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  Dernière mise à jour : 9 juillet 2017

La Fraise à Woippy
( Articles de presse et autres )
Du début à 1918

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Mardi 3 juin 1873
La culture du Fraisier.

La réapparition des fraises sur le marché parisien nous engage à parler de la culture de cet excellent fruit et particulièrement du fraisier dit des quatre saisons.
Cette culture est facile, toutefois il y a quelque précautions à prendre pour conserver au fruit sa grosseur qu'il perd facilement si on ne le soigne pas. Ainsi, outre la façon ordinaire à donner au sol, il importe beaucoup de débarrasser fréquemment les plantes des nombreux filets qu'elles poussent et qui, si elles sont un moyen de reproduction, sont en même temps une cause d'affaiblissement, et diminuent à la fois la production des fruits et leur grosseur. Il faut aussi renouveler les plants assez fréquemment.
On concilie la nécessité d'avoir des plants pour le renouvellement avec l'obligation d'enlever les filets, en conservant une des planches qui est arrivée à son terme de bon produit ; on la garde comme mère pour la reproduction ; on la détruit quand les filets qu'elle produit en grande abondance ont été pris pour les nouvelles planches à créer.
Un autre soin non moins essentiel est de renouveler de temps à autre l'espèce par voie de semis. On cherche, pour récolter la graine, les plus belles fraises ; et pourvu que la graine en soit bien mûre, on préfère les fraises de la fin de l'été pour être plus sûr d'avoir un plant bien franchement remontant.
On sème la graine en terrine sur les premières couches de printemps ; on repique en pleine terre, et même deux repiquages successifs valent mieux qu'un seul. On remet en place à la fin de septembre ou au commencement d'octobre, et au printemps suivant on fait une bonne récolte. Quant une planche ainsi formée a duré deux ans ou trois, ou plus, on doit la détruire, et l'on peut s'en servir avec avantage pour laisser pousser les filets destinés à fournir d'autres plants.
Ajoutons que l'arrosage des fraisiers avec de l'eau à laquelle on a ajouté par arrosoir quelques grammes d'huile de pétrole, détruit ou éloigne le mans ou ver blanc du hanneton, qui fait tant de mal à cette culture. (Français) (MoMo)

Jeudi 14 juin 1883
Woippy. Actuellement une centaine de ménages s'occupent de la culture de fraises et la superficie plantée est d'environ 30 hectares. Le kilo de fraises coûte entre 30 et 40 pfennigs. Le revenu total du village de cette production représente la somme énorme de 30 000 marks. Les fraises étaient envoyées autrefois à Nancy, Reims et Paris. Aujourd'hui elles vont à Coblence, Francfort, Karlsruhe et Cologne. On plante maintenant aussi des fraises à Plesnois, Lorry, Norroy-le-Veneur, mais en moindre quantité. (MZ)

Vendredi 15 juin 1883
Connaissez-vous l'importance de la culture des fraises dans le pays messin ?
Voici, à ce sujet, quelques chiffres que nous devons à l'obligeance d'un de nos abonnés de Woippy. Dans cette localité environ 100 ménages se livrent à la culture de ce fruit savoureux. Une superficie totale de 30 hectares est affectée à sa culture. Les fraises se vendent (prix moyen) à raison de 30 et 40 pfennig le kilogramme. Autrefois, on expédiait les fraises à Nancy, à Paris, à Reims ; aujourd'hui, elles prennent le chemin de Coblence, de Francfort-sur-Mein, de Mannheim, de Carlsruhe, mais surtout de Cologne. Le bénéfice que retire annuellement Woippy de la culture des fraises s'élève à la somme de 20 000 marks. On cultive encore, depuis une paire d'années, des fraises à Lorry-lès-Metz, à Norroy-le-Veneur et à Plesnois, mais sur de moindres étendues qu'à Woippy, car dans ces communes, le terrain ne se prête pas aussi bien à leur réussite qu'à Woippy. (GdL)

Mercredi 27 juin 1883
Un ramoneur, du nom de Christmann, a été arrêté hier, près de Woippy, par le garde-champêtre, au moment où, en compagnie d'un autre individu, il remplissait un panier de fraises cueillies dans les champs avoisinant ce village. Le second larron est parvenu à s'esquiver. (GdL)

MEMOIRES DE L'ACADEMIE DE METZ
1885-1886
(pages 377-383)

DE LA CULTURE DU FRAISIER DANS LE PAYS MESSIN
PAR M. D. AMBLARD,
Membre titulaire.
Lu en séance de l'Académie le 25 Juin 1885.

  La culture du fraisier pour le commerce, et surtout pour l'exportation, était à peu prés inconnue autrefois dans le pays Messin. Mais, depuis quelques années, l'introduction de nouvelles espèces, plus propres à la spéculation par leur fertilité, a donné à ce genre de culture une extension et un essor qui vont s'augmentant chaque jour. - Les fraises de Metz ont déjà une excellente renommée sur la plupart des grands marchés et sont recherchées non seulement à Paris, où on les expédie par nombreux wagons, mais encore à Berlin, Francfort et Nuremberg. Seulement ces dernières villes demandent tout particulièrement les espèces printanières.
Le fraisier est de la famille des rosacées : son calice a dix divisions sur deux rangs, dont cinq extérieures plus étroites et plus écartées ; sa corolle compte cinq pétalles arrondis, vingt à vingt-cinq étamines et beaucoup d'ovaires. Le réceptacle devient ovoïde charnu et succulant après la floraison et forme une sorte de baie portant les graines à l'extérieur. Les fleurs sont blanches.
Il a été connu de tout temps dans nos pays et on en fait souvent mention sous le nom de frogier dans d'anciens manuscrits antérieurs à 1750, année où le capitaine Fraize est dit l'avoir importé en Europe.
La fraise croît à l'état sauvage dans toutes nos forêts et sur quelques côteaux rocailleux : c'est la Fragaria vesca ou Fragaria vulgaris. Très parfumée, assez fertile, elle apparaît fréquemment sur nos marchés où elle est fort recherchée.
Sauvage encore, quoique bien différente, est la fraise remontante (Fragaria vesca semper florens), variété à fruit rouge et blanc durant quelquefois jusqu'à l'époque des neiges, et croissant surtout à Villers-Bettnach.
La fraise sauvage est aussi cultivée dans les jardins : des sélections habiles éliminant les membres trop faibles et à fruits trop petits ont perfectionné cette espèce rustique et créé des variétés nouvelles donnant des fruits d'assez fortes dimensions et dont le principal avantage est de fournir des fruits pendant plusieurs mois, tandis que les nouvelles variétés ne produisent que fort peu de temps. On cultive entr'autres le fraisier Estagellis qui ne produit point de rejets rampants.
Pour la culture spéculative, la fraise Marguerite (Lebreton) est fort recherchée : elle est la plus hâtive mais laisse beaucoup à désirer sous le rapport du parfum. Je lui préfère la Princesse royale moins fertile mais meilleure.
Comme fraise de 2ème saison, la fraise Docteur Morère est fort répandue, le fruit est bon et d'une belle couleur. Cependant les jardiniers préfèrent la Châlonnaise produisant un bon fruit rond, juteux et à graines peu saillantes.
On recommande comme fruit de 3ème saison la fraise Elton improwed (Ingram). Elle est cultivée surtout à Woippy et à Saulny ; elle n'est pas très grosse, et ce manque de grosseur est largement compensé par le nombre des fruits qui sont ronds, à pointe tronquée, juteux, parfumés et à graine saillante. Cette variété craint particulièrement les hivers rigoureux.
Enfin la fraise dite Ananas, cultivée spécialement à Bellevue, au Ban-Saint-Martin et Devant-les-Ponts est recherchée par la confiserie de Metz qui en fait des fruits confits qui s'expédient à Londres principalement où ils sont aussi avantageusement connus que les mirabelles de Metz.
Depuis peu la fraise Napoléon III est introduite en grande culture par quelques maraîchers. - Tout comme la fraise des bois, cette nouvelle variété est couverte sous les feuilles et les pédoncules d'un duvet soyeux épais. Le fruit est gros, très rouge, de très bonne qualité mais tardif. Les caractères de cette fraise se reconnaissent facilement à la feuille. Mais, pour les autres espèces, les fruits types doivent toujours être pris parmi les premières fraises mûres ; - les fraises mûrissant à la 2ème cueillette perdent les principaux caractères qui les distinguent.
La récolte de ces diverses variétés se fait ordinairement au mois de Juin, mais comme les fraises primeurs sont toujours vendues un prix énorme, surtout si elles joignent la grosseur à une belle couleur vermeille, les spéculateurs s'efforcent par tous les moyens d'avancer la maturité. - La seule méthode, employée aux environs de Metz et principalement par les horticulteurs du Ban-Saint-Martin pour hâter la maturité des fraises, consiste dans le forçage sous chassis vitrés sur une couche faite en Janvier avec du fumier de cheval et recouverte de 25 à 30 centimètres de terreau. Les fraisiers forcés sont choisis parmi les sujets les plus forts. On les plante quelquefois en pots et, lorsque la couche se refroidit, on prépare une nouvelle couche sur laquelle on replace les pots au bout de 7 à 8 jours après que cette nouvelle couche a été faite, car ce temps est nécessaire pour permettre au fumier de se mettre en fermentation et à la terre de s'échauffer.
Un autre moyen est employé à Pont-à-Mousson par les jardiniers pour devancer de quelques semaines la récolte des fraises et en obtenir même en Avril. Ils établissent des couches de fumier de cheval recouvertes de châssis vitrés sous lesquels ils plantent en Janvier des fraisiers espacés entr'eux de 20 centimètres en tous sens. Ils lèvent les châssis pendant les journées chaudes et arrosent sur un paillis de grand fumier pour empêcher la terre de salir les fraises. J'ajouterai cependant que cette industrie paraît fort peu rémunératrice dans cette petite ville, parce que les variétés employées sont peu précoces et qu'on n'y cultive guère que la Châlonnaise ou la Jucunda, dite la ronde sur le marché de Metz. Cette dernière variété est non seulement peu productive mais encore de 2ème saison.
Le mode de multiplication du fraisier consiste dans les semis ou dans les replants.
Les replants sont les stolons ou rejets rampants que produit chaque pied de fraises aussitôt après la fructification et qui, s'enracinant d'eux-mêmes au bout de quelque temps forment des pieds nouveaux.
La multiplication par semis est excessivement simple : Après avoir écrasé des fraises dans du sable on les sème de suite en terrines sur couches ou au printemps suivant dans une bonne terre dans laquelle elles lèvent au bout d'une quinzaine de jours. Inutile d'ajouter que ces jeunes semis devront être soignés longtemps d'une manière spéciale, sarclés fréquemment et arrosés au moment des chaleurs.
C'est par les semis qu'on est parvenu à obtenir toutes les nouvelles variétés cultivées aujourd'hui. Par l'influence du climat, du terrain et du choix des graines les anciennes variétés se sont perfectionnées peu à peu. On n'aurait jamais obtenu ce résultat par le replant des stolons qui ne produisent jamais que des sujels identiques aux fraisiers générateurs.
Dans les maisons bourgeoises, la culture des fraises se fait généralement en bordures, le long des sentiers du jardin ; c'est un très mauvais moyen pour obtenir de beaux et bons produits. Il est préférable de consacrer à cette culture un espace, si restreint qu'il soit, dans un carreau du jardin potager où on plantera les pieds à 33 centimètres en tous sens : c'est l'intervalle généralernent adopté par tous ceux qui cultivent les fraises en grandes pièces.
La durée moyenne d'un pied de fraises est de 4 à 5 ans, parce que, passé ce temps, le fraisier dégénère et dépérit.
Les soins à donner au fraisier sont plus nombreux et plus coûteux qu'on est porté à le croire. Au printemps il faut bêcher à la main et arracher avec soin autour des pieds les mauvaises herbes et surtout le chiendent et la chicorée qui s'entrelacent dans les racines. Dans les premiers jours d'Avril il faut biner légèrement le sol, et, par une journée un peu fraîche, répandre dans les lignes de la longue litière ou de la paille hachée. A l'automne enfin, il faut de nouveau fumer abondamment le sol.
La cueillette des fraises se fait après la disparition de la rosée du matin. Celles qui ne sont pas destinées au marché sont placées dans des paniers spéciaux et conduites directement à la gare, dans des voitures à étages, pour être expédiées par grande vitesse.
La vente des fraises, après avoir suivi pour les prix une marche ascendante, tend maintenant à baisser. Cependant, même l'année dernière où la crainte du choléra a restreint considérablement la consommation et par suite la valeur de toutes les espèces de fruits, la culture du fraisier demeure très rénumératrice et rapporte net en moyenne de quinze à seize cents francs par an et par hectare dans une culture bien tenue.
Il serait seulement à désirer que les amateurs étudiassent les nouvelles variétés de fraises de manière à perfectionner leurs cultures, sous les rapports et de la qualité et de la quantité, pour conserver aux fraises de Metz la renommée et la supériorité quelles ont acquises jusqu'ici sur tous les marchés. Mais c'est principalement sur les variétés les plus précoces, et par conséquent les plus chères, que leur attention devrait tout spécialement se porter.
Notons en terminant que depuis quelques années des horticulteurs allemands sont venus aux environs de Metz acheter des replants de fraisiers pour les multiplier dans leur pays. Ils font en ce moment une concurrence énorme à l'exploitation Messine.

Samedi 22 juin 1889
Metz. Le commerce des fraises.
Rarement la saison des fraises aura été aussi bonne que cette année. Ce délicieux fruit est d'une succulence rare et a un arôme exceptionnel. Aussi le commerce se fait-il sur une large échelle. Tous les jours des chargements partent dans toutes les directions de l'Allemagne, à Strasbourg, à Wiesbade, à Cologne, etc. Hier, l'expédition avait atteint son maximum. Les jardiniers du pays messin, de Woippy et de Lorry notamment, se frottent les mains. Voilà un article d'exportation comme il en faudrait plusieurs à notre ville. (LL)

Samedi 21 juin 1890
Metz. Les fraises.
Le commerce des fraises, dont la culture est très importante dans nos environs, bat maintenant son plein ; toutefois les espèces préférées par les gourmets, surtout la Sir Harry qui est d'un goût exquis, ont encore grand besoin de la chaleur solaire. Les fraises de Plesnois mûrissent huit jours plus tard que celles de Woippy. L'année dernière, la récolte a été plus abondante qu'elle ne le sera cette année ; les plants de deux ans se présentent très bien, tandis que ceux de trois ans ont passé difficilement l'hiver. Les envois les plus nombreux sont à destination de Mayence et des fabriques de conserves de la Hesse, ainsi que pour Cologne. L'exportation pour la France est insignifiante. De grandes quantités sont préparées en conserves sur place par différentes maisons, entre autres par MM. Moitrier à Metz et Brenner à Maison-Neuve. Grâce aux commandes d'année en année plus nombreuses, la culture des fraises a pris un développement très considérable. Ce n'est plus seulement à Woippy qu'on s'occupe de cette culture ; on en plante maintenant aussi de grandes quantités à Devant-les-Ponts, Plesnois, Villers-lès-Plesnois, Norroy et Semécourt. On dit que les meilleures fraises proviennent de Plesnois où le sol est, paraît-il, moins épuisé que ne le sont les champs de fraises situés sur le ban de Woippy.(GdL)

Samedi 11 avril 1891
Devant-les-Ponts. On écrit à la Metzer Zeitung : Parmi les établissements créés à proximité de la ville de Metz depuis1870, la fabrique de conserves à vapeur de la maison Fritz Brenner (propriétaires, MM. Brenner et Hofmann) à Devant-les-Ponts occupe une place exceptionnelle. Fondée en 1878 à Wiesbade, transférée à Devant-les-Ponts en 1883, cette usine, d'abord peu importante, s'est élevée au rang d'une des premières fabriques de conserves d'Allemagne. Elle possède toutes les ressources mécaniques modernes et dispose de vastes salles de travail et magasins, bien éclairés, qu'on a agrandis annuellement jusqu'ici. C'est ainsi qu'au printemps actuel on construit encore un nouveau bâtiment, consistant en caves et salles d'entrepôt. Située à vingt minutes environ de Woippy, le lieu de production par excellence des fraises et des framboises universellement estimées, cette fabrique emploie, par an, environ 3000 quintaux de ces deux sortes de fruits, dont la plupart ne sont pas exposés en vente au marché de Metz, mais qu'on envoie chercher journellement, à deux reprises, à Woippy. Confites dans des verres et des boîtes en fer blanc, les fraises de cette maison sont recherchées bien au-delà des frontières d'Allemagne. On transforme les framboises en marmelade, qui sert surtout à remplir les « beignets berlinois » ( Berliner Pfannkuchen ) à Berlin. L'année dernière on a expédié de cette seule sorte de marmelade environ 600 quintaux à destination de la capitale. Outre ces deux sortes de fruits, on en conserve encore d'autres en quantité très considérables dans des verres, des boîtes en fer-blanc et comme marmelade, spécialement des mirabelles de Metz, dont la réputation n'est plus à faire. Une autre spécialité de la maison Brenner, ce sont les « prunes confites » renfermées dans d'élégantes petites caisses de bois, estimées comme dessert fin, et dont on a rempli l'année dernière environ 60 000 petites caisses représentant à peu près 300 quintaux de quetsches fraîches. Outre son importante exportation en Amérique, en Angleterre, en Suède et dans les Indes anglaises, le maison Brenner a un débouché sans cesse grandissant en Allemagne ; elle entretient à Berlin, Hambourg, Brême, Leipzig, Dresde, Francfort, ainsi qu'à Paris et à Londres, des représentants permanents et des entrepôts particuliers. Ses produits jouissent d'une grande et unanime faveur. (LL)

Jeudi 23 juin 1892
Voleurs de fraises.
On nous écrit de Woippy : « Dans la nuit de samedi à dimanche dernier, plusieurs malfaiteurs ont dévalisé chez nous quelques uns de nos champs de fraises. Si rares et si précieuses nos fraises de cette année, faudrait-il ainsi nous les voiler ? Mais ce qu'il y a de particulièrement hideux, c'est que dans l'obscurité on a cueilli fraises mûres et fraises vertes, et même on a arraché quantité de plants de fraises. Le dimanche, vers 5 heures du matin, un de nos propriétaires surprenait dans son champ un groupe de quatre hommes et de deux femmes traînant une voiture d'enfant remplie de fraises. Il les a poursuivis jusqu'aux portes de la ville où il les a perdus de vue. Si la police nous les dénichait, quel merci nous lui enverrions ! D'autre part, nous sommes constamment visités et envahis par des bandes de bohémiens et roulants !… gens mendiants et ... voleurs. N'y aurait-il donc pas moyen de nous en débarrasser ? (LL) (GdL)

Mercredi 24 mai 1893
Les fraises monstres.
Le Journal des campagnes donne la recette suivante pour obtenir des fraises énormes : Prenez une carafe de cristal, jetez au fond une couche de terreau, arrosez afin de condenser la terre, prenez un bâton et faîtes, au milieu de la terre, un trou de deux centimètres dans lequel vous ferez tomber six graines de fraise, jetez ensuite une dernière couche de terreau et arrosez de nouveau. Bouchez hermétiquement la carafe, vous verrez germer, et un mois après, vous aurez une fraise qui remplira la carafe. Il ne vous restera qu'à casser la carafe et à manger le fruit. Parfait, mais si chaque fraise coûte une carafe de cristal ? C'est un peu cher, bonsoir, et mieux vaut peut-être les aller cueillir au bois ? (LL)

Lundi 17 juin 1895
La route de Woippy était chargée la semaine dernière de piétons, de voitures, de vélos... Tous se rendaient à Woippy, le temps des fraises étant venu. Cette année la récolte sera belle et abondante. Sur place, les fraises se vendent 20 pfennigs la livre et les prix baisseront encore les jours prochains. (ZL)

Mardi 30 juin 1896
Le bruit courait hier à Metz qu'un sous-officier de dragon aurait été tué par un habitant de Woippy. L'affaire est beaucoup moins grave. Voici à quoi elle se réduit. Lundi dernier, M. Winkel, propriétaire, surprit dans un champ de fraises le sous-officier Kneiffel et l'interpella. Le militaire tira son sabre, mais M. Winkel lui asséna un coup de gourdin sur la tête ; le sous-officier eut une assez large blessure, mais est aujourd'hui rétabli.

Mercredi 19 mai 1897
La gelée de la semaine dernière.
A Woippy, où la culture des fraises se pratique sur une très grande échelle, les champs situés dans la plaine ont beaucoup souffert. (CdM)

Mardi 4 janvier 1898
Woippy. On nous écrit le 30 décembre : La question si souvent agitée de la construction d'une station de chemin de fer à Woippy semble devoir se résoudre sous peu, car d'après des renseignements dignes de foi, l'administration des chemins de fer procède déjà à l'acquisition de terrains à la Maison-Rouge. Vouloir démontrer de nouveau la nécessité de cette gare serait superflu : des plumes plus compétentes que la mienne l'ont prouvé il y a longtemps, et encore dans sa dernière session, le Conseil d'arrondissement a chaudement recommandé l'établissement de cette gare. Ou en effet trouverait-on un chemin de fer qui, sur un parcours de 10 km, comme celui de Devant-les-Ponts à Maizières n'a pas de gare? C'est très rare. En outre, Woippy est le pays aux fraises par excellence, et d'après l'évaluation d'hommes compétents, Woippy seul en produit en moyenne annuellement pour environ 75 000 marks. Sur cette somme on en exporte pour environ 50 000 mk.; le reste est consommé à Metz et aux environs. Or, tandis que jusque dans ces dernières années on exportait de préférence en France, et surtout à Nancy, maintenant la direction des affaires a changé du tout au tout, et les principaux débouchés sont actuellement Strasbourg, Trèves, Cologne et même Berlin. Il est évident qu'avec des communications de chemins de fer plus commodes, les affaires augmenteraient encore sensiblement et que l'exportation, au lieu de se diriger en grande partie vers la France, prendrait presque exclusivement le chemin de l'Allemagne. Le seul moyen de rendre ces communications plus faciles est l'établissement d'une gare à Woippy. La quête faite au village pour la construction de cette gare et qui a produit, comme vous l'avez annoncé dans le temps, environ 4000 mk, prouve combien les habitants de Woippy tiennent à voir réaliser un de leurs plus chers vœux. Aussi espèrent-ils que les travaux seront poussés assez activement, pour qu'à la prochaine campagne, ils puissent profiter de la nouvelle gare et que les expéditeurs en gros n'auront plus à faire le trajet si onéreux de Woippy aux gares de Devant-les-Ponts et de Metz. Un intéressé. (GdL) (LM)

Samedi 2 juillet 1898
Woippy. (Grève)
. On nous écrit : « Monsieur le rédacteur, Une grève! Ce mot vous étonne! Eh bien, oui, une grève, une vraie grève, qui a duré 24 heures: depuis hier soir à 9 heures, jusqu'à ce soir mercredi à la même heure. Le sang n'a pas coulé sans doute, mais il y eut du tapage, des cris, des balafres, des réunions, des discours... finalement la paix et l'entente. Expliquons-nous pour ne pas éprouver davantage la patience de vos lecteurs. Voici donc: Vous savez sans doute que Woippy est par excellence le pays des fraises. On y cultive non pas quelques lignes, quelques petites bordures de fraises, mais des champs entiers : 50 à 60 hectares. Plus de 200 familles vivent de la culture et du commerce de fraises. Figurez-vous que chaque année, du 15 juin au 15 juillet, on expédie de Woippy pour Metz, Strasbourg, Sarrebruck, Luxembourg, Mayence, Francfort, etc., près de 100 000 (cent mille) paniers de 5 kg chacun, par conséquent pour plus de 100 000 marks. Mais venons-en à la fameuse grève. Il nous vient de Metz, 7 ou 8 commerçants qui sont intermédiaires entre les cultivateurs de fraises et les fabriques d'Allemagne, et qui ont chacun un dépôt dans le village. C'est contre eux que la grève fut organisée et dirigée. Ces messieurs, depuis des années, avaient l'habitude de recevoir dans le cours de la journée et chaque soir les paniers de fraises que les habitants leur apportaient, de remettre à ceux-ci un billet attestant le nombre de kilos livrés, puis au bout de 6 ou 8 jours après la livraison, fixaient eux-mêmes et eux seuls le prix de vente; et nos braves cultivateurs, bons enfants, acceptaient ce qu'on leur donnait d'argent, murmuraient un peu et... tout était dit. Mais cet état de choses ne pouvait durer indéfiniment. Nos gens qui s'étaient contentés de murmurer jusqu'ici, se réveillèrent et s'irritèrent. Colère du peuple! Colère terrible! Depuis vendredi dernier, 25 000 paniers de fraises avaient été livrés, aucun prix n'était encore fixé pour ces jours écoulés, et on parlait de prix dérisoires pour les jours à venir... Les habitants n'y tiennent plus... (c'était hier mardi soir)..., on s'agite de toutes parts..., la grosse caisse de la commune retentit et convoque les intéressés à la grande salle de la Mairie ; près de 200 personnes arrivent... la place fait défaut... Un orateur s'improvise... aux applaudissements de tous, il réclame la liquidation des arriérés, c'est-à-dire la fixation immédiate du prix des marchandises livrées, et un prix convenable pour l'avenir. Impossible de vous dépeindre cette séance agitée, tumultueuse... 50 personnes parlent à la fois, les femmes plus haut que les hommes ; les bras sont tendus, les poings fermés... Après une discussion de plus d'une heure, on rédige une délibération. 120 personnes la signent, et s'engagent sous peine d'une amende de 20 marks au profit du bureau de bienfaisance à ne livrer le lendemain ni un panier ni une livre de fraises, jusqu'à ce que les commerçants intermédiaires aient passé par leurs conditions. La nuit suivante fut plus ou moins calme, plus ou moins agitée. Au matin du mercredi, une troupe de jeunes gens s'organise, parcourt les jardins et les champs, surveille les travailleurs, fait une sorte de chasse aux rares délinquants : Défense de livrer un seul panier de fraises. Le mot d'ordre est compris, la consigne est observée. La grève durera 2 ou 3 jours s'il le faut. Périssent les fraises! N'importe! Des entrevues ont lieu, des pourparlers s'engagent. Aucun résultat! L'agitation continue. Les têtes s'échauffent. Les femmes se tiennent sur le seuil de leurs portes les bras croisés, les jeunes filles en demi-toilette se promènent, les hommes se rafraîchissent, les aubergistes se frottent les mains, car leurs tonneaux se vident, et leurs bourses se remplissent. Des voitures d'expéditions arrivent de Metz chargées de centaines de paniers vides, on les accueille par des cris et des rires; des dépêches affluent des fabriques de Metz et d'Allemagne disant à leurs représentants: Envoyez-nous des fraises! Rien! absolument rien! chômage complet et qui doit durer jusqu'à ce soir. Cependant, vers une heure de l'après-midi, une nouvelle réunion des grévistes à la mairie, cette fois sous la présidence de Monsieur le Maire ! et de Monsieur le Curé ! Mais c'est le commencement de la fin ; c'est la paix qui s'annonce. Sur l'invitation de M. le Maire, M. le Curé prend la parole : on écoute aussi bien et mieux qu'à son prône du dimanche ! Tout en reconnaissant les légitimes revendications des grévistes, M. le Curé les invite au calme et aux résolutions pratiques : sur sa proposition une sorte de comité de défense est organisé, par acclamation et à mains levées ; on choisit parmi les principaux propriétaires de fraises cinq délégués actifs et intelligents qui devront se mettre en rapport avec MM. les Expéditeurs et résoudre avec eux les questions en litige. Diverses observations judicieuses sont présentées par l'un ou l'autre des assistants. La séance est levée. La foule remercie et acclame M. le Maire et M. le Curé à leur sortie de la mairie. Spectacle intéressant, s'il en fût !! Délégués et expéditeurs se voient, s'entendent, règlent les questions de prix passées, présentes et... futures. Un taux uniforme de 16 pf. pour la livre de fraises est adopté, valant du 24 juin au 3 juillet. Surtout... désormais les prix devront toujours être fixés et publiés d'avance. Il est 9 heures du soir, la grosse caisse retentit de nouveau, l'appariteur en publiant les résultats acquis, rassure et calme le foule alarmée et agitée. Tous se réclament satisfaits. Et puis, bonsoir ! mes amis ! bonsoir ! Pardon ! lecteurs ! si ma narration vous semble un peu longue ! Mais réjouissez-vous avec nous, car tout est bien qui finit bien ! La grève a vécu ! » (LL)

Dimanche 3 juillet 1898
Woippy. (La grève).
On nous écrit : « Monsieur le Rédacteur, La grève a vécu , disais-je l'autre jour en finissant. Eh bien ! je vous assure qu'elle renaîtrait de suite, si les fraises pouvaient se conserver en cave comme les pommes de terre par exemple. Et ce serait pure justice. Je vous livre, et je livre au public impartial ce qui suit : Mercredi soir, à 8 heures, dans l'entrevue qui eut lieu entre le comité des grévistes et les marchands expéditeurs, on rédigeait mot à mot ce qui suit : « Woippy, 29 juin 1898. Le comité a décidé de faire payer les fraises depuis vendredi le 24 juin jusqu'au dimanche le 3 juillet au soir seize pfennig par livre. MM. Ambach, Doll, Kollbach, Wallenborn, s'engagent par la présente à payer le prix fixé . Léon Ambach, Ed. Doll, Wallenborn sohn. Pour copie conforme, X. à Woippy. » Manque la signature Kollbach. « Mais, disaient les trois collègues, ce que nous faisons est bien fait. Monsieur Kollbach signera demain. » Tout cela est-il bien clair? Or le lendemain matin, voici nos hommes qui arrivent, M. Kollbach déclare : Je n'ai rien signé, j'offre 15 pf. et non pas 16. Les 3 collègues se maintiennent à 16 pf. hier jeudi, puis aujourd'hui vendredi, sous prétexte que quelques propriétaires de fraises ont livré à leur concurrent Kollbach à un prix inférieur, ces messieurs écrivent au comité qu'ils retirent leur engagement et leur signature. Je tiens à observer que nos délégués n'avaient pris aucun engagement ni par écrit ni de vive voix, ils avaient même répondu : Le soleil luit pour tout le monde, nous ne pouvons empêcher personne d'aller chez vos concurrents. Voilà, Monsieur le rédacteur, l'histoire vraie. Qu'en pensez-vous ? qu'en pense le public intelligent ? Qu'en penserait au besoin le tribunal de Commerce ? Nous ne sommes que de paysans sans doute, mais patience, nous saurons nous souvenir...! bientôt... et puis l'année prochaine...! Ah! Il y a des grèves justes ...! X. » (LL)

Mercredi 7 juin 1899
169 producteurs de fraises de Woippy, Lorry, Saulny, Devant-les-Ponts, Plesnois et Norroy-le-Veneur, se sont réunis en un syndicat. Pendant la saison des fraises, le comité se réunira tous les 3 jours pour fixer les prix. Celui-ci devra être affiché ou inscrit à la porte de chaque producteur et celui qui ne le respectera pas sera éliminé du syndicat. (ZL)

Mercredi 7 juin 1899
Les producteurs de fraises et autres fruits des communes de Woippy, Lorry, Devant-les-Ponts, Saulny, Plesnois et Norroy-le-Veneur viennent de constituer un syndicat pour la vente des fraises et fruits. Les statuts ont été approuvés en date du 23 mai par le président du département. Le syndicat compte jusqu'ici 169 membres. On se souvient que l'année dernière, à l'époque des fraises, les producteurs de Woippy, mécontents des prix arbitraires payés par les marchands, avaient tout simplement refusé la livraison des fruits et étaient arrivés ainsi à obtenir des prix plus rémunérateurs. A partir de ce moment, l'idée de la création d'un syndicat de vente était arrêtée chez les principaux producteurs. Aujourd'hui elle est réalisée. Les membres du syndicat n'entendent pas être à la discrétion des marchands. En vertu de l'article 3 de leurs statuts, « ils s'engagent à ne pas livrer aux acheteurs et marchands qui entrent en relations commerciales avec le syndicat, des fraises ou autres fruits au-dessous des prix fixés à l'avance par la commission nommée à cet effet ». Pendant tout le temps de la vente, la commission se réunira tous les trois jours pour délibérer s'il y a lieu d'abaisser ou de hausser le prix des fraises et autres fruits et pour fixer définitivement et publier le prix convenu avec les marchands. Le prix ainsi fixé devra être affiché chaque fois au local de chaque marchand à Woippy. La commission syndicale se réserve d'exclure des acheteurs qui refuseraient de payer le prix arrêté. Les noms de ces acheteurs seront communiqués aux intéressés. En présence des résultats favorables qu'ont donnés les associations de producteurs dans d'autres régions, on peut être convaincu que les habitants de Woippy se féliciteront de s'être entendus pour la défense de leurs intérêts et sauront gré à ceux d'entre eux qui ont pris l'initiative du mouvement. (LL) (GdL)

Jeudi 27 juillet 1899
Récolte moyenne de fraises cette année.
Les planteurs importants se sont fait entre 3 et 4 000 marks de chiffre d'affaire. C'est une belle somme, mais il faut aussi savoir que le travail est pénible. La plus grande partie de la production s'est vendue au marché de Metz. (ZL)

Mercredi 21 mars 1900
On nous écrit : « Nous venons vous demander l'hospitalité dans les colonnes de votre inestimable journal pour une réponse à un article du Journal agricole de Metz , daté du 10 mars courant, n° 911, intitulé « Culture des fraises », dans lequel il est dit : En engageant il y a trois ans, au nom du Comice agricole de Metz, dans une conférence à Woippy, les fraisiéristes de ladite localité et des environs à se syndiquer pour la vente de leurs fruits, nous avions de la peine à les convaincre des avantages qu'ils pourraient retirer d'une institution pareille « bien conduite ». Les opinions qui se faisaient jour parmi les habitants et qui se formulaient dans les réunions au cabaret allaient même jusqu'à prétendre entre autres que ce qu'on proposait était tenté dans le but de pouvoir augmenter les contributions. A cet article, nous, les planteurs de fraises répondons ceci :
1° De notre mémoire, il n'y a pas eu à Woippy de conférence « an nom du Comice agricole de Metz » sur la question de nous syndiquer ; il y a eu, il y a deux ans une seule réunion dans laquelle on nous a offert des Paniers à acheter à bon compte à condition d'en prendre une grande quantité mais il ne nous a été indiqué aucun moyen de placement de nos fruits. Les réunions qui ont eu lieu depuis deux ans entre les planteurs pour la formation d'un syndicat ont été présidées par des personnes de la localité même, personnes intelligentes et prudentes et en qui nous avons toute confiance, et nous sommes persuadés qu'elles continueront à conduire cette institution au mieux de nos intérêts. Nous en avons déjà fait l'expérience et nous leur devons de chaleureux et sincères remerciements. Quant à l'auteur de l'article du Journal agricole qui se pique d'honneur de nous avoir éclairés et d'avoir pris beaucoup de peine pour nous convaincre , nous lui répondons qu'il se fait une douce illusion et que malgré toutes ses bonnes intentions il ne nous a nullement éclairés ;
2° Aucune réunion n'a été tenue au cabaret, toutes les réunions tenues avant et depuis la formation du Syndicat ont eu lieu, et avec l'assentiment de Monsieur le Maire, à la mairie ;
3° Jamais personne à Woippy n'a cru ou supposé qu'un Syndicat aurait pour but ou pour effet de faire augmenter les contributions ; probablement, l'auteur de l'article aura pris cela sous son bonnet et en aura lâché le courant avec intention, courant mal placé et qui n'est jamais entré dans la tête des 180 planteurs syndiqués. (LM)

Dimanche 25 mars 1900
Thury. On nous écrit : « Le Messin, dans son numéro du 21 mars courant, publie un article des planteurs de fraises de Woippy, en réponse au Journal agricole de Metz, du 10 mars courant, n° 6 (et non 911), dans lequel ces messieurs prétendent entre autres que, « de mémoire », 1° il n'y a jamais eu, à Woippy, de conférence, an nom du Comice agricole de Metz sur la question de se syndiquer pour la vente de leur fruits ; 2° qu'aucune réunion n'a été tenue au cabaret et, finalement entrant dans une colère bleue, qualifient de perfide ce qui a été dit au sujet de ces réunions de cabaret ».
L'article de votre estimable et intéressant journal me vise personnellement et est de nature à nuire à l'autorité de la feuille dont j'ai l'honneur d'être le rédacteur. Veuillez donc, je vous prie, m'entendre à mon tour pour édifier vos lecteurs qui ne seraient pas dans le cas de lire la réponse du Journal agricole, en même temps pour donner un démenti formel aux assertions de ces honorables messieurs qui paraissent avoir la cervelle bien rebelle pour prétendre qu'il n'y a pas eu, à Woippy, de conférence au nom du Comice agricole de Metz pour la création d'un syndicat. Si ceux qui écrivent au nom de tous les planteurs prétendent ne s'être pas embarqués sans biscuit, je crois qu'ils auront le temps de le digérer en lisant ce que j'affirme par ce qui suit : C'était au commencement du mois de mai 1897, que, encouragé par le président du Comice agricole de Metz, M. le conseiller intime de régence et directeur d'arrondissement Gundlach, soucieux de l'avenir de l'horticulture messine, et après m'être entendu au préalable avec M. le maire de Woippy, pour que, les convocations aux intéressés se fassent, suivant l'usage local, à temps, je me suis rendu un dimanche, après vêpres, à la mairie de Woippy, en compagnie du conférencier M. Gruenhalt, pour faire, devant une salle comble, un appel aux fraisiéristes en les engageant à profiter de l'institution du Comptoir lorrain de fruits du Comice agricole, et à se syndiquer pour le placement plus avantageux de leurs fruits. Cette assemblée était présidée par M. le maire Ladaique, et les renseignements qui nous furent fournis par des personnes que l'on doit admettre être honorables et dignes de foi, telles qu'entre autres M. le conseiller municipal Eugène Mangenot, nous donnèrent les chiffres pour nous baser sur les bénéfices réels que les fraisiéristes pourraient tirer d'un placement direct sans intermédiaires autres que le Comptoir du Comice offrant ses service gratuitement. Ensuite, j'ai fait ressortir les avantages qu'un syndicat pareil pourrait encore retirer en entrant en rapport plu sou moins intime avec le Comice agricole (art. 15 de ses statuts), c'est-à-dire qu'en se plaçant sous son patronage, d'être sûr d'en être subventionné le cas échéant. Quant à cette réunion, dans laquelle j'aurais offert un emballage à bon compte, ce n'était, en réalité, qu'un pourparler avec quelques planteurs. Vouloir démentir ces faits est un procédé, j'en suis convaincu, que tout honnête homme à Woippy réprouvera, et si je prétends me piquer d'honneur d'avoir éclairé les fraisiéristes et d'avoir pris, en 1897 déjà, l'initiative de la formation d'un syndicat qui ne s'est constitué qu'en 1899, je crois par ce que le Journal agricole relate dans son numéro 6, ne pas me livrer à des commentaires malveillants et mensongers. En réfléchissant un peu, ceux qui se permettent d'écrire au nom de tous les planteurs de fraises reconnaîtront certes qu'ils sont allés beaucoup trop loin ! Veuille agréer, etc… Erasmi, agronome. Agent-rédacteur du Comice agricole de Metz.
Inutile d'ajouter que nous insérons l'article ci-dessus en vertu du droit de réponse que possède, comme tout lecteur, M. Erasmi, mais en lui laissant la complète responsabilité des assertions et des idées émises. (LM)

Mardi 3 avril 1900
Woippy. On nous écrit : « Monsieur Erasmi, « agronome », agent rédacteur du Comice agricole de Metz, nous attaquait dans son journal du 10 mars dernier. Nous lui avons riposté avec politesse et nous avons mis les choses au point. Décidés à nous défendre jusqu'au bout, nous venons vous demander l'hospitalité dans votre journal pour lui répondre une seconde fois. Aujourd'hui, Monsieur Erasmi prend des airs indignés, et pour répondre à notre colère bleue il entre dans une colère verte, mais en somme il bat en retraite. Il avait affirmé trois choses, et il en lâche deux.
1° Il avait affirmé « aimablement », que le Syndicat de planteurs de fraises tenait se réunions au « cabaret ». Nous avons opposé à cette assertion un formel démenti et nous le maintenons. Sur ce point, M. Erasmi capitule, il le faut bien du reste, nous le mettons au défi de prouver son dire.
2° Il avait affirmé qu'on avait lancé le bruit que le Syndicat par lui proposé avait pour but de faire augmenter les contributions. Nous en avons ri et nous avons répliqué qu'il avait trouvé la chose sous sa calotte ou sous son bonnet. Ici, encore, M. Erasmi capitule, et il n'en parle même plus.
3° Enfin (voici que M. Erasmi paraît bien fort), il maintient solennellement qu'une conférence, an nom du Comité agricole de Metz, avait été tenue à Woippy, devant une salle comble, pour lancer l'idée d'un Syndicat de fraisiéristes qui passerait par le comptoir des fruits du Comice.
Oh ! Monsieur Erasmi, voici que nous capitulons à notre tour. Nous voici, pauvres Boers aux pieds de Chamberlain. En effet, après avoir beaucoup réfléchi, il nous revient qu'une conférence a été tenue, si vous appelez conférence le discours muet du conférencier Gruenhalt « qui n'a pas ouvert la bouche » par la raison bien simple qu'il ne sait sans doute pas le français et qu'il avait devant lui un auditoire ignorant la langue allemande, et si cela peut vous faire plaisir, nous ajouterons que son discours muet a été couvert par les tonnerres d'applaudissements des 15 ou 20 curieux présents. Nous ne parlons pas et nous ne discutons pas les quelques paroles que vous avez pu nous dire. En passant, une petite observation : Pourquoi Monsieur Erasmi lui-même vient-il vendre ses fraises à Woippy, pourquoi ne les fait-il point passer par le comptoir des fruit ? Et maintenant Monsieur Erasmi, comme vous continuez à vous faire croire à vous-même que vous nous avez éclairés et que vous vous en « piquez d'honneur », nous vous laissons à votre douce illusion. En finissant, permettez-nous de vous remercier publiquement pour les éminents services que vous avez rendus et que vous rendez encore à l'agriculture « qui ne se souvient de vos savantes conférences agricoles ». A l'horticulture, « le Syndicat de Woippy » en est la preuve. Merci des leçons et surtout de l'exemple. Un groupe de planteurs. » (LM)

Jeudi 24 mai 1900
La gelée du 20 mai.
Les colonnes des journaux relatent les différents dégâts dans le pays messin, voici pour Woippy : Vignes : Sur le plateaux élevés, il y a peu de dégâts. Dans les bas fonds, et près des cours d'eau, c'est une vraie calamité. Les treilles sont généralement intactes. Au total : moitié de la récolte déjà perdue. Détail curieux : tel cep est détruit, le voisin est intact, le troisième est partie malade, partie valide. Fraises : Les premières fleuries sont gelées, en certains endroits seulement. Mais d'autres viendront qui remplaceront les défuntes et feront oublier le mal. Cerises, mirabelles et autres fruits : dégâts insignifiants. Les vignerons qui ne sont que vignerons sont plus à plaindre que nous. (LL)

Vendredi 7 juin 1901
La campagne de fraises bat son plein à Woippy, et de grandes quantités sont chargées à la gare de Woippy nouvellement construite. Metz est donc déchargé de ces envois qui vont beaucoup en France. (MZ)

Samedi 8 juin 1901
Les fraises. L'expédition des fraises est déjà commencée. A dater de cette année, le gros de l'expédition s'effectuera par la nouvelle gare de Woippy. (LM)

Mercredi 9 juillet 1902
Le commerce des fraises bat son plein depuis une quinzaine. Avec la chaleur torride qu'il fait depuis la semaine dernière, la cueillette touche à sa fin. La saison, dans tous les cas, aura été bonne pour les producteurs des Woippy, Devant-les-Ponts et Lorry. On évalue à 30 000 kilos la quantité qui est expédiée chaque jour vers Mayence, Francfort, Cologne, Dusseldorf, voire même Berlin. (LL)

Mercredi 29 juillet 1903
Promenade à travers les cultures fruitières de Woippy.

Devant les portes de Metz, adossé contre un riant coteau des bords de la Moselle, recouvert de vignobles et de cultures jardinières, le beau village de Woippy étale ses coquettes habitations. Qui de nos lecteurs n'aurait pas déjà entendu parler des fraises du pays messin, de ses mirabelles et de ses prunes? C'est Woippy qui se distingue entre tous les villages voisins, par sa riche culture de fraises, de groseilles et de framboises en pleins champs. La cueillette des fraises est presque achevée, la récolte des groseilles et des framboises bat son plein pour le moment ; une visite à travers ces champs de culture si intéressante ne saurait manquer d'intérêt. En entrant dans la banlieue de l'endroit, le touriste est frappé de la particularité qu'y présente l'exploitation rurale ; ce n'est plus de la culture ordinaire, mais une exploitation jardinière sur une vaste échelle ; c'est cette exploitation caractéristique pour presque tous les villages avoisinant la ville de Metz, qui amena le grand morcellement des terres que nous constatons autour de l'endroit et sur les coteaux avoisinants. La proximité immédiate de la grande ville et aussi un peu la nature du sol qui s'y prête, ont dû stimuler les agriculteurs de Woippy à entrer dans la voie d'une culture intensive de leurs champs, pour produire des plantes à fruits de jardin, faciles à vendre et à exporter au loin. Citons seulement les fraisiers, les groseilliers et les framboisiers qui, à eux seuls, couvrent une grande partie de la banlieue et qui prêtent un aspect tout particulier, frappant tout visiteur qui n'a pas encore vu pareille industrie jardinière. Par milliers, les corbeilles de fraises, de groseilles et de framboises arrivent sur le marché de Metz, et c'est par wagons qu'elles sont expédiées au loin. Rien de plus charmant que l'entourage de Woippy. Derrière les maisons, de grands et petits vergers, emplantés de pruniers, quetschiers et mirabelliers, qui, cette année, malheureusement sont dépourvus de leurs fruits dorés : les gelées printanières ont ravagé la riche floraison, de sorte qu'on n'y voit pas un seul fruit ; le dégât causé par ce fléau peut être estimé pour le beau pays messin à plusieurs centaines de milliers de marks. Heureusement les fraises, groseilles et framboises y ont échappé et donnent encore un assez beau rendement, quoiqu'il n'arrive pas à celui de l'année dernière. A vrai dire, la culture du fraisier n'est pas difficile ; le fraisier prospère à merveille, pourvu que le sol soit tenu bien propre, soigneusement ameubli et obtienne une fumure abondante. On atteint ce but par des façons réitérées jusqu'à la cueillette. Auparavant encore, une façon est donnée au sol sur lequel on épand alors un fumier de cheval très paillé ou aussi de la paille même, pour maintenir le sol frais et meuble et pour prêter au fruit mûrissant une couche sèche et propre. La cueillette se fait avec les plus grands soins, pour avoir les fraises bien fraîches et pourvues d'une petite tige d'un centimètre ou deux : une à une, elles sont déposées dans de petites corbeilles de bois pour les transporter ainsi aux marchés et marchands de Metz, ou pour les expédier par wagons au loin. Ces travaux et le commerce des fraises occupent des centaines de bras à Woippy même, et pour en donner une idée, je n'aurai qu'à dire, qu'un seul commissionnaire étranger a acheté pour le compte de maisons étrangères, pendant cette campagne, jour par jour pour environ 3 000 marks. Les prix ont varié de 24 pf à 36 pf. la livre ; tout naturellement, c'est au début de la campagne que furent payés les prix les plus élevés. Le lecteur pourra se faire une idée de la production de fraises de Woippy en lisant les chiffres suivants : en 1897, il a été expédié des gares de Metz et de Devant-les-Ponts 246 550 kilos, et en 1898, 413 600 kilos de fraises. Quant aux autres fruits, principalement les mirabelles, il en a été expédié des gares de Metz, Devant-les-Ponts, Moulins, Maizières, Ars-sur-Moselle, Uckange et Novéant 2 244 585 kilos ; je me permets de citer ces chiffres pour donner une idée du dégât occasionné au Pays Messin par les gelées de printemps. ( Journal agricole ) (LM)

Vendredi 27 mai 1904

L'assemblée annuelle des membres du Syndicat des planteurs de fraises aura lieu dimanche prochain. La commission propose, dit-on, la suppression des cotisations, l'intérêt des fonds de caisse suffisant à couvrir les frais. (GdL)

Dimenche 26 juin 1904
Bal. A l'occasion de la cueillette des fraises, la jeunesse de Woippy donne un grand bal auquel elle convie ses amis et connaissances de Metz et des environs. Le bal champêtre sera des plus gais, aussi compte-t-elle sur de nombreuses visites. (LM)

Mercredi 28 juin 1905
Woippy. Un train spécial, composé de neuf wagons remplis de fraises, est parti à destination de Sarrebruck, et pour la région du Rhin ; il y avait au moins 30 000 kilos de ce fruit délicieux. La pluie d'hier et d'avant-hier n‘a pu que contribuer à une excellente production de fraises et les habitants de Woippy se souhaiteraient d'avoir chaque année une aussi bonne saison. (CdMe)

Vendredi 30 juin 1905
La saison des fraises.
La saison des fraises touchera bientôt à sa fin. Elle ne dure qu'environ trois ou quatre semaines. La récolte de 1905 a été très favorable. Il y a eu peu de fruits qui soient soumis aux caprices de la température comme la fraise. Elle exige un temps chaud et frais, elle craint le froid et ne supporte pas une trop grande chaleur ni une sécheresse trop prolongée, car les fruits périraient sur la tige et ne mûriraient pas. La fraise est l'objet d'une culture spéciale dans les localités de Woippy, Norroy-le-Veneur, Semécourt, Devant-les-Ponts et Lorry-lès-Metz. Cette culture remonte à environ 1740, époque à laquelle on a commencé à planter les premières fraises dans les jardins de Woippy. Mais il est un fait certain que les fruits et les légumes du pays n'ont acquis leur renommée que par la fabrique de conserves de M. Moitrier, il y a une trentaine d'années. A partir de cette époque, la culture des légumes et des fruits a augmenté dans les environs de Metz d'une manière prodigieuse, à tel point que, dans l'espace de quatre semaines, 500 000 kilos de fraises sont expédiés dans toutes les directions et à un grand nombre de fabriques de conserves.
Les trois sortes de fraises préférées sont la longue Marguerite, les rondes Laxton, nommées aussi la Ronde, et la Sirharri. Les deux premières sortes ne se prêtent qu'à une consommation immédiate, tandis que la troisième est expédiée dans les fabriques de conserves.
La culture des fraises est très rémunératrice. Il y a des familles pauvres qui louent des champs pour planter des fraises. Une plantation peut durer cinq à six ans. La culture des framboises est moins considérable à Woippy et dans les environs que celle des fraises.
Dimanche dernier, dit la Metzer Zeitung, à laquelle nous empruntons ces détails, un train supplémentaire se composant de neuf wagons de fraises est parti pour Sarrebruck et pour la contrée du Rhin. Il y en avait plus de 300 quintaux. Le prix de gros était de 20 pf. la livre dimanche dernier. Cependant hier encore, un marchand de Sarrebruck en offrait encore 24 pf.
Entre-temps, les consommateurs de Metz paient toujours un prix exagéré au marché. (LL)

Woippy. La saison des fraises.
La récolte des fraises a subi le contre-coup des fréquents orages de la semaine dernière. Les fraises se vendaient il y a trois jours seulement 10 à 12 pf. La livre. Les framboises, qui jouent aussi un rôle considérable dans le mouvement actuel de la vente journalière, se vendent à raison de 30 pf. la livre. (LL)

Dimanche 9 juillet 1905
Woippy. Les fraises.

La récolte des fraises n'a pas atteint les résultats espérés et les producteurs sont, paraît-il, loin d'être satisfaits. Leurs « Marguerite » ont eu beaucoup à souffrir de la gelée, c'est pourquoi elle n'ont pas donné grand chose.
Les pluies quotidiennes n'étaient pas précisément favorables aux autres espèces et si l'on ajoute à cela le prix minime auquel ces fruits se sont vendus pendant les dernières semaines, on s'explique que la récolte n'ait pu atteindre le chiffre de l'année dernière.
Espérons que les producteurs seront plus heureux avec les framboises. Dans tous les cas, la vigne promet beaucoup jusqu'ici aussi bien en quantité qu'en qualité. (LM)

Woippy. Bal. Demain dimanche, la jeunesse de Woippy donnera chez M. Hennequin un bal auquel elle invite ses amis et connaissances des environs. La fête promet d'être animée, c'est pourquoi les jeunes gens comptent sur une nombreuse affluence. (LM)

Jeudi 24 août 1905
Melon aux fraises.

D'après Robert de la Salle, ami de Monselet, voici la recette du melon aux fraises, telle que la donne un de nos confrères.
Prendre un melon. Après avoir fait une ouverture circulaire autour de la queue, enlever la graine intérieure en ayant soin de ne pas attaquer la pulpe, puis introduire alternativement dans le melon deux cuillerées de sucre et une couche de fraises, jusqu'à ce qu'il soit rempli ; verser ensuite un peu de vin de Bordeaux pour combler les vides laissés par le sucre et les fraises ; reboucher hermétiquement le melon avec la partie enlevée et le laisser mariner vingt-quatre heures dans une cave ou un endroit très frais. (LM)

Dimanche 24 juin 1906
La saison des fraises

« Représentez-vous une ruche d'abeilles par un beau soleil de printemps et vous aurez une idée de Woippy en ce moment. De tous les points de la campagne arrivent, chargés d'un odoriférant butin, les cueilleurs et cueilleuses de fraises. Des paniers de fraises partout, des voitures de fraises partout, des acheteurs de fraises partout. Il n'y a pas moins de sept grands marchands installés au village, sans parler des revendeurs de Metz, sans parler de la gare et de la poste, qui sont encombrées de fraises, Et puis, il faut voir toutes ces figures gaies et contentes ! C'est que, cette année, les belles et bonnes fraises se vendent admirablement bien. Les prix se maintiennent élevés. Tous les jours le tambour se fait entendre, annonçant que tel marchand donne plus, tel autre plus encore, etc., etc. Enfin, bref, après avoir vécu embaumés par le parfum des fraises, nous vivrons des deux cent cinquante mille marks qu'elles rapportent en moyenne tous les ans à Woippy. Avis aux amateurs, mais toutefois nous avertissons les Messins que le dimanche nous doublerons les prix, s'ils ne veulent pas nous laisser en paix ce jour-là ! » (PL)

Dimanche 1er juillet 1906
Agriculture. Culture du Fraisier.

La culture du fraisier n’offre aucune difficulté. On plante en mars ou en septembre, de préférence à cette dernière date pour avoir des fruits dès l’année suivante, en sol frais, substantiel, enrichi d’engrais bien décomposés. Les plantes ne sont autres que les rejets des anciennes plantations. En bordure des allées, distance des plantes entre eux 25 à 40 centimètres ; même distance en planche. Biner et arroser de temps en temps. Pailler les plantes pour l’été afin de maintenir la fraîcheur. Supprimer les filets. Il y a en abondance de bonnes et belles variétés de fraises.
D’abord la fraise des quatre saisons, petite mais délicieuses et produisant sans cesse ; on apprécie surtout la sous-variété dite belle de Meaux.
Parmi les fraises à gros fruits : Docteur Morère, Général Chanzy, Marguerite Lebreton, Princesse royale, Louis Vilmorin, Jucunda, etc., et surtout les variétés à gros fruits dites remontantes, c’est-à-dire donnant des fleurs et des fruits tout l’été comme celle des quatre saisons : la Constante féconde, Rubicunda, Saint-Joseph, Jeanne d’Arc, Orégon, Léon XIII, Saint-Antoine-de-Padoue. (PL)

Samedi 25 mai 1907
Woippy (Les fraises).
A moins d’un changement imprévu dans la température, la récolte des fraise sera probablement fort belle cette année. C’est ce que promettent du moins les fleurs, qui s’épanouissent magnifiquement. L’espèce printanière, qui avait un peu souffert sous les premières gelées, se remet peu à peu et arrivera à maturité avec les autres fraises. Espérons que les prix baisseront un peu vis-à-vis de ceux qui payaient les ménagères l’année dernière. (LL)

Samedi 23 mai 1908
Le charançon des Fraises

Une véritable calamité s'est abattue sur les plantations de fraises de Woippy et des environs, et à l'heure qu'il est, le dommage occasionné par ce fléau est déjà évalué, pour la banlieue de Woippy seule, à plus de 10 000 marks. L'ennemi que je tiens à signaler ici est un petit scarabée de la famille des charançons ou rynchtes, d'un noir brillant. La petite bête, de tout au plus 2 millimètres 2 dixièmes, pratique pour sa ponte un très petit trou dans les bourgeons, et fait ensuite une blessure à la tige qui bientôt se fane et se couche. Les bourgeons ne s'ouvrent plus, et si l'insecte se multiplie par trop, une grande partie de la récolte est ainsi détruite, avant même que les plantations n'arrivent à fleurir ou les fleurs à se nouer. Un autre insecte de la même famille, et long de 5 millimètres, s'attaque seulement aux feuilles. Mais les dimensions de tous deux ne permettent pas de les confondre ensemble. Ceux que nous avons vus étaient le petit charançon qui porte nom Anthonomus Rubi, ou anthonome du framboisier ; car cette petite bête s'attaque aussi à cet arbuste.
Comme l'on voit, il s'est établi chez nous, sur une plantation plus précieuse que les framboises, et les fraisiéristes sont dans l'anxiété. Je voudrais bien maintenant leur indiquer un moyen de combattre ce nouvel ennemi ; malheureusement il n'existe jusqu’à ce jour aucun moyen d'atteindre ce but, et tout ce que l'on peut faire, c'est d'essayer les différents insecticides que nous avons déjà à plusieurs reprises recommandés pour combattre la vermine des arbres fruitiers. Comme tous les scarabées ou coléoptères, ce charançon est admirablement protégé contre tout insecticide par la dureté de ses élytres cornées, qui sont au surplus garnies encore d'un duvet empêchant l'adhésion de tout remède liquide ou en poudre. Nous rappelons donc aux fraisiéristes des environs de Metz l'insecticide à base de quassia amara, que nous avons indiqué dans notre article sur la vermine des arbres fruitiers, dans les colonnes de ce journal même, il y a quinze jours ou trois semaines. Mais pour éviter de longues recherches, nous en renouvelons la recette. Prenez 7 kg 1/2 de copeaux de cassia amara, faites bouillir dans 50 litres d'eau ; laissez macérer pendant vingt-quatre heures cette décoction, puis décantez. Prenez encore 12 kg 1/2 de savon neutre ou de savon noir (mieux vaut le savon neutre), faites dissoudre dans 50 litres d'eau.
Pour l'employer, prenez 1 litre de solution de savon et 1 litre de décoction de quassia que vous mettrez dans 8 litres d'eau. Nous recommandons de faire des essais avec cet insecticide. On pourrait encore essayer de l'émulsion Riby qu'on emploie contre les altises de la vigne en Algérie : eau 100 litres ; savon 500 grammes et pétrole 1 litre. Nous recommandons encore : 100 litres d'eau, 500 grammes de savon et 1 litre de jus de tabac riche en nicotine. L'on trouvera toutes ces matières chimiques dans chaque bonne droguerie de la ville. Nous recommandons encore aux fraisiéristes qui voudraient tenter la lutte de couper tous les bourgeons piqués dans lesquels les femelles ont déposé leurs œufs, pour les détruire par le feu. De cette manière, on empêche au moins la génération future de ces insectes de naître et de se multiplier.
Pour compléter nos indications, citons encore aux fraisiéristes du Pays messin l'emploi du Carbolineum soluble, émulsion insecticide préparée par la fabrique Avenarius, appliquée sur les plants en pulvérisation avec les pulvérisateurs à bras en usage dans la viticulture. Comme il s'agit d'organes verts et délicats à préserver, il ne faudra prendre la solution qu'à un demi pour cent, c'est-à-dire sur 100 kg d'eau (1 hectolitre) 500 gr d'émulsion Avenarius, afin de ne pas les brûler par le produit chimique en question. Seulement nous recommandons pour ces essais la plus grande circonspection et de ne les faire qu'en toutes petites dimensions, afin de ne pas se faire trop de mal en cas de non réussite, et puis aussi pour ne pas exposer les fruits à contracter peut-être un mauvais goût de goudron, ce qui serait possible. Ce seraient les premiers essais opérés avec ce produit sur des plants de fraises ; la précaution s'impose donc dans ce cas ; en effet, que servirait-il de conserver même beaucoup de fruits, si ceux-ci devaient devenir impropres à la consommation ?
A tous ceux qui voudraient faire des essais, nous recommandons encore d'avoir recours aux bons conseils du directeur de la succursale de la Station agronomique de Colmar à Metz, M. le Dr Roessler, place Saint-Simplice, n° 16, qui s'est déjà occupé de cet ennemi de nos belles cultures de fraises et qui se mettra obligeamment à leur service. Il va sans dire que nous-mêmes serons toujours prêt, de notre côté, à les seconder de toutes nos forces.
Ce que nous constatons ici pour les fraises arrive bien dans toute culture spéciale occupant les mêmes terrains pendant une série d’années consécutives ? Les ennemis spéciaux s'y multiplient avec le temps, jusqu’à devenir tout à coup des fléaux et de vraies calamités économiques. L’on a déjà vu qu’en certains cas, où tous les moyens essayés ont refusé d’agir avec efficacité, l’on a été bel et bien obligé de cesser toutes cultures en question au moins dans le confins, et de faire de nouvelles plantations dans des terrains assez éloignés et encore vierges de ces cultures. Espérons toutefois que nos fraisiéristes de la banlieue messine réussiront à combattre l’ennemi avec succès. Il y aurait alors encore à faire des essais pour combattre les larves de l'insecte, pendant leur séjour en terre, par des injections de sulfure de carbone pendant l'hiver ou avant le réveil de la végétation. Mais ici la difficulté serait encore de trouver la quantité utile pour atteindre ce but sans détruire les plans de fraisiers. Tout est donc sous ce rapport encore à faire. Nous ne connaissons point d'expériences pouvant nous guider.
La Compagnie du Reflorit recommande son produit comme un excellent insecticide. Nous souhaiterions qu'il en fût réellement ainsi ; mais les renseignements que nous en avons reçus dans ces derniers temps, de connaissances et amis d'Alsace qui l'ont essayé, ne nous permettent pas d'en espérer beaucoup. En tous cas, nous recommandons de faire tous les essais, tant avec nos propres recettes qu'avec le Reflorit, seulement en toutes petites quantités, pour ne pas s'exposer à de plus grands dégâts encore.
Dr A. HERTZOG

Vendredi 4 juin 1908
Orage et grêle.
L’orage accompagné de grêle qui s’est déchaîné dans la nuit d’avant-hier, a occasionné des ravages considérables à Woippy, La Maxe, Plappeville et Lorry. La récolte des fraises et des arbres fruitiers est perdue, car à certains endroits tout a été anéanti. C’est un véritable désastre pour les localités éprouvées, la culture des fraises étant la seule ressource de nombreux habitants de ces villages. (LM)

Samedi 13 juin 1908
Environs de Metz.
M. le Dr Hertzog écrit le 1er juin au « Journal agricole » :
« La vigne est très belle à Plappeville et aux environs, il y a du raisin pour faire une récolte. Il n’y a pour le moment aucune maladie, pas de mildiou, seulement quelques soufflures sur les feuilles, lesquelles disparaîtront d’ici peu ; ce sont des boursouflures occasionnées par une petite gale de la vigne, l’Erinose, qui ne fait jamais de dégâts perceptibles. L’arrosage est commencé, on a trouvé quelques cigariers. Quant aux arbres, ils sont beaux, surtout ceux qui avaient été glués il y a deux ans. Il y a beaucoup de cerises. Quant à la mirabelle, il a plus de mirabelles franches (Metz) que de fausses, principalement la fausse est piquée par un ver qui s’introduit dans l’amande du noyau et après le fruit tombe. Quant aux pommiers, des pommes printanières il y en aura, elles sont nouées ; pour les pommes tardives il faut encore attendre quelque temps. Cela était écrit, quand le même jour un violent orage se déchargea sur le Val de Metz, rive gauche de la Moselle, entre 11 heures et 2 heures de la nuit.
La côte de Dalle, banlieue de Devant-les-Ponts, les parties hautes de la banlieue de Plappeville, les bans de Lorry, Tignomont, Vigneulles, Saulny, Woippy et même Norroy-le-Veneur, ont été fortement touchés par la grêle. Les arbres fruitiers avec les plus belles promesses de récoltes, les champs de fraises à la veille d’une cueillette abondante, et les vignes montrant de belles et nombreuses formances ont été au deux tiers hachées par la grêle. Il est réellement étonnant de voir depuis quelques années déjà les grêles dans le Val de Metz suivre toujours le même trajet : sortir par la trouée de Lessy, avancer vers Plappeville et se déverser sur ces belles côtes en y faisant de bien grands ravages jusque dans la plaine mosellane vers La Maxe. L’an dernier, en 1906 et à chaque autre coup de grêle, jusqu’en 1895, toujours ces graves orages ont pris le même chemin. Bien curieuse coïncidence en effet. A notre avis cela est à attribuer à la dénudation systématique du sommet des collines qui bornent le Val de Metz à l’Ouest et devraient par conséquent protéger ces vastes banlieues.
Sur chaque colline de cette région à partir du Saint-Quentin par-dessus Plappeville et jusqu’à Saulny, une chaîne ininterrompue de forts, tout récemment construits, a dénudé les cimes de leurs forêts protectrices. Voici la cause des fréquents orages qui dévastent depuis quelques vingt ans seulement cette partie du Val de Metz. Dans la banlieue de Woippy l’on a découvert le peronospora en arrosant les vignes. Lors d’une visite à la côte de Dalle je n’en ai pu trouver ; mais le fait est que nous l’avons aussi déjà au pays messin, et nos vignerons feront bien de se dépêcher avant le sulfatage. » (GdL)

Mercredi 24 juin 1908
Environs de Metz. – (Etat des emblavures).
Du Journal agricole.
Si des autres cantons de l’arrondissement de Metz, les rapports sur l'état des emblavures notaient qu’à la suite des dernières pluies persistantes de la présente saison, les céréales et tréflières ou luzernières ont souffert surtout dans les sols par trop forts ou compacts, il n’en est pas ainsi pour le canton de Metz, avec ses terrains plus ou moins perméables, et partant plus secs, des deux côtés de la Moselle. Ici les céréales et les soles herbagères, les fruits sarclés et les cultures maraîchères du canton, les vignes et les vergers ont plutôt profité de cette température riche en humidité, et l'on ne peut dire qu'il s'y trouve des marsages jaunissants ou des trèfles et luzernes pourrissant sur pied. Les parcs non plus n'ont pas souffert d'inondation, à peu d'exceptions près. Les céréales sans aucune exception, tant d'automne que printanières, sont belles et promettent de beaux rendements.
Les premières coupes de trèfle et de luzerne ont bien rendu, et les andains épais de foin recouvrent pour le moment les prairies récemment fauchées. Malheureusement les derniers orages qui se sont abattus sur la région depuis la floraison des arbres fruitiers ont fortement réduit les espérances ; les endroits favorisés par un bon rendement probable sont à l’heure actuelle faciles à énumérer. La vermine aussi a fait des siennes de nouveau, surtout dans les endroits où la lutte contre ces ennuis n’est pas encore entrée dans les habitudes de la pratique culturale, ce qui sont encore toujours la majorité ; les mirabelles et les prunes ont été gâtées par la piqûre de la mouche tenthrède des pruniers et il y a des banlieue où le rendement en est presque anéanti. En tout cas l’on peut dire que cette année encore la récolte en fruits du canton de Metz ne sera pas considérable.
Les jachères ont bien été cultivées jusqu’ici ; les pommes de terre et les betteraves sont très belles à peu d’exceptions près et promettent une belle récolte, si le temps les favorise jusque là. Les fraisiers de Woippy ont été ravagés fortement par la disette des fraises et la grêle y a fait aussi de gros dégâts, d’autant plus sensibles qu’on y était à la veille de la cueillette, qui actuellement bat son plein. La campagne des fraises est ouverte actuellement ; déjà on ne les paye plus en détail que 35 pf. la livre, ce qui représente un prix de gros de 15 à 20 pf. Les asperges n’ont pas si bien rendu que l’an dernier ; la fraîcheur du printemps 1908 n’a pas été favorable à leur croissance et à la multiplication des tarillons ; la campagne des asperges touche à sa fin. Les prix de détail en sont actuellement de 45 à 50 pf. et ces prix ne s’éloignent pas beaucoup des prix de gros. (LL)

Jeudi 25 juin 1908
Les fraises.
Nous sommes en pleine saison des fraises, de ces fraises des bois et de pleine terre qui font si vite oublier celles de saveur relative produites sous verre. Ces fruits délicieux, vernissés par le soleil et parfumés par la rosée, abondent sur le marché. Chaque matin, la banlieue, Woippy en particulier, Devant-les-Ponts, Lorry-lès-Metz, nous en envoient de grandes cargaisons. Mais la plus grande partie prend la voie du chemin de fer : les fraises du pays de Metz sont appréciées au loin : à Sarrebruck, Francfort, Cologne, Strasbourg. On connaît le mode d’expédition. Les fraises fraîchement cueillies sont déposées délicatement dans de légers paniers à anse contenant de 8 à 10 livres ; les fruits sont recouverts d'une fine gaze et des deux côté de l'anse une planchette empêche que les fraises ne soient aplaties. Les paniers sont placés par rangs superposés sur des voitures à large plate-forme et transportées sans retard à la gare d'où on les expédie par grande vitesse vers leur lieu de destination. De la sorte, des fraises cueillies la veille à Metz peuvent déjà figurer le lendemain sur les marchés des grandes villes de l'ouest de l'Allemagne.
Les fraises donnent ainsi lieu à un trafic important. C'est à Woippy surtout qu'elles prospèrent et quand la récolte est bonne, elle devient une grande source de recettes pour toute la commune.
En France, le pays du soleil par excellence et par conséquent de la fraise, ceux qui cultivent le fruit exquis pour l'exportation se rencontrent surtout dans trois régions agricoles en Vaucluse, en Bretagne et dans le Sud-Ouest. Monteux, en Vaucluse, pourrait s'appeler la patrie des fraises, car celles-ci font sa parure, son parfum et sa fortune. Elles sauvèrent le pays de la misère en 1870. Depuis, elles y ont prospéré à tel point que leur culture occupent le quart du territoire.
Plus de trois mille personnes sont chaque année, pendant le mois de mai et la première quinzaine de juin employées à la cueillette des fruits. Le grand acheteur et mangeur des fraises de Monteux, c'est Paris qui en reçoit bon an mal an près d'un million de kilogrammes, mais Londres retient aussi une partie de la production des fruits les plus précoces du Midi. Comme les fraises de Montauban et de Brest sont également mûres avant celles d'Angleterre et de Hollande, elles sont aussi expédiées par des vapeurs très rapides qui les transportent dans la grande ville des bords de la Tamise.
Puisque nous venons de citer la métropole britannique disons que, pour les fraises demi-hâtives et tardives, Covent Garden, le grand marché londonien, s'approvisionne en Angleterre même. Il y a d'abord comme fournisseurs les cultivateurs du Hampshire, dont les champs magnifiques s'étendent depuis Southampton jusque Fareham. Il y a ensuite les fraisiéristes du Devonshire, des Cornouailles et du pays de Kent. Il y a enfin l'Essex, un pays dont on parle rarement- parce qu'il traverse une crise agricole - mais qui offre, cependant, des ressources aux horticulteurs avisés. C'est ainsi qu'à Tiptree Heath, près de Kelvedon, il existe depuis un quart de siècle, une grande ferme à fraises occupant un nombreux personnel et convertissant en confiture, sur place, plus de 150 tonnes de fruits. (LL)

Samedi 27 juin 1908
Environs de Metz.
- (Les conséquences de la pluie.) On nous écrit :
« Major plus vieux ! pourquoi as-tu été si pluvieux dans tes pronostics ! Si tu savais quels dégâts les pluies de ces derniers jours ont encore occasionnés ! Dans les contrées épargnées par la grêle, la récolte était si belle ! les arbres ployaient sous les fruits, les fraisiers étaient en plein rapport ; ailleurs, la belle végétation avait réparé jusqu'à un certain point, les dégâts des orages, on se consolait encore, mais les pluies de la semaine ont crevassé toutes les cerises, qui ont perdu leur saveur et pourrissent sur l'arbre ; les fraises que l'on cueillait sous l'averse et dans la boue, se conservent à peine quelques heures. Avant-hier les dépêches se succédaient aux emballeurs : « Pas de cerises aujourd'hui ! toutes sont arrivées avariées » - « les fraises expédiées pourries, arrêtez achats ! »
Vienne donc le beau temps pour permettre de glaner les dernières fraises. Quant aux cerises, on ne peut plus les utiliser qu'en les mettant en tonneau pour l'eau-de-vie. Des acheteurs les prennent à 4 pfennigs la livre. Et la vigne, qui promettait tant, souffre beaucoup aussi !
Plus vieux Major, du beau temps, s'il vous plaît, pour juillet !! X » (LL)

Jeudi 16 juillet 1908
La vente des fruits par voie syndicale

La coopération et la mutualité en agriculture ont fini par intéresser aussi nos cultivateurs lorrains qui étaient longtemps restés indifférents au mouvement syndical, inauguré il y a longtemps déjà par la création d’un syndicat pour la vente des fraises et autres fruits du village de Woippy et circonvoisins. Malheureusement ce syndicat depuis plus de cinq années ne donne plus signe de vie, et ne rend pas le services qu’on en attendait. Dans le vignoble alsacien, rhénan et de la Moselle il existe des syndicats pour la vente des vins, qui passent actuellement par un moment de crise terrible, même le syndicat central des coopératives vinicoles du Rhin à Eltville vient de sombrer, à la suite des malversations d’un directeur malhonnête et entièrement inepte comme commerçant. C’est là en effet le principal échec qui menace beaucoup les coopératives de production et de vente.
Mais y aurait pourtant moyen d’éviter souvent cet écueil en évitant de placer directement les produits des syndiqués à la consommation et de vendre les fruits ou les vins à l’adjudication, comme le font en Bourgogne, les syndicats de vente du cassis, créés dans une région située au nord-est de Dijon, la ville renommée par sa liqueur du même nom. Ces syndicats s’étendent aux localités de Santenay, Ancey, Beaume-la-Roche et Malain. Dans ces syndicats l’on groupe un stock de marchandises susceptibles de tenter les commerçants et acheteurs en gros. Une offre de 50 000 kilos et plus pour un seul marché, au lieu de ventes multiples, insignifiantes et isolées, attire un ou plusieurs industriels. Les syndicats de trois localités, Malain, Ancey et Lantenay réunissent pour la vente par adjudication des lots de 20 à 50 000 kilos.
C'est sur ce procédé de la vente par adjudication que je voudrais attirer l’attention ds coopérateurs et mutualistes de Woippy et environs, dans l'espoir que ce procédé peu coûteux, puise donner une impulsion salutaire à leur syndicat pour qu'il se débarrasse enfin de la torpeur qui l'immobilise toujours encore. De cette façon pas de frais de magasin, pas de frais d'emballage, ni de recherche des débouchés. Le marché est conclu avec le plus offrant, qui est généralement un courtier chargé d’acheter pour le compte de maisons étrangères.
En 1907, les syndicats sus nommés écoulaient leur production de cassis à raison de 39 fr. les 100 kilos, tandis que les non-syndiqués trouvaient à peine preneur au prix de 20 à 29 francs. C’est sur ces bases d'une saine pratique et de la plus grande épargne de frais, que j’aimerais voir s’organiser dans notre pays messin, si riche en fruits et cultures spéciales, des syndicats pour la vente et le bon fonctionnement de leurs produits. De pareils syndicats, en ne faisant point la vente en détail, ne seraient point des concurrents au commerce, bien au contraire ils pourraient marcher la main dans la main, avec le commerce, et ils procureraient de la marchandise bien traitée, soignée et même triée s'il le fallait, au profit des deux parties, tout en éloignant les négociants et intermédiaires d’une honnêteté souvent douteuse, évitant les risques des variations trop fréquentes des prix, dans le procédé ordinaire de la vente libre et isolée. On supprimerait aussi les pertes de temps inévitables pour aller aux marchés. Ces marchés de Metz d’ailleurs ne sont de longtemps plus les sources de l'approvisionnement du consommateur.
A 5 heures du matin, tous les producteurs sont déjà rentrés, ont tout vendu, et ce n’est pas à cette heure matinale que nos ménagères viennent faire leurs achats. Quand celles-ci viennent de 8 à 10 heures, elles ne trouvent déjà plus devant elles que les revendeurs.
Les syndicats de vente peuvent opposer une vive résistance aux spéculateurs à la baisse, à condition toutefois que tous les syndiqués se conforment strictement aux statuts et règlements ce qui souvent n'est pas le cas ; en garantissant bonne et constante qualité ainsi que l'uniformité des produits par des procédés semblables de culture, de cueillette ou de fabrication ; en faisant aussi des fournitures régulières et en réservant leur production au syndicat pour le prix que celui-ci aura garanti.
Malheureusement beaucoup de syndicats ont lutté contre l'égoïsme de leur membres. Puisse l’avenir nous amener la formation de nombreuses associations coopératives de ce genre, basées sur des principes énoncés ci-dessus, dans l’intérêt de notre beau paye et de ses habitants. Dr. Hg. (LL)

Jeudi 24 juin 1909
Les fraises.
– On nous écrit : « La saison des fraises commence, et elle promet d’être fructueuse. La gelée avait anéanti une partie des fraises hâtives, mais la pluie des dernières semaines a sauvé le gros de la récolte. Le charançon des fraises « la petite bête », n’a reparu que pour rappeler son passage de l’an dernier, sans faire de dégâts sérieux. Bref, l’année sera bonne. Ce qui contribue surtout, c’est l’arrivée de six marchands de Berlin qui offrent un prix vraiment rémunérateur.
Jusqu’alors nous n’avions eu comme débouché que l’Alsace-Lorraine, le Luxembourg, Paris, Sarrebruck et quelques centres industriels, et par le fait, la concurrence n’était pas toujours suffisante, mais les gens de la capitale ne lésinent pas, et, pour offrir toutes fraîches à leurs concitoyens les excellentes fraises lorraines, ils font partir directement de la gare de Woippy des wagons spéciaux, parfaitement aménagés pour un transport délicat et rapide. De la sorte, les fraises, arrivant en bon état à Berlin, peuvent y être vendues un bon prix et par suite être bien payées ici. Aujourd’hui encore, elles se vendent 40 pfennigs la livre à Woippy, 42 à Lorry et Norroy, ce qui permet de faire une recette de 60 à 80 marks par jour dans la plupart des familles.
Tout le monde y trouve son profit, même les représentants de la justice qui viennent aider certains ménages, probablement trop encombrés, à faire la cueillette. Enfin, nous pouvons rendre grâce à Dieu qui nous a servis à souhait cette année ». (LL)

Mercredi 23 février 1910
(Les fraises).
– On nous écrit :
« Une intéressante réunion des producteurs de fraises a eu lieu dimanche dans la salle du Cercle catholique de Woippy. Provoquée par l’officier de vente des Halles de Berlin, M. Plaumann, qui, à diverses reprises, avait sollicité notre curé de s’intéresser à la formation d’un syndicat pour la vente des fraises, convoquée par le bureau de l’Union populaire, cette réunion avait attiré un très grand nombre d’hommes de Woippy et des environs. Outre les deux représentants de M. Plaumann, MM. Trapp et Sauter, trois grands marchands de fraises de Berlin se trouvaient là. Nous n’avions jamais vu de séance plus mouvementée, et nous avons pu voir combien on estime nos fraises sur la table des Berlinois.
Tout d’abord M. le Curé fait l’historique de la question et expose les avantages du syndicat en question. Les fraises fraiches vendues au nom des producteurs sur les marchés de Berlin, Dresde, Hambourg, Francfort, etc. L’officier des Halles ne serait que l’intermédiaire qui procéderait à la vente aux enchères et remettrait aux producteurs le prix intégral obtenu, déduction faite des frais de transport et de commission par le vendeur officiel. Tous les jours le prix serait notifié télégraphiquement aux producteurs et, afin de parer à toute éventualité, M. Plaumann déposerait une caution de cent mille marks entre les mains du syndicat.
Après cette entrée en matière, M. Trapp exposa brièvement mais clairement la nécessité des syndicats à notre époque, et spécialement la nécessité d’un syndicat pour la vente des fraises. Il est interrompu par ses concurrents berlinois, qui, tout en reconnaissant que la maison Plaumann est, dans la branche, la plus solide de la capitale, estiment que l’avantage serait pour l’entremetteur de vente et non pour le producteur. A quoi M. Sauter répond en excellent français que, s’il y a avantage pour M. Plaumann, il y a avantage surtout pour le producteur ; la meilleure preuve en est, dit-il, que les commerçants de Berlin font tous les efforts possibles pour empêcher la création du syndicat. Son discours inspire confiance à nos gens que l’expérience a rendus prudents et qui ne tiennent pas à s’engager à l’aventure. Nous entendons ensuite des réflexions de tout genre que le président de la réunion, M. Trinel, qui, lui aussi, a montré le pour et le contre du syndicat, a fort à faire pour donner la parole à tous ces braves qui veulent profiter de l’occasion pour dire leur fait à certains marchands. La grosse caisse de la Fanfare est mise à contribution pour obtenir le silence, ce a quoi d’ailleurs, tout le monde consent de fort bonne grâce. C’est que, au fond, il s’agit d’une question capitale, non seulement pour Woippy, mais aussi, dans une certaine mesure, pour Lorry, Saulny, Semécourt, Plesnois. Quand on pense que dans le seul village de Semécourt on a vendu pour 60.000 M. de fraises l’an dernier, et à Woippy pour 300.000 M., on voit de suite qu’il ne s’agit pas d’une bagatelle.
Bref, que sortira-t-il de cette séance ? Nous ne le saurons que dans une seconde réunion fixée aux premiers jours d’avril, alors que les intéressés, ayant eu le temps de réfléchir, pourront prendre une décision en connaissance de cause. Quelle que soit cette décision, nous sommes heureux de voir que sur les bords de la Sprée on se dispute littéralement les fruits du pays de Metz, et c’est de bon augure pour l’avenir. » (LL)

Mercredi 13 avril 1910
Un syndicat des fraises à Woippy.
– La « Metzer Zeitung » annonce que, dans une réunion qui a eu lieu dimanche dernier dans cette localité, on s’est occupé de la création d’un syndicat pour la vente des fraises. Le président de la Lorraine, invité à cette réunion, s’était fait représenter par M. de Lœper, directeur d’arrondissement. M. le Dr Hertzog, professeur d’agriculture, a prononcé un discours pour exposer les avantages que présente la création d’un syndicat pour la vente des fraises. Il a annoncé que la maison Plaumann, de Berlin, est toute disposée à s’approvisionner près du syndicat de Woippy. En voyant qu’une certaine hostilité règne dans l’assemblée contre cette maison, M. Hertzog ajoute que chacun restera libre de vendre ses produits à qui lui semblera.
M. le curé donne lecture de lettres émanant de commerçants et de banques, qui se prononcent tous en faveur de cette maison. M. Hennequin ne partage pas cet avis et cherche à prouver par des chiffres que le marché de Woippy a surtout été favorisé par la maison Lehmann. M. le directeur d’arrondissement a pris à son tour la parole pour mettre fin à une discussion assez vive entre plusieurs orateurs et le représentant de la maison Plaumann. Finalement, on décide la création d’un syndicat pour lequel on a recueilli 30 adhérents. (LM)

Jeudi 14 avril 1910
Un nouveau syndicat fraisier à Woippy.
– C’est dimanche 10 avril, dans l’après-dîner, vraie petite fête à Woippy, grande réunion de cultivateurs fraisiers de la localité et des environs, qui étaient accourus pour former un nouveau syndicat, dans le but de s’occuper de la vente des fraises. La réunion eut lieu dans la salle du Cercle, sous la présidence de M. de Lœper, directeur d’arrondissement, auquel la fanfare de Woippy avait réservé l’agréable surprise d’une réception solennelle aux abords du riant village. M. le Directeur d’arrondissement était venu comme représentant de M. le comte de Zeppelin-Aschhausen, président de la Lorraine, qui avait été invité à honorer de sa présence la réunion à laquelle des hommes zélés et portés pour le bien-être des cultivateurs fraisiers, avaient décidé d’organiser dans le but d’améliorer leur situation matérielle, en recherchant des débouchés plus assurés et plus rémunérateurs pour leurs produits. M. le Président de la Lorraine, qui s’intéresse personnellement beaucoup à la belle culture spéciale du Pays messin, a été empêché de donner suite à l’invitation et avait chargé M. le Directeur d’arrondissement de Lœper de le représenter à cette assemblée.
C'est lui qui présida ensuite l'assemblée à laquellle assistaient le représentant de M. le Conseiller ministériel Lichtenberg, de Strasbourg, directeur de la Fédération des Syndicats ruraux d’Alsace-Lorraine, M. Leonhardt, M. Hertzog, professeur d’agriculture, et le directeur de la succursale de la Station d'essais de Colmar à Metz, M. le Dr Rœssler, ainsi que le directeur de l’Union régionale des syndicats agricoles du Pays messin, M. Brocard, de Marieulles.
La séance fut ouverte par une courte allocution de bienvenue à l’adresse de nombreux assistants par M. le Président, qui examina toute la satisfaction qu'il ressentait de pouvoir en ce jour assister à une si importante réunion, à laquelle il souhaita toute réussite, sur le but si utile que les convocateurs de l'assemblée se proposaient. Il accorda ensuite la parole à M. Trissal, qui avait provoqué l’utile entreprise. Il donna d’abord lecture de la lettre obligeante de M. le Président de la Lorraine, dans laquelle l’éminent fonctionnaire exprimait ses regrets de ne pas pouvoir assister à la réunion, et assurait l’assemblée de tout son haut intérêt pour la bonne chose qu’elle proposait d'accomplir. Après avoir relaté ce qui s’était fait à la première réunion préparatoire et depuis, M. Trissel céda la parole à M. Hertzog, professeur d’agriculture à Metz, pour exposer l’utilité et le but du syndicat fraisier, ainsi que son organisation. L’assemblée écouta avec le plus grand intérêt l’exposé du conférencier.
Après des débats assez vifs au cours desquels l’on examina le pour et le contre, le président clôtura les discussions en posant aux assistants la question de l’opportunité de créer un syndicat dans le but de vendre et de placer avantageusement les fraises de Woippy et des environs et en priant ceux qui étaient pour l’affirmative de se lever.
Après avoir constaté que la majeure partie de l’assemblée n’était point portée pour le syndicat, le président leva la séance et pria ceux qui s’étaient déclarés partisans de l'organisation projetée de rester plus longtemps. Ce qui se fit. L’assemblée constituée fut tenue aussitôt. Après un discours de M. Brocard, de Marieulles, pour recommander aux cultivateurs de Woippy et environs de se grouper comme l’avaient déjà fait leurs confrères de Marieulles, de Fey et autres villages de la région ; après un exposé de M. le Curé de Woippy sur la façon dont le syndicat chercherait à résoudre l’importante question du débouché par des relations d`affaires suivies avec une grande maison de commissionnaires aux halles de Berlin et autres grandes villes, les statuts furent lus article par article et approuvés par les membres fondateurs présents. Après lectures des statuts l’on procéda à la signature de l’acte de constitution du syndicat, au bas duquel furent apposées 34 signatures. Nous pensons que d’autres signatures suivront. Après cette formalité l’on décida sur proposition du président M. von Lœsser, de se réunir en nouvelle assemblée générale samedi 23 avril à 8 heures du soir pour procéder à l’élection du bureau et du conseil de surveillance, ce qui permettra au nouveau syndicat de fonctionner dès le commencement de la prochaine campagne des fraises.
Au son de la vaillante fanfare de Woippy, les assistants se quittèrent satisfaits de la bonne besogne accomplie ce jour. Nous souhaitons pleine et entière prospérité au nouveau syndicat, qui dans cette organisation et sous cette forme nouvelle, comme association à responsabilité limitée aura plus de force et de moyens pour faire le bien qu'il se propose, et de convaincre ceux qui hésitent encore. (LL)

Lundi 6 juin 1910
RECOLTE DES FRAISES

La récolte des fraises a commencé officiellement lundi dernier à Woippy. Le prix de la livre est de 35 pf. offerts et donnés par les marchands de Berlin. L’an dernier, il était de 40 pf. Si beaucoup d’autres marchands se présentent, il y a lieu d’espérer qu’il montera, cette année aussi, à 40 pf. La récolte est superbe.

Lundi 13 juin 1910
L’OCTROI SUR LES FRAISES

Parmi les droits les plus inopportuns du nouveau tarif, celui de 4 M. les 100 kilos de fraises est un de ceux qui produit le plus vif mécontentement. C’est même à peu près le seul produit que l’on soit à même d’enregistrer. Déjà à Woippy, où la culture de la fraise se fait sur une grande échelle, comme l’on sait, fonctionne un syndicat qui centralise dans cette localité le mouvement des transactions. Les acheteurs s’y rendent de toutes les contrées d’Allemagne, achètent sur place et expédient en grande vitesse à leurs agents. C’est une excellente affaire pour Woippy, mais une moins bonne pour la ville de Metz. C’et non seulement une recette entrevue qui nous passe devant le nez, mais le fruit devient plus rare, et l’habitant de Metz voit ce fruit délicieux renchérir, et celui qu’on offre est de qualité moindre, de saveur atténuée ou nulle. La raison en est que les maraîchers de la banlieue et des environs, Devant-les-Ponts, Lorry, Plappeville, etc., sont obligés de décharger à la bascule municipale les paniers emplis avec des précautions infimes et placés sur des voitures spéciales avec un art consommé, afin d’éviter toute altération pendant le transport. Toutes ces précautions sont rendues inutiles par le transbordement qu’il faut opérer à l’octroi, dans un laps de temps relativement court, car le vendeur ne peut pas perdre de vue l’heure de l’ouverture du marché qui est facteur de la plus haute importance.
L’essai de Woippy a trop bien réussi pour ne pas tenter les villages environnants. Si l’on n’y prend garde, pour la saison prochaine, la fraise aura complètement disparu du marché de Metz, et l’amateur de fraises, c’est-à-dire toute la population de Metz, se verra obligé de faire venir de Francfort, Berlin ou de plus loin encore ce fruit succulent que ses environs fertiles produisent à foison.
La fraise est un article qu’il importe de rayer au plus tôt de nos tarifs. (LM)

Lundi 4 juillet 1910
On nous écrit :

« La saison des fraises s’avance. La quantité est toujours grande ; mais la qualité a souffert des pluies continuelles qui sont venues influencer très défavorablement la cueillette et la vente. Les cueilleurs ont eu beaucoup à souffrir des averses et la qualité du fruit n’est plus celle des premiers jours. Aussi les prix ont-ils baissé parce que le transport au loin est devenu impossible. De 35 pf. la livre à Woippy, les prix sont descendus à 14, 12, 10 et même 8 pf. Suivant qualité. Il y a eu un jour où 35 wagons ont été expédiés de Woippy même. Les grands acheteurs de Metz, font conduire leurs récoltes à Metz même, d’où les expéditions sont plus faciles.
Maintenant les expéditions à Woippy montent encore à 15 wagons et plus pour Sarrebruck, Luxembourg, Trèves et même Munich. Deux wagons des premiers jours sont arrivés en bon état à Berlin, où les fraises ont été cédées à 30 et 32 pf. la livre. Il n’y a donc pas eu de bénéfice. Le syndicat de Saulny fait vendre ses récoltes à Sarrebruck pour 20 pf. et moins. Si le temps se mettait au beau, on cueillerait encore bien une bonne quinzaine.
Les champs de fraises à Woippy sont loin de diminuer ; la culture de l’excellent fruit y va toujours en augmentant. Aujourd’hui plus des trois quarts de la population de Woippy s’occupent de cette culture, signe qu’elle est rémunératrice. » (LM)

Lundi 11 juillet 1910
On nous écrit le 10 juillet :

« Je viens, au nom de tous les planteurs de fraises de Woippy et des environs, qui ne font plus partie du Syndicat, protestent contre certains détails d’un article de Woippy, paru dans vos colonnes à la date du 4 courant.
Je l’aurais fait plus tôt, mais, en ce moment, nous avons tout autre chose à faire qu’à lire les journaux, de sorte que mon attention n’a pas été attirée sur votre article qu’hier par une correspondance de Munich, qui nous reprochait le grand écart existant entre nos prix d’achat ici et le prix auquel nous livrons là-bas. Nos preneurs de là-bas avaient lu, en effet, dans un journal allemand, la reproduction de votre article « inde irae ».
Il y est dit que les prix sont descendus à 14, 12, 10 et même 8 pf. Ce sont ces trois derniers prix qui ont constitué dans le commerce de la branche la pierre de scandale que nous prions d’écarter au plus vite.
Votre correspondant a volontairement ou non, trompé les commerçants du dehors sur la véritable situation ; il a jeté le soupçon sur notre loyauté, et nous a occasionné par là un préjudice considérable.
Je vous prie donc d’insérer, - ce que nous affirmons tous sur notre parole d’honnêtes gens, - qu’il n’y a pas eu de fraises vendues à moins der 14 pf. la livre, et encore à ce prix, ce n’étaient que des fraises « déqueutées », destinées à la fabrication de la marmelade.
Aujourd’hui encore, le prix minimum de ces mêmes fraises est de 16 pf., et, il n’y en a pas à demi.
Les intermédiaires du pays de Sarrebruck ont, eux aussi, reçu là-bas des reproches de leurs acheteurs et se demandent quel but a bien pu viser l’auteur de cette correspondance.
Nous vous prions donc tous, Monsieur le Rédacteur, producteurs et entremetteurs, dans l’intérêt de notre commerce et de notre bonne renommée, de vouloir insérer la présente rectification dans le plus prochain numéro de votre journal, ce dont vous remercie, au nom de tous les intéressés.
HENNEQUIN, Café du Commerce. » (LM) (CdM)

Vendredi 15 juillet 1910
(Félicitations)
– On nous écrit le 11 juillet :
« La présente lettre s’adresse par voie de publicité à notre compatriote, M. Hennequin, au Café du Commerce.
C’est avec un grand plaisir, Monsieur et cher concitoyen, que je viens de lire l’article du Courrier, signé de votre main.
Par ces quelques lignes vous avez fait rentrer dans le porte-monnaie des planteurs non syndiqués une somme qui se compose de 2 à 7 pfennig par livre de fraises ; ce qui, par le temps qui court, représente un profit net qui n’est pas à dédaigner.
Bravo ! Bravo ! Vous méritez des éloges sérieux.
J’apprends aussi avec plaisir qu’hier au soir vous avez été élu président des planteurs non syndiqués et qu’à cette occasion il y a eu grande fête dans votre établissement.
Je saisis donc cette occasion, Monsieur et cher collègue, pour vous présenter mes sincères félicitations, ainsi que mes hommages distingués.
E . TRINEL, propriétaire à Woippy. »

(Le marché aux fraises) – D’autre part on nous écrit le 14 juillet :
« C’est demain, paraît-il, que vient devant le conseil municipal de Metz, la pétition faite jadis par une douzaine de communes à l’effet d’obtenir du département l’autorisation de créer un marché aux fraises et aux fruits dans notre localité.
La Présidence a donc pris la pétition au sérieux puisqu’elle l’a renvoyée au conseil de Metz, pour qu’il en délibère. De quelles observations elle l’a accompagnée, nous l’ignorons, mais ce que nous savons bien, c’est que les inconvénients qui ont été énumérés dans la pétition, se sont fait sentir d’une façon plu sou moins sérieuse, et que, si les marchands du dehors n’étaient pas venus, et n’avaient pas fait la plupart de leurs expéditions par la gare de Woippy, nous aurions eu, avec les formalités de l’octroi, des misères à n’en plus finir.
De fait, sinon le droit, le marché des fraises se fait déjà, pour la plupart de la récolte, à Woippy ; car c’est là que s’installent les commerçants du dehors, c’est là que viennent amener leurs produits en gros, tous les producteurs des environs. Cette année naturellement, à cause de l’impôt de 4 pfennig par kilo, nous avons tâché d’en amener le moins possible à Metz, l’année prochaine, nous accentuerons encore nos efforts de ce côté, de sorte que, soit avec ou sans autorisation formelle de la Présidence, le marché s’installera chez nous, par la force des choses, c’est-à-dire que, par la faute du conseil municipal de Metz, une branche d’activité qui aurait mis beaucoup d’animation et rapporté beaucoup d’argent au commerce messin, se tiendra de plus en plus à l’écart du chef-lieu, et se confinera sur d’autres places situées en dehors des limites de l’octroi.
Dans l’ordre du jour du conseil, la tenue de ce marché occupe le numéro 18 et au 19 on trouve une demande de l’administration gouvernementale, tendant à la suppression de l’article 89 du tarif de l’octroi, qui concerne les jouets.
Quelle sera l’attitude de ces Messieurs ? Je ne puis la préjuger ; mais ce que je sais parfaitement, c’est qu’ils feraient bien, dans l’intérêt du commerce messin, de reconnaître leur erreur, et de rapporter l’article du tarif qui nous concerne, comme peut-être ils vont le faire sur l’avis du gouvernement à propos des jouets.
Errare humanum est. Il est toujours permis de se tromper, mais ce qui ne l’est pas, c’est de persévérer dans son erreur. En tout cas, si cela va mal pour cette fois au conseil de Metz, nous autres, paysans, nous ne nous tiendrons pas pour battus, et nous y reviendrons. Il y va de nos intérêts. Chacun pour soi, et Dieu pour tous.
Un paysan de Woippy. » (CdM)

Samedi 16 juillet 1910
Conseil municipal de Metz, séance du 15 juillet.

Marché aux fraises et aux fruits à Woippy.
La commune de Woippy a demandé l’autorisation d’organiser un marché aux fraises et aux fruits. Il a été établi que plusieurs communes prendraient part à ce marché qui causerait un grave préjudice au marché aux fruits de Metz.
Le Conseil municipal décide qu’il y a lieu de s’opposer à ce projet.
M. Holl dit que les intéressés de Woippy et de Lorry renonceraient volontiers à ce marché si on leur montrait plus de prévenance quant aux emplacements qu’on leur donne.
C’est là une réclamation toute nouvelle, répond M. le Maire. La ville donnera volontiers suite aux désirs qu’on voudrait lui exposer.
La véritable difficulté, fait remarquer M. Fendt, est la question de l’octroi.
M. le Maire objecte que les grands commerçants de Berlin préfèrent acheter directement chez les producteurs. (LL)

Vendredi 2 septembre 1910
Le marché à Woippy.
– Nos lecteurs se souviennent de la campagne menée par certaines communes du Nord-Ouest de Metz, en suite de l’impôt d’octroi mis sur les fraises, à l’effet d’obtenir l’autorisation de créer un marché aux fruits dans la commune de Woippy.
Le Courrier possédant dans ces communes un bon nombre d’abonnés, se mit de leur côté et soutint ferme leurs revendications.
Les délibérations de ces communes au nombre de dix, échelonnées de long du coteau depuis Plappeville jusqu’à Pierrevillers, furent envoyées à la mairie de Metz, et le conseil de cette ville eut à en délibérer dans une de ses dernières séances.
Comme il fallait s’y attendre le maire de Metz prit position contre la demande des communes, ce en quoi, il fut, comme toujours, soutenu par notre trop docile conseil municipal. Cependant il paraît que le dispositif de la délibération n’a pas autrement touché l’autorité départementale, laquelle vient de faire droit à la requête des demandeurs et de leur envoyer la décision voici la traduction :
Décision
Vu les délibérations des conseils municipaux de Woippy, Norroy-le-Veneur, Marange-Silvange, Plappeville, Fèves, Lorry-lès-Metz, Pierrevillers, Semécourt, Saulny, Plesnois et Metz ;
Vu l’avis du Comice agricole de l’arrondissement du 4. 6. 1910, considérant que l’établissement d’un marché aux fruits à Woippy, est d’un grand avantage pour les producteurs, et que, en regard du dit avantage, il ne saurait être accordé une importante déterminante aux objections élevées par le conseil municipal de Metz, j’approuve en vertu des §§ 65 et 70 du code industriel, du § 50 de l’avis d’exécution du 27.12.1888 et du § 20 al. 3 du règlement d’introduction du 24.12.1888, la tenue journalière d’un marché aux fruits sur la place du marché de la commune de Woippy, à partir du 1er juin jusqu’au 1er novembre de chaque année.
Metz, le 8 août 1910.
Le président du département,
Signé : Comte Zeppelin-Aschhausen.

Voilà donc qui est entendu et convenu. Grâce aux procédés de notre administration municipale, le commerce des fruits au lieu de se tenir à Metz et d’y accélérer le marché des affaires, va peu à peu dévier vers le dehors du rayon de l’octroi. Il ne viendra plus à Metz que ce qui y sera spécialement commandé.
Les communes vont maintenant élaborer un règlement pour le marché qu’elles soumettront aussi à l’approbation de l’autorité supérieure et tout sera certainement en règle pour le 1er juin 1911. (CdM)

Samedi 20 mai 1911
Les fraises.

Ce fruit exquis, une spécialité du pays messin, commence à faire son apparition dans quelques fruiteries. Ces premières fraises cultivées sur couches sont d'autant plus recherchées par les gourmets qu'elles sont encore fort rares en ce moment. Les fraises servies au dîner de l'empereur à la présidence de Metz, étaient un produit de notre pays et ont été fournies par la maison de primeurs Yunck, rue Vincentrue. (LM)

Mardi 30 mai 1911
L'expédition des fraises et les chemins de fer.

En 1910, à l'occasion des expéditions de fraises dans la contrée de Metz, la Direction des chemins de fer a fait certaines expériences en vue d'assurer un meilleur transport de ces fruits précieux. Sur la base de ces expériences, la Direction des chemins de fer a communiqué un mémoire très judicieux au Ministère, concernant la fourniture des wagons, les soins d'emballage, le montant du port et l'établissement d'un horaire spécial selon les besoins de la cueillette. En même temps, la Direction générale des chemins de fer a porté son horaire de cet été à la connaissance des intéressés par l'affichage aux bureaux d'expédition de Metz (gare centrale) et de Woippy. Elle fait remarquer que le chemin de fer ne peut donner aucune garantie que les expéditions auront lieu par les trains réguliers. (LM)

Jeudi 8 juin 1911
Envois de fraises par le chemin de fer

Extrait du « Journal agricole d'Alsace-Lorraine »
En 1910, à l'occasion de transports de fraises dans la contrée de Metz, la direction des chemins de fer a fait des expériences, sur la base desquelles elle a établi les communications suivantes qu'elle a fait parvenir au ministère :
1° Concernant la fourniture des wagons.
Pour assurer l'arrivée des fraises en pleine fraîcheur et en bon état pendant l'été, nous avons reconnu la nécessité de mettre à la disposition des expéditeurs des wagons munis de moyens de ventilation suffisants. Ces wagons, désirés par les intéressés, étaient les wagons dits « wagons à moutons » (voiture Ve), dont les parois à jour permettent un rafraîchissement suffisant des fruits pendant le transport. Cependant, les expéditeurs n'ont fait usage de ces wagons que dans une mesure restreinte, car les fraises expédiées sans emballage dans des paniers ouverts perdaient de leur valeur, durant le trajet, par suite de la poussière et de la suie qui pénétrait, et étaient trop exposées aux atteintes de personnes non autorisées. Les expéditeurs préféraient les wagons de marchandises ordinaires et simplement couverts. On pourvoyait à l'entrée de l'air en ouvrant les soupapes. Du côté de l'administration des chemins de fer, rien ne s'opposait à ce qu'en partie on laissât les portes des voitures ouvertes.
Cependant, ces deux choses sont laissées au risque des expéditeurs, qui ont à le reconnaître formellement par écrit dans la lettre de voiture. Il semble que la ventilation reconnue possible par ces moyens ait suffi, l'année dernière, car aucune plainte n'a été faite concernant une arrivée défectueuse des fraises à la station de destination. En général, il est nécessaire que les expéditeurs fassent connaître à l'expédition des marchandises, jusqu'à l'heure de midi, la quantité à expédier, qui doit être livrée le jour suivant, avec déclaration de la destination, afin que les wagons nécessaires puissent être mis à temps à leur disposition.
2° Concernant l'emballage.
Le plus grand nombre des intéressés s'est contenté de mettre les fraises cueillies dans de paniers, que l'on mettait complètement découvert en wagon. En France, il est coutume, depuis des années, de charger les petits paniers, environ quatre par quatre, dans de petites caisses légères, grillées, nommées harasses, et de les couvrir avec de la gaze ou du papier. Cet emballage empêche la poussière et la suie d'entrer et rend les vols difficiles. Les inconvénients qui s'opposaient à l'usage des voitures grillées (voitures Ve) sont ainsi écartés. Ces harasses ont environ 62 cm de longueur, 42 cm de largeur et 20 cm de hauteur ; elles se composent de simples lattes de plâtrier à très bon marché et coûtent de 20 à 30 pf la pièce. Comme les paniers à fraises ont généralement 40 cm de longueur, 15 cm de largeur et de 15 à 19 cm de hauteur, on peut placer quatre paniers en travers dans une harasse. Par l'usage de harasses, le chargement des colis expédiés par les trains de voyageurs se fait plus facilement et plus rapidement. Une augmentation du prix de l'envoi ne découle pas de l'emploi des harasses, puisque les paniers coûtent également 20 à 30 pf pièce, et qu'ils souffrent moins par l'emploi des caisses grillées que par le mode d'expédition actuel. Nous ne pouvons que recommander aux expéditeurs de se procurer des harasses pour l'envoi des fraises.
3° Concernant le transport.
Nous avons transporté les envois de fraises par tous les trains disponibles, et nous avons, avec les commissions des chemins de fer, combiné un horaire avantageux pour l'expédition, afin que les envois arrivent dans le moins de temps possible à la halle du marché central de Berlin. L'année dernière, probablement à cause du temps humide qui agissait défavorablement sur la fraîcheur des fraises, les envois pour Berlin étaient si peu nombreux que cet horaire n'a pu entrer en vigueur. Avant la saison de 1911, nous prendrons encore un arrangement avec l'administration des chemins de fer de Prusse.
4° Concernant le port
Nous remarquons qu'en 1910, le port pour les envois de fraises a été calculé régulièrement par colis. Si les intéressés emploient les harasses, comme nous le leur recommandons, nous pourrons charger, en nous servant du deuxième étage de voitures Ve, une telle quantité de fraises, à notre avis de 4 à 6.000 kilos, que le port pourra être calculé à prix réduit. L'économie qui en résulte n'est pas insignifiante. Par exemple, pour la ligne Metz-Strasbourg (155 km) le prix de grande vitesse des fraises se monte aux chiffres suivants :
3.000 kg : 54,00 M  62,00 M
3.440 kg : 61,90 M  62,00 M
3.450 kg : 62,10 M  62,00 M
4.000 kg : 72,00 M  62,00 M
5.000 kg : 90,00 M  62,00 M
Si l'expéditeur n'a pas assez de marchandises un jour pour faire usage de cette réduction de port, il peut s'associer à un ou plusieurs expéditeurs fournissant au même endroit, afin d'arriver à la quantité requise. On peut recommander la même chose aux expéditeurs qui envoient une quantité inférieure à 1.500 kilos à la même destination, car c'est à partir de cette limite minimum qu'un wagon spécial permettant l'expédition sans déchargement avant la station d'arrivée pourra être mis à leur disposition. Or, il résulte du tableau ci-dessus que, pour ces wagons, le transport se comptant par colis revient, dans une certaine mesure, meilleur marché.
Postscriptum
La direction générale des chemins de fer d'Alsace-Lorraine vient de nous informer qu'elle a porté son horaire de cet été à la connaissance des intéressés par l'affichage aux bureaux d'expédition de Metz (gare centrale) et de Woippy. Elle fait remarquer que le chemin de fer ne peut donner aucune garantie que les expéditions auront lieu par les trains réguliers. (LM)

Lundi 12 juin 1911
Marché aux fraises.

Le Syndicat de Woippy a commencé son envoi de fraises pour Berlin. Le 27 juin, les fraises valaient 20 à 25 pf la livre. Il y a beaucoup d'acheteurs étrangers dans la campagne messine, dont trois de Berlin.
Une correspondance du Dr Hertzog au « Journal agricole », dit que les poires ne tiendront pas cette année ce que promettait la floraison ; les mirabelles sont malheureusement fortement piquées par la tenthrède, surtout la mirabelle de Nancy ; celle de Metz résiste mieux ; les mirabelles sont actuellement aussi visitées par le papillon de la pyrale des pruniers (Grapholitha fissirana). Pour combattre ces deux insectes, l'on fait bien de ramasser les fruits tombés qui logent le ver ou la larve des insectes. L'on trouve aussi par-ci par-là sur les poiriers le peritelus griseus ou péritèle gris, un charançon qui s'attaque aux bourgeons pendant la nuit et les détruit en grand nombre ; mais on ne le trouve que sur les arbres taillés, donc pas sur les hauts vents ; c'est la grisette des jardiniers. Les larves vivent dans le sol, non sur l'arbre.
Recueillir l'insecte est le seul moyen de le combattre à cette époque. Entourer les arbres, pour l'empêcher d'y monter, d'une bande-piège gaufrée. (LM)

Mardi 4 juin 1912
(La cueillette et l’expédition des fraises)
– Le Journal agricole décrit ainsi les méthodes employées à Woippy et aux environs pour la cueillette et l'expédition des fraises qui constituent la plus riche source de revenus du pays.
La cueillette se fait dans de petits paniers en lanières de bois très mince, venant ordinairement de la Forêt-Noire et qui contiennent de 4 à 10 livres de fraises. Le syndicat de Woippy n'emploie que des paniers de 4 à 5 livres. Ces paniers, remplis jusqu’au bord, sont placés ensuite, pour être conduits au dépôt d'achat ou à la gare, dans des voitures-paniers en osier tressé. Pour ne pas endommager les fruits, on sépare les paniers par des planches.
Si les fraises sont destinées à être expédiées par wagons entiers, l'on ne fait rien de plus ; mais si, comme cela a lieu au commencement de la saison, elles doivent partir par colis séparés, on les assemble par quatre dans des petites caisses à claire-voie appelées « cageots » et que l'on entoure pour plus de sûreté d'une feuille de papier fort. C'est de cette façon que le syndicat de Woippy fait toujours ses expéditions. Pour expédier des paniers isolés on les recouvre de gaze, et pour protéger les fraises contre l’écrasement, on place deux planchettes de la largeur de deux doigts qui partent de l'anse et aboutissent à chaque extrémité du panier où elles sont fixées avec de la cordelette qui fait le tour du panier. Certains fraisiéristes, qui font eux-mêmes le marché, ont introduit dans ces derniers temps l'usage de paniers à fond renforcé par un rebord de 2 à 3 cm de hauteur, qui doit empêcher le fond de reposer directement sur le sol et éviter ainsi l'écrasement des fruits par le cahot du transport. Vu que l'expédition des fraises se fait en majeure partie en grande quantité de la gare de Woippy ou de Metz et que le producteur ne fait point la vente en détail, l’on n’a pas encore ressenti chez nous le besoin d'employer des paniers de plus petites dimensions. (LL)

Mardi 11 juin 1912
Expédition de fraises au pays messin.

La direction générale des chemins de fer en Alsace-Lorraine a adressé au Ministère la communication suivante :
« Nous avons conféré le 23 mars dernier avec les expéditeurs de fraises du pays messin sur la règlementation de la fourniture de wagons pour le transport de ces fruits en combinaison avec l’empaquetage des paniers. En suite de cette conférence nous avons pris en vue les mesures suivantes pour la prochaine récolte :
Dans les expéditions de 1500 kg au moins de fraises à destination d'une seule et même gare, il sera formé, comme par le passé, des wagons fermés « à colis », c'est-à-dire qui seront dirigés directement et sans transbordement du lieu d'expédition au lieu de destination, sans que les paniers aient besoin d'être spécialement empaquetés, et les droits de transport seront calculés sur la base du tarif des colis d'après le poids réellement chargé.
Dans l'expédition de 1000 kg au moins de fraises jusqu'à 1500 kg exclusivement, à destination d'une seule et même station, l'administration permettra autant que possible, jusqu’à nouvel ordre et entente préalable avec le chemin de fer, que le transport soit calculé au taux du poids réel de chargement, à condition que 1'expéditeur se charge lui-même de ce dernier et que le fond du wagon soit entièrement couvert de paniers. Les transports de cette nature seront traités comme wagons fermés « à colis ».
Dans l’expédition de moins de 1000 kg, il faut, pour parer à tout endommagement par le contact avec d’autres marchandises et en vue de la protection contre tous vols, que chaque panier de fraises soit recouvert hermétiquement d’une gaze ou d’une toile. L’expédition d’envois de cette nature devra avoir lieu dans les gares comme pour les envois ordinaires par grande vitesse.
En outre, pour les envois spécifiés sous c il sera organisé dans la correspondance des gares qui seront régulièrement touchées par eux des « wagons de parcours », c’est-à-dire des wagons à colis qui circulent, sans condition d’un minimum de chargement, sur certaines lignes et dans certains trains déterminés, et qui servent sur toute ou une partie seulement de la ligne au chargement et au déchargement des marchandises. Afin de permettre une utilisation plus complète de ces wagons de marchandises, 20 d’entre eux seront pourvus d’étages sur leurs parois latérales. Mais l’expéditeur ne pourra se dispenser, même dans l’usage de ces wagons à aménagement particulier, de protéger ses envois par une enveloppe de toile ou de gaze contre toute possibilité de vol, et aussi pour parer aux conséquences résultat du fait que ces wagons « de parcours » auront encore à charger en route d’autres marchandises qui pourraient facilement endommager les fraises.
Nous espérons que ces dispositions donneront satisfaction dans la plus large mesure aux vœux des expéditeurs de fraises des environs de Metz et nous exprimons l’espoir qu’au cours de la prochaine récolte les envois pourront se faire sans accrocs et à l’entière satisfaction des expéditeurs. » (LL)

Mercredi 26 Juin 1912
(Les fraises) – La campagne des fraises est près de se terminer après avoir battu son plein dans le courant des deux semaines précédentes. Les rendements n'ont pas été si riches qu'on l'attendait et la récolte peut être estimée à une bonne demi-récolte. Les commissionnaires et les commerçants ont parcouru la campagne en grand nombre, achetant tout ce qui leur était amené au fur et à mesure de la cueillette ; pour cette raison les arrivages au marché de Metz ne furent pas abondants ; l’octroi prélevé sur ces fruits est aussi beaucoup la cause de l'éloignement des producteurs du marché messin, ceux-ci furent déçus dans leur espoir de voir abolir l'octroi sur les fraises pour cette année. Chez le producteur elles se vendent de 35 à 40 pf. la livre, et la tendance était même à la hausse. On compte de 12 à 15 wagons expédiés journellement à destination de l'Allemagne du Nord. (LL)

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