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Le téléphone à Metz

Sources : la Gazette de Lorraine (GdL), le Messin (LM)
( Collection de la Bibliothèque-Médiathèque de Metz )

Ci-dessous : Année 1887
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Année 1887

Mardi 29 mars 1887
L'établissement du réseau téléphonique pour la ville de Metz est unanimement reconnu utile et bien désirable, d'après les communications faites par l'administration des Postes, la réalisation de ce projet est possible, seulement il sera nécessaire de trouver un certain nombre de participants (au prix d'abonnement de 150 marks par an). Une invitation de participer à cette entreprise sera prochainement publiée par les soins de la Mairie. Pour utiliser le réseau téléphonique pour le service d'annonce des incendies, on offrira aux propriétaires d'un téléphone placés aux endroits convenables, de payer une partie de l'abonnement de l'année sur les fonds de la ville, sous la condition qu'ils tiennent le téléphone pour signaler les incendies à la disponibilité du public et qu'ils lui donnent à cet effet toujours rapidement accès. (GdL)

Dimanche 22 mai 1887
M. le Maire fait connaître qu'on a l'intention d'établir pour la ville de Metz des communications téléphoniques, qui permettront à chaque particulier de se mettre directement en rapport, au moyen des appareils téléphoniques avec tous les autres participants, ainsi que d'envoyer indirectement, c'est-à-dire par l'entremise de la station centrale, des lettres et dépêches dans toutes les directions. L'installation sera faite par l'administration impériale des Postes, et chaque participant devra payer à cette administration un abonnement de 150 marks par an. On pourra prendre connaissance des autres conditions à la Mairie et recevoir aussi des imprimés contenant les détails.
Pour la réalisation de ce projet, qui sera d'une grande importance pour le développement de notre ville, il importe avant tout de réunir un certain nombre de participants, par conséquent, tous ceux qui voudront faire établir un téléphone chez eux -administration, industriels, commerçants...- sont priés d'en informer l'administration municipale qui entrera alors en négociation avec l'administration des Postes, dès que le nombre suffisant de participants sera atteint. On aura tous les égards pour des vœux spéciaux à formuler, autant que cela sera possible dans l'intérêt général.
Une partie de l'abonnement annuel pourrait être remboursée, par la Caisse municipale, à ceux des participants qui mettent leur téléphone à la disposition du public pour annoncer les incendies et qui rendront l'accès possible à toutes les heures. Des déclarations à ce sujet seront également reçues à la Mairie.
Comme il serait peut-être possible d'étendre le réseau téléphonique jusqu'aux villages des environs de la ville, les habitants des communes de Montigny, Sablon, Plantières, Queuleu, Vallières, St-Julien, Woippy, Lorry, Plappeville, Devant-les-Ponts, Ban-St-Martin, Longeville, Scy et Moulins, sont également invités à prendre connaissance des conditions dont il s'agit et à faire connaître leurs intentions à la Mairie de Metz. (GdL)

Jeudi 7 juillet 1887
Nous rappelons aux commerçants de notre ville l'avis du Maire de Metz en date du 17 mai dernier au sujet de l'établissement projeté de communications téléphoniques à Metz. Il importe pour la réussite de cette utile entreprise que les déclarations de participations arrivent bientôt en grand nombre à la mairie. Les téléphones sont établis par les soins de la Direction impériale des Postes à laquelle chaque participant a un abonnement de 150 marks par an à payer. De cette façon, il se trouvera dans la possibilité de se mettre directement en rapport avec tous les autres participants. Le poste des pompiers à l'Hôtel de ville et le poste central de police devant être reliés au réseau téléphonique, il pourra, en particulier, requérir de suite des secours, en cas d'incendie ou de tout autre danger. Indirectement, c'est-à-dire par l'intermédiaire de la station centrale, il pourra envoyer des lettres et des dépêches dans toutes les directions. Une partie de cet abonnement sera remboursée par la ville à ceux des participants qui mettront leur téléphone à la disposition du public pour annoncer les incendies. Les déclarations relatives à l'acceptation d'un arrangement de cette espèce sont également reçues à la Mairie. (GdL)

Mardi 19 juillet 1887
En présence de l'importance et de l'extension de la ville de Metz avec sa population intelligente, de ses nombreux établissements industriels, et de son commerce développé, il faut s'étonner que Metz ne soit pas encore dotée d'un réseau téléphonique. Luxembourg, qui est une ville bien moins considérable que Metz a son réseau téléphonique depuis plusieurs années; actuellement cette installation dessert 280 abonnés. Nancy et plusieurs autres villes voisines possèdent également leur service téléphonique. Est-il besoin d'insister sur les nombreux avantages que présenterait un réseau téléphonique pour le monde commercial, pour les propriétaires de fabrique, les hommes d'affaire, les commerçants, les maisons de banque, les entreprises d'expédition? La sécurité publique gagnerait aussi à l'établissement d'un réseau téléphonique en ce sens qu'il serait possible de créer des postes d'alarme pour les incendies. Il y aurait pour tous les adhérents une grande économie de temps, et times is money. Les Américains, en gens pratiques, l'ont parfaitement compris, et, il n'est pas une ville de 10 000 habitants aux Etats-Unis qui n'ait aujourd'hui son Téléphone-Exchange.
L'Allemagne n'est pas restée en arrière, au mois d'août 1886, on comptait 109 villes possédant un réseau téléphonique ; Strasbourg, Guebviller et Thann figurent dans le nombre, et cependant Guebviller n'a que 12 000 habitants et Thann 7 500 seulement. Il est certain que Metz ne saurait rester plus longtemps en arrière. L'établissement d'un réseau téléphonique ne sera réellement profitable qu'à la condition que cette entreprise soit secondée par le public dans la mesure du possible. Dans toute chose, il faut un commencement. L'édilité messine comprenant les intérêts de la cité s'est montrée favorable à l'entreprise à laquelle l'administration des Postes et des Télégraphes témoigne toute sa sympathie. Pour que le projet entre dans le domaine de la réalisation, il faut une participation de 20 abonnés. On sait que le prix de l'abonnement n'est que de 150 marks par an. Que nos concitoyens ne tardent pas à prendre l'initiative, il y va d'un grand progrès à faire sur le terrain des relations commerciales à Metz. (GdL)

Jeudi 21 juillet 1887
La Chambre de commerce de Metz a émis un avis favorable au sujet de l'établissement d'un réseau téléphonique à Metz. Seulement elle estime que le prix d'abonnement -150 marks par an- est trop élevé en raison de la situation commerciale à Metz et qu'il faudrait réduire l'abonnement à 80 marks ou à 100 marks au plus. (GdL)

Jeudi 21 juillet 1887
Comme nous n'avons reçu que tardivement, après nos confrères, et en texte allemand, la communication faite aux journaux relativement aux avantages que présenterait l'établissement d'un service téléphonique en notre ville, nous n'avons pas eu à la publier, puisque nos confrères l'avaient déjà fait.
Il ne s'agit pas, d'ailleurs, - et la Metzer Zeitung le reconnaît très bien dans son numéro d'hier - de démontrer au public les avantages généraux du téléphone. Il les comprend si bien, que, M. Lanique et ses amis, dont la Metzer rappelle la déconvenue, se faisaient forts de réunir au bas mot 100 premières adhésions.
Ce qu'il faut se demander d'abord, c'est si les conditions d'installation et d'abonnement sont en rapport avec la situation de la ville de Metz. Or, les avis semblent maintenant unanimes pour trouver ces conditions trop onéreuses. La Chambre de commerce, tout en se déclarant favorable au projet, estime qu'il faudrait abaisser le prix d'abonnement à 80 ou 100 Mk, et la Metzer Zeitung se fait l'écho des négociants, tant indigènes qu'immigrés en taxant de trop élevé le prix demandé de 150 Mk par an.
Nous aussi, nous sommes partisans convaincus de l'établissement d'un service téléphonique. Une pareille innovation constitue un progrès sérieux, et nous sommes pour tous progrès, téléphone aussi bien que la lumière électrique ; c'est également le vœu de notre administration municipale, à laquelle il faut savoir le plus grand gré de tous les efforts qu'elle fait pour arriver sur ces deux points à une solution favorable.
Mais les bonnes volontés se heurtent à une difficulté fondamentale : le prix de 150 Mk est uniforme pour toute l'Allemagne, et l'Administration des Postes se retranche derrière ce tarif unique, invoquant comme compensation le chiffre de 20 adhésions dont elle se contentera pour commencer. C'est précisément cette compensation qui est dérisoire, car 20 abonnements ne sauraient constituer un réseau télégraphique de valeur sérieuse. Quel avantage pratique chacun des 20 abonnés trouverait-il à communiquer uniquement avec ses 19 coparticipants ?
On voit donc qu'au contraire le service téléphonique n'aura de signification que s'il rencontre un grand nombre d'adhésions. Or, il ne peut en réunir à Metz que si les prix d'abonnement sont largement abaissés. La situation de notre ville ne comporte pas d'autre solution, car il ne viendra à l'esprit de personne que nous puissions être traités sur le même pied que Berlin et Francfort, voire même que Strasbourg et Mulhouse.
Nous aurons à revenir demain sue cette question, que nous désirons vivement voir aboutir. (LM)

Vendredi 22 juillet 1887
Nous recevons la lettre suivante :
Metz, le 21 juillet 1887.
Monsieur le Rédacteur en chef,
Dans votre article d'hier, relatif à l'établissement du téléphone à Metz, vous avez constaté, d'accord avec le sentiment général, que le prix d'abonnement élevé imposé uniformément par l'administration des postes à toutes les villes de l'Empire, était le seul obstacle sérieux à la réalisation d'un progrès que nous désirons tous.
Ce progrès, il faut bien le dire, nous ne pouvons l'espérer tant que subsistera cet obstacle, -le prix d'abonnement trop élevé-, étant donné notre situation commerciale et industrielle, que l'on ne saurait, ainsi que vous l'avez fait ressortir, assimiler à celle de Berlin, Francfort, Strasbourg ou Mulhouse.
Il est en outre un point très important, selon moi, et sur lequel il nous faudrait être fixés, parce qu'il est de nature à influencer un grand nombre de décision. La Metzer Zeitung a bien voulu reconnaître que l'élément indigène forme la majorité du commerce au double point de vue du nombre et du chiffre d'affaires. Or, parmi nos commerçants indigènes, beaucoup ne savent encore que le français. Leur sera-t-il permis, lorsqu'ils auront à s'entretenir avec le bureau central administré par des employés de l'Etat, de s'exprimer dans la seule langue qu'ils connaissent, c'est-à-dire en français.
Je ne parle pas des conversations particulières d'abonné à abonné, où ils pourront évidemment se servir de leur langue maternelle ; j'entends les rapports avec l'Administration, tels que la demande de mise en communication, la transmission de télégrammes, etc. Ces commerçants ne seront-ils pas exposés à s'entendre répondre par l'employé de service qu'il ne comprend pas les langues étrangères ? Dans ce cas, quels sont les services que pourrait rendre à ces commerçants un réseau téléphonique ?
En résumé, je crois qu'un nombre suffisant de nos concitoyens sont disposés à s'abonner au téléphone, le jour où les conditions en seront compatibles avec la situation matérielle et morale de notre cité. Ce jour-là, en face d'un progrès à réaliser, chacun fera taire ses sentiments particuliers, s'il en éprouve, et personne n'hésitera devant l'intérêt général.
Dans l'intérêt même d'une heureuse solution, il me paraît nécessaire de demander un éclaircissement sur le point important que je viens de signaler. Je trouverais également désirable, et profitable à la réalisation de l'idée qui nous occupe, l'envoi d'une traduction en français des conditions d'abonnement pour le réseau téléphonique à chacun des intéressés parlant cette langue.
Veuillez agréer, etc. (H. Lanique)
La lettre de l'honorable M. Lanique confirme nos appréciations d'hier.
Nous aimons à croire que si l'on arrive à une entente, désirable à tous égards, sur le point principal du prix d'abonnement, la question posée par M. Lanique recevra de la part de l'Administration des Postes une solution satisfaisante.
Comme il importe avant tout d'aboutir, nous sommes heureux de constater, qu'au cas échéant, les bonnes volontés de la part des commerçants indigènes ne feront pas défaut. C'est là un des points les plus importants de la question. L'Administration des Postes de l'Empire fera sans doute bientôt connaître s'il est possible de faire des concessions et comment.
En attendant, nous pouvons déjà donner nous-mêmes satisfaction dans la mesure de notre publicité à l'un des désirs exprimés par M. Lanique, et nous publierons demain la traduction en français que nous avons faite des conditions d'abonnement au réseau téléphonique. (LM)

Samedi 23 juillet 1887
Voici la traduction dont nous avons parlé hier :
Conditions pour participer aux communications téléphoniques dans une ville.
I - But de l'entreprise.
Le téléphone donne à chaque participant, pendant les heures de service de la station centrale, soit de sept heures du matin en été et huit heures en hiver jusqu'à neuf heures du soir, la faculté de :
a) Communiquer directement avec tout autre abonné ;
b) Transmettre au bureau central des messages qui, à volonté, seront soit portés par express, par la poste (par lettre ou carte postale), soit télégraphiés aux destinataires de la ville ou de l'extérieur.
II - Raccords.
Il sera établi, aux frais de l'administration des postes et télégraphes de l'Empire, un fil télégraphique pour chaque participant, qui reliera le téléphone placé, sur sa demande, dans l'appartement, les bureaux, le magasin, etc, avec la station centrale ; l'appareil téléphonique sera muni de tous ses accessoires et livré au participant, contre une indemnité une fois payée, pour en faire tout l'usage qu'il lui plaira. L'entretien de la communication et de l'appareil sera également à la charge de l'administration des postes, en tant que le propriétaire en aura soin comme il le doit. C'est lui qui devra prendre à sa charge toute détérioration causée avec intention ou par sa propre négligence.
Il est interdit de louer le téléphone ou de l'employer contre payement dans des affaires concernant des tiers.
Par contre, le propriétaire d'une maison reliée téléphoniquement à la station centrale pourra faire placer des téléphones dans les différents appartements, bureaux ou magasins de cette maison, et permettre à ses locataires l'emploi de ces téléphones contre payement.
La communication entre ces locaux et la station intermédiaire et, par celle-ci, avec les autres abonnés, sera établie avec la participation d'une personne à ce préposé par le maître de la maison (concierge ou autre).
III - Raccord de plusieurs téléphones appartenant au même propriétaire.
Il est de règle que chaque poste soit relié par un fil spécial à la station centrale ; cependant un abonné pourra être autorisé à adjoindre, comme poste intermédiaire, un second téléphone au fil du premier, à condition que ce second téléphone ne soit pas éloigné de plus de 500 mètres du fil en question (fil primitif). Pour assurer le bon fonctionnement des communications, il ne pourra pas être établi plus d'un appareil supplémentaire.
Après entente avec la direction, il pourra être établi un second, troisième, etc, téléphone ou sonnerie électrique (Fernsprechwecker) dans une autre pièce de la maison appartenant au même propriétaire.
IV - Tarif annuel
Il sera payé pour participation au service téléphonique :
a) Pour tout téléphone à l'intérieur de la localité, qu'il soit intermédiaire ou tête de ligne, il devra être payé annuellement 150 marks.
b) Pour les téléphones situés en dehors de la localité, le montant de la redevance annuelle s'augmente par chaque kilomètre ou fraction de kilomètre, compté à partir de la limite du réseau central, de 50 m.
c) Pour un ou plusieurs autres appareils installés par des abonnés différents dans une même maison ou propriété desservie par un raccordement unique, outre les droits stipulés par paragraphes a et b pour le raccord du premier appareil avec le bureau central, il sera payé pour chaque appareil supplémentaire un droit de 50 m., mais à la condition que le minimum par maison, par an soit de 100 m.
d) Pour l'établissement d'un second, troisième appareil, etc, dans d'autres pièces de la même propriété, il sera payé annuellement par téléphone un supplément de 20 m.
e) Pour l'établissement d'une sonnerie ordinaire, dans les conditions du paragraphe précédent, il sera payé un supplément annuel de 10 m.
f) Pour tout appareil d'espèce particulière, différent des sonneries ordinaires, indépendamment desdits 10 m., les frais d'achat, d'installation et d'entretien seront à la charge des intéressés.
En cas d'indemnité à payer à des particuliers pour utilisation de terrains où devraient être placés les poteaux téléphoniques, l'administration des postes se réserve le droit de récupérer ces indemnités au moyen d'un supplément proportionnel une fois payé, mis à la charge des abonnés. Si ce supplément dépasse un quart de la somme due en vertu des paragraphes a et b, l'abonné aura le droit de résilier avant expiration de son engagement, mais pas avant la fin du trimestre légal courant.
V - Tarif des communications transmises au delà du réseau téléphonique.
Pour la réception par la station téléphonique intermédiaire d'une communication envoyée par un abonné et la transmission immédiate à un bureau de poste ou télégraphique, ainsi que pour la transmission d'un télégramme par téléphone, il sera perçu :
Un droit fixe de 10 pf, sans égard pour le nombre de mots, Et un droit de 1 pf par mot.
(Il ne sera pas fait de réduction en chiffres ronds des frais dont le compte ne peut être réduit par somme de 5 pf)
En outre, les frais de transmission par poste, express ou télégramme des communications reçues téléphoniquement par la station intermédiaire, seront comptés d'après les tarifs en usage.
VI - Paiement des droits
Le paiement des droits énumérés à la section IV sera effectué d'avance, conformément à l'avis de la Direction, soit annuellement en un seul versement, soit par termes trimestriels, aux dates des 1er janvier, 1er avril, 1er juillet et 1er octobre. Lorsqu'un appareil téléphonique est inauguré dans le courant d'un trimestre, les premiers droits sont comptés depuis l'entrée en exercice jusqu'à la fin du trimestre, et d'avance, c'est-à-dire au début de l'exploitation.
Les droits prévus par la section V pour la transmission ultérieure des communications venues par téléphone sont perçus, soit à la fin de chaque mois, soit dès que leur montant atteint la somme de 10 m. En cas d'interruption du service téléphonique, il ne pourra être élevé de prétention au remboursement des droits versés que si l'interruption a duré au moins quatre semaines à partir du jour où elle aura été annoncée, et sans qu'elle ait cessé même passagèrement.
VII - Cessation du service téléphonique.
Le droit appartenant à l'administration des postes et télégraphes d'arrêter temporairement le service télégraphique, en entier ou partiellement, s'applique également au service téléphonique. Dans les cas où il serait fait usage de cette faculté, les droits ne seront pas perçus pendant l'interruption, et ceux qui auraient été versés d'avance seront remboursés.
La Direction est en droit de supprimer immédiatement le service téléphonique en cas de retard dans le paiement des droits, d'abus prouvé (section 2, deuxième alinéa), de modifications qu'un abonné ferait de son propre chef à l'installation technique (par exemple en y incorporant des appareils de son invention), ou de détériorations volontaires commises par un abonné, ou les personnes placées sous sa dépendance. Cette suppression n'affranchit point l'abonné des charges indiquées à la section 2, ni du paiement des droits annuels pour la durée de l'engagement contracté par lui (voir section 9).
VIII - Déplacement de téléphones.
Le déplacement d'un téléphone, pour cause de déménagement ou pour toute autre raison, est effectué par les soins de l'administration des Postes ; les frais en sont à la charge de l'abonné, à l'exception des frais du matériel de communication. Si par ce déplacement les bases sur lesquelles sont calculés les droits, conformément à la section 4, devaient être modifiés, ces droits seraient fixés autrement, à partir du jour du déplacement.
C'est à l'abonné qu'il appartient d'obtenir du propriétaire de son nouveau domicile l'assentiment à l'installation du téléphone. Si cette autorisation est refusée par le propriétaire, l'abonné n'en reste pas moins tenu au paiement des droits annuels jusqu'à l'expiration de son engagement (voir section 9).
IX - Durée des engagements.
Pour les engagements réciproques il est fait un contrat de la durée de deux ans au moins, ledit engagement devant toujours expirer à la fin du dernier trimestre légal.
Lorsque le contrat n'est pas annulé de part ou d'autre trois mois avant l'expiration, il est considéré comme tacitement renouvelé pour un an, et d'année en année. Sera regardé comme date d'entrée en vigueur du contrat le jour où le téléphone est livré à l'abonné.
Les frais de timbre du contrat sont à supporter par l'abonné.
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Au dernier moment il nous est communiqué que les démarches de notre municipalité, ainsi que celle de la Chambre de commerce, auprès de la direction générale des postes, ayant pour objet d'obtenir une réduction sur le prix d'abonnement au réseau téléphonique, n'ont malheureusement pas eu l'issue favorable que nous nous étions plu à espérer. La Direction des postes, tout en manifestant ses regrets et en affirmant ses sympathies pour notre cité messine et en se déclarant prête à toutes les facilités compatibles avec les règlements adoptés, fait valoir qu'elle se trouve en face d'une décision applicable à toutes les villes de l'Empire, décision qui a fixé le prix de l'abonnement à 150 m., et qu'il n'est pas possible, sans les plus grands dangers administratifs, d'entrer dans la voie des exceptions.
Le temps nous manque aujourd'hui pour examiner dans quelle situation cette réponse de l'administration des postes met la question, c'est ce que nous ferons dans notre numéro de demain. (LM)

Dimanche 24 juillet 1887
On nous communique l'article suivant :
Le point le plus important dans la question du téléphone a été décidé.
Nous sommes avisés par l'Administration des Postes qu'à son regret, il y a impossibilité absolue d'abaisser de 150 Mk à 100 Mk par an l'abonnement à l'établissement téléphonique projeté pour la ville de Metz. Il ne faut pas perdre de vue que l'installation et l'entretien d'un pareil service exigent une dépense si considérable pour le personnel tout autant que pour le matériel, que la rente du capital dépensé n'est pas absolument garantie par les recettes. L'Administration des Télégraphes, guidée par une expérience de plusieurs années n'est pas à même d'abaisser, au gré des parties intéressées, le montant des abonnements annuels, sans menacer l'équilibre financier. Au surplus, nous croyons devoir relever que les procédés suivis dans d'autres pays fournissent la preuve qu'à l'étranger les abonnements aux services téléphoniques ont été fixés dès le commencement, pour l'obtention d'une rente suffisante des frais d'établissement, à un montant bien supérieur à celui en usage en Allemagne.
C'est ainsi que l'abonnement annuel pour chaque rattachement a été fixé à Paris à 600 francs, à Lyon, Rouen, au Havre et à Marseille à 400 francs, à Reims, Dunkerque et Lille à 200 francs. A Londres, Manchester, Liverpool et Glasgow, les abonnés payent 500 francs par an ; à Leeds, 375 francs ; à Cambridge, 250 francs. En Italie, les prix d'abonnement varient de 170 et 200 francs ; en Hollande, la taxe est de 250 francs au minimum ; au Portugal, de 334 à 440 francs ; en Espagne, de 280 à 374 francs ; au Danemark, de 200 à 262 francs ; à Verviers, 200 francs ; à Ostende (Belgique), l'abonnement est calculé à raison de 170 francs pour chaque kilomètre de circuit. En comparaison avec ces tarifs, l'abonnement de 150 mark ou 187 fr. 50 en Allemagne ne paraît nullement exagéré.
En ce qui concerne l'objection relative à l'exagération du prix de l'abonnement de 150 m. par rapport aux distances minimes dans notre ville, nous prenons la liberté de faire ressortir que d'autres villes en Allemagne, telles que Lübeck, Hildesheim, Bielefeld, Minden, etc, dont la superficie est de beaucoup inférieure à celle de la ville de Metz, n'ont fait aucune objection contre la stipulation d'un prix d'abonnement annuel de 150 m. Admettons qu'un abonné au service téléphonique fait dix entretiens par jour au moins, nous arrivons alors au chiffre de 4000 entretiens téléphoniques environ par an. Les frais d'un seul entretien se chiffrent par conséquent à 3 1/2 pf. en moyenne, montant tout à fait minime par rapport aux avantages, facilités et économies que présente le commerce instantané entre les abonnés. Ce chiffre se rapproche, du reste, de la taxe de 5 centimes perçue en Suisse pour chaque entretien téléphonique. Or, nous croyons que les débats se résument à ces deux points :
1° La population intelligente de Metz veut-elle sérieusement, oui ou non, l'établissement d'un service téléphonique en ville ?
2° Veut-elle absolument limiter les abonnements annuels à la somme de 100 m. au lieu de 150 m, tarif exigé par l'Administration des Télégraphes à la suite d'une longue expérience ?
La première question a été déjà tranchée favorablement sur toute la ligne. Nous avons lieu d'émettre l'espoir que la deuxième question obtiendra également une solution conforme aux exigences de la situation, la différence de 50 mark par an pour chaque raccord téléphonique paraît trop insignifiante pour qu'une ville de l'importance de Metz reste désormais privée d'un moyen de communication le plus important au point de vue de l'amélioration et du développement de ses nombreuses relations à l'intérieur. Si la participation à l'établissement d'un service téléphonique restait actuellement insuffisante, cette installation serait sans doute retardée pour plusieurs années. Il va de soi que le désavantage qui en résulte retombe exclusivement sur la ville de Metz et ses habitants, mais non sur l'Administration impériale de Télégraphes qui veut bien actuellement, sans retard, contribuer pour sa part au développement du commerce et des intérêts publiques de la ville.
Par rapport au vœu exprimé dans le n°169 du Messin, la Direction supérieure des Postes veut bien nous déclarer qu'il est loisible aux abonnés - ainsi qu'il y a lieu devant les guichets des bureaux de poste en ville- de se servir de la langue française non pas seulement dans leurs entretiens avec les co-abonnés, mais encore dans les communications à échanger avec l'employé de service du bureau central.
A vrai dire, nous ne sommes pas très surpris de l'insuccès des démarches faites auprès de l'administration des postes. Il faut bien reconnaître qu'il n'est guère d'usage qu'une administration de l'Etat, malgré les meilleures raisons du monde, revienne sur une décision prise et puisse entrer dans la voie des traités particuliers et des exceptions. Elle créerait des précédents fâcheux, sans compter les revendications rétrospectives. Tout en constatant donc que les conditions uniformes de la poste s'appliquent souvent d'une façon anormale en mettant sur un pied d'égalité de traitement des villes d'importance disproportionnée à tous points de vue, il est évident que, une fois la décision prise et le tarif adopté, la poste ne peut plus que les poursuivre, avec leurs avantages et leurs inconvénients.
Nous voici donc maintenant en présence du dilemme suivant :
Devant le non possumus de la poste, devons-nous considérer l'établissement d'un réseau téléphonique comme impraticable et l'ajourner ?
Devons-nous, au contraire, accepter telles quelles les conditions de la poste, et nous assurer ainsi les bénéfices du progrès dont nous poursuivons la réalisation ?
Tout bien examiné, notre conclusion sera celle-ci : il faut accepter les conditions de la poste, et il faut poursuivre avec énergie l'installation du réseau téléphonique.
Voici nos raisons :
Personne ne conteste que le service téléphonique ne soit un progrès très sérieux, au double point de vue des raisons commerciales et de la sécurité publique (service d'incendie, service de santé, etc.). Il faut évidemment nous assurer le plus tôt possible, même dans les conditions les plus modestes, le bénéfice de ce service, si la chose est faisable.
Le prix de 150 m. qui nous est demandé actuellement n'est pas définitif, il faut l'espérer d'après les précédents similaires. C'est un prix d'attente, dont on peut prévoir l'abaissement pour une époque à venir. Ainsi les premiers téléphones qui fonctionnèrent en France étaient très onéreux. A Nancy, où ils sont introduits depuis 1885, le prix d'abonnement, qui était fixé à 200 francs en raison du nombre d'abonnés inférieur à 200 (il y en eut 60 seulement 60 au début) a été réduit aujourd'hui à 150 fr. par le chiffre d'abonnements atteint. A Liège, le téléphone coûte 300 fr. par an, ce qui ne l'a pas empêché de réunir 469 abonnés.
En Allemagne, où le prix était naguère de 250 et 200 m., le voici réduit à 150 m., et la poste reconnaît elle-même que de nouveaux adoucissements seront possibles.
Une dernière considération, d'un grand poids, peut être invoquée contre tout ajournement de l'installation du téléphone à Metz. Ce n'est pas seulement en ville que les communications pourront se multiplier ; une fois installées à Metz, elles pourront petit à petit rayonner sur certains points de la banlieue, gagner Thionville, de là Luxembourg, etc. C'est ainsi que Mulhouse, dont le service téléphonique compte 250 abonnés, correspond avec les 50 abonnés de Thann, Guebwiller et Saint-Louis, moyennant un léger supplément de taxe, et même en payant 1 m. de plus par cinq minutes, avec les nombreux abonnés du réseau de Bâle. Or, si Metz n'acquiert pas un service téléphonique et ne prend pas courageusement l'initiative en cette affaire, ce n'est pas Thionville ni les petites villes des environs qui peuvent la prendre, et cette question, qui a besoin d'un certain temps pour mûrir et être élaborée, serait ajournée à une époque indéterminée, tandis que, une fois Metz muni de service, la voie est largement ouverte à la diffusion du progrès. (LM)

Dimanche 24 juillet 1887
L'autorité municipale et la Chambre de commerce ont fait des démarches collectives en vue d'obtenir une réduction du prix d'abonnement pour le téléphone que l'on se propose d'établir à Metz, ces démarches n'ont pas abouti. L'office des Postes de l'Empire a répondu que le tarif d'abonnement -150 marks par an- était uniforme pour toutes les ville de l'Allemagne possédant un réseau téléphonique. On ne saurait dans ces conditions faire une exception pour Metz. En présence de cette décision, le monde commercial de Metz aura de nouveau à examiner la question s'il y a lieu de renoncer aux nombreux avantages que présentait l'établissement d'un réseau téléphonique, ou s'il n'est pas préférable d'accepter les offres de l'administration des Postes, offres qui sont les mêmes pour toutes les villes d'Allemagne. Dans ce dernier cas, qui est certes le plus favorable aux intérêts commerciaux de la ville, et que nous ne saurions plaider assez vivement, on pourrait toujours compter tôt ou tard sur une réduction générale du tarif d'abonnement, car, on n'ignore pas que le prix d'abonnement qui, primitivement était fixé à 250 marks, n'est plus aujourd'hui que de 150 marks. Pour assurer l'entreprise il faudrait une participation active, il faudrait le même zèle dont le monde commercial à Metz a toujours fait preuve lorsqu'il s'agit d'innovations utiles. Les déclarations de participation sont reçues à la Direction des Postes et à la Mairie; prochainement on fera circuler des listes où les personnes disposées à participer à l'entreprise pourront s'inscrire. (GdL)

Mardi 26 juillet 1887
Le point le pus important dans la question du téléphone a été décidé. Nous sommes avisés par l'administration des Postes qu'à son grand regret il y a impossibilité absolue d'abaisser de 150 marks à 100 marks par an l'abonnement à l'établissement téléphonique projeté pour la ville de Metz. Il ne faut pas perdre de vue que l'installation et l'entretien d'un pareil service exigent une dépense tellement considérable tant pour le personnel que pour le matériel, que la rente du capital dépensé n'est nullement garantie par les recettes. L'administration du télégraphe, guidée par une expérience de plusieurs années, n'est pas à même d'abaisser, au gré des parties intéressées, le montant des abonnements annuels sans menacer l'équilibre financier. Au surplus, nous croyons devoir faire remarquer que les procédés, suivis dans d'autres pays, fournissent la preuve que les abonnements aux services téléphonique à l'étranger ont été fixés, dès le commencement à un montant bien supérieur à celui en usage en Allemagne, de façon à garantir d'une rente suffisante des frais d'établissement. C'est ainsi que l'abonnement annuel pour chaque rattachement a été fixé à Paris à 600 francs, Lyon, Rouen, Le Havre et à Marseille à 400 francs, Reims, Dunkerque et Lille à 200 francs. A Londres, Manchester, Liverpool et Glasgow, les abonnés payent 500 francs par an, à Leeds, 375 francs, à Cambridge, 250. En Italie, le prix d'abonnement varie entre 170 et 200 francs. En Hollande, la taxe est de 250 francs au minimum. Au Portugal, de 334 à 440 francs. En Espagne, de 280 à 374 francs. Au Danemark, de 200 à 262 francs. A Verviers, 200 francs, à Ostende (Belgique), l'abonnement est calculé à raison de 170 francs pour chaque kilomètre de circuit. Comparé à ces tarifs, l'abonnement de 150 marks ou 187,50 francs en Allemagne ne paraît nullement exagéré. En ce qui concerne l'objection relative à l'exagération du prix de l'abonnement de 150 marks par rapport aux distances minimum dans notre ville, nous prenons la liberté de faire ressortir que d'autres villes en Allemagne, telles que Lubeck, Hildesheim, Bielefeld, Minden, etc, dont la circonférence est de beaucoup inférieure à celle de la ville de Metz, n'ont fait aucune objection contre la stipulation d'un prix d'abonnement annuel de 150 marks. Admettons qu'un abonné au service téléphonique fasse 10 entretiens par jour au moins, nous arrivons alors au chiffre de 4000 entretiens téléphoniques par an. Les frais d'un seul entretien se chiffrent par conséquent à 3 1/2 pfennigs en moyenne, montant tout à fait minime par rapport aux avantages, facilités et économies que présente le commerce instantané entre les abonnés. Cette quotte se rapproche du reste de la taxe de 5 centimes perçue en Suisse pour chaque entretien téléphonique. Or, nous croyons que les débats se résument à ces deux points :
1) la population intelligente de Metz veut-elle sérieusement oui ou non l'établissement d'un service téléphonique en ville ?
2) Veut-elle absolument limiter les abonnements annuels à la somme de 100 marks au lieu de 150, tarif exigé par l'administration des Télégraphes à la suite d'une longue expérience ?
La première question a été déjà tranchée favorablement sur toute la ligne. Nous avons lieu d'exprimer l'espoir que la deuxième question obtiendra également une solution conforme aux exigences de la situation; la différence de 50 marks par an pour chaque rattachement paraît trop insignifiante pour qu'une ville de l'importance de Metz reste désormais privée d'un moyen de communication le plus important au point de vue d'une amélioration et du développement de ses nombreuses relations à l'intérieur. Si la participation à l'établissement d'un service téléphonique restait actuellement insuffisante, cette installation serait sans doute retardée pour plusieurs années. Il va de soi que le désavantage qui en résulterait retomberait exclusivement sur la ville de Metz et ses habitants, mais non sur l'administration impériale de télégraphes qui veut bien actuellement et sans retard contribuer pour sa part au développement du commerce et des intérêts publiques de la ville. La Direction supérieure des Postes veut bien nous déclarer qu'il est loisible aux abonnés -ainsi que cela se fait devant les guichets des bureaux de poste en ville- de se servir de la langue française non pas seulement dans leurs entretiens avec les co-abonnés, mais encore dans les communications à échanger avec l'employé de service du bureau central. (GdL)

Mardi 26 juillet 1887
Nous avons résumé samedi, très brièvement, les diverses considérations qui militent en faveur de l'installation immédiate du réseau téléphonique ; inutile de les développer davantage, d'autant que nous croyons savoir que les idées émises par nous sont l'expression de l'opinion général.
Pour aujourd'hui, nous nous bornerons à insister sur un point. Il est sans doute regrettable que nous n'ayons pu obtenir un prix inférieur à 150 m., et plus à la portée des bourses modestes, car alors les abonnés se seraient multipliés, et, avec eux, en raison mathématique, la somme des services que le téléphone est destiné à rendre.
Mais, puisque nous nous heurtons à une impossibilité, et que, d'autre part, les bonnes volontés de l'administration des postes, de l'administration municipale et des principaux commerçants de Metz sont acquises, il faut en profiter pour faire entrer la question dans le domaine des faits.
Nous reconnaissons que, de la part des premiers souscripteurs, il y a peut-être une sorte de sacrifice. Mais il n'y a pas lieu de trop s'y arrêter, comme nous le disions samedi : outre la question du présent, il faut considérer la question d'avenir. Mettre la chose en train, voici l'important ; elle ira toute seule dès qu'on se sera rendu compte des avantages qu'on retire du téléphone. Il s'agit donc d'un effort initial, auquel nous adjurons nos citoyens de s'associer.
On remarquera, d'ailleurs, qu'il s'agit presque d'une expérience comparable à celles dont l'éclairage électrique a été l'objet. En effet, si la municipalité n'avait pas pris l'initiative d'essais coûteux, nous ne serions pas aujourd'hui à la veille d'être dotés d'un éclairage électrique complet et dans de bonnes conditions.
Comme il n'est rien de tel que de prêcher d'exemple, nous faisons inscrire la Direction du Messin sur la liste des abonnés au service téléphonique. Nous savons, d'ailleurs, qu'une certaine quantité d'adhésions, des plus importantes, est réunie, assez nombreuse pour représenter le chiffre minimum demandé par l'administration des postes.
Par les soins de M. le maire, des listes vont circuler, accompagnées de la traduction en français, des conditions d'abonnement et des documents concernant la question. Nous nous félicitons ici de ce que l'administration des postes ait bien voulu donner aussi rapidement satisfaction au desideratum exprimé par M. Lanique dans sa lettre du 21 courant, et nous espérons que les listes d'abonnement se couvriront, à bref délai, de nombreuses signatures.    La Rédaction
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Au moment de mettre sous presse, nous recevons la communication suivante :
La Direction supérieure des postes a reçu jusqu'à présent les adhésions suivantes pour l'abonnement au service téléphonique :
La Présidence du département, 2 abonnements ; MM. Furderer et Cie, 1 ; M. L. Gottlieb, 2 ; M. C. Heister, 1. En tout : 6 abonnements.
Il est très désirable que nos concitoyens prennent une décision au plus tôt, afin d'éviter toute perte de temps.

Comme nous le disions plus haut, les adhésions sont en bonne voie, puisque dès le premier jour, la Direction des postes en a reçu six, indépendamment de celles qui seront déposées à la Mairie par les intéressés. (LM)

Mercredi 27 juillet 1887
Jusqu'à présent, se sont fait inscrire pour participer à l'établissement d'un réseau téléphonique :
La Présidence du Département, 2 conduites ; MM. Furderer et Cie, 1 conduite ; L. Gottlieb, 2 conduites ; C. Heister 1 conduite. En tout 6 abonnements.
Nous engageons vivement nos concitoyens à prendre une détermination le plus tôt possible, afin d'arriver à assurer l'entreprise. (GdL)

Vendredi 29 juillet 1887
Le public apprendra avec satisfaction que la question du téléphone est dès à présent résolue. Actuellement, il y a déjà 26 abonnements assurés. Voulant contribuer pour sa part à la réussite de l'entreprise, la Gazette de Lorraine s'est inscrite pour un abonnement. (GdL)

Samedi 30 juillet 1887
Nous avons déjà dit que la création d'un réseau téléphonique à Metz était déjà dès à présent assurée, attendu que le nombre des adhésions dépassait le chiffre minimum fixé comme condition de l'établissement. En dehors des adhésions que nous avons déjà signalées en voici quelques nouvelles :
La Direction de l'arrondissement, M. Clément et Cie, La Gazette de Lorraine, Le Messin, MM. Reuter, huissier de justice, Th. Kolbach et Cie, J.H. de Westphalen dit Koch.
La Direction des chemins de fer, de son côté a fait prévoir qu'elle demandera deux raccordements, l'un pour la gare des marchandises de Metz, l'autre pour celle de Devant-les-Ponts. (GdL)

Dimanche 31 juillet 1887
La mairie nous adresse le communiqué suivant :
D'après un bruit qui circule en ville, les abonnés participant à l'établissement du réseau téléphonique, entreprise assurée dès à présent, auraient à payer des frais d'enregistrement en dehors du montant annuel de l'abonnement. Comme preuve à l'appui, on cite une maison de commerce de Metz qui a fait installer une communication téléphonique particulière, il y a quelques temps déjà. En ce qui concerne les abonnements au réseau téléphonique, nous pouvons affirmer de la façon la plus positive que les abonnés n'auront rien à payer, ni frais d'enregistrement, ni frais d'aucune sorte en dehors de leur cotisation annuelle.
Ne voulant contrecarrer en aucune façon l'entreprise si utile de la création du téléphone, nous nous sommes abstenus jusqu'ici d'exposer les objections que nous avons entendues formuler au sujet du prix d'abonnement. Aujourd'hui cependant que l'entreprise est assurée, nous n'hésitons pas à les soumettre à l'attention de qui de droit. D'accord avec l'Administration des Postes, nous sommes d'avis que le prix de 150 marks n'est pas trop élevé pour l'abonnement d'un seul raccordement. Mais - et c'est là précisément que réside la difficulté - beaucoup, nous dirons même la plupart des maisons de commerce ne peuvent se contenter d'un seul raccordement qui ne leur servirait pas à grand-chose. Prenons un exemple. L'entreprise de messageries X a son bureau au centre ville, pour communiquer avec l'agence qui est établie à proximité de la gare des marchandises, il lui faudra un double abonnement comprenant un premier raccordement du bureau situé en ville avec la station téléphonique centrale et un second raccordement de cette dernière avec l'agence de la gare, coût 300 marks. Voilà ce qui nous semble le principal obstacle qui s'est opposé dès le début à une nombreuse participation d'industriels et de commerçants. Tout en maintenant à 150 marks le prix d'abonnement pour un seul raccordement, il serait bon, croyons-nous, d'accorder une remise d'un tiers par exemple aux maisons qui demanderaient un double abonnement. Dans le cas seulement où les maisons commerciales pourront à peu frais, communiquer avec leurs agences, leurs succursales, leurs chantiers..., le réseau téléphonique répondra réellement à son but qui est de donner une nouvelle impulsion aux affaires. (GdL)

Mercredi 2 août 1887
Conseil municipal, séance du 29 juillet.
M. le Maire annonce que l'installation de communication téléphonique pour la ville de Metz peut dès à présent être considérée comme assurée. Quarante demandes d'abonnement ont été présentées jusqu'à présent à la Mairie et à l'Administration des Postes. La ville elle-même en fait partie pour un téléphone à installer au poste des Sapeurs-Pompiers à l'Hôtel de Ville et un autre à l'Abattoir. Les demandes à venir, qu'il serait désirable de voir se produire en grand nombre, devront être adressées à l'Administration des Postes, qui commencera sous peu l'établissement du réseau téléphonique. Relativement aux annonces d'incendies, on se réserve de statuer ultérieurement. Pour démentir un bruit qui s'est répandu à tort, il est expressément observé qu'il n'y aura pas de frais d'enregistrement à payer et qu'en dehors de l'abonnement de 150 marks, aucune autre dépense ne sera imposée. (GdL)

Ainsi qu'on l'a vu ci-dessus par le compte-rendu de la dernière séance du Conseil municipal, l'établissement d'un réseau téléphonique peut désormais être considéré comme entièrement assuré. Samedi matin, la liste des abonnés, couverte de 48 adhésions, a été remise par la Mairie à la Direction supérieure des Postes, qui prendra maintenant l'affaire en mains.
Se sont inscrits comme abonnés à deux téléphones: la Présidence du Département, l'Administration municipale (1 téléphone à l'Hôtel de Ville et un autre à l'Abattoir), l'Administration des chemins de fer (1 téléphone à la gare Serpenoise et un autre à la gare de Devant-les-Ponts), MM. Lion et Caen, L. Gottlieb, Jules Buch, C. Guermont, J. Furst fils, Clément et Augustin, J. Nusch, Ruelle frères. A un téléphone: la Direction de la Police, la Direction de l'Arrondissement, MM. Furderer et Cie, Saltzmann, Moitrier, la rédaction de la Gazette de Lorraine, la rédaction du Messin, MM. Lang frères, Mayer, banquier, Banque du Luxembourg, MM. H. Lanique, C. Heister, J.S. Behr (Hôtel du Nord), Serot et fils, Lallement frères, Tllement, Mme vve Bolich, MM. Baudinet, A. Weisert, Clément et Cie, Reuter, huissier, Holbach et Cie, de Westphalen dit Koch, Alfred Neumann, C. Heurich, C. Leiser et Cie. (GdL)

Jeudi 3 août 1887
Aux adhésions que nous avons déjà fait connaître, il faut ajouter celle de la rédaction du Lorrain qui s'est fait inscrire comme abonné à un téléphone, ce qui porte leur nombre à 49. (GdL)

Samedi 6 août 1887
L'administration des Postes vient de décider que les abonnés au réseau téléphonique n'auront à s'engager que pour la durée d'une année. Si, après l'expiration de cette première année, ils ne dénoncent pas leur abonnement à la fin du trimestre, ils pourront continuer à faire usage du téléphone pour une durée indéterminée, quittes à résilier leur abonnement un trimestre avant d'y renoncer. Il ne sera pas passé de traité spécial, sur ce point, entre les abonnés et l'administration des Postes. (GdL)

Samedi 6 août 1887
Monsieur le secrétaire d'état du département des Postes conformément à la demande de M. Tybusch, directeur supérieur des Postes, vient de donner l'autorisation nécessaire pour que l'établissement du téléphone de la ville de Metz soit effectué immédiatement et avec la plus grande diligence. Dès que les travaux préparatoires seront terminés, l'installation téléphonique sera commencée sans délai. (GdL)

Mardi 9 août 1887
La direction des Postes nous signale comme nouveaux abonnés: MM. E. Schulte, 5 rue du Faisan, Venner, 2 rue St-Louis, H. Wallenborn, 63 rue de l'Evêché. (GdL)

Mercredi 10 août 1887
Monsieur le Directeur supérieur des Postes invite les maisons de commerce et les personnes qui désirent être rattachées au réseau téléphonique à s'adresser sans retard à la Direction supérieure des Postes de Metz. Les demandes qui ne parviendraient pas à cette administration dans un délai de 15 jours ne sauraient être prises en considération pour l'année courante et subiraient un retard jusqu'au printemps de l'année 1888. (GdL)

Jeudi 18 août 1887
La Direction supérieure des Postes vient d'adresser à différentes maisons de Metz qui ne sont pas encore abonnées au téléphone, la circulaire suivante :
Monsieur,
Les travaux nécessaires pour l'installation de l'établissement téléphonique pour la ville de Metz (avec 52 abonnés) devant commencer sous peu, j'ai l'honneur d'appeler de nouveau votre attention sur les avantages de ce moyen de communication. Presque partout, l'expérience a démontré que les marchands, industriels, hôteliers, ... d'une ville où un établissement téléphonique devait être inauguré, ne sont venus d'abord qu'avec hésitation et en petit nombre déclarer leur adhésion. Du moment toutefois où les intéressés se sont aperçus de l'influence avantageuse d'un rattachement téléphonique sur la marche des affaires et la renommée d'une maison de commerce, sur la facilité des communications entre les fournisseurs et leurs clients, entre le marchand et l'administration des chemins de fer... Les personnes qui jusqu'alors n'avaient pu se décider à s'abonner au service téléphonique ont reconnu l'utilité à la nécessité de ce nouveau service public. Les établissements téléphoniques à peine installés, le nombre des adhésions augmentait si rapidement que l'administration des Postes et Télégraphes, à son grand regret n'était pas toujours en mesure de répondre à toutes les demandes, tandis qu'il n'y aurait aucune difficulté d'y faire droit sans retard, si les demandes d'abonnement avaient été effectuées avant le commencement des travaux d'installation. Le public fera donc bien, dans son propre intérêt, de prendre une résolution et de faire connaître son adhésion avant l'inauguration des travaux, afin que la Direction puisse dès l'abord prendre les mesures nécessaires à l'établissement des conduites. J'ajouterais que si chaque abonné n'est tenu que pour la durée d'une année d'abord, le montant annuel 150 marks d'un abonnement est si minime par rapport aux avantages futurs, qu'il ne doit guère entrer en considération dans une maison telle que la vôtre. D'autre part, une réduction de l'abonnement de 150 à 100 marks est inadmissible, l'Administration des Télégraphes n'étant alors pas à même de couvrir ses frais pour l'installation et l'entretien du réseau téléphonique.
Dans le cas où vous désireriez encore des renseignements sur les conditions d'un rattachement au service téléphonique, je serais prêt à vous adresser à titre gratuit un prospectus ou à vous donner personnellement tous les renseignements dont vous pourriez avoir besoin. Veuillez agréer Monsieur, l'assurance de ma haute considération.
La Direction supérieure des Postes. Tybusch. (GdL)

Vendredi 19 août 1887
Ont déclaré leur adhésion à l'établissement téléphonique de la ville de Metz: Max Salomon, M. Béda, ainsi que la succursale de la Société générale alsacienne de Banque. Enfin, la banque de l'Empire (Directeur M. Friedhoff) a annoncé son intention de prendre un abonnement. Nous avons lieu de croire que les maisons qui sont en relation avec la banque de l'Empire (Reichbank) ne tarderont pas à demander leur raccordement au réseau téléphonique. (GdL)

Mardi 23 août 1887
La Direction supérieure des Postes nous communique la circulaire suivante relative au projet d'un établissement téléphonique entre Metz et les villes voisines.
L'installation d'un réseau téléphonique pour la ville de Metz étant assuré grâce au concours bienveillant de notre population intelligente, on a tout naturellement songé à donner à ce moyen de communication une plus grande extension et à envisager le projet d'un établissement téléphonique entre Metz et les localités voisines. Metz capitale de la Lorraine, est le point central des relations politiques, administratives, industrielles et commerciales d'une contrée populeuse. Des rapports d'ordre officiels et privés mettent la ville de Metz en communication directe avec de nombreux cercles de la population de plusieurs villes du voisinage, telles que Thionville, Boulay, Remilly, Ars et St-Avold, pour ne citer que les plus importantes. Au point de vue commercial, la ville de Metz produit ou fournit de nombreux objets d'un usage constant. Les maisons de banque messine entretiennent avec leurs clients en Lorraine des rapports journaliers et fréquents, les journaux de Metz sont les plus répandus dans la campagne, au point de vue du commerce des blés ou autres objets de la production agricole, la ville de Metz reste le point d'échange le plus important pour le département Un grand nombre de commerçants entretiennent des représentants dans les localités importantes de notre province, quelques maisons y possèdent des succursales avec lesquelles elles entretiennent des relations non interrompues à l'aide de la poste, du télégraphe, etc, Plus les rapports sont facilités et multipliés, plus les maisons intéressées gagnent en importance et en extension. Pour le développement de tous ces intérêts, l'établissement d'un service téléphonique serait de la plus haute importance.
Le rattachement des services téléphoniques de plusieurs localités voisines fournit aux intéressés la possibilité d'entrer en communication directe et verbale à toute heure, sans aucun déplacement. L'économie de temps ainsi réalisée et la spontanéité d'un commerce de vive voix sont d'un prix incalculable. L'expérience a du reste démontré l'importance d'un tel service public. Dans la Haute-Alsace (Mulhouse, Gebwiler, Thann), dans les endroits industriels de la Haute-Silésie (Beuthen, Gleiwitz...) dans certains districts rhénans-westphaliens, ainsi que dans les annexes de plusieurs grandes villes, des établissements téléphoniques fonctionnent avec le plus grand succès. Notre commune, sans doute, ne peut pas se comparer avec ces localités, en ce qui concerne l'étendue des intérêts commerciaux; néanmoins, nous avons tout lieu de croire que Metz étant le centre d'un réseau où convergent des intérêts de toute nature, les institutions administratives et privées de notre ville et ses rapports avec les autres endroits de la Lorraine sont autant de garantie pour la réussite d'un service téléphonique avec le dehors.
La mise en pratique du projet tendant à établir des communications entre les habitants de Metz et ceux des villes voisines exige d'abord la création, dans chacun de ces endroits, d'un bureau téléphonique local. Ces bureaux téléphoniques reliés une fois avec Metz par fil spécial, il sera procédé par des moyens techniques à la mise en communication directe entre les différents abonnés de Metz et ceux des localités voisines. Un nombre considérable d'abonnés ne serait pas de rigueur; l'administration des télégraphes prendra en considération les demandes de rattachement au service téléphonique de Metz dès qu'un nombre de 6 à 10 personnes de la même localité déclarerait son adhésion au nouveau service. Chaque intéressé supporterait l'abonnement ordinaire de 150 marks par an plus un droit, variant de 50 pf. à 1 mark pour chaque entretien d'une durée de 5 à 10 minutes avec un abonné messin. Nous ne dissimulons pas les difficultés qui, dans les conditions spéciales où se trouve notre département, s'opposent pour le moment à la réalisation du projet. Toutefois, l'influence considérable du téléphone sur le développement des relations générales a été reconnue partout, de manière que l'extension projetée de l'établissement téléphonique n'est qu'une question de temps? C'est pourquoi nous jugeons utile que les localités des contrées intéressées se familiarisent dès à présent avec l'idée que nous avons émise aujourd'hui, en fassent l'objet de leurs entretiens, d'articles de journaux, de débats au sein des Conseils municipaux... C'est ainsi que le terrain sera avantageusement préparé et que l'administration des Postes, qui porte un grand intérêt à cette affaire sera mise à même de procéder en temps utiles à l'étude des installations et à la préparation des travaux nécessaires. Il nous revient que plusieurs maisons de commerce de Metz ont déjà posé comme condition à leur adhésion à l'établissement téléphonique de la ville, l'extension du réseau à d'autres localités de la Lorraine; aussi, l'administration pourra-t-elle sans aucun doute compter sur le concours de ces maisons qui, dans leur propre intérêt, voudront contribuer à la propagation, dans les localités dont il s'agit, des idées émises ci-dessus et aide ainsi au développement des intérêts publics. Les Conseils municipaux des communes voisines de Metz auront en première ligne bien mérité de leurs administrés en prêtant leur concours précieux à la réalisation du projet d'un grand réseau téléphonique rayonnant autour de la ville de Metz. (GdL)

Mercredi 24 août 1887
Se sont abonnés: MM. Jacquemin à Metz, éventuellement au Sablon et Montigny, Mme vve Bondroit, L. Schard et Cie (moulin de la ville). Le délai fixé pour les déclarations étant expiré, il n'en sera plus accepté pour le moment. (GdL)

Les travaux d'installation ont commencé par des pourparlers relatifs à la pose des points d'appui et des fils sur les diverses maisons de la ville. Dès que ces pourparlers, qui sont menés très activement, auront abouti, on procédera aux travaux. (GdL)

Samedi 27 août 1887
La Direction supérieure des Postes nous communique une adhésion au téléphone arrivée au dernier moment, celle de M. Eugène Fribourg, représentant de commerce, rue des jardins qui s'abonne pour deux appareils. (GdL)

Samedi 27 août 1887
Ainsi qu'on l'a vu par la communication de l'Administration des Postes que nous avons publiée, la liste des adhésions au téléphone est close. Toutefois nous avons encore à en signaler trois, qui seront comprises dans la première liste ; celles de :
MM. Ferdinand Schaeffer (raison sociale « Krell et Schaeffer »), 41, rue Nexirue (un poste) ;
Ph. Weigand jeune, 19, rue des Prisons Militaires (un poste) ;
Ferry, vis-à-vis la gare de Metz (un poste).
Il convient de remercier l'Administration des Postes du zèle et de l'urbanité parfaite qu'elle a apportés dans tous les détails de cette entreprise.
S'il nous était permis de formuler encore quelques vœux, nous ferions observer à M. le Directeur des Postes qu'il conviendrait de se montrer coulant sur la question du délai, et d'attendre, le cas échéant, les adhésions retardataires. Car, d'une part, un certain nombre de personnes sont longues à se décider ; d'autre part, la saison des vacances et des villégiatures a entraîné des absences dont il faut tenir compte, et retardé plus d'une adhésion.
Une autre question, bien plus importante, que nous désirons adresser à l'Administration des Postes, est celle-ci: Ne pourrait-il pas être établi des cabines téléphoniques publiques, dans lesquelles tout le monde serait admis à échanger des communications moyennant un tarif à tant les cinq minutes, comme cela se pratique à Nancy, par exemple ? Ces cabines publiques, qui pourraient sans doute être installées facilement dans les bureaux de poste et de télégraphe déjà existants, mettraient le public à même d'apprécier tous les avantages du téléphone et faciliteraient singulièrement, croyons-nous, le recrutement de nouveaux abonnés. Nous appelons donc l'attention de l'Administration supérieure sur cette intéressante question, et nous sommes convaincus que, dans son désir de favoriser autant que possible cette entreprise d'utilité publique, elle voudra bien prendre la question en considération.
Nous allons donc débuter avec environ 54 adhésions, représentant 66 rattachements téléphoniques ; nous nous félicitons de ce résultat.
Ces chiffres, croyons-nous, seront bientôt largement dépassés. A Nancy, au commencement de 1885, le nombre primitif des abonnés était également de 60 ; il dépasse 130 actuellement, et la progression a été constante.
Quant à l'utilité du téléphone, elle n'est plus à discuter, et nous terminerons par cet extrait d'une lettre qui nous est adressée de Nancy par un notable commerçant, M. N... :
« Tous les adhérents que j'ai vus m'ont déclaré qu'ils reconnaissaient de plus en plus les avantages du téléphone, lesquels s'imposent aujourd'hui à ceux qui au début y étaient tout à fait réfractaires. »
Nul doute que le même phénomène se produira à Metz, et que tous nos négociants comprendront bientôt tous les avantages d'un progrès incontestable dans les relations commerciales. (LM)

Dimanche 28 août 1887
Avec une célérité toute téléphonique dont nous ne saurions trop le remercier, M. Tybusch, directeur supérieur des Postes de Metz, a bien voulu répondre aux questions que nous formulions hier. Il nous a fait savoir que l'Administration ne se montrera pas plus rigoureuse qu'il ne faut sur le délai d'admission, et qu'elle acceptera les adhésions des retardataires en tant qu'il sera compatible avec les nécessités des travaux d'installation.
Quant à la question des cabines publiques, l'Administration supérieure a déjà commencé une étude spéciale à ce sujet, et elle veut bien nous promettre de nous tenir au courant des résultats.
Nous espérons apporter un élément d'éclaircissement à la question en publiant la façon dont les choses se passent en France pour le service des cabines publiques. Voici, concernant ce point, un extrait du règlement que nous devons à notre correspondant de Nancy, déjà cité hier :
«C. Communications échangées à partir des cabines téléphoniques publiques.
Dans une même ville ou entre villes différentes formant, en vertu d'une décision spéciale, un groupe au point de vue de l'exploitation téléphonique de l'Etat, il est à percevoir, par 5 minutes de conversation, 0 fr. 25 c., à percevoir dans chaque poste extrême, pour conversation entre abonnés de deux villes différentes ou entre deux cabines publiques ; à percevoir dans la cabine publique seulement, pour les conversations entre abonnés et cabines publiques dans la même ville.
Toutefois, la personne qui demande la communication peut payer d'avance 25 c. pour la réponse. Dans ce cas il en est donné avis, par le téléphone, au poste de destination, et il n'est rien perçu dans ce dernier poste.
Durée des communications.
En aucun cas il ne peut être accordé, dans les cabines téléphoniques publiques, successivement plus de dix minutes de communication à la même personne, lorsqu'il s'est produit d'autres demandes de communication. L'ordre des demandes est suivi rigoureusement sans aucune exception ni tour de faveur. La même règle est applicable aux communications entre abonnés de réseaux différents. »
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Nos lecteurs trouveront à la 3e page la liste complète, à ce jour, que nous avons établie par ordre alphabétique, des adhérents au service téléphonique, liste dont chacun aura besoin quand le téléphone commencera à fonctionner. Si par hasard cette liste contenait quelques inexactitudes de détail, nous serions obligés aux intéressés de nous les faire connaître.
Toute la presse messine se trouve, comme on verra, représentée sur cette liste. Nous constatons, à son honneur, que, malgré les divergences d'opinion, elle sait se trouver d'accord dès qu'il s'agit d'une question d'intérêt général et d'un progrès à réaliser.
Souhaitons en terminant que cette liste, qui compte déjà 53 noms, s'augmente à bref délai, à l'exemple de ce qui est arrivé à Nancy.
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Le 1er septembre, M. Tybusch, directeur supérieur des postes de Metz, retournera à son poste à Minden (Westphalie), et sera remplacé par M. Schulz, d'Arniberg.
M. Tybusch a été en fonction à Metz pendant trois mois. Il a toujours montré une bonne volonté et une affabilité à laquelle nous nous plaisons à rendre hommage une fois de plus. C'est grâce à lui que l'entreprise du téléphone, commencée sous de mauvais auspices, a pu être menée à bonne fin. (LM)

Mardi 30 août 1887
Ainsi qu'on l'a vu par la communication de la Direction supérieure des Postes que nous avons publiée, la liste des adhésions au réseau téléphonique est close. Toutefois nous avons encore à en signaler quatre qui seront comprises dans la première liste : celles de MM. Ferdinand Schaeffer (raison sociale Krell et Shaeffer) 41 rue Nexirue (1 poste), Ph. Weigand jeune, 19 rue des Prisons Militaires (1 poste), Ferry, vis à vis la gare de Metz (1 poste), Schwieger, café de la Meuse (1 poste).
Il convient, dit le Messin, de remercier l'administration des Postes du zèle et de l'abanité parfaite qu'elle a apportés dans tous les détails de cette entreprise. (GdL)

Mercredi 7 septembre 1887
On nous annonce une nouvelle adhésion au service du téléphone, celle de M. Anselm, pharmacien, rue des Allemands. (GdL)

Mercredi 21 septembre 1887
Il nous revient que la Direction générale des Postes vient de décider que l'abonnement annuel au service téléphonique dans les localités de la banlieue messine serait fixé au même chiffre que pour la ville même, pour autant que ces localités soient exploitées dans la circonscription postale du bureau de Metz. En revanche, les droits pour les raccordements téléphoniques avec des localités voisines pourvues d'un bureau de poste spécial seront perçus conformément aux conditions arrêtées pour les participations à un service téléphonique urbain (catégorie $4b). C'est ainsi que chaque poste téléphonique au Sablon, aux Bordes, à Devant-les-Ponts, etc. payera 150 marks tandis que cet abonnement sera majoré d'un droit de 50 marks pour chaque kilomètre de distance entre le rayon postal et la localité intéressée, lorsqu'il s'agit des raccordements avec Montigny, Longeville et St-Julien.
Il résulte d'une autre décision de l'Office central des Postes, que les traités relatifs à l'installation d'un service téléphonique ne seront pas conclus sous forme de contrat, mais par simples notifications écrites. Les formules établies à cet effet seront distribuées sous peu aux intéressés.
Une observation intéressante, pour terminer, l'expérience a démontré que les supports téléphoniques surmontant les immeubles constituent une protection efficace contre la foudre. Ces poteaux étant en communication permanente avec la terre par de nombreux fils métalliques, chaque support peut être considéré comme faisant fonction de paratonnerre. Nous avons lieu d'espérer, dans l'intérêt d'un prompt achèvement du réseau téléphonique que cette considération contribuera à faire lever certaines difficultés rencontrées de la part de quelques propriétaires au sujet de l'application des supports téléphoniques sur leurs maisons. (GdL)

Mercredi 23 septembre 1887
Conseil municipal de Metz.
D'après des informations données par M. le Maire, des arrangements ont été faits pour utiliser les téléphones pour l'annonce des incendies avec MM. Henrich, pharmacien, rue du Pont-St-Georges, 16-18, Anselm, pharmacien, rue des Allemands, 21, et R, boucher, rue de Paris, 10. Les téléphones du poste central de la Direction de la police, rue des Trois-Boulangers, et du bureau central du télégraphe seront en outre à la disposition du public, de sorte qu'après l'achèvement du réseau téléphonique, dont les travaux seront commencés sous peu, la ville de Metz sera pourvue en dehors de l'Hôtel de Ville, de cinq stations d'annonces d'incendies avantageusement réparties dans les divers quartiers de la ville. (GdL)

Jeudi 6 octobre 1887
On nous annonce une nouvelle adhésion au réseau téléphonique, celle de M. Corhumel, pharmacien, rue Serpenoise, avec deux postes, l'un à Metz, l'autre au Sablon. (GdL)

Mardi 18 octobre 1887
Les travaux relatifs à l'établissement d'un réseau téléphonique pour la ville de Metz et les communes suburbaines ont été commencés le 4 octobre par la pose des fils conducteurs reliant Metz à Devant-les-Ponts, au Sablon et aux Bordes. Depuis quelques jours, des ouvriers aménagent la station centrale qui est installée dans le bâtiment du télégraphe, rue de l'Esplanade. A partir d'aujourd'hui, on procédera à la pose, sur les toitures, de tuyauteries en fonte destinées à supporter les isolateurs autour desquelles viendront s'enrouler les fils conducteurs. C'est ici une besogne qui nécessitera plusieurs mois, d'autant plus que voici la mauvaise saison qui commence. Le réseau téléphonique ne pourra guère être terminé avant les mois de janvier ou de février prochain. Les fils conducteurs dont on se sert sont en acier de 2,2 millimètres. Les appareils sont du système Siemens et Halske. Chaque station téléphonique sera munie d'une batterie de 6 éléments. (GdL)

Mardi 13 décembre 1887
Les appareils téléphoniques sont actuellement posés chez tous les abonnés. D'après nos informations, le service serait inauguré officiellement le 16 octobre; les intéressés recevront tous la liste de leurs co-abonnés et des instructions relatives à l'usage des appareils. (LM)

Mercredi 14 décembre 1887
Un avis officiel confirme aujourd'hui la nouvelle que nous avons donnée hier relativement au service téléphonique.
Les communications seront ouvertes le 16 courant à partir de 8 heures du matin. La distribution des listes d'abonnement, renfermant des instructions exactes sur le maniement des appareils et l'exploitation du système téléphonique a lieu aujourd'hui. Nous reproduirons ces instructions dans un prochain numéro. (LM)

Jeudi 15 décembre 1887
Nous appelons tout spécialement l'attention du public sur l'avis ci-après :
L'installation téléphonique de la ville de Metz sera inaugurée le 16 du mois courant à 8 heures du matin et mise à partir de la même date, à la disposition du public. La distribution de la liste des abonnés, renfermant une instruction exacte sur le maniement des appareils et l'exploitation du service téléphonique aura lieu aujourd'hui.
Metz le 12 décembre 1887. Pour le Directeur supérieur des Postes. Signé Waechter. (GdL)

Le bureau du télégraphe de l'Esplanade délivre des exemplaires de la liste des abonnés au prix de revient.

Dimanche 25 décembre 1887
Conseil municipal du 24 décembre.
(...) Le maire fait ensuite communication au Conseil municipal de ce que l'exploitation du réseau téléphonique de la ville de Metz a été inauguré le 16 du mois courant, avec 67 stations terminales et deux postes intermédiaires, en rendant hommage à l'administration supérieure des Postes pour son empressement et l'activité déployée par elle pendant les travaux préparatoires et ceux de cette importante extension des moyens de communication. On rappelle à cette occasion encore une fois que dorénavant à toutes heures du jour et de la nuit, on pourra signaler les incendies par les voies du téléphone : 1° au poste des pompiers de l'Hôtel de ville, 2° au bureau central du téléphone, rue de l'Esplanade n°10, (bureau du télégraphe), 3° au poste central de la Direction impériale de police, rue des Trois-Boulangers, n°4, 4° chez M. Anselm, pharmacien, rue des Allemands, n°24, 5° chez M. Heurich, pharmacien, rue du Pont-St-Georges, n°16-18, 6° chez M. Rehmenklau, boucher, rue de Paris, n°10 au fort. (...) (GdL)

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