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René PAQUET (1845 - 1927 )
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Biographie de René Paquet par Elie Fleur

Source : Elie FLEUR, René Paquet d'Hauteroche, Nancy, Société d'impression typographique, 1929.
 

RENÉ PAQUET D'HAUTEROCHE
par
E. FLEUR
Membre titulaire

                            Plusieurs articles ont déjà paru sur notre honorable concitoyen, - les uns pour rendre compte de ses ouvrages, les autres pour exprimer les regrets causés par sa disparition. Aucun de ces articles n'est complet et ne pouvait l'être; il est difficile de donner un aperçu d'ensemble sur cette vie qui se dérobait volontiers à la curiosité même de l'amitié. M. Paquet n'était aucunement poussé dans ses actes par le sentiment de la renommée; on sentait plutôt chez lui une sorte d'aversion pour tout ce qui aurait pu paraître ostentation ou réclame. On conçoit dès lors combien il sera difficile à ses biographes de donner de lui et de son oeuvre une image adéquate à la réalité.
    En relation depuis vingt ans avec M. Paquet, sans cependant lui avoir jamais fait de visite, j'ai pu noter bien des traits de caractère. D'autre part, lui-même, dans ses livres, nous a renseignés sinon sur sa personne, du moins sur sa famille et sur son travail ; c'est là, comme dans sa correspondance, que nous puiserons les éléments sûrs de la biographie que nous projetons.
    M. Claude-Joseph-Henri Paquet, père de feu notre collègue, était né le 12 juillet 1799, à Charleville. Il fit ses études au lycée de Reims, et subit à Paris un examen à la suite duquel il entra dans la marine royale (1). Le 30 septembre 1840, il devenait capitaine de frégate et, peu après son mariage, il prenait sa retraite le 20 janvier 1846. Chevalier de la Légion d'honneur, le 30 avril 1833, il devint officier de l'Ordre le 26 avril 1846. Ses campagnes avaient été assez nombreuses ; en 1844, commandant le Cygne, il prit part, durant le mois de juin, à la guerre contre le Maroc.
    Ce fut cette année-là même qu'il épousa demoiselle Julie-Anne-Marguerite Boussard d'Hauteroche. Ayant pris sa retraite dès le début de 1846, il vint habiter Charleville, où venait de naître, le 29 septembre 1845, notre collègue Henri-Remi-René Paquet. Mais bientôt l'ancien officier quittait les Ardennes et venait s'installer à Metz. Il n'était pas sans relations avec notre ville. Un
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(1) Novice le 21 avril 1817, volontaire de la marine le 9 avril 1820, élève de 1re classe le 1er mai 1821, enseigne de vaisseau le 15 août 1821, lieutenant de vaisseau le 5 mai 1829.

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autre officier de marine, retraité presque en même temps que le père de notre collègue, était venu se fixer à Metz: MM. Ernest de Saulcy et Paquet avaient noué connaissance au cours d'une croisière dans les mers du Sud (Brésil, La Plata, etc...) et depuis ils étaient très liés. En faut-il davantage pour fixer une destinée? En 1849, M. Paquet fit, à Woippy, l'acquisition du Rucher, que lui céda M. Belon ; cette propriété était quelque peu vétuste. L'acquéreur renversa les bâtiments et. sur leur emplacement, fit élever une élégante villa, transforma les jardins, agrandit la propriété. Mais on habitait Metz la plus grande partie de l'année, rue de l'Esplanade, au n° 16 - c'est à ce numéro que naquit, le 20 avril 1850, Marie-Anne, sœur de notre collègue - puis au n° 4.
    Notre futur collègue fit ses études en notre ville, à l'École Saint-Clément; c'est là qu'émule des Georges Thomy, des Maurice Bouchez, il contracta ces amitiés qui devaient le suivre toute sa vie. En 1860, au cours inférieur de grammaire, le jeune René remporte le 1er accessit d'Histoire et Géographie ; en 1862, au cours supérieur de grammaire, sur 9 nominations, le 2e accessit d'Histoire et Géographie ; en 1864, au cours de lettres, le 3e accessit de discours français ; en 1865, en philosophie, le 2e prix d'études historiques. N'est-ce pas la carrière future qui commence à poindre ?
    Déjà il est temps de choisir un état de vie : René se décide pour le barreau ; il va faire son droit à Paris. Tout en poursuivant ses études, il fréquentait les salons à la mode. Lié d'amitié avec Eugène Rolland, de Rémilly, il en prit un peu le genre: « Eugène de Rémilly (dit-il dans sa Lorgnette philosophique) ne croit à aucun système, bien que les connaissant tous à fond... Il se moque également des déistes, des théistes, des panthéistes et des athées... » Cela plut au jeune Paquet; mais il prétendait s'instruire au contact des esprits les plus réputés pour leurs doctrines ; c'est surtout chez M. Louis-Auguste Martin qu'il fréquenta. « Rien, dit-il, n'est plus original que ces réunions, où se croisent pêle-mêle spiritualistes, matérialistes, spirites même, où toutes les opinions ont leur libre cours, à condition toutefois de ne pas engendrer la discorde... Vous rencontrez à ces soirées MM. Lemonnier, Fauvety, Massol, Caubet, A. S. Morin (Miron), Barnout, Léon Richer, Boutteville, de Pompéry, Vidal, Herrenschneider, P. Larroque, etc... ; Mmes B Coignet, Arnaud, Cl. Royer, Louise Bader, etc... Vous y rencontrez en un mot le tout-Paris philosophique. »
    Du reste, il n'avait garde de manquer les occasions de connaître les célébrités qui ne se rencontraient pas dans ce salon. Au début du siège de Paris, il fit la connaissance de MM. Caro, Goumy et d'autres, qui venaient déjeuner au restaurant Labassé, 14, avenue d'Italie ; il ne négligeait pas même certains établissements, tels le café Procope, où il put connaître certains habitués. Mais, à force d'entendre plaider le pour et le contre de tous les systèmes, la croyance catholique du jeune homme subit une éclipse ; comme son ami Eugène Rolland, il devint plus ou moins sceptique ; et, sans renier l'éducation des Jésuites, ces anciens maîtres, « dont il n'a d'ailleurs jamais eu qu'à se louer », il se mit à persifler

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également tous les systèmes, même les croyances. Toutefois, il ne faut pas prendre la chose trop au sérieux: « Mon opinion, écrit-il, est celle de cette année; elle se modifiera peut-être l'année prochaine... Les petits volumes du genre de celui-ci [Lorgnette philosophique] n'ont et ne peuvent avoir rien de définitif. »
    Le 4 mai 1869, il présentait sa thèse de licence. Reçu, il se faisait inscrire à la cour d'appel, où il exerça quelque temps. Mais, disons-le bien vite: notre futur collègue avait travaillé pour conquérir une position sociale dont il n'avait pas besoin pour vivre ; s'il pratiqua, ce ne fut pas pour longtemps. Nous ne saurions affirmer qu'il fut assidu au Palais pour s'instruire à l'école des maîtres; le contraire nous paraît plus probable. Dès là, en effet, il est possédé du désir d'écrire sa façon de penser.
    Nécessairement, il avait subi l'empreinte des lieux où s'était passée sa prime jeunesse: Metz et Woippy avaient formé ses premiers goûts. En contact perpétuel avec de belles frondaisons, il avait pris l'habitude d'observer, et le souci de connaître ce qui l'intéressait; le monde des oiseaux l'attirait tout spécialement; mais, pour étudier l'oiseau, il faut l'avoir en main, donc le tuer. René Paquet fut de bonne heure ce qu'on appelle un bon fusil. Toutefois, il ne tuait guère que pour étudier, et dès lors il collectionna les oiseaux. Je crois me rappeler même que dans son milieu, on raillait un peu ses procédés comme entachés d'originalité: il chargeait, disait-on, ses cartouches de sable fin au lieu de plomb, pour ne pas abîmer ses oiseaux. Qui aurait pu lui faire un reproche de ses goûts? Il suffit de voir le Rucher pour les comprendre.
    Du côté de la vallée, un mur bas le sépare de la route; un épais rideau de verdure, parsemé de grands arbres, dérobe au passant la vue de l'intérieur; par ci par là, quelque tronc gigantesque a, de la masse de son bois, de ses racines, disloqué ou soulevé le mur. Du côté du village, des constructions, des communs donnant passage à plusieurs portes. Du côté des vergers et de la colline, de très hauts murs que dominent des frondaisons magnifiques. Les beaux arbres! et qu'il doit faire bon en été sous leur ombrage! comme les oiseaux doivent y séjourner avec sécurité, à l'abri des embûches des chats et de l'hostilité de la gent écolière! on ne saurait rêver un refuge mieux établi pour les oiseaux tant de la plaine que des coteaux tout proches. Etait-il possible de ne pas être frappé, dans ce milieu, de la variété et du ramage des oiseaux? Et d'autre part, le fier passé de Metz n'a-t-il pas exercé son influence sur la direction des travaux d'un fureteur persévérant? Ajoutez à cela que, maître de son temps et pourvu des biens de la fortune, M. René Paquet pouvait, en toute légitimité, se livrer à ses goûts. Il en est beaucoup de moins nobles.
    Rentrons dans le domaine des faits. Le premier écrit de M. Paquet est inspiré par les événements de l'époque. La défaite de la France, l'annexion de Metz à l'Allemagne affectèrent profondément son père, qui alors habitait aussi Paris, où il mourut le 9 mars 1872, n° 16, rue du Luxembourg. En cette guerre, le jeune avocat avait simplement fait son devoir ; il fit partie

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du bataillon de mobiles dit de l'École Polytechnique, formé presque exclusivement d'anciens élèves de cette École, où il avait beaucoup d'amis. Dès la démobilisation, il publia son premier ouvrage: « Simples notes prises pendant le siège de Paris », en 1871. Mais le chasseur naturaliste apparaît bientôt : la même année, il fait imprimer chez Gouin, à Paris un opuscule de 108 pages, avec gravures, intitulé : « Le chasseur d'alouettes au miroir et au fusil ». Notre jeune auteur, avec la tournure originale d'un esprit humoristique, prend à partie des écrivains considérés comme compétents, Buffon lui-même, et, sans fausse retenue, signale leurs erreurs et leurs bévues. On voit dans cet ouvrage le fruit d'une pratique déjà ancienne, d'observations sûres et parfaitement raisonnées.
    L'année suivante, il paraît aborder un autre sujet : « La lorgnette philosophique. Dictionnaire des grands et des petits philosophes de mon temps », que suivit, en 1873, un « Essai sur La Mettrie, sa vie et ses œuvres ».
    Il nous expose ce qui l'induisit à écrire la Lorgnette : « Ayant passablement vécu dans le monde philosophique, où j'ai d'ailleurs conservé de nombreuses relations, je me suis trouvé en mesure de donner sur nos philosophes beaucoup de détails piquants, de particularités inédites, d'anecdotes intéressantes dont je garantis l'exactitude et la véracité, ce qui du reste ne m'empêche nullement d'analyser et de juger consciencieusement les oeuvres et les doctrines ».
    Il était certainement de bonne foi ; mais comment admettre qu'il ait pu écrire cette énormité au point de vue catholique, et même simplement documentaire : «...puisque d'ailleurs le Père et le fils forment une seule et même personne, ils doivent partager les mêmes opinions. » (Lorgnette, art. Barnout.)
    Mais il revient bien vite à son domaine préféré. En 1873 encore, il donne une « Monographie du chardonneret » (46 pages in-8°, avec une planche). L'année suivante, c'est le tour de l' « Ornithologie parisienne, ou catalogue des oiseaux sédentaires et de passage qui vivent à l'état sauvage dans l'enceinte de Paris », petit volume in-18 de 68 pages, paru chez J.-B. Baillière. Avions-nous tort tout à l'heure de prétendre qu'il avait été peu assidu au Palais ?
    Nous ne le suivrons pas en toutes ses publications ; il faut cependant noter, pour signaler le tour spécial de son esprit: « L'Ornithologie au Salon de peinture de 1876 ». « Depuis l'établissement des expositions de peinture... l'an 1673, explique-t-il dans sa préface, personne parmi les critiques d'art et les naturalistes, n'a eu l'idée d'étudier au point de vue ornithologique, les tableaux qui figurent chaque année au Salon... J'ose croire que ce modeste travail aura la chance d'être accueilli favorablement, ne serait-ce qu'à cause de sa nouveauté...
    L'ornithologie n'était pas la seule passion de notre futur collègue: le folk-lore et l'histoire de son pays occupent une bonne partie de son temps. Les « Chants populaires messins recueillis dans le Val de Metz en 1877 » sont mis en vente en 1878 ; après Théod. de Puymaigre, notre collègue trouve encore, non à

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glaner, mais à moissonner; et en même temps paraît un fort volume in-8° de plus de 360 pages, avec deux gravures : « Histoire du village de Woippy ».
    Comme on saisit sur le vif, dans ces oeuvres, l'amour de la petite patrie! Et quel travail de recherches présupposent ces ouvrages d'un auteur de trente-trois ans ! La même année encore, on trouve de lui plusieurs communications à Mélusine, publication folk-loriste de MM. Gaidoz et E. Rolland ; on remarque deux ou trois articulets sur des coutumes de l'Yonne; d'où nous devons conclure que M. Paquet avait tout au moins des connaissances de cette région (1).
    Au cours de son « Histoire de Woippy », notre auteur donne plusieurs biographies de familles habitant cette localité, et aussi des notes sur les diverses propriétés ; il nous renseigne de la sorte sur sa famille et sur le Rucher (2), propriété de sa famille.
    Par une singularité non sans exemple, il signait ses œuvres d'un anagramme transparent : René Paquet était « Nérée Quépat » ; son dernier ouvrage seul porte son vrai nom.
    En 1876, il est élu membre titulaire de la Société d'Histoire Naturelle de la Moselle (3). A cette date, il était encore avocat en titre à la Cour de Paris et habitait 34, rue de Vaugirard, où il devait garder un pied-à-terre jusqu'à la veille de sa mort. Lorsqu'il apprit son élection, il pensait se rendre à Metz et remercier la Société ; mais le 26 février 1876, il écrit ses regrets de ne pouvoir quitter Paris et charge le secrétaire de transmettre tous ses remerciements.
    Après avoir donné le résultat de ses « Recherches sur la Grande Thury, près Metz » en 1880, il semble se recueillir et, jusqu'en 1887 rien d'important n'est publié par lui. Cette année paraît un grand et gros volume in-8° :
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(1) Moulins (Allier) et Charleville étaient les lieux d'origine des Paquet ; la Nièvre (Marigny-l'Eglise) était celui des Boussard d'Hauteroche ; le Saône-et-Loire celui des Tupinier.
(2) « Le Rucher, dit-il, ancien trescens de la Cathédrale de Metz, comportait une maison généralement nommée le château, ou maison seigneuriale, une petite chapelle, granges, caves, écuries, laiterie, chambre à four, colombier, le tout entouré d'un fossé de 25 pieds de large que l'on traversait sur un pont-levis ; le domaine extérieur comprenait un jardin contigu au fossé, des terres, prés, vignes, vergers... En 1611, le trescensier était Nicolas Howard, coûtre de la Cathédrale, qui avait succédé à Claude Jacob... Lors de la vente des biens du Chapitre, Mlle Francin, sœur de l'évêque, en acheta quelques terres. Le Rucher appartint ensuite à M. Melain, puis à M. Bouchotte, à MM. Bertrand, Belon et Claude-Joseph-Henri Paquet, qui l'acquit en 1849, l'agrandit, en transforma les jardins et, sur l'emplacement des anciens bâtiments, éleva une élégante villa. Le Rucher compte parmi les plus agréables propriétés de plaisance du pays messin. »
(3) Le 4 novembre 1875, MM. Ernest de Saulcy et Fleck, membres très considérés de la Société, posèrent en séance la candidature de M. René Paquet d'Hauteroche ; M. Moreau, rentier messin, leur collègue, voulut bien se charger du rapport sur cette candidature ; il le déposa en la séance du 6 janvier 1876 ; les conclusions adoptées à l'unanimité, M. Paquet fut proclamé membre titulaire.

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« Dictionnaire biographique de l'ancien département de la Moselle, contenant toutes les personnes notables de la région ». Il le présente lui-même aux amateurs : « Depuis la publication de la « Biographie de la Moselle » de E.-A. Bégin (1829-1832), il n'a été fait aucun travail biographique d'ensemble sur cette région célèbre.
    « Ce livre est le fruit de plusieurs années de recherches assidues et opiniâtres. Je le dédie aux Messins qui, je l'espère, l'accueilleront favorablement. Pour donner à mes notices la précision et l'autorité nécessaires, je n'ai négligé aucune source d'informations. Je me suis mis en rapport avec un grand nombre de personnes, que je tiens à remercier publiquement de la confiance et de l'amitié qu'elles m'ont témoignées et dont je suis fier. J'ai scrupuleusement consulté, à Paris et à Metz, tous les documents imprimés ou manuscrits contenant des renseignements de nature à m'être utiles, renseignements que j'ai soumis d'ailleurs au contrôle le plus sévère. J'ai dépouillé tous les recueils biographiques français, les notices individuelles, les revues littéraires, historiques et archéologiques publiées à Metz, tous les journaux messins parus depuis 1789 jusqu'à nos jours ; j'ai encore compulsé les actes de l'état civil de Metz, ainsi que les archives municipales et départementales. La partie bibliographique, à laquelle j'attache une extrême importance, a été l'objet de mes soins constants, et j'ai noté les brochures, les plaquettes, les articles de journaux, avec autant d'exactitude que les ouvrages en plusieurs volumes.
    « Le caractère spécial de ce livre ne m'a point permis de donner à mes notices un grand développement ni une forme véritablement littéraire ; elles ne renferment que des dates, des faits rigoureusement exacts et méthodiquement groupés, des détails précis ; elles constituent donc en quelque sorte des résumés biographiques, dont j'ai formellement exclu toute appréciation politique.
    « Ce livre, enfin, doit être considéré comme un simple supplément à la « Biographie de la Moselle » (de Bégin) que je me borne strictement à compléter et à continuer, 25 avril 1887. »
    Ce volume devait être un de ceux qui sont le plus consultés dans notre Bibliothèque de Metz. Aujourd'hui encore, après quarante ans, lorsque l'on a quelque recherche à faire sur une personnalité de la région, c'est à la « Biographie » de Bégin et au « Dictionnaire biographique » de R. Paquet que l'on a recours tout d'abord.
    Ensuite vient un repos as cz long, durant lequel notre collègue reprenait la vie d'ornithologiste et de collectionneur. En 1899, le résultat en fut publié ; c'est l' « Ornithologie du Val de Metz. Catalogue des oiseaux sédentaires et de passage qui vivent à l'état sauvage sur le territoire de Woippy et autres localités voisines, avec notes critiques et dates de la migration et du retour de chaque espèce ».
    Étant connu le caractère de M. Paquet et son principe de ne donner comme certain que ce qu'il avait observé personnellement, - et non une science livres-

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que, - on imagine la somme de travail, d'observations et d'études nécessitée par un volume de ce genre ; mais aussi quelle belle collection ornithologique ! II y avait affecté une aile du Rucher. M. Paquet en était justement fier ; il prétendait même que sa collection locale était plus complète que celle du Musée de Metz; du reste, il avait l'intention de la léguer à cet établissement.
    Mais pour autant M. Paquet n'avait pas renoncé à l'histoire ; il s'en occupait toujours, s'intéressant aux collections, en formant une lui-même. Une constatation le frappa de prime abord : la rareté de certaines pièces de l'époque révolutionnaire. Etait-il possible d'admettre que tant d'imprimés de cette époque fussent introuvables? La vétusté ne pouvait ici être invoquée. Bientôt il eut le mot de l'énigme : certaines familles, et non des moindres, dont les ascendants avaient joué un rôle durant l'époque révolutionnaire, avaient acheté tous les documents dont elles pouvaient avoir connaissance et... les avaient livrés aux flammes. Moyen de rendre difficile la connaissance de la vérité, mais cela ne détruit pas l'histoire qui, tôt ou tard, prend sa revanche. D'autre part, M. Paquet lui-même, ayant entre les mains des pièces qui auraient éclairé certains points mal ou peu connus, n'en faisait pas usage, parce qu'il entretenait des relations d'amitié avec d'estimables personnes, descendantes de révolutionnaires plus ou moins néfastes. Telle fut la réponse qu'il me donna lorsque, ayant fait sa connaissance vers 1905, je m'entretenais avec lui de ces choses. Car, dès cette époque, plus tôt encore peut-être, il avait projeté son grand travail de Bibliographie des pièces concernant la Révolution à Metz. C'était une façon élégante mais ardue, de sauver de la nuit de l'histoire des pièces que leur emploi en un sujet moins général eût pu rendre odieuses à certaines personnes.
    Signalé à l'attention publique par ses ouvrages, il avait fait partie de la Société d'Histoire Naturelle dès 1876, nous l'avons vu. En 1887, il versait la somme alors requise, 100 francs, pour devenir membre à vie ; ce qui, plus tard, ne l'empêcha pas de verser plusieurs fois encore la même somme. L'Académie de Metz, de son côté, à laquelle n'avait pas échappé l'activité de M. Paquet dans le domaine historique, l'avait nommé membre associé libre dès 1885, et membre honoraire en 1899, avec ce considérant : « M. René Paquet d'Hauteroche, naturaliste distingué [qui] se plaît de temps en temps d'ajouter, à ses études favorites sur la faune lorraine, des excursions remarquables dans le domaine de l'histoire et de la biographie locales. »
    On le trouvait alors dans les Bibliothèques, dans les Archives, plume à la main, notant titres et cotations, copiant parfois des documents entiers. Doué d'une mémoire excellente, il travaillait méthodiquement. D'un abord facile, aimable et courtois, ayant volontiers le mot pour rire, avec une pointe de malice qui se jouait au coin des lèvres ; pas fier, comme disent les gens de la campagne, il s'arrêtait volontiers à causer avec les paysans, s'intéressait à leurs

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affaires, leur donnait des conseils, interrogeait leurs souvenirs, provoquait leur confiance jusqu'à se faire chanter les chansons qu'ils connaissaient. Avec cela, généreux et libéral. Brochant sur le tout, un brin d'originalité.
    Il avait bien su distinguer le faible de nos anciens maîtres. Comme il avait besoin de leur complaisance pour vaquer en liberté dans les Archives et les Bibliothèques, naturellement courtois, il leur faisait des visites et cultivait la pratique des « petits cadeaux » qui « entretiennent l'amitié ». J'en sais un qui, un jour, lui demanda un de ses Dictionnaires biographiques. M. Paquet s'empressa de lui donner satisfaction au moyen d'un exemplaire richement relié. Et le quidam de faire parade de ce cadeau qu'il avait quémandé. Néanmoins, bien que reçu avec affabilité par les autorités allemandes, M. Paquet n'avait pas confiance : à l'approche de la guerre, il quitta le pays messin pour se réfugier à Paris, et bien fit-il.
    En avril 1919, il écrivait à l'auteur de ces lignes :
    « Sachez que j'ai bien souvent pensé à vous, au cours de cette longue et prodigieuse guerre, dont les suites sont le secret de Dieu... Enfin, grâce à la Providence, vous voilà de retour à Metz... Mon travail sur la Révolution à Metz, dont je vous ai rebattu les oreilles ( - passez-moi l'expression, -) avance sensiblement... Du 30 juillet 1914 au jour... d'aujourd'hui (comme disent nos campagnards), j'ai chaque matin, de 9 heures à midi, pratiqué les Archives Nationales, où j'ai pu dépouiller tous les fonds qui renferment des documents sur la Révolution à Metz et dans la Moselle. Prévoyant la guerre, - depuis Agadir, - j'avais conservé ces fonds pour... charmer mes loisirs en cas de séjour forcé à Paris... et en tirer la matière d'un énorme Supplément que je n'aurai peut-être pas le temps d'achever, - car l'âge me domine, étant né le 29 septembre 1845.
    L'âge le dominait, mais il avait une santé de fer; il se vantait même de n'avoir jamais consulté un médecin ; ajoutons qu'il était sobre, au point que récoltant quantité de mirabelles et faisant distiller tous les ans, il n'usait en aucune façon de cette eau-de-vie si naturelle et si parfumée. Ses amis en bénéficiaient parfois.
    En 1922, le gouvernement français, sur l'initiative originelle de notre collègue, M. Clément, nomma M. Paquet officier d'Académie. A mes félicitations il répondit.
    « Vous avez pu voir que jamais je n'ai été guidé par la moindre gloriole ou vanité. Je n'ai pas demandé les palmes académiques et j'ignore jusqu'à présent à quelle initiative je les dois. Mes petits livres sur l'histoire du Pays messin ont toujours été chaleureusement accueillis à Metz et à Paris... L'index alphabétique des noms propres cités dans les deux volumes... de mon travail sur la Révolution à Metz, est d'une exécution fastidieuse et lente... mais je tiens à opérer en personne, tant que mes forces me le permettront...
    Ayant publié, dans les Cahiers lorrains de 1922, une petite notice biographique le concernant, je reçus la lettre suivante :

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    « J'ai reçu le numéro de mars des Cahiers lorrains, et grande a été ma surprise en y trouvant ma biographie complète. Cette délicate attention de votre part dépasse de beaucoup mon mérite et ma valeur personnelle, permettez-moi de vous le dire. Vous me traitez en ami, et j'en suis touché. Vous avez parfaitement compris que je ne suis pas ambitieux ni prétentieux. En avançant en âge, mon attachement augmente encore pour le Pays Messin, et la passion de son histoire est aussi ardente chez moi qu'il y a trente ans. »
    Au début de 1923, il se plaint de sa surdité, presque totale certains jours, et dit où il en est de son travail. « Les nombreux homonymes et l'orthographe incertaine de quantité de noms me retardent sensiblement. » En 1925: « Je vous annonce que j'achève en ce moment l'impression de l'Index alphabétique des noms propres cités... au nombre d'environ 30.000... Il ne me reste à imprimer que la préface, les titres, faux-titres, la couverture ; et le brochage... sera long et difficile. Bref, il me serait impossible, vu surtout la lenteur de mon imprimeur, de dire quand mon livre (dont j'ai trop parlé, je m'en accuse), sera terminé. Peut-être n'en verrai-je pas la fin... Au lieu de tirer à 200 exemplaires, j'aurais dû me borner à 50... »
    Dans ses dernières lettres, on sent un peu d'inquiétude et de fatigue. Pourtant il était encore ingambe ; on le rencontrait en ville, sous son ample pèlerine, les épaules à peine voûtées. Ses amis lui avaient offert leur concours pour achever son travail, cet index fastidieux ; il avait refusé, mais avait pris toutes ses précautions pour que l'ouvrage parût, quoi qu'il advînt.
    Son imprimeur le faisant parfois attendre, il stimulait son ardeur par l'envoi de fruits confits de Metz. Il eut le bonheur de voir achever cette œuvre de longue haleine ; il se fit un plaisir d'en distribuer lui-même les premiers exemplaires. C'était en 1926. Aux privilégiés qui recevaient un exemplaire sur papier du japon, il recommandait de ne pas couper les feuilles de leurs volumes, vu qu'il leur donnerait un second exemplaire de travail sur vélin ordinaire. Il avait dit autrefois, plaisantant sans doute selon son habitude, qu'il ne remettrait ces volumes de luxe que contre un engagement, sur papier timbré, de ne jamais en couper les feuilles.
    L'ouvrage porte ce titre: « Bibliographie analytique de l'Histoire de Metz pendant la Révolution (1789-1800) . Imprimés et manuscrits. Paris, 1926, Auguste Picard. Tirage à 200 exemplaires numérotés, dont 25 sur papier impérial du japon. » II porte le nom de René Paquet, et comprend VII, 1504 et 118 pages, formant deux volumes in-4°.
    « Pour composer cette bibliographie, écrit-il, il m'a fallu vingt ans, sans compter des sacrifices pécuniaires sur lesquels il serait de mauvais goût d'insister. »
    Il est de fait que M. Paquet avait des revenus pour vivre largement; mais lorsque se produisit la dépréciation du franc et la hausse consécutive de tous les objets, ne voulant pas suivre pour son compte le mouvement et augmenter

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de façon sensible le loyer de ses terres, par exemple, il se trouva quelque peu restreint dans ses entreprises ; et pour pouvoir suffire aux dépenses de ses impressions, il dut abandonner certains projets : après quatre à cinq ans de guerre, le Rucher nécessitait une remise en état ; M. Paquet ne fit faire que le strict indispensable, congédia même son jardinier ; une végétation folle envahit les jardins, les allées, pour le plus grand bonheur de ses amis les oiseaux, dont les chants ne réjouissaient plus, hélas! son ouïe en partie disparue. Et combien pourtant il aimait voir en bel état sa chère demeure ! Une année d'avant-guerre, durant les manœuvres d'automne, un officier supérieur allemand avait logé chez lui ; la propriété parut si agréable à l'officier, qu'il demanda par lettre au maître absent la permission de la visiter avec sa femme. Bien entendu ; il obtint la permission demandée, car le propriétaire était hospitalier, affable et en même temps fier qu'on appréciât le charme de sa demeure. S'il était poli même avec l'Allemand, qu'était-il vis-à-vis de ses amis? Vers 1905, la mère du Directeur de la Bibliothèque vint à mourir ; il y eut à Metz un service, après lequel le corps fut transporté pour l'inhumation dans une localité distante de 31 kilomètres. M. Paquet arriva trop tard pour le service ; aussitôt il prit une voiture et se fit conduire à cette localité lointaine, où il assista à l'inhumation. Plus d'une fois l'auteur de ces lignes, rencontré par M. Paquet à l'Esplanade, fut par lui amené à la Bibliothèque dans la voiture qui ensuite le transportait à Woippy. Et combien de Messins, désireux d'être fixés sur quelque point d'histoire, ont eu recours à son érudition vaste et sûre! il était rare qu'on n'obtînt pas de lui quelque précieuse indication.
    Vis-à-vis de ses subordonnés, il était « tout bon », disait une de ses anciennes femmes de chambre, longtemps à son service. Ses terres étaient louées aux prix d'avant-guerre, ou peu s'en faut. Très libéral envers l'église de son village, il ne voulut néanmoins jamais y occuper qu'une place très humble, craignant de paraître poser pour un modèle ; il pratiquait simplement, franchement. Au sortir de la grand'messe, le dimanche, il rassemblait parfois autour de lui les enfants et leur distribuait des dragées. Il savait qu'on le traitait d'original ; loin de s'en offusquer, il soignait au contraire sa renommée en ce sens et, avec un bon rire, disait de lui-même qu'on l'appelait en patois « lo fou d'Woèppy » ; mais c'était par sa bonté qu'il voulait justifier ce vocable irrespectueux.
    A la fin de 1926, M. Paquet se rendit à Paris pour y passer l'hiver, selon son habitude. A partir de ce moment, je passe la plume à un correspondant parisien des milieux de l'Institut, ami lui aussi de M. Paquet (1). Le 24 mars 1927, ce correspondant m'écrivait : « D'après les dernières nouvelles, M. Paquet obtiendrait le prix Prost ; cela va se décider demain. » Et, le 8 avril : « En effet, cet excellent M. Paquet a obtenu le prix Prost, qu'il avait bien mérité ; mais c'est au P. Scheil qu'il le doit, car l'Académie des Inscriptions penchait
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(1) M. le Dr Paul Dorveaux, actuellement archiviste de l'Académie des Sciences, à Paris.

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pour M. Linckenheld, qui est un archéologue ; le P. Scheil, se référant aux termes de la donation Prost, a exigé que la préférence fût donnée à M. Paquet ; il a réussi. Malheureusement, notre ami a été victime d'un accident. Il a fait une chute il y a huit jours, chute sans gravité apparente, vu qu'il n'a eu ni fracture ni blessure ; seulement il a reçu une telle commotion que, depuis, il ne va pas bien... M. Paquet est frappé moralement ; il n'a pas de fièvre, il se plaint de douleurs que je crois dues à la sciatique ; ce qu'il y a de plus grave, c'est qu'il n'a pas d'appétit, Espérons que sa robuste constitution reprendra le dessus et que le mieux se manifestera bientôt.
    Du 22 avril : « Les nouvelles de M. Paquet sont nulles, et malgré le dicton: Pas de nouvelles, bonnes nouvelles, je me doute que notre ami est bien malade. Depuis trois semaines, la concierge du n° 34 de la rue de Vaugirard qui reçoit son courrier, n'a vu personne venir le réclamer, et les lettres s'entassent dans sa loge. La lettre de l'Institut, annonçant officiellement que le prix Prost lui a été décerné, ne lui a pas été remise, elle est avec les autres rue de Vaugirard. Vous savez que M. Paquet a habité rue de Vaugirard, 34, jusqu'à l'an dernier; il n'a plus d'appartement à Paris. Aussi est-il descendu chez quelque parent ou ami, dont personne ne sait ni le nom ni l'adresse... Tout ce que la concierge de la rue de Vaugirard sait, c'est qu'il y a trois semaines M. Paquet était alité et recevait la visite d'un médecin qui voulait le faire asseoir dans son lit pour éviter la congestion pulmonaire... »
    Le 2 mai : « Je viens vous annoncer une triste nouvelle : M. Paquet d'Hauteroche est mort à Paris le 30 avril [1927], des suites d'une chute qu'il a faite le 9 mars, et qui paraissait d'abord sans gravité. On l'enterre mercredi au cimetière de Montmartre, après un service à l'église Saint-Séverin. C'est un bien brave homme et un compatriote bien aimable qui disparaît... Je l'ai connu par Lorédan Larchey, avec qui il était dans les meilleurs termes.
    Enfin, le 4 mai : « L'enterrement de M. Paquet s'est fait ce matin, par une journée radieuse et chaude. A 9 heures, il y avait beaucoup de monde à l'église Saint-Séverin pour l'office, qui fut très beau. J'ai retrouvé dans l'assistance le P. Scheil et Bultingaire, de Metz, bibliothécaire au Muséum ; aperçu M. Gilbrin, haut magistrat à Paris. Il n'y avait ni fleurs, ni couronnes. De l'église, le cortège est allé au cimetière Montmartre, où repose notre ami. Ce sont les héritiers qui toucheront le prix Prost, qu'il désirait et qu'il a obtenu avant de disparaître. »
    En même temps que me parvenait l'annonce de cette mort, une lettre d'un membre de la famille donnait quelques détails particuliers. Dès le commencement de sa maladie, M. Paquet avait demandé à recevoir les sacrements ; il est mort en chrétien, simplement, comme il avait vécu, et a demandé un service très simple.
    Ainsi disparut de la scène du monde un homme qui sut toujours se rendre utile à la science ; - ornithologiste distingué, après avoir collectionné des

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oiseaux qui aujourd'hui, par la libéralité de ses héritiers, font partie des collections du Musée d'Histoire Naturelle de Metz, il les protégea de tout son pouvoir, surtout au Rucher ; et si journellement quelques coup de feu y éclataient, c'était tout simplement une distraction du maître, pour s'entretenir la main. Il imitait si parfaitement les appels de l'alouette, que ces oiseaux venaient tourbillonner autour de lui. Mais, à côté des oiseaux et autres animaux, il y a des hommes ; et l'étude des hommes est bien plus passionnante ; aussi M. Paquet y consacra-t-il le plus clair de son temps et de ses revenus. La discrétion qu'il a désirée empêche de soulever le voile de son activité dans les œuvres sociales et charitables. Il me sera toutefois permis de signaler ses dons à la Bibliothèque municipale ; et ce ne sont pas seulement ses ouvrages qu'il donnait ainsi : de nombreux volumes intéressant l'histoire du pays proviennent de sa générosité. Un exemple encore. Parmi ses nombreux amis, figurait Maurice Tourneux, érudit de grande valeur, né en 1849, mort en 1916. Tourneux était l'auteur de nombreuses études de critique et de bibliographie littéraires et artistiques, sur des écrivains du XVIIIe siècle ; il a publié une suite d'ouvrages sur Diderot, des tables générales de plusieurs séries de publications, et notamment une Bibliographie de l'Histoire de Paris perdant la Révolution, ouvrage en quatre volumes, paru de 1890 à 1907, et qui lui a valu le prix Brunet de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Il devenait intéressant de connaître exactement tous les ouvrages de Tourneux ; M. Henri Maïstre se chargea de ce travail ; et ce fut M. Paquet d'Hauteroche qui fit tous les frais de l'ouvrage. Celui-ci parut en 1910, sous ce titre : « Bibliographie des travaux de M. Maurice Tourneux, par Henri Maïstre. Paris, aux dépens de M. René Paquet, 1910), volume petit in-4° de xii et 123 pp., avec portrait. » C'est un chef d'œuvre de bibliographie et de typographie, qui ne fut pas mis dans le commerce et n'est connu que de fort peu de personnes.
    C'est à Tourneux que notre regretté collègue prit l'idée de son grand travail sur la Bibliographie de la Révolution.
    Il vit peu à peu disparaître ses amis les plus chers. Et dans ces dernières années la mort de son camarade d'enfance, Arthur Chuquet, lui fit faire un retour sur lui-même, que vint encore accentuer la disparition d'un neveu. Il ne se faisait plus d'illusion sur la durée de son existence. Tranquillement, après un rude labeur, sans avoir le temps d'en jouir, il envisagea sa fin et voulut s'en aller comme il avait vécu, sans provoquer l'attention, ne laissant parler que ses œuvres.
    Les journaux messins ne l'oublièrent pas. Nous, ses collègues, qui pouvons profiter de ses travaux, sachons à son exemple nous rendre utiles à notre patrie, la petite et la grande, par nos efforts dans la mesure de nos moyens et de nos forces.



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BIBLIOGRAPHIE DES ŒUVRES DE M. PAQUET

1. Faculté de droit de Paris. - Thèse pour la Licence, par René Paquet. In-8° de 71 pp. - Paris, 1869, A. Parent.
Le mardi 4 mai, à 9 heures :
De servitutibus prœdiorum urbanorum.
Des servitudes établies par le fait de l'homme.
2. Simples notes prises pendant le siège de Paris. In-80, 1871, E. Thorin.
3. Le chasseur d'alouettes au miroir et au fusil, broch. in-12 avec planches. 2 tirages de 3.000 exemplaires chacun. - 1871. Paris, Aug. Goin, 108 pp.
4. La Lorgnette philosophique, Dictionnaire des grands et des petits philosophes de mon temps. In-18, 1872, Jouaust.
5. Monographie du Chardonneret, in-8° de 46 pp, et 1 planche, 1873.
6. Essai sur La Mettrie, sa vie et ses œuvres. In-18, 1873.
7. Ornithologie parisienne, ou Catalogue des Oiseaux sédentaires et de passage qui vivent à l'état sauvage dans l'enceinte de Paris. In-18 de 68 pp. 1874, chez J.-B. Baillière.
8. Monographie du Cini (Fringilla Serinius L.) .In-8° de 59 pp. et 2 planches coloriées. 1875, chez J.-B. Baillière.
9. L'Ornithologie au Salon de peinture de 1876, 1 vol. in-16 de 49 pp., tiré à 200 exempt., dont 25 sur vergé de Hollande. Paris, 1876, J.B. Baillière.
10. Chants populaires messins recueillis dans le val de Metz en 1877, 1 vol.
in-12 de 84 pp., tiré à 200 ex. - Paris, 1878, Champion.
11. Histoire du village de Woippy. 1 vol. in-8° de ii et 359 pp., avec 2 gravures. Paris, Dumoulin, et Metz, Sidot, 1878.
12. Plusieurs articles, signés Nérée Quépat, dans la première année de Mé1usine, notamment : Jean Bout-d’Homme, Le Pou et la Puce, Dây'mans recueillis à Woippy, et plusieurs articulets du folk-lore de l'Yonne. 1878.
13. Recherches historiques sur la Grande-Thury, près Metz. 1 vol. in-8° de ii et 189 pp., avec 1 eau--forte et 9 blasons, tiré à 150 exempt. 1880. Paris, Dumoulin. Metz, Sidot.
14. Note sur l'emploi du mouvant à la chasse au filet. In-8°.
15. Lettre à M. le Rédacteur en chef de la Gazette de Lorraine au sujet de l'exercice de la chasse au filet. In-12. 1882.
16. Dictionnaire biographique de l'ancien département de la Moselle, contenant toutes les personnes notables de cette région... 1 vol. gd in-8° de 623 pp. 1887. Paris, Picard; Metz, Sidot.

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17. Ornithologie du Val de Metz. Catalogue des oiseaux sédentaires et de passage qui vivent à l'état sauvage sur le territoire de Woippy et autres localités voisines, avec notes critiques et dates de la migration et du retour de chaque espèce, 1 vol. petit in-8° de vii et 175 pp., tiré à 200 exempl., dédié à MM. Maurice Bouchez de Cattenom et Georges Thomy, de Buding, amis de l'auteur, 1889. Paris, Baillière. Metz, Sidot.
18. Bibliographie analytique de l'Histoire de Metz pendant la Révolution (1789-1800). Imprimés et manuscrits. 2 vol. in-4°, de vii, 1504 et 118 pages. Paris, 1926, Aug. Picard.

En outre, collaboration à la Revue de Zoologie, à l'Acclimatation, au Memorial de la Loire, et sans doute aussi à la suite de Mélusine.
    Il n'est pas inutile de signaler certains projets d'ouvrages :
- Une Bibliographie cynégétique, ou Nomenclature par ordre alphabétique des noms d'auteurs de tous les ouvrages publiés sur la chasse, en latin et en français, depuis l'antiquité jusqu'à nos jours.
- Exposé critique des erreurs, contradictions, inexactitudes, omissions, etc..., etc..., contenues dans l'Histoire naturelle des Oiseaux de Buffon. Cet ouvrage ne devait comprendre que les petits oiseaux de France, autrement dit les Passereaux.
- Œuvres choisies du baron d'Holbach, avec introduction, notes et commentaires.
- Bibliographie philosophique de la France au XVIIIe siècle.
- Un Naufrage aux îles Malouines, d'après les notes d'un naufragé.
- Considérations philosophiques sur la prostitution en France au XIXe siècle, et Etude sur le duel permanent et inévitable de la prostitution avec le mariage.

« Il est probable qu'une fois ces ouvrages publiés, ajoute l'auteur, M. Quépat continuera à vider de nombreux encriers ». C'est ce qui eut lieu, mais au détriment des travaux philosophiques alors en vue, travaux qui cédèrent le pas aux études historiques bien autrement utiles.

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