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Presse locale : Informations, Faits divers, Courriers, Annonces ( 1904 - 1905 )

Journaux consultés et abréviations utilisées Sources
Le Lorrain (LL)
Le Messin LM)
Gazette de Lorraine (GdL)
Courrier de Metz (CdM)
Zeitung für Lothringen (ZL)
Metzer Zeitung (MZ)
Les journaux consultés sont issus des collections de la Bibliothèque-Médiathèque de Metz-Pontiffroy, des Archives municipales de Metz et des Archives départementales de la Moselle.
(références disponibles sur place)
Les articles de journaux de langue allemande (MZ, ZL et BZ) ont été collationnés et traduits par M. Jean Schmitt, président de l'association "Montigny autrefois".

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Sélection :
| 1905 |
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Année 1904

Lundi 4 janvier 1904
Le nommé Pierre Vogel, 23 ans, marcaire, en dernier lieu en condition à la ferme Ste-Agathe près de Woippy, lequel vivait en mauvaise intelligence avec le domestique Stephan, avait rencontré ce dernier le jour du 26 novembre et lui avait porté sans aucun autre motif deux coups de couteau dont l'un dans l'épaule et l'autre dans la joue. Les blessures étaient assez graves et nécessitaient la réception de Stephan dans un hôpital. La Chambre condamne Vogel en raison de sa brutalité à la peine de 18 mois de prison.

Mardi 19 janvier 1904
Vol à la sacristie.
Dans la nuit du 13 au 14 janvier, des malfaiteurs se sont introduits dans la sacristie de l'église. Ils ont pris une petite somme provenant d'un tronc qui avait été vidé. S'ils avaient pu pénétrer à l'intérieur de l'église, ils auraient probablement fouillé les différents troncs. Plusieurs clés ont disparu, on suppose que les voleurs les ont emportées pour s'en servir ailleurs. (LM)

Jeudi 18 février 1904
On nous écrit le 13 février :
« Depuis un mois environ, un va-nu-pieds quelconque, resté inconnu jusqu'ici, venait s'abriter nuitamment dans une maisonnette en planches située dans une vigne appartenant au vigneron Emile R., de Woippy. Afin d'y cuver son vin à l'aise, notre individu y faisait du feu. Les tas d'échalas dressés dans la propriété voisine appartenant à M. Jean-François Lahaire, de Woippy, faisaient bien son affaire. Déjà l'année dernière, M. Lahaire s'était aperçu, sans toutefois présumer le voisinage d'une pareille retraite, que ses échalas disparaissaient comme par enchantement. Or, mercredi dernier, ayant constaté qu'au moins six bottes d'échalas lui manquaient et ayant découvert l'empreinte des pas du voleur, ainsi qu'un énorme tas de cendres dans ladite maisonnette, il mobilisa, le soir même, quatre citoyens à la forte poigne. Armés de gourdins et en dépit de la clôture de la chasse, nos hommes s'en furent vers l'ermitage du délinquant. Par malchance, ce soir-là, on ne put « prendre la bête au gîte ». Force fut à nos traqueurs de s'en retourner bredouilles. A l'heure qu'il est, le noctambule n'est pas encore coffré. » (GdL)

Samedi 20 février 1904
On écrit au Lorrain. Nouveaux exploits de voleurs à la sacristie.
Dans la nuit du 14 au 15, notre sacristie a été cambriolée pour la seconde fois depuis un mois. Les voleurs, après avoir brisé les verrous de deux portes superposées sans pouvoir toutefois pénétrer, ont écarté les barreaux d'une fenêtre, grâce à un puissant levier. Puis enfonçant un panneau de la fenêtre, ils sont entrés dans la sacristie, où ils ont fracturé deux coffres-forts, dont un à trois serrures et qui avait résisté à la première attaque. Forçant ensuite la porte de l'église, ils avaient réussi à y pénétrer et donnaient les premiers coups de ciseau au tronc de la Fabrique, lorsque les joyeux fêteurs du dimanche gras aperçurent de la lumière et accoururent donner l'éveil. Mais quand la troupe armée crut faire le siège de l'église, les voleurs avaient disparu.
Chose curieuse, ils n'ont touché ni aux valeurs, ni à la clé du tabernacle qu'il sont cependant eue entre les mains. Et maintenant, que faudra-t-il faire pour être à l'abris de ces gens là ? (GdL)

Samedi 26 mars 1904
Richemont. On nous écrit le 23 mars :
« On se rappelle le terrible accident survenu en novembre dernier à la gare de Woippy, où deux jeunes gens furent tamponnés par un train de marchandises. L'un d'eux resta mort sur place, l'autre, le jeune Gravier, d'une très honorable famille de notre localité, avait été relevé dans un état désespéré et transporté à Ste-Blandine à Metz. Les médecins sont parvenus à le conserver à la vie, mais il a dû subir l'amputation du bras au ras de l'épaule. Le père a intenté à l'administration des chemins de fer une action en dommages et intérêts et, selon nous, avec raison, il est hors de doute qu'une bonne part de responsabilité incombe au chemin de fer. On attend avec impatience le résultat du procès. » (GdL)

Jeudi 19 mai 1904
Dans la nuit du dimanche au lundi, une bagarre sanglante a éclaté à l'auberge Hennequin. Un sieur Sarravel, domicilié rue du Pontiffroy à Metz, a reçu plusieurs coups de couteau dans la tête et a dû être transporté à l'hôpital Bonsecours. (GdL)

Dimanche 22 et lundi 22 mai 1904
On nous fait remarquer, au sujet de la rixe qui a éclaté dimanche dernier au débit Hennequin que c'est le « monsieur » de la rue du Pontiffroy qui a été cause de tout, même du coup de halbe , et non de couteau, qu'il a reçu à la figure. Le jeune homme qui a donné le coup était en cas de légitime défense, et si le « monsieur » qui voulait « rosser » tout le monde, l'a été lui même, c'est qu'il l'avait cherché. Qui cherche trouve et à celui qui frappe, on ouvre parfois autre chose que la porte. Que le « monsieur » se le tienne pour dit. (LM)

Jeudi 26 mai 1904
On nous prie d'insérer ce qui suit :
« En réponse à l'article du 22 courant, au sujet de la bagarre qui a éclaté à Woippy, dans le débit Hennequin, je tiens à faire remarquer, en qualité de témoin oculaire, que cet article est loin d'être confirmé à la vérité. Il est d'abord inexact que le « monsieur » de la rue du Pontiffroy ait provoqué cette bagarre. Il buvait paisiblement son verre et s'entretenait avec d'autres consommateurs quand soudain, il reçut une halbe à la tête par un individu complètement étranger à la conversation. Rien n'explique donc cette intervention, mais il faut espérer que l'enquête ouverte permettra d'établir nettement la véracité des faits ». (LM)

Vendredi 27 mai 1904
L'assemblée annuelle des membres du Syndicat des planteurs de fraises aura lieu dimanche prochain. La commission propose, dit-on, la suppression des cotisations, l'intérêt des fonds de caisse suffisant à couvrir les frais. (GdL)

Vendredi 17 juin 1904
- La nuit dernière, à 1 heure du matin, le feu a pris dans un bidon à moitié vide de la Raffinerie Lorraine d'Essence à Woippy. Grâce à l'intervention rapide des pionniers et des pompiers de Woippy, le feu a pu être rapidement éteint et sa propagation évitée. L'usine n'est pas atteinte dans sa production et les dégâts sont couverts par une assurance. (MZ)

- Cette nuit, vers 1 heure, le feu a pris d'une manière incompréhensible dans une voiture contenant un fût à demi rempli d'essence. Grâce à l'intervention rapide du personnel, des employés de la gare, des soldats du génie et les pompiers de Woippy, le feu a pu être éteint. La fabrique toute proche a été préservée et son exploitation n'a pas été perturbée. Les dégâts sont couverts par une assurance. (ZL)

Samedi 18 juin 1904
Cette nuit vers 1 heure du matin, une voiture à bassin, à demi-remplie de benzine et qui se trouvait sur un des rails de jonction prit feu. Grâce à la rapide intervention des employés, des pionniers et des pompiers de Woippy, on parvint à localiser l'incendie. Avec la parfaite installation de la fabrique et les mesures de sûreté, il ne pouvait du reste en être autrement. La fabrique est restée à l'abri de tout danger et l'exploitation ne subira aucune interruption. Les pertes sont couvertes par l'assurance. (LM)

Dimanche 19 juin 1904
Dans la nuit du 16 au 17, à 1 h. ½ du matin, un incendie s'est déclaré à la fabrique de benzine située près de la gare de Woippy à laquelle elle est reliée par une voie de raccordement. La chaleur dégagée par les flammes était tellement intense que la circulation des trains a été interrompue pendant près d'une heure. On a eu beaucoup de peine à sauver un wagon-citerne qui avait pris feu et dont l'explosion aurait pu avoir des conséquences désastreuses. Les pompiers de Metz se sont rendus sur le théâtre de l'incendie. On ignore la cause du sinistre. Les pertes, assez élevées, dit-on, sont couvertes par les assurances. (GdL)

Mardi 21 juin 1904
Les détails qu'on nous avait donnés samedi au sujet de l'incendie qui a éclaté dans la nuit du 16 au 17, à la fabrique de benzine, étaient passablement exagérés. C'est un wagon-citerne, remisé sur la voie de raccordement, qui a pris subitement feu on ignore comment. Grâce à la prompte intervention des employés de chemin de fer, des pionniers et pompiers de Woippy, on est promptement parvenu à circonscrire le foyer d'incendie. Il n'y a pas eu d'autres dégâts. La fabrique elle-même est restée complètement intacte, et l'exploitation n'en a pas été interrompue un seul instant. Les pertes sont couvertes par une assurance. (GdL)

Dimenche 26 juin 1904
Bal. A l'occasion de la cueillette des fraises, la jeunesse de Woippy donne un grand bal auquel elle convie ses amis et connaissances de Metz et des environs. Le bal champêtre sera des plus gais, aussi compte-t-elle sur de nombreuses visites. (LM)

Dimanche 3 et lundi 4 juillet 1904
En vue de l'établissement de la 3ème et de la 4ème voie entre Woippy et Hagondange, et de l'achèvement des stations de Woippy et Maizières, l'Administration des chemins de fer de l'Empire a créé une section spéciale à Metz sous le dénomination « Section des travaux publics V » et sous la direction de l'inspecteur Soehring.

Etude de Me Hugo Hamm, notaire à Metz.
Le mardi 12 juillet 1904, à 1 heure de l'après-midi, à Woippy, (Maison-Rouge), chez M. Flerès, adjudication d'une maison avec jardin sise à Sainte-Agathe, près Woippy, appartenant à MM. Resch et Kohl. (GdL)

Mardi 5 juillet 1904
On nous signale au dernier moment un affreux accident qui se serait produit hier, non loin de la gare de Devant-les-Ponts. A 8 h. du matin, la fillette âgée de 7 ans, du garde-barrière au passage à niveau, route de Woippy, aurait été renversée par un train et littéralement décapitée. Sous réserves. (GdL)

Mercredi 6 juillet 1904
La nouvelle d'un accident mortel que nous avons publiée hier d'après la Gazette de Lorraine, n'était pas entièrement exacte. La fillette qui a été écrasée dimanche matin par la locomotive d'un train appartenait à la famille du chef de la halte de Woippy, et non pas à celle d'un garde barrière. (GdL)

Mardi 12 juillet 1904
Vente aux enchères volontaire d'une maison avec jardin à Sainte-Agathe, commune de Woippy, appartenant aux consorts Resch-Kohl. Le 12 juillet 1904 à Woippy, au café Flérès. (ZL)

Mercredi 13 juillet 1904
Suicide.
Mardi dernier, l'artilleur Hesse, du 2ème régiment bavarois d'artillerie à pied, s'est suicidé au fort Kameke en se tirant dans la région du cœur un coup de fusil chargé d'une cartouche à bourre. Hesse était un très bon mécanicien qui était depuis quelque temps dans l'armurerie, et qui avait des chances de devenir armurier du régiment. Dernièrement, il avait cueilli quelques groseilles au bord du chemin et fut surpris par un sergent-major de la 66ème compagnie des demi-invalides qui menaça de la dénoncer. On suppose que c'est la crainte d'être puni qui a poussé Hess au suicide. (LM)

Vendredi 15 juillet 1904
Lorry-lès-Metz. Téléphone.
Un bureau télégraphique avec service téléphonique public a été adjoint à l'agence postale de Lorry-lès-Metz. Les communications avec le dehors sont les mêmes que pour la ville de Metz. (LM)

Mardi 26 juillet 1904
Gratification. On nous écrit :
« La fabrique de benzine a fait remettre à M. Hennequin Louis, capitaine des pompiers, la somme de 50 marks à titre de gratification pour le secours apporté dans l'incendie qui a éclaté récemment la nuit. L'extinction de cet incendie différait sensiblement de celle des autres sinistres.
Les pompiers durent employer la terre et le sable pour combattre l'élément destructeur et s'exposaient tous au plus grand danger, attendu qu'une explosion pouvait se produire. Aussi adressons-nous nos félicitations à ces braves sapeurs. » (LM)

Jeudi 11 août 1904
Claudius Courte, cultivateur à St-Eloy, a été condamné par le Tribunal à 100 marks d'amende pour avoir frappé Claire Noire sur la tête avec le gros bout d'un fouet, au cours d'une dispute avec son père. La fille s'est évanouie sous les coups et a été transportée à l'hôpital Malthildenstift (Belle-Isle). La plaignante s'est vue octroyer une indemnité de 200 marks. Courte a fait appel à ce jugement. Il a été débouté. (MZ)

Dimanche 28 et lundi 29 août 1904
Une fête de vétérans.
Woippy s'était mis en fête à l'occasion de la réception officielle du drapeau dont l'empereur avait fait présent à la Société des anciens militaires* d'ici, en présence de 23 sociétés similaires des régions environnantes, que l'on était allé recevoir à la gare pour les escorter en ville, musique en tête, jusqu'à la demeure de M. Baugenez, et d'où on se rendit avec le nouveau drapeau, que portaient sept demoiselles d'honneur, sur le théâtre de la fête.
Là se trouvaient aussi M. le Kreisdirektor comte de Villers-Grignancourt et MM. les officiers du Bezirkskommando. Un prologue débité par Mlle Kunz ouvrit la cérémonie, après quoi, M. le Kreisdirektor prit la parole. Dans un langage patriotique, il invita les membres de la Société des vétérans à serrer leurs rangs, autour du drapeau comme le soldat sur le champ de bataille. Après cela, le drapeau déployé est remis à M. Moitry en sa qualité de premier président lequel, après quelques mots de remerciements au nom de la Société, le confie au porte-drapeau. Parmi les sociétés présentes, figuraient celles de Maizières, Devant-les-Ponts, Haute-Yutz, Saint-Julien, Dieuze, Longeville, Sablon, Knutange, Nilvange, Ste-Marie-aux-Chênes, Remilly, Marange, Vallières, Stahlheim, Gandrange, Magny, Moyeuvre-Grande, Uckange, Metz.
Une splendide cravate offerte par les dames des vétérans fut présentée par Mme Schrœder. La cérémonie se termina par une soirée intime et un bal. (LM)

* Le Kriegerverein de Woippy a été créé en 1898 (Pierre Brasme, Woippy de 1871 à nos jours , Ed. Serpenoise, 1994, page 60).

Vendredi 9 septembre 1904
Tribunal des échevins, audience du 6 septembre.
Charles Bellinger, maçon, demeurant à Woippy, eut le 15 mai dernier, à l'auberge H., à Woippy, une dispute avec un ouvrier nommé F., qu'il frappa de son verre à bière. La blessure était passablement grave et F. perdit beaucoup de sang. Bellinger est condamné à 20 marks d'amende ou cinq jours de prison, le tribunal lui ayant accordé des circonstances atténuantes. (LM)

Dimanche 18 et lundi 19 septembre1904
Les jeunes gens de Woippy ont l'honneur d'inviter leurs amis et connaissances des environs au grand bal qui sera donné à l'occasion du relève-selle de la fête patronale le dimanche 18 septembre, chez M. Hennequin. L'orchestre nombreux et choisi sera dirigé par MM. Perquin et Conslin. (LM)

Mercredi 21 septembre 1904
On demande de suite un garde de nuit, sobre et consciencieux. Lothringer Benzin-Raffinerie Woippy. (LM)

Dimanche 2 et lundi 3 octobre 1904
Cambriolage. On nous écrit :
« Dans la nuit de mercredi à jeudi, plusieurs individus pénétrèrent dans le débit de M. Hourt, à Maison-Neuve, annexe de Woippy. Après avoir scié les volets de la fenêtre, ils coupèrent les vitres au moyen d'un diamant, mais ils furent plus volés que voleurs, car le tiroir-caisse ne renfermait que deux marks de menue monnaie. Le polyphone, qui contenait aussi quelque chose de ce genre, échappa à leurs investigations. Voyant leur maigre recette, ils prirent quelques verres de liqueurs et sortirent par où ils étaient entrés. On s'étonne que le chien de garde n'ait pas aboyé. (LM)

Mercredi 26 octobre 1904
On nous écrit :
« L'Union populaire du Centre allemand continue sa mission providentielle de prussification à travers nos villages lorrains de langue française.
Si le Foxverein venait carrément devant un auditoire de langue française proposer de s'enrôler sous la bannière du Centre clérical prussien, ses missionnaires seraient reçus par une grêle de pommes cuites ou de tomates, comme cela serait arrivé à Woippy, où on en fait des conserves. Mais ces messieurs, malins comme des Fox , des renards, sachant l'accueil qu'on leur ferait, se font mielleux, presque humbles, reniant jusqu'à leur drapeau, qu'ils cacheraient pour un peu sous les plis du drapeau lorrain. Ils ne demandent que la faveur d'enseigner gratuitement. Nous sommes de pauvres missionnaires, disent-ils d'une voix dolente, qui ne désirent qu'instruire le bon peuple que nous aimons tant.
Ce sont les mêmes dont Pasquier disait qu'ils aimaient à gagner le cœur du peuple par des simagrées et de vaines promesses.
Ils sont entrés, pourrait-on ajouter, comme de timides renards, Fox, au milieu de nous, Foxverein, pour y régner dorénavant comme des loups affamés ( Wolfsstimmes ).
Avec les païens ils sont païens, avec les Allemands ils sont Prussiens, avec les Lorrains ils voudraient paraître Lorrains encore.
En Allemagne, ils entonnent l'hymne national : Heil Dir et Die Wacht am Rhein, et quand ils ont franchi la frontière et qu'ils voient flotter le drapeau tricolore ils pleurent sur les provinces perdues.
Donc, avant-hier, notre Foxverein tenait ses assises à Woippy, la patrie des fraises, de mirabelles et des haricots verts.
Porteurs de cartes d'invitation expédiées à la dernière heure de la veille, les groupes s'amènent isolément vers la porte d'entrée du local, une salle de bal, où deux zélateurs, faisant office d'huissiers, recueillent les cartes, sans lesquelles on vous oblige impitoyablement à faire demi-tour.
Les groupes deviennent de plus en plus compacts et, tandis que des profanes venus en curieux sont repoussés, les autres, les élus, passent, passent. Les cartes ! Les cartes ! s'il vous plaît. On en voit défiler de tous les mondes, des gens de la haute même, que côtoient des ouvriers, des cultivateurs, des mézoyers, des employés, etc…
Comme les cartes ont été envoyées nominativement, le contrôle fera signaler les manquants pour que l'ange d'Israël sache marquer le seuil de leurs portes de la marque des réprouvés, en attendant qu'ils soient boycottés. On remarque l'absence du beau sexe, ce qui donne à la réunion quelque chose de morne et de grave, car on y aperçoit quelques prêtres à la tribune improvisée. On va leur servir sans doute du Beckmann, du Engel, du Bachem, du Spahn !… Mais les fortes têtes du Foxverein, on les cherche vainement, les doublures sont toujours les mêmes, cela manque de nouveau ; les nouveautés pour un sujet aussi ressassé que le programme du Foxverein prussien sont rares, encore plus rares que l'éloquence de leurs orateurs.
La salle, où dans quelques semaines le diable fera gigoter les danseurs et les danseuses, est remplie.
Un grondement, semblable au tonnerre, parvient au dehors.
- V'la qu'on lève le rideau ! dit quelqu'un du groupe profane non admis.
- Second roulement plus formidable que le premier.
- Pour sûr, c'est Baptiste qui provoque un pareil enthousiasme.
- Je vous gage qu'il leur dit que chaque carte donne droit à une boîte de conserves de carottes !
- Pense-tu ?
… On entend applaudir.
- Ils applaudissent avec les pieds :
- On leur a dit de faire du bruit et ils ne boudent pas à la leçon.
- Mais écoutez donc, ils ne doivent pas s'entendre.
- Mais on ne leur laisse pas le temps de parler.
- Ah ! on sait tout de même qu'ils ne racontent que des carabistouilles.
- Penses-tu ?
……………….
L'orateur qui a dû avoir le plus de succès doit être un farceur qui ne leur a raconté que des blagues.
Il a raconté qu'on les a envoyés prêcher la bonne parole, l'union des bons patriotes pour soutenir le Centre prussien, seul protecteur de la religion menacée par les francs-maçons et les libéraux à plat ventre devant le gouvernement. Ils n'ont pas reçu, eux, du Foxverein épiscopal, mission de prussifier comme on veut bien les en accuser, oh non ! c'est plutôt pour aider à battre les socialistes qui voudraient se partager les fruits et les primeurs de Woippy.
Personne autant qu'eux n'est dévoué au maintien des traditions indigènes.
Et un tas de boniments déjà ressassés ailleurs, des épinards réchauffés !!
Petit à petit les curieux, et ils sont nombreux, quittent la salle.
Ce qu'on a dû les raser !
Tiens ! mais ce petit groupe de mésoyers et de paysans, si on leur demandait ce qui s'est dit là-bas ?
- Qu'est-ce qu'il t'a donc dit, M. le curé ?
- Eh ben, l'è di enlè que si l'Foxverein va beun, l'è r'colte des grumbir sereu mioux l'ennaye que vien.
Et du coup, comme les cochons coûteront cher cette année, faute de Canadas, tout le monde veut en être du Foxverein.
M. le curé, à la porte, a donné à chacun en passant, sa carte de membre.
C'est plus facile d'être reçu là qu'à l'Académie du jeu de quilles. (LM)

Dimanche 6 novembre 1904
Etude de Me Weber, rue du Palais, n° 24.
Adjudication d'une propriété avec jardin sise à Woippy, à proximité de la gare, appartenant à Madame veuve Schubert. Le mercredi 23 novembre 1904, à 2 heures de l'après-midi, à Woippy, chez M. Hennequin-Gusse, aubergiste. (LM)

Lundi 7 novembre 1904
La veuve Schubert vend sa propriété avec jardin, à proximité de la gare. Le mercredi 23 novembre à 2 heures au café Hennequin-Gusse à Woippy. (MZ)

Dimanche 13 novembre 1904
Avis. L'adjudication, par soumission cachetée, de la démolition de l'ancien clocher de Woippy aura lieu à la mairie le jeudi 24 novembre courant, à 10 heures du matin. Les conditions se trouvent déposées à la mairie. Woippy, le 9 novembre 1904. Le maire : E. Hennequin. (GdL)

Mardi 22 novembre 1904
M. Alfred Traus, autrefois droguiste à Metz, actuellement industriel à Maison-Rouge, a été arrêté vendredi et écroué à Metz. Il est inculpé d'excitation au parjure. (GdL)

Mercredi 23 novembre 1904
On demande un apprenti boucher-charcutier. S'adresser chez M. Achille Gérard, boucher-charcutier à Woippy. (LM)

Jeudi 15 décembre 1904
L'un des clochers de l'ancienne église de Woippy est appelé à disparaître. Les promeneurs connaissent cet édifice situé au milieu du cimetière de Woippy en ligne droite entre le clocher de la nouvelle église et celui de Lorry-lès-Metz, se dessinant si coquettement sur le fond des forêts. La démolition de cet antique monument, vieux de plus de quatre cents ans, a été confiée à M. Christnacker, entrepreneur à Devant-les-Ponts. L'église construite sur le même emplacement que le clocher a été commune pendant un certain temps aux paroisses de Lorry et de Woippy, au seizième siècle. Après la promulgation de l'édit de Nantes en 1598 réglant la condition légale de l'Eglise réformée et de ses membres, un groupe de protestants quitta la ville de Metz pour se réfugier à Lorry-lès-Metz. Là, il prit possession de l'église pour l'affecter au nouveau culte. La chaire à prêcher actuelle de l'église de Lorry était alors occupée par Paul Ferry, le fameux théologien protestant. Les habitants de cette paroisse se virent donc obligés de se rendre à Woippy pour remplir leurs devoirs religieux. (LM)

Lundi 18 décembre 1904
Etude de Me Weber, rue du Palais, n° 24.
Adjudication publique pour cause de cessation de commerce d'une belle propriété comprenant deux corps de bâtiments, cour, grange, écuries, buanderie, laiterie, bâtiments contenant des écuries pour 100 porcs, avec double allée, jardin et terre, le tout situé sur la route de Thionville à Maison-Neuve, n° 9, commune de Woippy, entre Pierre Hourt et Mangenot, contenance 100, 53 ares servant actuellement de porcherie.
Le mercredi 4 janvier 1905, à 2 heures de l'après-midi, en l'étude. (LM)

Jeudi 24 décembre 1904
Chambre correctionnelle. Audience du 20 décembre.
Charles-Joseph Mayot, 28 ans, cultivateur, demeurant à Woippy, avait été condamné par le Tribunal des Echevins de 3 à 10 marks d'amende du chef d'avoir, à deux reprises, offensé l'agent de police Boucheré. L'appel de Mayot sur cette sentence est rejeté.

Samedi 31 décembre 1904
Bal. La jeunesse de Woippy, qui avait organisé un si beau bal pour la Saint-Etienne, en donne un nouveau à l'occasion de la fin de l'année. Elle invite donc ses amis et connaissances à cette réjouissance. Le bal aura lieu dimanche 1er janvier, chez M. Galleron. (LM)

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Mardi 3 janvier 1905
Non-lieu. Il nous revient que M. Alfred Traus, ancien droguiste à Metz, en dernier lieu fabricant de conserves à Maison-Neuve (Woippy), qui avait été arrêté sous l'inculpation de faux serment, a été remis en liberté samedi dernier. (GdL)

Mercredi 4 janvier 1905
Non-lieu. M. Alfred Traus, ancien droguiste à Metz, actuellement industriel à Woippy, qui vient de bénéficier d'un non-lieu, ce dont nous le félicitons sincèrement, n'avait pas été arrêté sous l'inculpation de faux serment, comme nous l'avons dit hier, mais bien de subordination de témoin, par suite d'une dénonciation d'un de ses employés qui se trouve en détention préventive pour avoir détourné des fonds appartenant à son patron. (GdL)

Mercredi 8 février 1905
Nouvelle conduite d'eau. L'extension de la nouvelle conduite d'eau aux localités de la banlieue paraît devoir se restreindre à quelques communes. D'après la Metzer Zeitung, les communes de Peltre, Magny, Vallières et Woippy ont refusé leur participation (…). (GdL)

Vendredi 10 février 1905
On demande de suite 2 ouvriers cordonniers de préférence jeunes, hommes de la campagne. S'adresser chez M. Victor Heller, à Woippy. (LL)

Dimanche 12 février 1905
On demande de bons ouvriers et un apprenti chez M. Ladaique, sellier, à Woippy. (LL)

Mardi 21 février 1905
Tribunal correctionnel. Audience du 16 février.
Nicolas Charrette, âgé de 39 ans, charretier, né à Woippy, demeurant à Metz, est accusé de lésions corporelles occasionnées par son inadvertance. Le 19 septembres dernier, vers 8 h. ½ du soir, le prévenu, qui était ivre, passa avec une voiture sans lanterne allumée, au grand trot, par le village de Plantières, en venant par la porte des Allemands. Au tournant de la route, près du restaurant Feuersænger, la petite Irène Récla, âgée de dix ans, qui se trouvait avec une voiture d'enfant près du trottoir, fut renversée par la voiture de Charrette et lancée sur une pierre. Au même moment, le cheval lui marcha sur le pied droit, et l'enfant reçut une blessure qui l'obligea à garder le lit pendant quelques semaines. Le tribunal condamne Ch. A sept jours de prison. (GdL)

Mardi 28 février 1905
Dernières informations. Metz, 27 février. Blessé grièvement par un factionnaire.
M. Joseph Baugenez, cultivateur à Woippy a été grièvement blessé par un poste de militaire la nuit dernière. Vers une heure du matin, Baugenez se trouvait près d'un dépôt à proximité de la gare de Devant-les-Ponts qui contient le matériel pour un chemin de fer en cas de guerre. Le factionnaire cria par deux fois son « Qui vive ? » en langue allemande ; M. Baugenez, ne comprenant pas, ne donna pas de réponse. Au troisième appel, le factionnaire tira. La balle entra dans la poitrine tout juste à côté du cœur, pénétra dans les poumons en faisant un détour et sortit de nouveau par le même côté, un peu en-dessous de la cavité abdominale.
Après le coup malheureux, l'un des factionnaires voisins se hâta d'aller avertir les infirmiers de l'hôpital militaire situé à la porte de Thionville. On transporta le blessé à l'hôpital où, vers 3 heures, il fut pansé par un médecin militaire. Sa femme appelée en toute hâte demanda qu'on allât chercher un prêtre. Celui-ci administra les derniers sacrements au malade. M. Baugenez demeure à Woippy, il est âgé de 50 ans. Son fils unique fait en ce moment son service militaire au corps de la garde à Berlin. (LL)

Mardi 28 février 1905
Woippy. Un drame épouvantable s'est déroulé cette nuit non loin de la gare de Devant-les-Ponts, entre le dépôt d'artillerie et la voie du chemin de fer. M. Baugenez, un rentier très connu et estimé à Woippy, revenait de Maizières par le train de minuit et en quittant la gare de Devant-les-Ponts il prit, pour abréger la route qui le conduisait à Woippy, le chemin couvert de crasse qui est connu sous le nom de « chemin noir ».
En arrivant près du dépôt d'artillerie, la sentinelle croyant voir, sans doute, un espion, tira deux coups de feu et le malheureux B. fut tué sur le coup. Telle est, du moins, la nouvelle qui nous est transmise à l'instant par le téléphone.
De plus amples détails manquent, mais on conçoit quelle profonde indignation ce tragique incident provoque dans toute la localité.
Rien ne semble justifier l'attitude de la sentinelle et on est en droit d'attendre une sérieuse enquête de la part de l'autorité militaire. On se demande si la sentinelle est en droit de tirer, quand il arrive à un voyageur de s'égarer la nuit dans un passage interdit ? Ne serait-il pas plus humain de remettre le voyageur sur son chemin ? Il peut très bien se produire que le mot d'ordre « halt » ne soit pas entendu et on frémit d'horreur quand on songe qu'en pareil cas un coup de feu vient abattre le malheureux qu'un simple hasard conduit sur ce terrain militaire. (LM)

Mercredi 1er mars 1905
Woippy. (Tué par un factionnaire)
La nouvelle de l'événement tragique qui s'est déroulé dans la nuit de dimanche à lundi non loin de la gare de Devant-les-Ponts, a causé une grande émotion à Woippy. Nous n'avons que peu de renseignements à ajouter à ceux que nous avons donnés hier. M. Baugenez avait passé la journée de dimanche à Maizières et était revenu par le dernier train à la gare Devant-les-Ponts, où il avait pris le chemin longeant la ligne de chemin de fer. Le factionnaire affirme avoir, conformément à sa consigne, poussé les trois appels réglementaires. M. Baugenez n'a-t-il pas répondu, ou bien aurait-il mal répondu au militaire dont il ne comprenait pas les paroles ? C'est ce qu'on ignore.
Le factionnaire ayant tiré, ne se serait pas occupé du blessé. Un jeune homme de Woippy, employé du chemin de fer, entendant le coup, serait venu et aurait reconnu M. Baugenez. Il téléphona pour appeler le médecin et le gendarme. M. Baugenez fut transporté à l'hôpital militaire où il est mort hier matin à 10 heures et demie, après avoir été administré, ainsi que nous l'avons rapporté. L‘après-midi son corps a été transporté à Woippy où il sera enterré jeudi. (LL)

Mercredi 1er mars 1905
Woippy. Sentinelle homicide.
Nous recevons les détails complémentaires suivants au sujet de ce tragique événement dont nous avons parlé dans notre numéro hier.
Pour regagner ses pénates en revenant de la gare, M. Baugenez prit, comme nous l'avons annoncé, le sentier connu sous le nom de « chemin noir ». Au moment où B. arrivait près du dépôt qui se trouve à proximité de la gare de Devant-les-Ponts et qui contient, paraît-il, le matériel pour un chemin de fer dans le cas de guerre, le factionnaire cria à deux reprises différentes son « halt » ; B. qui ne comprenait pas un mot d'allemand, ignorait sans doute que ce mot d'ordre pût s'adresser à lui, continua tranquillement son chemin sans donner de réponse.
Au troisième appel, le factionnaire tira. Le premier coup fut manqué, mais au second la balle entre dans la poitrine tout juste à côté du cœur, elle pénétra dans les poumons en faisant un détour et sortit de nouveau par le même côté, un peu au-dessus de la cavité abdominale.
Le malheureux Bogenez gisait là dans son sang et serait resté plus longtemps encore dans cette fâcheuse situation sans l'intervention d'un garde-voie nommé Remiatte qui était par hasard de service non loin de là. Ayant entendu les coups de feu, il vint près du factionnaire et chercha à en connaître la cause, mais il ne put obtenir aucune réponse. R. se dirigea alors du côté d'où était parti la détonation et trouva B. étendu à terre en proie à d'horribles souffrances. A la lueur de la lanterne, il le reconnu aussitôt et lui dit : « Comment, c'est toi, mon pauvre Baugenez ! ». Sans perdre un instant, le garde-voie courut chercher des secours et le blessé fut transporté à l'hôpital militaire où un médecin militaire vint le panser vers 3 heures.
En apprenant la fatale nouvelle, Mme Baugenez, que l'absence prolongée de son mari avait plongée dans des transes morbides, s'évanouit ; elle retrouva néanmoins assez de forces pour se rendre au chevet du pauvre blessé, qui rendit le dernier soupir vers dix heures du matin après avoir enduré les plus cuisantes douleurs.
Cet acte a soulevé dans toute la région une émotion très compréhensible.
Les uns prétendent que la sentinelle est un jeune soldat qui était de faction pour la première fois. On se demande aussi pourquoi le poste s'est refusé de renseigner le garde-voie. S'il lui avait dit ce dont il s'agit l'infortuné Baugenez aurait été secouru au moins une demi-heure plus tôt. Chaque seconde doit cependant compter, quand un homme qui vient d'avoir la poitrine transpercée par une balle est étendu à terre et se sent seul dans la nuit. (LM)

Mercredi 1er mars 1905
Faits divers. Dans la nuit de dimanche à lundi, M. Joseph Baugenez, cultivateur à Woippy, a été grièvement blessé par un poste militaire. Vers une heure du matin, rapporte le Lorrain, M. Baugenez se trouvait près d'un dépôt à proximité de la gare de Devant-les-Ponts qui contient le matériel pour un chemin de fer dans le cas de guerre. Le factionnaire cria par deux fois son « Qui vive ? » en langue allemande ; M. Baugenez ne comprenant pas, ne donna pas réponse. Au troisième appel, le factionnaire tira. La balle entra dans la poitrine tout juste à côté du cœur, pénétra dans les poumons en faisant un détour et sortit de nouveau par le même côté, un peu au-dessus de la cavité abdominale. Après le coup malheureux, l'un des factionnaires voisins se hâta d'aller avertir les infirmiers de l'hôpital militaire situé à la porte de Thionville. On transporta le blessé à l'hôpital où, vers 3 heures, il fut pansé par un médecin militaire. Sa femme appelée en toute hâte demanda qu'on allât chercher un prêtre. Celui-ci administra les derniers sacrements au malade. M. Baugenez demeure à Woippy, il est âgé de 50 ans. Son fils unique fait en ce moment son service militaire au corps de la garde à Berlin. (GdL)

Jeudi 3 mars 1905
Woippy. Ce matin, à 10 heures, ont eu lieu au milieu d'une affluence considérable les obsèques du malheureux Baugenez tué, comme on le sait, par une sentinelle, sans la nuit de dimanche à lundi. (LM)

Samedi 4 mars 1905
Woippy. (Tué par un factionnaire)
Les obsèques de M. Baugenez, propriétaire, qui a trouvé la mort dans des circonstances que nous avons rapportées, ont eu lieu hier, jeudi matin, en présence d'une assistance très nombreuse de la population. Le deuil était conduit par le fils du défunt qui fait actuellement son service militaire dans la garde à Berlin. Près de la tombe, les assistants ont été profondément émus par les cris et les larmes de Mme veuve Baugenez et de son fils. (LL)

Samedi 5 mars 1905
Woippy. Bien que la malheureuse victime de la sentinelle homicide ait été enterrée jeudi, l'émotion à Woippy et dans toute la région est loin d'être calmée. Toute la population de Woippy et des environs assista aux obsèques, afin de témoigner à la famille éprouvée la part qu'elle prend à son malheur et en même temps pour montrer son indignation devant un acte aussi révoltant.
Quelles que soient les raison alléguées pour excuser la sentinelle, rien ne saurait apaiser le mouvement soulevé dans toute la population. Le 98ème régiment d'infanterie dont fait partie la sentinelle homicide avait envoyé une couronne et deux soldats à l'enterrement.
Espérons que là ne se bornera pas la satisfaction que l'administration militaire doit à la victime et à sa famille éplorée. On ne s'en douterait vraiment pas quand on pense que le fils, revenu de Berlin où il sert dans la garde, reçut, paraît-il, au moment où le convoi allait se mettre en mouvement, une dépêche de son régiment le mettant en demeure de ne pas prolonger son congé et de renter au plus tôt.
D'après une nouvelle version, il aurait obtenu un sursis de huit jours. (LM)

Dimanche 12 mars 1905
L'incident de Woippy. Nous apprenons que M. le Dr Max de Jaunez, député de Metz, a eu jeudi, à Berlin, un assez long entretien avec le ministre de la guerre sur le malheureux incident de Woippy. Au cours de cet entretien, le ministre de la guerre a déclaré à M. de Jaunez qu'une enquête minutieuse se poursuit déjà sur cet incident. Les constatations faites jusqu'à présent semblent démontrer que la sentinelle a agi contrairement à ses instructions, de sorte que ce déplorable événement est dû, non pas à la rigueur des instructions, mais bien à la coïncidence de plusieurs circonstances fâcheuses que le résultat de l'enquête ne manquera pas de mettre en lumière. Sur la demande de M. le député, le fils de la victime a obtenu sans retard un assez long congé qu'il passera auprès de sa mère. (GdL)

Dimanche 12 mars 1905
Tué par une sentinelle. Le cas de M. Baugenez, de Woippy, blessé mortellement par un factionnaire sur le chemin qui longe le chemin de fer entre Devant-les-Ponts et Woippy, a été soulevé jeudi à la commission du budget du Reichstag par M. Erzberger, député du Centre. Le général von Einem, ministre de la guerre, a donné l'assurance que l'affaire serait l'objet d'une enquête et que Mme Baugenez recevrait une indemnité. (LL)
Même article dans la Gazette de Lorraine du 14 mars avec le titre « Reichstag ».

Jeudi 15 mars 1905
Woippy. M. Emile Bombardier, aubergiste à Saint-Remy, écart de Woippy, était parti lundi en voiture pour aller chercher du vin à Norroy-le-Veneur. En route, son compagnon remarqua que M. Bombardier s'était affaissé et le crut endormi, mais il avait cessé de vivre : une attaque avait mis fin à ses jours. (GdL) (LL)

Vendredi 16 mars 1905
Woippy. Ecrasé par sa voiture.
Un affreux accident avec mort d'homme s'est produit l'avant-dernière nuit sur la route de St-Remy, près Woippy.
M. Bombardier, aubergiste à St-Remy, était allé avec sa voiture chercher du vin dans le pays vignoble. Il arrivait d'Olgy et venait de passer la Moselle, lorsqu'il tomba de la voiture, c'est du moins que l'on suppose, puisqu'il voyageait seul et qu'il ne reste donc pas de témoin pour raconter comment l'accident est arrivé. Toujours est-il que l'on vit l'attelage arriver à St-Remy, seul, sans conducteur.
On juge de l'émotion de la famille pressentant un malheur. On se rendit à la recherche de M. Bombardier et on le trouva étendu mort au milieu de la grande route.
Les roues de la voiture lui avaient passé sur le corps. La mort avait dû être instantanée.
Comme on pense, cette nouvelle a produit une profonde émotion dans le pays, où la victime était bien connue et estimée.
On suppose que la fatigue ayant endormi la malheureux, il sera ainsi tombé de son siège, ou encore qu'un vertige lui ayant fait perdre l'équilibre, il aura ainsi roulé sous les roues de la voiture. (LM)

Vendredi 17 mars 1905
Le drame de Woippy.
Nous avons raconté que M. le Dr Max de Jaunez, député de Metz, avait fait des démarches auprès du ministre de la guerre afin d'obtenir une enquête sur le drame de Woippy et une faveur pour le fils de la victime. L'enquête est commencée et, quant à la faveur demandée, le Messin apprend que le congé indéterminé que le député avait obtenu pour le fils Baugenez en service à Berlin vient d'être transformé en un congé définitif.
On ne peut que féliciter et M. le député de Metz de ses démarches si heureusement efficaces et la famille si éprouvée de ce résultat consolant qui lui rend le fils après la perte si tragique du père. (GdL)

Vendredi 24 mars 1905
Woippy.
- Tentative de vol.
Dans la nuit de mardi à mercredi des voleurs ont cherché à s'introduire chez M. A. Gérard, boucher dans cette localité.
Les malfaiteurs avaient déjà franchi la grille, mais le bruit occasionné par le bris d'une vitre donna l'éveil aux habitants de la maison qui se levèrent aussitôt. Les voleurs s'empressèrent naturellement de quitter le terrain. (LM)

- A la suite de l'intervention de MM. Jaunez, Erzberger et Tischmacher, le ministre de la guerre a fait ouvrir une enquête sérieuse au sujet du meurtre de ce pauvre Baugenez.
L'interrogatoire des témoins à la maison d'arrêt a commencé hier. (LM)

Mardi 28 mars 1905
La fraisière. Une nouvelle interdiction. On nous écrit :
Cette fois, il ne s'agit pas de cimetière, mais d'une grotte de Lourdes et l'intéressante correspondance que nous recevons et publions ci-dessous prouvera que l'intolérance s'attaque même au culte de la Vierge. Drôle de moyen d'apaiser les consciences.
« Dans notre village, il y a une église et un curé ; ce n'est pas étonnant, me direz-vous, car des curés il y en a partout et même ailleurs et des églises, on en construit plus que partout. Oui, mais à côté de cela, il y avait une bonne paroissienne bien pieuse, ce qui est plus rare, car il y a des paroisses où l'on ne trouve plus de piété chez aucune paroissienne. Donc, je continue.
La brave femme ayant eu un de ses enfants malade s'en va faire avec lui le pèlerinage à Lourdes, promettant à la Vierge, dans le cas où son fils guérirait, de faire ériger dans notre commune une reproduction commémorative de la grotte de Bernadette. L'enfant, cependant, mourut. La bonne mère, malgré cela, pensant que d'autres malheureuses mamans, dans des cas similaires, ne pourraient pas se payer le voyage de Lourdes et voulant leur donner la consolation de pouvoir, aux pieds de la Vierge, soit demander la guérison de leur enfant, soit exhaler leur douleur de l'avoir perdu, résolut quand même de faire ériger la grotte promise et en parla à notre curé, qui accueillit l'idée avec la plus grande allégresse.
La grotte fut donc construite près de l'église et une magnifique statue de la Vierge y fut installée, et l'érection du monument se fit en grande solennité avec toutes les pompes accoutumées. Malheureusement, après coup, une idée plus que drolatique germa dans la boîte crânienne de notre Môssieur le Curé. Lors de la neuvaine de l'Assomption, il prétendit que seules les demoiselles de la Congrégation avaient le droit de chanter devant la grotte et, comme la généreuse donatrice avait fait emplette de cantiques imprimés pour que tout le monde pût chanter les louanges de la Vierge, notre Môssieur le Curé la traita d'imbécile!! Le peuple chanta tout de même, et notre curé furieux a débéni la grotte, l'a mise en interdit tout comme un simple cimetière et défend à ses paroissiens de s'agenouiller devant la belle statue de la bonne Vierge dont ils étaient si fiers. Une pauvre femme même ayant eu une vache malade eut la malencontreuse idée de s'agenouiller devant la grotte pour demander la guérison de sa bête. La vache mourut néanmoins, et le curé qui avait vu la bonne femme priant, prétendit que la mort de sa vache était due à son impiété pour avoir prié dans un endroit défendu par lui.
Les orphelins de Metz, sous la conduite de leurs bien-aimées gardiennes, vinrent par hasard chez nous et allèrent, sous la conduite de leur bonne sœur, prier Notre-Dame de Lourdes. Une sœur sacristine vint leur déclarer qu'il était défendu de prier là !
Notre curé, qui pousse la politesse jusqu'à ne pas rendre à ses paroissiens protestants le salut que ceux-ci lui accordent, crache par terre en passant devant la grotte interdite. On se demande si un jour il ne lui prendra pas fantaisie de se poster par là avec son martinet à nœuds pour fustiger ceux de se paroissiens qui arriveraient à enfreindre son interdit renversant.
Les gens sérieux ne font que hausser les épaules, mais les gamins de notre école communale ont composé une chanson sur un air de la Mascotte, et dans les rues, on n'entend plus que ce refrain : “ Ah! Nous n'avons plus Laurent! ”
A noter que le prédécesseur de notre Môssieur le Curé actuel, quoique éreinté par son successeur, ne vient pas à la Fraisière sans aller s'agenouiller et prier longuement devant la grotte litigieuse, appelant sans doute les lumières spirituelles sur ce frère dont l'esprit semble atteint d'une étrange maladie. W. Pie » (LM)

Vendredi 31 mars 1905
Tué par une sentinelle. Le soldat Ewald Böhle, de la 7ème compagnie du 9ème régiment d'infanterie, comparaîtra le vendredi, 7 avril prochain, devant le conseil de guerre du gouvernement, sous l'accusation d'avoir, le 27 février dernier, tué par négligence M. Baugenez, rentier à Woippy. (LL) (GdL du 1er avril)

Dimanche 2 avril 1905
Un démenti. Jeudi, la Volksstimme a publié l'entrefilet que voici :
« Démenti. Suivant des informations qui nous arrivent se source absolument autorisée, nous sommes en mesure d'opposer un démenti formel aux allégations des feuilles libérales de Metz qui ont prétendu que c'était le député M. le Dr Max Jaunez qui s'était employé pour l'ouverture d'une enquête au sujet de la mort de Baugenez, respectivement pour le payement de dommages-intérêts à la famille et la libération du fils du service militaire. Ces résultats ont été obtenus, non pas par le député M. le Dr Max Jaunez, mais bien par le député du Centre, M. Erzberger. »
La Volksstimme, dans la haine qu'elle a vouée à M. de Jaunez, ne semble pas connaître de bornes. Nous nous sommes adressés à notre député en personne et nous avons pu établir ce qui suit :
Aussitôt après le malheureux incident, le 1er mars, M. le député a procédé sur les lieux à une enquête, à la suite de laquelle il a adressé le télégramme authentique suivant au ministre de la guerre :
« Ministre de la guerre von Einem à Berlin. Mort du cultivateur Baugenez de Woippy occasionnée par poste militaire à Devant-les-Ponts, arrondissement de Metz-campagne, a provoqué dans la population vive indignation. Veuve n'a comme seul soutien que son fils Lucien, actuellement dans le régiment des grenadiers de la garde, 7ème compagnie. Pris votre Excellence de faire prolonger de quelque semaines la permission accordée à ce fils par le régiment jusqu'à ce qu'une décision soit intervenue au sujet de la réclamation qu'il a faite. »
Le 9 du même mois, M. le député a eu à Berlin, au ministère, avec M. le ministre de la guerre un entretien au cours duquel la libération du fils Baugenez du service militaire a été accordée, et les résultats de l'enquête officielle obtenue jusqu'alors lui ont été communiqués en détail par M. le ministre. M. le député nous a ensuite fait connaître par télégramme l'issue de son entrevue.
C'est le 10 mars seulement que M. Erzberger, député du Centre, a parlé de l'affaire au sein de la « commission », donc longtemps après que le député de Metz eut fait toutes les démarches que réclamaient et l'intérêt de la famille et celui de la population. Plus tard, nos lecteurs s'en souviendront, notre député a également porté l'affaire à la tribune du Reichstag.
Ceci dans l'intérêt de la vérité et pour montrer avec quels moyens la Volksstimme s'efforce de tromper le public.
Le 3 mars, M. Max de Jaunez a adressé de Sarreguemines à M. Hennequin, maire de Woippy, la lettre suivante :
« Monsieur le Maire,
Je viens vous remercier des renseignements que vous avez eu l'obligeance de donner à mon secrétaire et dont je tâcherai de faire bon usage.
J'ai fait, auprès du ministère de la guerre, des démarches pour la libération du grenadier Baugenez. Veuillez en informer la veuve, et agréer, Monsieur le Maire, l'expression de mes sentiments bien dévoués. Signé : Max Jaunez. »
Le lendemain, M. le député de Metz a encore écrit la lettre ci-dessous :
« Monsieur Hennequin, Maire, Woippy,
Comme suite à ma lettre d'hier, par laquelle je vous ai informé des démarches faites de ma part auprès du ministre de la guerre, je viens vous prier de faire ce qui suit :
1° Conseiller au fils Baugenez de demander au chef de sa compagnie une prolongation de son congé ;
2° Engager la veuve Baugenez à adresser par votre intermédiaire, en votre qualité de Maire de Woippy, au Kreisdirektor de Metz, une requête pour la libération complète de son fils Lucien.
Je vous remercie à l'avance et vous prie de croire à mes sentiments bien dévoués. Signé : Max Jaunez. »
Mme veuve Baugenez, de son côté, a adressé à M. Max de Jaunez la lettre ci-après, datée de Woippy, le 21 mars 1905 :
« Monsieur le député,
J'ai été profondément émue en apprenant votre généreuse intervention auprès du ministre de la guerre pour obtenir la libération de nom fils. C'est pour vous témoigner toute ma reconnaissance que je vous adresse cette lettre, et pour vous dire quelle consolation j'ai éprouvée en me sentant soutenue dans la malheur cruel qui vient de nous frapper et dont je ne pourrai jamais me consoler.
Croyez-bien, Monsieur le député, que nous avons été très sensibles à l'attitude que vous avez prise dans ce tragique incident et que personne n'oubliera. Nous nous estimons heureux d'avoir un député si dévoué aux intérêts des ses électeurs, et nous reconnaissons tous qu'il a depuis longtemps mérité notre confiance et notre sympathie.
Mon fils a été renvoyé aussitôt après l'entretien que vous avez eu à Berlin, et bien que son congé ne soit pas encore définitif, j'espère qu'il le sera bientôt.
En vous exprimant une fois encore mes remerciements le plus sincères, je vous prie d'agréer l'assurance de ma très haute considération.
Signé : veuve Baugenez. » (GdL)

Dimanche 9 avril 1905
Metz. 8 avril. Hier le soldat Böhle, du 98ème d'infanterie, qui, dans la nuit du 26 au 27 février, a tué à Devant-les-Ponts M. Baugenez de Woippy, a été condamné par le conseil de guerre à huit mois de prison pour meurtre, usage illicite de son arme et infraction aux instructions qu'il avait reçues. (GdL)

Samedi 8 avril 1905
Tué par une sentinelle. Le Conseil de guerre du gouvernement militaire a eu à juger hier vendredi le cas du militaire qui, étant de faction, a tué d'un coup de fusil, M. Baugenez, rentier à Woippy. 15 témoins et deux experts ont été cités. Parmi les premiers se trouvaient Mme veuve Baugenez, en grand deuil, accompagnée de son fils. (…) (LL)

Mardi 11 avril 1905
Conseil de guerre. Compte-rendu du jugement du soldat Böhle. (GdL)

Dimanche 16 avril 1905
L'affaire de Woippy. Nous apprenons de bonne source que le soldat Böhle qui a tué M. Baugenez n'a pas formé appel contre la sentence du conseil de guerre le condamnant à huit mois de prison. (GdL)

Dimanche 23 avril 1905
Tribunal correctionnel de Metz, audience du 18 avril.
Alfred Traus, âgé de 43 ans, directeur de la fabrique de conserves alimentaires à Maison-Rouge, commune de Woippy, comparaît sous l'accusation d'un délit prévu par l'article 82 de la loi concernant le Sociétés à responsabilité limitée. Trauss était autrefois seul propriétaire de ladite fabrique. En 1903, cette fabrique fut transformée en une Société par actions à responsabilité limité dont l'accusé fut nommé directeur. Le 24 août 1903, il fit au greffe du tribunal cantonal de Metz, section des registres de commerce, la déclaration prescrite par la loi, en affirmant que le montant de toutes les actions avait été versé et qu'il pouvait en disposer, tout en sachant qu'il manquait encore une somme de 10 000 marks. Cette déclaration était donc contraire à la vérité. Le tribunal le condamne de ce chef à une amende de 100 marks. (LL)

Vendredi 12 mai 1905
Bellevue (commune de Norroy-le-Veneur). Tentative d'assassinat. On nous écrit, le 9 mai : « Dans la nuit du 7 au 8 mai, trois malfaiteurs se sont jetés sur M. Pierre Bettinger, propriétaire à Bellevue, à onze heures du soir, devant sa maison, et l'ont assommé de coups, en voulant l'étrangler.
Avertis par les cris de B., M. et Mme Velter sont accourus et les malfaiteurs ont pris la fuite aussitôt. Ces individus sont connus, l'un sous le nom de Mathias Essel, cantonnier à Bellevue ; les deux autres sont des ouvriers terrassiers de Mont-Saint-Holzmann. La justice a été avertie ». (LL)

Samedi 3 juin 1905
Des coteaux vignobles. On nous écrit :
« Monsieur le rédacteur,
Dans votre numéro du mardi 28 mars 1905, vous avez relaté quelques incidents au sujet de cette belle grotte de Lourdes, établie devant l'église de Woippy par Madame veuve Baugenez. Entre autres choses il était question d'une interdiction de prier devant cette grotte. Je puis confirmer cette allégation, car pareille chose m'est arrivée dimanche dernier. Après avoir mis ma petite offrande, je me tenais bien tranquillement devant la grotte en faisant une petite prière et en même temps en me faisant un plaisir d'examiner ce beau travail.
Tout à coup le bedeau de la paroisse s'approcha et, il faut le dire, me dit bien poliment : « Monsieur, il faut partir d'ici, il est défendu de rester là ». Comme je m'étonnai de cette défense, en ripostant que je ne faisais aucun tapage, et que, par conséquent, je ne devais gêner personne, le bedeau me réitéra l'interdiction de stationner là.
Partout ailleurs, cependant, où il existe semblable grotte, il ne viendrait à l'idée de personne d'en chasser ceux qui y viennent sans manquer aux convenances. Et j'ai été amené à me demander si peut-être le bedeau n'agissait pas de son propre chef pour des raisons connues de lui seul. En donnant la publicité à ce qui précède, peut-être aurons-nous la clé de l'énigme en même temps que la levée d'une interdiction aussi bizarre et que personne ne s'explique. X. » (LM)

Dimanche 4 juin 1905
La liberté individuelle.
On se souvient de l'arrestation, survenue au mois de novembre dernier, de M. Alfred Trauss, fabricant à Maison-Rouge, sous l'inculpation d'incitation au faux serment. M. Trauss qui avait été arrêté sur la dénonciation d'un ancien employé de sa maison, et remis en liberté provisoire le 30 novembre, vient de bénéficier d'une ordonnance de non-lieu.
A ce sujet, M. Trauss nous adresse la communication suivante, que nous nous faisons un devoir d'insérer :
« Maison-Rouge, le 2 juin 1905.
Me référant à votre numéro du 19 novembre dernier par lequel vous annoncez mon arrestation préventive sur la délation d'un ancien employé peu recommandable, je vous prie d'offrir à vos lecteurs les lignes explicatives suivantes. Elles donneront à mes amis, les industriels et négociants de Metz, les motifs qui peuvent engager un procureur impérial à faire arrêter un honnête homme.
J'ai eu, en 1901, sur l'instigation d'un ancien ouvrier, un procès dans lequel celui-ci comparut comme témoin contre moi. Mes deux comptables L. et Z. témoignèrent en ma faveur. Le procès terminé, l'ouvrier poursuivit la carrière qui lui était tracée par ce témoignage honteux, il devint escroc, faussaire, voleur, et finit par se confirmer lui-même comme menteur dans un autre procès, où il comparaissait comme témoin.
Six mois plus tard, l'un de mes comptables, M. L. appartenant à une excellente famille, quitta ma maison pour améliorer sa situation, tandis que Z. continua à être employé par la Société qui avait repris mon établissement.
Z. avait subi précédemment une peine d'une année d'emprisonnement pour faux en écritures. Tant par philanthropie que sur se instances et sur les recommandations de personnes notables de Metz, je finis par l'engager dans l'espoir d'en faire un employé honnête et un bon père de famille. Au début, sa conduite et son travail furent exemplaires ; plus tard, il se livra à la débauche et finit par contracter des emprunts et faire des dépenses non proportionnées à ses émoluments. C'est alors qu'il fit des escroqueries en imitant ma signature. Ses parents, gens honnêtes et respectables, s'empressèrent de couvrir le montant de sommes volées sous condition de passer l'affaire sous silence. Z. avait pris la fuite en abandonnant sa femme et ses enfants pour dépenser à Paris le produit de son vol. A bout de ressources, talonné par la misère, non capable d'un effort d'énergie, il essaya quelques chantages sans réussites pour finalement se constituer prisonnier à Metz. C'est alors qu'il avoua son délit d'une manière cynique pour se voir infliger trois ans de prison comme récidiviste.
Je comparus comme simple témoin dans cette affaire, ayant l'impression que Z., dépourvu de tout sens moral et trop lâche pour travailler, s'était rendu à la justice pour obtenir son entretien gratuit dans les prisons de l'Etat. Il en fut autrement, car Z. tenait à se venger de celui qui avait découvert ses escroqueries. Il y réussit auprès d'un procureur en lui racontant qu'il avait prêté, de concert avec son collègue, M. L., et sur ma demande, un faux serment dans mon procès en 1901. Ces assertions étaient accompagnées d'autres allégations mensongères que le procureur dut reconnaître comme étant dépourvues de vérité.
Le juge d'instruction eut soin de tenir son instruction secrète. On s'adressa d'abord à mon ancien ouvrier. Quel fut l'étonnement du bon fonctionnaire en découvrant que les témoignages des deux tristes individus étaient identiquement les mêmes. Loin de lui l'idée que le témoignage de Z. pour paraître véridique devait répéter ce que l'ouvrier avait dit en 1901. Il échappa à sa perspicacité que Z. avait assisté aux débats et en connaissait tous les détails.
M. L. fut interrogé à son tour. Il déclara hautement que l'accusation de Z. n'était qu'un tissu de mensonges et qu'il maintenait son témoignage donné en 1901.
Ignorant des menées, je fus étonné à ma rentrée de voyage le 8 novembre d'apprendre que le juge d'instruction, M. Opler, Landgerichtsrat, actuellement à Strasbourg, m'avait rendu visite avec tout un attirail judiciaire. Il exigea la remise des copies de lettres ayant trait au procès de 1901, ce que l'on fit avec empressement. Il dut se rendre compte que sa mise en scène était superflue, car je lui remis sans difficultés tous les livres ayant trait à l'affaire. En même temps, je lui demandais des explications sur se manière d'agir. Les voici :
Les assertions de Z. avaient trouvé une oreille attentive auprès du juge qui me fit remarquer qu'il manquait des feuilles dans certaines copies de lettres, feuilles qui selon son opinion avaient dû reproduire des lettres compromettantes. Z. lui avait dit que j'avais fais disparaître ces feuilles pour les remplacer par des feuilles blanches sur lesquelles on aurait copié des lettres traitant un autre sujet. Il convint, cependant, que ce remplacement n'avait pas eu lieu, que le répertoire de chaque livre était intact et qu'il lui était facile de s'assurer du nom de mes correspondants et du contenu de mes lettres en général. Je lui citais des témoins pouvant prouver que Z., quelques jours avant sa fuite, s'était occupé pendant des heures dans la chambre où se trouvaient mes archives et où il n'avait rien à faire. A mon insu, il lui avait été facile d'arracher des paquets de feuilles et de les faire disparaître dans l'espoir de créer quelques complications. C'était l'acte hâtif et non réfléchi d'un malavisé qui laissait subsister les moyens de faire les recherches. Malgré mes explications claires et nettes, cette histoire avait pris racine dans l'idée de mon juge.
Ceci établi, je me permets de poser les questions suivantes aux négociants et industriels soucieux de leur liberté individuelle et de celle de leurs concitoyens : Est-il possible d'arracher des feuilles usagées et foliotées d'un copie-lettres et de les remplacer par d'autres identiquement pareilles ?
Cette opération faite, il s'agit de copier sur les nouvelles feuilles des lettres traitant un autre sujet, mais se rapportant exactement avec les demandes et réponses des correspondants, chose matériellement impossible vu le grand nombre de cas et la diversité des sujets.
En admettant même, la possibilité des deux opérations précédentes, faut-il alors se rendre chez chaque correspondant pour le prier de remettre l'original de la première lettre, qui sera remplacée par la seconde édition ? Que répondront les correspondants à cette demande et quel est l'industriel qui se prêtera à cette démarche ? Et puis ne seraient-ils pas là avec leurs noms au répertoire pour certifier cet échange de lettres à la première requête du juge ?
Toute personne sensée, au courant des affaires commerciales, résoudra ces questions en ma faveur et personne ne croira à cette accusation qui ne tient pas debout. Il en fut cependant autrement d'un procureur et d'un juge d'instruction. Le 18 novembre, on me mit aux arrêts. Le 15 décembre, M. L. me suivit. L'honneur de deux personnes sans tâche était à la merci de la délation d'un coquin.
Les raisons qui firent maintenir nos arrêts furent aussi futiles que celles qui procédèrent à notre arrestation. Enfin, après 42 jours, l'instruction de notre affaire était achevée, et le 31 décembre, on nous rendit la liberté.
Cette mise en liberté ne fut pas un acte de clémence. Le juge d'instruction avait déployé un zèle infatigable pour établir ma culpabilité. Mais tous les témoignages plaidèrent en ma faveur, toutes les recherches aboutirent à mon innocence. Le juge d'instruction ne possédait plus contre moi que l'accusation insensée d'un criminel.
Conclusion : L'administration soupçonna Z. d'aliénation mentale et le mit entre les mains de spécialistes.
Alfred Trauss. (LM)

Mercredi 28 juin 1905
Woippy. Un train spécial, composé de neuf wagons remplis de fraises, est parti à destination de Sarrebruck, et pour la région du Rhin ; il y avait au moins 30 000 kilos de ce fruit délicieux. La pluie d'hier et d'avant-hier n‘a pu que contribuer à une excellente production de fraises et les habitants de Woippy se souhaiteraient d'avoir chaque année une aussi bonne saison. (CdMe)

Mercredi 28 juin 1905
Saulny-Bellevue. Adjudication.
Mercredi, 14 juin, a eu lieu au bureau de la fortification de Metz, l'adjudication des travaux de terrassement et de construction pour une route allant de Saulny à Bellevue. (LM)

Vendredi 30 juin 1905
La saison des fraises. La saison des fraises touchera bientôt à sa fin. Elle ne dure qu'environ trois ou quatre semaines. La récolte de 1905 a été très favorable. Il y a eu peu de fruits qui soient soumis aux caprices de la température comme la fraise. Elle exige un temps chaud et frais, elle craint le froid et ne supporte pas une trop grande chaleur ni une sécheresse trop prolongée, car les fruits périraient sur la tige et ne mûriraient pas. La fraise est l'objet d'une culture spéciale dans les localités de Woippy, Norroy-le-Veneur, Semécourt, Devant-les-Ponts et Lorry-lès-Metz. Cette culture remonte à environ 1740, époque à laquelle on a commencé à planter les premières fraises dans les jardins de Woippy. Mais il est un fait certain que les fruits et les légumes du pays n'ont acquis leur renommée que par la fabrique de conserves de M. Moitrier, il y a une trentaine d'années. A partir de cette époque, la culture des légumes et des fruits a augmenté dans les environs de Metz d'une manière prodigieuse, à tel point que, dans l'espace de quatre semaines, 500 000 kilos de fraises sont expédiés dans toutes les directions et à un grand nombre de fabriques de conserves.
Les trois sortes de fraises préférées sont la longue Marguerite, les rondes Laxton, nommées aussi la Ronde, et la Sirharri. Les deux premières sortes ne se prêtent qu'à une consommation immédiate, tandis que la troisième est expédiée dans les fabriques de conserves.
La culture des fraises est très rémunératrice. Il y a des familles pauvres qui louent des champs pour planter des fraises. Une plantation peut durer cinq à six ans. La culture des framboises est moins considérable à Woippy et dans les environs que celle des fraises.
Dimanche dernier, dit la Metzer Zeitung, à laquelle nous empruntons ces détails, un train supplémentaire se composant de neuf wagons de fraises est parti pour Sarrebruck et pour la contrée du Rhin. Il y en avait plus de 300 quintaux. Le prix de gros était de 20 pf. la livre dimanche dernier. Cependant hier encore, un marchand de Sarrebruck en offrait encore 24 pf.
Entre-temps, les consommateurs de Metz paient toujours un prix exagéré au marché. (LL)

Woippy. La saison des fraises.
La récolte des fraises a subi le contre-coup des fréquents orages de la semaine dernière. Les fraises se vendaient il y a trois jours seulement 10 à 12 pf. La livre. Les framboises, qui jouent aussi un rôle considérable dans le mouvement actuel de la vente journalière, se vendent à raison de 30 pf. la livre. (LL)

Dimanche 9 juillet 1905
Woippy. Les fraises.
La récolte des fraises n'a pas atteint les résultats espérés et les producteurs sont, paraît-il, loin d'être satisfaits. Leurs « Marguerite » ont eu beaucoup à souffrir de la gelée, c'est pourquoi elle n'ont pas donné grand chose.
Les pluies quotidiennes n'étaient pas précisément favorables aux autres espèces et si l'on ajoute à cela le prix minime auquel ces fruits se sont vendus pendant les dernières semaines, on s'explique que la récolte n'ait pu atteindre le chiffre de l'année dernière.
Espérons que les producteurs seront plus heureux avec les framboises. Dans tous les cas, la vigne promet beaucoup jusqu'ici aussi bien en quantité qu'en qualité. (LM)

Woippy. Bal. Demain dimanche, la jeunesse de Woippy donnera chez M. Hennequin un bal auquel elle invite ses amis et connaissances des environs. La fête promet d'être animée, c'est pourquoi les jeunes gens comptent sur une nombreuse affluence. (LM)

Dimanche 6 août 1905
Woippy. (Nécrologie). Nous apprenons avec un vif regret la mort, survenue ce matin à 7 heures, de M. Prosper Keller, ancien fermier à Saint-Eloy, conseiller d'arrondissement, décédé à l'âge de 69 ans. M. Keller était un homme d'un caractère éprouvé. Catholique profondément convaincu , il ne craignait pas d'affirmer publiquement ses sentiments. Toute sa vie avait été consacrée au travail. La ferme de Saint-Eloy était considérée à juste titre comme une exploitation modèle et la réputation de M. Keller comme éleveur s'était répandue au loin. Dans la vie publique, M. Keller a su se rendre utile à ses concitoyens comme membre du Comité agricole et comme conseiller d'arrondissement. Il était profondément dévoué à ses concitoyens et à son pays de Lorraine. M. Keller laissera le souvenir d'un homme d'honneur et de probité. Nous prions sa famille d'agréer nos bien sincères condoléances. R.I.P. (LL)

Mardi 8 août 1905
Woippy. (Les accidents du pétrole).
On nous téléphone ce matin que Mme Germain, de Saint-Remy, annexe de Woippy, a été victime hier soir d'un horrible accident. En voulant verser du pétrole dans un réchaud, elle commit l'imprudence de tenir la bougie allumée dans sa main. Le bidon de pétrole éclata et le liquide enflammé se répandit sur Mme Germain qui a été affreusement brûlée. Son état est désespéré. Sa belle-sœur, en voulant lui porter secours, reçu d'assez graves brûlures aux mains. (LL)

Mercredi 9 août 1905
Une assistance très nombreuse a rendu lundi les derniers devoirs à M. Prosper Keller, conseiller d'arrondissement, dont nous avons annoncé la mort.
Le deuil était conduit par les fils du défunt. On remarquait dans le cortège : M. le Directeur de l'arrondissement de Metz-campagne et Mme la comtesse de Villers-Grignoncourt ; M. Louis Pierson, député du Landesausshuss pour l'arrondissement de Metz-campagne et président du Conseil d'arrondissement ; M. Obellianne, maire de Magny et conseiller général ; MM. Caye, de Marange, Fonkenell, de Solgne, Grandidier, de Pouilly, Louis, de Sainte-Marie-aux-Chênes, conseillers d'arrondissement ; M. l'abbé Laurent, archiprêtre de Gorze, ancien curé de Woippy, et plusieurs membres du clergé, un grand nombre de notabilités du pays, etc. La vaste église de Woippy avait peine à contenir les assistants. Cette imposante participation aux obsèques de l'excellent homme qu'était M. Keller, est la meilleurs preuve de la considération et de l'estime dont il jouissait dans toute les sphères. (LL)

Ainsi qu'on le craignait, Mme Germain, de Saint-Remy, a succombé lundi matin aux affreuses brûlures qu'elle avait reçues la veille en voulant allumer un réchaud à pétrole.

Dimanche 20 août 1905
Norroy-le-Veneur.
On nous écrit : « Dans la nuit de jeudi à vendredi, cinq mauvais sujets tentèrent de dévaliser la maison du garde-barrière de Bellevue, une annexe de Norroy. Après de vains efforts pour enfoncer les portes qui leur résistaient, ils brisèrent toute la clôture extérieure. La femme du garde-barrière, qui se trouvait seule à la maison, son mari étant de service à la gare de Woippy, jugea prudent d'avertir son mari et courut au téléphone de la barrière pour lui donner connaissance du fait. Un quart d'heure s'était à peine écoulé qu'il arrivait avec un homme de service. Tous deux, trouvant encore ces étranges visiteurs dans leurs occupations, les accueillirent comme ils le méritaient. Comme les voleurs craignaient l'arrivée d'un renfort, ils prirent la fuite. L'un d'eux ne put s'échapper cependant et reçut une correction bien méritée. (LM)

Jeudi 24 août 1905
Melon aux fraises.
D'après Robert de la Salle, ami de Monselet, voici la recette du melon aux fraises, telle que la donne un de nos confrères.
Prendre un melon. Après avoir fait une ouverture circulaire autour de la queue, enlever la graine intérieure en ayant soin de ne pas attaquer la pulpe, puis introduire alternativement dans le melon deux cuillerées de sucre et une couche de fraises, jusqu'à ce qu'il soit rempli ; verser ensuite un peu de vin de Bordeaux pour combler les vides laissés par le sucre et les fraises ; reboucher hermétiquement le melon avec la partie enlevée et le laisser mariner vingt-quatre heures dans une cave ou un endroit très frais. (LM)

Vendredi 25 août 1905
Woippy. Les jeunes gens de Woippy invitent leurs amis et connaissances de Metz et des environs à prendre part à leur fête patronale qui sera célébrée les dimanche 27, lundi 28 et mardi 29 du courant. Grand bal sur plancher de 200 mètres carrés, jeux divers, etc. (LM)

Dimanche 27 août 1905
Woippy, on nous écrit le 25 août.
Permettez que je cite à ceux de vos lecteurs qui, comme moi, cultivent la terre, un exemple à méditer et peut-être à suivre. Samedi dernier, nous avions tous, dans le village terminé la moisson. Lundi matin, deux batteuses à vapeur, de Maizières, se sont installées dans la rue et ont commencé leur œuvre. Des voitures arrivent de tous côtés et amènent les céréales ; la rue est bordée de tas de gerbes et de paille, de sorte que par moment on a peine à passer, et les machines travaillent sans relâche ; tout le monde s'entraide, c'est un plaisir à voir ; les batteuses avancent lentement, mais sûrement et demain, samedi, elles seront au bout du village, et seigle, blé et avoine seront battus jusqu'au dernier épi. Demain le 26 août. Ah si grand-père voyait ça! A noter que le rendement, surtout du seigle, laisse à désirer. Tant pis! C'est tout de même beau, le progrès !

Mercredi 6 septembre 1905
Petite correspondance
S.E. à X. Il n'y a pas une seule fabrique de benzine en Alsace-Lorraine (celle que M. Traus avait fondée près de Woippy n'existe plus depuis six mois). Vous pouvez vous procurer de la benzine autant dire au prix de fabrique à la droguerie Wantz, rue Sainte-Marie à Metz. (GdL)

Dimanche 10 septembre 1905
Woippy. Nous avons dit l'autre jour dans la Petite Correspondance que la Fabrique de benzine fondée près de Woippy par M. Traus n'existe plus depuis six mois; On nous informe que c'est là une erreur. La « Société lorraine de raffinerie de benzine à Woippy » et son exploitation, nous dit-on jouissent encore de la protection des lois. L'assemblée générale n'a pris encore aucune décision relativement au sort de la Société, et on a tout lieu d'espérer que l'entreprise sera continuée. Dont acte. (GdL)

Samedi 16 septembre 1905
Tribunal des échevins, audience du 12 septembre.
Pour tapage nocturne devant la maisonnette d'un garde-barrière, près de Woippy, et pour avoir brisé une lanterne posée à côté de la barrière, l'ouvrier Georges Gœtz, de Metz, encourt un mois de prison et une semaine d'arrêt (GdL)

Mercredi 4 octobre 1905
Woippy. On nous écrit : Dimanche matin, un enfant de quatre ans, fils du coiffeur de cette localité, jouait paisiblement dans la cour sous la surveillance de son frère aîné, lorsqu'un verre à bière jeté d'une des fenêtres de la maison vint de briser en morceaux sur le pavé. L'enfant fut atteint par un éclat de verre et l'arcade sourcilière est grièvement blessée.
Il est heureux que cet accident n'ait pas eu des conséquences plus fâcheuses et on ne s'explique pas comment on peut agir avec une pareille légèreté, quand on sait que des enfants jouent sous vos fenêtres. (LM)

Mercredi 18 octobre 1905
Saulny. On nous écrit le 13 octobre.
Hier vers 10 heures du matin, un brave habitant de notre localité, M. Sch, cultivateur, s'est vu défoncé sa grange et disloquer sa façade par une automobile. C'était un auto militaire, montée par deux soldats et deux employés aux subsistances militaires et servant à effecteur le transport de houille et d'autres matériaux des magasins de la ville au fort Lothringen qui descendait à une allure déréglée la côte de Saulny. Les freins s'obstinant à ne pas fonctionner, le chauffeur pour éviter un accident plus grave, n'avait trouvé que cette solution de lancer sa machine plutôt contre du bois que contre des pierres. En effet, et heureusement, par ce procédé désespéré, il a sauvé sa vie et celle de ses compagnons ; tous, plus ou moins contorsionnés, ont constaté après le choc qu'ils se tenaient encore sur leur jambes. Quant à l'auto, de même que la grange, elle a subi de graves avaries. On se le figure d'ailleurs. (GdL)

Avis. Le mardi 21 novembre 1905, à 1 heure de l'après-midi, à Woippy, je ferai vendre par le ministère de Me Hamm, notaire à Metz, pour cessation d'exploitation de transport 11 forts chevaux de trait et camion, 5 gros chariots et harnais. A crédit jusqu'au 11 novembre pour les personnes connues et solvables. F. Demoncel, entrepreneur de transports. (GdL)

Samedi 4 novembre 1905
Metz-campagne. Conseil d'arrondissement.
Le siège d'un représentant du canton de Metz (campagne) au Conseil d'arrondissement de l'arrondissement de Metz-campagne est devenu vacant par suite du décès de M. Prosper Keller à Woippy. L'élection d'un nouveau représentant est fixée au dimanche 14 janvier 1906. (LL)

Vendredi 10 novembre 1905
Woippy. On nous écrit le 6 novembre :
« Décidément, les cambrioleurs poussent l'audace un peu loin. Dans la nuit du 3 au 4 novembre, des noctambules se sont introduits dans la maison du sieur Haubrich, revendeur à la Maison-Neuve, commune de Woippy, ont détaché un cheval et une chèvre dans l'écurie, et après avoir soigneusement refermé la porte derrière eux, se sont enfuis avec le butin. A noter que le lendemain matin, un des filous avait déjà trouvé l'occasion de vendre la chèvre au sieur M., de Woippy, pour 13 marks. Quant au cheval, on n'en a aucune trace. La gendarmerie présume que ces voleurs font partie d'une bande qui a essayé de « travailler » à la Petite-Ile. Aussi, certains indices lui ont déjà fait retrouver leur piste, et elle promet bien de les pincer tôt ou tard. » (GdL)

Vendredi 10 novembre 1905
Woippy. Vol audacieux. Dans la nuit de samedi au dimanche, un cheval blanc d'une valeur de 250 marks, et une chèvre ont été volés dans l'écurie de M. Haubrich, à Bellevue. Les voleurs ont vendu le lendemain la chèvre à Woippy, puis ils ont disparu avec le cheval. (LL)

Samedi 11 novembre 1905
Le mercredi 15 novembre 1905, à 2 heures de l'après-midi, à Bellevue, chez M. Essel, aubergiste, adjudication de deux maisons situées à Bellevue, commune de Norroy-le-Veneur, n° 162, 163, avec jardin derrière et de terre et bois situés bans de Norroy-le-Veneur, Woippy et Fèves. (GdL)

Dimanche 12 novembre 1905
(Cheval volé). Le cheval qui a été volé l'autre nuit à M. Haubrich, cultivateur, a une valeur de 500 marks. C'est un cheval noir. Le propriétaire promet une bonne récompense à quiconque le lui ramènera. (LL)

Samedi 18 novembre 1905
Woippy. Exploits d'apaches
Hier soir vers 6 heures, les invités d'une noce en étaient au dessert, lorsque tout à coup, une danse diabolique accompagnée d'un tapage infernal commença sous les fenêtres et même dans le corridor de la maison : leur orchestre se composait de vieilles marmites, de casseroles et d'arrosoirs ; leur vacarme dura bien avant la nuit et paraissait encouragé par des gens qui auraient autre chose. Ces malhonnêtes garçons poussaient l'insolence jusqu'à jeter de la boue aux invités ; plusieurs toilettes furent ainsi endommagées.
Vraiment cela révèle de belles mœurs de la part des perturbateurs. (LL)

Jeudi 23 novembre 1905
M. Emile Winkel, propriétaire à Woippy, avait porté plainte contre les ouvriers Louis Schalté, Eugène Gusse, Félix Lapied, Auguste Mangenot et Joseph Mangenot qui avaient, le 16 septembre dernier, proféré contre lui des paroles injurieuses. La tribunal échevinal a condamné Gusse, Lapied et Joseph Mangenot, chacun à 3 marks d'amande ou un jour de prison ; les deux autres accusés ont été acquittés.

Vendredi 24 novembre 1905
Woippy. On nous écrit :
Lundi dans la journée un garçon livreur de bière se dirigeait vers Saulny, lorsqu'en chemin un individu lui demanda de monter sur sa voiture, ce qui lui fut permis. Ils gagnèrent Saulny et s'arrêtèrent chez un aubergiste où le garçon avait déposé quelques marchandises. L'inconnu resta sur la voiture en attendant.
Mais à peine se trouvait-il seul qu'il s'empressa de fouetter les chevaux et partit à fond de train. Le garçon, en se voyant ainsi joué ne perdit pas une minute et, en empruntant un autre attelage, il se mit à sa poursuite en compagnie de plusieurs hommes de bonne volonté.
On fut assez heureux de retrouver le voleur à la première auberge de Woippy.
Ici, on le maintint en respect pendant que l'on allait chercher le garde de police qui le logea en lieu sûr pour la nuit en attendant l'arrivée du gendarme. (LM)

Samedi 25 novembre 1905
Plappeville. Lundi dernier, une laitière a été attaquée sur la route de Plappeville par un individu qui l'a menacée de mort si elle ne lui remettait pas immédiatement son porte-monnaie. La pauvre femme, moitié morte de frayeur, s'empressa de donner au quidam tout ce qu'elle avait d'argent sur elle, une vingtaine de mark et quelques pfennigs.

Dimanche 2 décembre 1905
Tribunal des échevins, audience du 28 novembre.
L'ouvrier Alfred Charrette, de Norroy-le-Veneur, est accusé d'avoir insulté, le 17 novembre dernier, le garde-barrière B. Il fait des aveux en alléguant qu'il était un peu éméché. 5 marks d'amende ou un jour de prison. M. B. pourra faire afficher la jugement aux maisons communales de Woippy et des Norroy. (GdL)

Jeudi 7 décembre 1905
Mort de deux époux. Dimanche soir, Mme Vignon est morte dans cette localité. Son mari a succombé lundi matin. (GdL)

Vendredi 8 décembre 1905
On nous écrit le 6 décembre. Les lecteurs se rappellent le vol audacieux d'un cheval et d'une chèvre commis à l'étable du sieur Haubrich, revendeur à la Maison-Neuve, commune de Woippy. Or, voici que nous apprenons que l'auteur de ce vol, un nommé Surmond, domicilié antérieurement à Devant-les-Ponts, vient de se faire pincer à Duisbourg (province Rhénane). Il était arrivé avec sa monture jusqu'à la frontière luxembourgeoise et avait trouvé là-bas le moyen de vendre le cheval volé à une boucherie chevaline pour 60 marks. Après avoir erré quelques temps dans le Luxembourg et la province rhénane, il est venu échouer à Duisbourg où la police n'a pas tardé à la cueillir. (GdL)

Jeudi 14 décembre 1905
Soirée théâtrale. D'un correspondant occasionnel :
Hier dimanche, vers le soir, grande animation dans notre localité… La fanfare de Woippy donnait sa seconde soirée récréative dans la vaste salle de M. Hennequin, où une scène théâtrale avait été gracieusement improvisée. Dès le début de la séance, toutes les places étaient occupées ; la population avait tenu à montrer sa bienveillance et sa sympathie pour ces chers jeunes gens et pour leur Société, fondée à l'ombre de l'église avec les encouragements de leur infatigable curé. L'exécution du programme a donné satisfaction à tout le monde ; la soirée fut amusante et instructive à la fois. Les notes gaies de la fanfare et des chansonnettes comiques alternaient avec les scènes imposantes et sérieuses du drame*. Nos musiciens et nos acteurs obtinrent succès complet ; les bravos et les applaudissements de l'assemblée en ont souvent témoigné. Bref, tout fut à l'honneur de ces braves jeunes gens, que dirige M. Joseph Boda, avec non moins de talent que de dévouement. Mais c'est avant tout à M. le curé que revient le mérite de l'initiative et de l'organisation de cette belle fête ; il donne à notre jeunesse une grande part de son zèle ; au nom de tous, au nom des chefs de famille, merci. Cette soirée si reposante n'aura pas été sans utilité : elle a attaché plus fortement encore les jeunes gens à leur Société ; ils ont été heureux et fiers de faire constater leurs progrès et les résultats obtenus à leurs familles, à leurs compagnons d'âge. Ils ont montré une fois de plus que si l'art qu'ils cultivent avec tant de goût, est avant tout pour l'église ; s'il est pour eux un lien de plus qui les rattache à la religion et à son représentant, cela n'empêche nullement la bonne et franche gaîté, les honnêtes et joyeuses distractions. Un père de famille.
* On représentait « Les deux Ophelines », drame religieux en 4 actes. (LL)

Vendredi 15 décembre 1905
Metz. Hier matin, entre 4 et 5 heures, à la nouvelle gare de marchandises, un aiguilleur auxiliaire, nommé Kratz, de Woippy, a été surpris par un wagon ; il a au les deux jambes coupées. (GdL)

Samedi 30 décembre 1905
Etat-civil de Metz. Publication de mariage : Joseph Vogt, adjudant à Metz, et Elise Lefort, à Woippy. (LL)

Dimanche 31 décembre 1905
Woippy. Voleurs. On nous écrit :
Dans la nuit de samedi à dimanche dernier, deux individus ont pénétré dans la maison d'un épicier et y ont volé du jambon et de la saucisse. Les voisins ayant entendu du bruit, sont survenus et ont fait fuir les voleurs. (LL)

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