudi, son exposé en demandant à M. l’abbé Ritz qui avait été invité à la réunion, d’exposer ses vues sur la situation.
De suite, notre orateur va droit au but. Des syndicats sans usine coopérative, c’était bon quand la fraise était l’apanage d’un seul village ou de deux, une sorte de monopole ; aujourd’hui, cela ne signifie plus grand chose. Faudra-t-il restreindre la production ? Non, dit l’orateur, au contraire, il faut produire, beaucoup produire. Voyez la production laitière en Moselle : grâce aux usines coopératives, le chiffre des vaches laitières a augmenté de plus de 30 000 têtes depuis 1919. C’est la richesse du paysan. Il aimera sa terre et il y restera si elle lui rapporte. Autrement…
Mais monter une usine, n’est-ce point trop de difficultés, n’est-ce pas aller au-devant d’un fiasco ? Pas du tout. L’affaire n’est certes pas un jeu, mais des hommes énergiques arrivent à leurs fins, malgré les critiques, malgré les coups de langue, malgré les crocs-en-jambe qui seront donnés. L’argent ? Le bas de laine du paysan en renferme. Le Crédit agricole en avance aux entreprises bien conçues. Les parts de coopérateurs sont à calculer sur des bases à fixer après mûr examen, de même les devoirs des coopérateurs envers l’usine coopérative. Du reste, les sommes à engager ne sont point bien considérables, le risque n’est pas grand. Tant mieux si l’usine n’a pas à travailler pendant la cueillette, ce sera le signe qu’elle aura bien rempli son rôle : elle aura toujours assez à faire pour la transformation des fraises impropres à la consommation à la main. Que la réunion ne se termine pas sans la création d’un comité provisoire avec lequel les coopérateurs de l’agriculture seront heureux de travailler.
Ces idées furent accueillies de grand cœur et un comité ayant M. de Ladonchamp à sa tête fut désigné sur place avec des représentants des principaux centres de producteurs. Tous sont décidés à réaliser leur idée au cour de l’hiver. A la saison prochaine, il faut qu’un ou deux centres de transformation soit créés.
On discuta encore quelques affaires courantes jusqu’à 19 h. ½. Le prix des fraises sera communiqué tous les jours dans tous les villages. La solidarité a été une fois de plus affirmée.
Pour ce matin, 1 fr. 20 la livre. AGRICOLA. (LL)

Mercredi 22 juin 1927
La campagne des fraises.
La récolte bat son plein. Le calme est revenu sur les villages producteurs de fraises du Pays Messin. Au moins le calme provisoire. La journée d'hier, qui fut chaude et qui semble bien devoir être la première d'une nouvelle série de jours ensoleillés, active la maturité. Il faut se hâter, mettre les bouchées doubles. L'acheteur étranger, une fois que les grosses chaleurs auront amolli le fruit, va raréfier ses commandes pour la consommation directe.
Mais déjà les confituriers locaux entrent en scène et achètent pour alimenter leurs usines. Ils ont commencé à prendre la fin des précoces et aussi le commencement des tardives. Les prix se tiennent à 1 fr.10 la livre chez le producteur. Espérons que la campagne s'achèvera, après le coup de chien de l'autre jour, dans le calme et l'entente. (LL)

Un essai de coopérative.
Ayant appris qu’Ancy avait commencé l’application de la Coopérative fruitière, nous avons été rendre visite, lundi dernier, à l’installation créée dans ce bourg intéressant de la vallée mosellane.
C’est, bien entendu, l’actif et chercheur M. Emile Guépratte qui a pris l’initiative du mouvement. Nous l’avons trouvé, affairé et heureux, dans son pressoir transformé en industrie fruitière, mettant au point les derniers aménagements de l’installation coopérative qu’il vient de monter. Une chaudière est en activité, le feu est alimenté au charbon et réglé au gré des besoins de la cuisson. Trois chaudières sont sur le point d’être achevées – elles le sont sans doute aujourd’hui – de grandes cuves sont là, en cas de besoin pour la fraise. Demain elles recevront les fruits. Un palan est adapté à une barre de fer circulaire, qui passe au-dessus des récipients, chaudières et cuves, et qui transporte facilement les bacs de cuisson ou autres charges nécessaires.
Nous sommes arrivés en même temps que le mécanicien qui devait montrer le maniement et l’utilisation de la sertisseuse, mise en marche par un petit moteur électrique. L’appareil fonctionne avec une grande simplicité et travaille très rapidement et très proprement.
Les boîtes qui doivent recevoir les fraises sortant des bacs de cuisson sont remplies : Une, deux, trois, voilà la première boîte hermétiquement close. M.Emile Guépratte en fait délicatement hommage au représentant du Lorrain.
Elle porte sur son couvercle, en repoussage, la marque de la nouvelle fabrique : « Coopérative fruitière d’Ancy-sur-Moselle, 57, rue Amiral-Guépratte ». Une étiquette autour de la boîte, et ce sera une pièce très présentable. Le temps de considérer le premier spécimen sorti de la sertisseuse, et déjà 10, 20, 50 boîtes sont là ; terminées, travail bien fini et propre.
La petite usine d’Ancy est montée sous forme de coopérative entre quelques producteurs courageux, dont M. le maire Nauroy. Elle n’accepte, bien entendu, la production que de ses membres. Et encore, elle ne désire travailler « que ce qu’il faut », c’est-à-dire qu’elle est là pour débarrasser de leurs fraises, et demain de leurs fruits, les producteurs surpris par une crise comme celle des derniers jours. Pour employer la juste expression de M. Emile Guépratte, c’est une assurance contre la crise. Tant mieux si l’assurance ne joue pas, c’est que le sinistre ne s’est pas produit.
Trois sortes de préparation de la fraise sont prévues : la pulpe, la confiture, la conserve au sirop, selon l’époque et la maturité et la qualité du fruit. Les débuts sont modestes, mais l’affaire peu coûteuse, nous paraît d’un rendement et surtout d’un effet certain.
Nous quittons M. Emile Guépratte plus rayonnant que jamais, non sans lui promettre de revenir bientôt voir en plein fonctionnement la « Coopérative fruitière d’Ancy-sur-Moselle ». AGRICOLA. (LL)

Vendredi 24 juin 1927
Fête des Fraises.
Woippy ! Peut-on prononcer ce mot sans songer aux fruits si délicieux et si savoureux produits par ce pays ?
La saison de fraises bat son plein ; quel remue-ménage dans ce charmant village si calme en temps ordinaire ! Tout le monde est aux champs, occupé de longues journées au dur labeur de la cueillette des fraises.
Malgré la fatigue, les actifs dirigeants de l'Union de Woippy ont décidé d'organiser, dimanche 20 courant, une fête des fraises qui, si le beau temps veut bien être de la partie, sera certainement aussi réussie que celle de l'année dernière.
Les Messins ne manqueront pas de venir aussi nombreux que l'an passé, ils auront d'ailleurs toute facilité de se rendre à Woippy. Ils n'auront qu'à prendre, place d'Armes, le tramway nº 2 jusqu'au terminus de la route de Lorry, de là, ils auront une demi-heure de marche. Ceux que la marche effraye prendront l'autobus. Une navette fonctionnera entre la place d'Armes et Woippy, à partir de 14 h 30. Un départ aura lieu toutes les demi-heures. Nous ne pouvons que remercier M. Hocquard, le sympathique directeur des autobus départementaux, d'avoir bien voulu organiser ce service.
Nous espérons donc que nos amis de Metz voudront bien, pour une fois, déserter la jolie vallée de la Moselle, où ils aiment tant passer leur dimanche, pour venir au pays si réputé pour ses fraises.
Inutile de dire à nos amis des environs que nous les attendons tous. S'ils sont fatigués, qu'ils fassent comme les Messins, qu'ils prennent l'autobus, mais qu'ils ne manquent pas de venir s'amuser à Woippy, car il y aura de l'amusement pour tous : concert par les Sociétés invitées, défilé, jeux de quilles, tirs, etc.
Les amateurs de fraises ne seront pas oubliés, ils en trouveront facilement et pourront s'en régaler.
Donc, inscrivez la date du 26 et ne craignez pas de vous mettre en route, vous ne regretterez pas votre temps, ni votre argent. Union de Woippy. (LL)

Dimanche 26 juin 1927
Fédération Départementale des Sociétés d’éducation physique, de préparation Militaire et de Tir de la Moselle (S. A. G. 11.217).
4ème Fête Fédérale (Metz - Pentecôte 5 et 6 juin 1927) sous la présidence de M. le maréchal Foch et de M. Louis Marin, ministre des pensions.
PALMARES du Concours d’Education Physique de P. M. et de Tir du lundi 6 juin 1927.
CLASSEMENT.
(...)
Sociétés d’Equitation.
Premiers prix : Escadron Jeanne-la-Lorraine (Woippy), Ecole d’Agriculture (Metz), Société d’Equitation du Lycée de Metz.
(...)
Concours de musiques.
Fanfares :
1. Cercle St-Eucaire de Metz (Challenge 1er Prix de Direction, Félicitations du Jury).
2. La Renaissance de Metz-Devant-les-Ponts (1er Prix d’Honneur, 1er Prix de Direction, Félicitations du Jury).
3. Union de Woippy (1er Prix d'Honneur, 1er Prix de Direction, Félicitations du Jury).

Jeudi 30 juin 1927
Congrès de la navigation intérieure à Metz. Les congressistes pour l'aménagement et l'utilisation des eaux ont fait une excursion aux Forges et Aciéries d'Hagondange. Premier arrêt à Woippy pour une visite des Etablissements Vogel où les visiteurs ont suivi avec intérêt toutes les phases de la fabrication des conserves de fraises, spécialité de notre région. (LL)

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