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  Dernière mise à jour : 9 novembre 2015

La gare de triage de Woippy
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N° 569 - 4 novembre 1956

Inauguration de la traction électrique
sur la relation METZ-LUXEMBOURG

Sur le quai de la gare de Metz, avant le départ du train de reconnaissance, de gauche à droite : MM. Laporte, superpréfet, Armand, Président du Conseil d'Administration de la S.N.C.F., Boyaux, directeur général et Lefort, directeur de la région Est.
(Cliché Dubruille)

À plusieurs reprises, nous avons évoqué la mise en service de la traction électrique par courant industriel monophasé cinquante périodes/secondes sur la grande artère Lille-Thionville. Ce mode de traction avait été également étendu en 1955 et 1956 à certaines ramifications du bassin lorrain, notamment de Longuyon à Mont-Saint-Martin, en direction du Luxembourg et de Thionville à Hargarten, Bening et Cocheren en direction de la Sarre.

Poursuivant son programme d'électrification du nord et de l'est de la France, la S.N.C.F., en collaboration avec les chemins de fer luxembourgeois, a inauguré le 29 septembre dernier la traction électrique sur la section de ligne Metz-Thionville-Luxembourg.
Cette mise en service, annoncée par nos numéros 564 et 568, présente toutefois un caractère particulier du fait qu'elle coïncide avec celle de l'électrification de la ligne Bruxelles-Luxembourg.
En effet, faisant suite au développement donné à l'électrification des chemins de fer en Belgique et en France, une liaison entre les lignes électrifiées des deux pays se trouve aujourd'hui réalisée dans la capitale du Luxembourg, grâce à l'initiative des chemins de fer luxembourgeois qui ont prévu, dans la première étape de leur électrification, l'équipement des lignes vers Arlon et vers Zoufftgen. C'est un exemple intéressant d'une collaboration internationale améliorant les relations entre trois pays.
La liaison Bruxelles-Luxembourg-Metz est un complément très important des électrifications réalisées tant en France qu'en Belgique ; elle prendra d'ailleurs toute son importance lors de l'achèvement des travaux en cours sur la ligne Metz - Réding - Strasbourg - Mulhouse - Bâle, qui, d'ici moins d'un an, permettront la liaison en traction électrique avec le réseau suisse.

L'électrification Metz-Luxembourg, prolongement des lignes S.N.C.F. équipées en courant industriel à 50 périodes par seconde a été réalisée avec le même type de courant que ces dernières lignes, ce qui permettra aux locomotives électriques assurant le trafic sur les lignes du Nord-Est d'atteindre la capitale du Luxembourg. Certes, un changement de type de courant se produira en gare de Luxembourg, mais ce changement se trouvera facilité par le fait que les trains Bruxelles-Metz y changent de sens de marche et, par suite, de locomotives.
L'énergie nécessaire à la traction électrique sur la ligne Luxembourg-Metz est fournie :
  - pour le tronçon français par une sous-station située dans le poste de Thionville de l'Electricité de France ;
  - pour le tronçon luxembourgeois par la sous-station de Hollerich, située à proximité de la gare de Luxembourg. Toutefois, ce dernier poste n'étant pas encore terminé, le courant traction nécessaire entre Zoufftgen et Luxembourg est fourni provisoirement par la S.N.C.F.
À proximité de la frontière franco-luxembourgeoise est installé un poste de sectionnement et de mise en parallèle, qui permet d'assurer le secours réciproque d'un tronçon par l'autre.
La sous-station de Luxembourg, alimentée par un réseau haute tension à 65 kV, comportera un transformateur monophasé de 5000 kVA, 65/25 kV. Cette sous-station contiendra également les groupes de traction à courant continu 3 060 V, qui fourniront l'énergie à la ligne d’Arlon.
La sous-station de Thionville, qui assure par ailleurs l'alimentation d'autres lignes de l'électrification du Nord-Est, comporte un groupe Scott de 2 x 10 000 kVA, 63/25 kV avec un élément de réserve.
Outre la mise en place des lignes de contact et leur alimentation par les sous-stations de Thionville et de Luxembourg, les travaux ont comporté la mise en câble des artères de télécommunications, l'aménagement de la signalisation et le dégagement du gabarit d'électrification aux ouvrages d'art. Il faut signaler plus particulièrement, parmi ces derniers travaux, la suppression du tunnel de Dudelange, œuvre importante réalisée par les chemins de fer luxembourgeois qui, sans interruption de trafic, ont déplacé prés de 300.000 m3 de terrain.

LES CÉRÉMONIES D'INAUGURATION

Les personnalités S.N.C.F., conduites par MM. Louis Armand, président du conseil d'administration, et Charles Boyaux, directeur général, avaient quitté Paris le matin et s'étaient rendues, par rame R.G.P., jusqu'à Metz. M. Laporte, superpréfet de la Moselle et de la VIe Région militaire, les attendait à leur arrivée dans cette dernière localité.

Dans la voiture électromécanique de la D.E.T.E., M. Armand, Président du Conseil d’Administration de la S.N.C.F., s’entretient avec M. Laporte, superpréfet de la Moselle et de la VIe région militaire. (Cliché Dubruille)
Le train de reconnaissance, composé de quelques voitures, dont la voiture électromécanique de la division des études de traction électrique (D.E.T.E.), était remorqué par une locomotive BB de la série 12.000, premier engin moteur électrique quittant officiellement la gare de Metz. On remarquait la présence de MM. Lefort, directeur de la Région de l’Est, Robert Lévi, directeur du service des installations fixes, et Vaubourdolle, son adjoint, Oudotte et Max Martin, chefs des services V.B. et Exploitation de la Région de l’Est, ainsi que les représentants du ministère des Travaux publics : MM. Doumenc, directeur général des Chemins de fer, Dorges, secrétaire des affaires générales, et Julien, inspecteur général des Ponts et Chaussées et des Transports.
Tout au long du parcours, tant en France qu’au Luxembourg, le convoi faisait l’objet de la curiosité des citadins et des campagnards, ces derniers interrompant momentanément leur travail pour adresser, du milieu des champs, un signe d’amitié au train de reconnaissance.
Celui-ci s’immobilisa à 11 h précises à Luxembourg, sous les yeux d’une foule nombreuse massée sur la passerelle enjambant la gare, tandis que la fanfare des cheminots luxembourgeois saluait la délégation française aux accents fort sympathiques de ses cuivres.
Quelques minutes plus tard, une rame automotrice belge 3 000 volts continu amenait les personnalités bruxelloises, conduites par MM. Claeys et De Vos, présidents et directeur général de la S.N.C.B.
En gare de Luxembourg, les deux rames officielles belges et françaises sont côte à côte. L’automotrice S.N.C.F. est sur la voie n° 3, alimentée en 3 000 volts continu, alors que la B.B. monophasée S.N.C.F. a été reçue vois n° 4, qui est une zone commutable susceptible d’être alimentée alternativement en courant continu 3 000 volts ou en alternatif 25 000 volts, 50 périodes (voir schéma des voies électrifiées de la gare de Luxembourg) (Cliché Fontaine)
À 11 h 30, MM. Victor Bodson, ministre des Transports luxembourgeois, et Auguste Pinton, secrétaire d’Etat aux Travaux publics, aux Transports et au Tourisme français, arrivé quelques instants auparavant par la voie des airs accompagné de M. Lagnace, directeur de son cabinet, accueillaient LL. AA. RR. la Grande-Duchesse et le prince, qui avaient tenu, par leur présence, à montrer l’importance qu’ils attachent à la réalisation de cette première étape de l’électrification des chemins de fer luxembourgeois.

Pour entendre le discours de M. Metzdorff, président du Conseil d’Administration des C.F.L., les diverses personnalités luxembourgeoises, belges et françaises ont pris place sur le quai n° 1 de la gare de Luxembourg. Au premier rang, LL.AA. RR. la Grande Duchesse et le Prince. (Cliché communiqués par les Services Sociaux C.F.L.)
Prenant la parole, M. Jean Metzdorff, président du conseil d’administration des C.F.L., après avoir rapporté qu’il y avait près d’un siècle (en 1859) que la jonction entre les chemins de fer belges, luxembourgeois et français avait été réalisée à Luxembourg, fit état des charges très lourdes que représente, pour les C.F.L., l’électrification des artères principales de leur réseau. Il remercia tout particulièrement la S.N.C.F. et la S.N.C.B. d’avoir apporté aux chemins de fer luxembourgeois leur appui technique et le fruit de leur expérience en matière d’électrification ferroviaire.
Leurs Altesses Royales furent ensuite conviées à visiter le matériel exposé en gare de Luxembourg par les trois administrations. Le parc 25 000 volts monophasé S.N.C.F. était représenté par une B.B. de la série 12 000 à redresseurs ignitrons et par une C.C. de la série 14 100 à convertisseurs mono-continu. La S.N.C.B. exposait une locomotive et une rame automotrice 3 000 volts continu, tandis que les C.F.L. présentaient différentes types d’autorails et une locomotive diesel électrique.
Après le traditionnel vin d’honneur offert au buffet nouvellement restauré de la gare de Luxembourg, eurent lieu, dans un salon voisin, deux remises de décorations. Ce fut d’abord M. Bodson qui, au nom de la Grande Duchesse, nomma dans l’Ordre de la Couronne de Chêne (distinction nationale luxembourgeoise), M. Boyaux, au grade de Grand Officier, M. Lefort, au grade de Commandeur, et MM. Garreau (chef de la division des études de traction électrique) et Rollot (inspecteur divisionnaire au service des titres) au grade d’Officier.
M. Pinton éleva ensuite au grade d’officier de la Légion d’honneur plusieurs hauts fonctionnaires des chemins de fer luxembourgeois : MM. Musquar, directeur général, Logelin, conseiller du gouvernement, et Wehenkel, ingénieur en chef, tandis que MM. Bruck, ingénieur civil, et Weber, ingénieur en chef, étaient faits chevalier.
Malgré la pluie qui tomba pendant toute la cérémonie, une foule nombreuse stationnait aux abords de la gare de Luxembourg et ce fut encore aux accents de la fanfare des cheminots C.F.L. que se termina cette journée placée sous le signe de la collaboration et de la solidarité entre administrations européennes de chemins de fer.    M. F.


M. Musquar, directeur général des C.F.L. (au centre), commente à MM. Boyaux (à gauche) et Julien, inspecteur général au ministère des Travaux publics (à droite) les améliorations apportées au buffet de la gare de Luxembourg. (Cliché Fénino)

M. Pinton, secrétaire d’Etat aux Travaux publics, aux Transports et au Tourisme, décerne la Légion d’honneur à des personnalités C.F.L. (Cliché Dubruille)


Dans un des salons de la gare de Luxembourg, M. Victor Bodson, ministre des Transports du Grand-Duché, décore de l’Ordre de la Couronne de Chêne, MM. Boyaux (au centre), Lefort, Garreau et Rollot. (Cliché Dubruille)

Vue du saut-de-mouton en gare de Luxembourg. Deux lignes électrifiées se superposent. Au-dessus, le 25.000 Volts alternatif 50 Hz vers Thionville ; en -dessous, le 3.000 Volts continu venant d'Arlon. (Photo J. Proess)
 

Quelques heures après la fin des cérémonies d'inauguration, un train régulier venant de France entre en gare de Luxembourg. (Cliché Fénino)

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