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  Dernière mise à jour : 9 février 2012

La route de Thionville
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 De Maison-Rouge à Saint-Remy 



De Maison Rouge à Saint-Remy vers 1750.
(Passez le curseur sur le château)

Le château de Ladonchamps

Après avoir longé la zone Tilly et les Etablissements Faure et Machet (ci-dessus, installés depuis octobre-novembre 1992), nous arrivons à Ladonchamps.

On peut imaginer qu'à une certaine époque, une voiture à cheval empruntait cette allée bordée d'arbres.

Le nom de Ladonchamps apparaît pour la première fois sous le vocable ladonis campo dans une charte-partie de 1222, rédigée en latin par l'abbé Warin de Saint-Vincent de Metz, notifiant un échange de terres et de forêts. (Archives départementales de la Moselle, H 3884/9 - Chambre forte).
A cette date, ce n’est qu’un simple lieu-dit où se situent des terres cultivées et non cultivées.
En 1325, dans un héritage, il est question d’une grange (la grainge de Laidonchamps et tous les appendixe et le prey…)
En 1347, on cite une chapelle (Lorate Withier donne 5 solz de met -(Metz)- por le prestre qui chanteit et chantereit pour ladite Lorate à lauteil de la chapelle à Ladonchamps…)
Dans un jugement daté du 20 mars 1355, sont cités « le quart de la tour, maison et édifice de Ladonchamps récemment bâtis… ». La personne qui a construit ce premier « château » serait Joffroy de Raigecourt.
Lors du siège de Metz en 1444, le château de Ladonchamps attaqué par les troupes messines est la proie des flammes.
Pendant le siège de Metz en 1552, le château de Ladonchamps est démantelé sur les ordres du duc de Guise.
En septembre 1554, un combat eut lieu près de Ladonchamps entre les troupes du maréchal de Vieilleville et celles de Thionville commandées par le comte de Mègue, gouverneur du Luxembourg. Ce combat, où les ennemis furent vaincus - il en demeura quinze cents sur place et le reste fut fait prisonnier - prit le nom de combat de Saint-Michel (du jour où il avait été livré).
Dans son « Histoire du village de Woippy », René Paquet reproduit la lettre (octobre 1581) du roi Henri III aux magistrats de Metz pour les engager à faire une pension viagère de mille livres au Sieur Renault de Gournay pour l'indemniser des réparations qu'il avait faites au château de Ladonchamps (Pièce justificative N° 18, page 357) : « ... la maison forte nommée La Dompchamps, prise par l'ennemi, pillée, brulée, abattue et entièrement ruinée lors de combats ... pour la défense et conservation de la ville de Metz ... ».
Si en 1552, Metz était devenue française, les années qui suivirent ne furent pas pour autant calmes : guerre de religions, intrigues, passages de troupes levées en Allemagne, etc...).
L'événement dont il est question dans cette lettre s'est déroulé entre 1554 et 1580.

Le premier plan de Ladonchamps découvert aux Archives départementales de la Moselle (extrait ci-contre, cote C 844) devrait dater des années 1777 (?) .

A cette époque (18 juillet 1770), pour des raisons d'héritages, le domaine de Ladonchamps est mis en adjudication par licitation : (Cette adjudication décrit entièrement la seigneurie de Ladonchamps)

(ADM - B 2976)

« ... le tout ne pouvant être partagé sans une détérioration presque totale et sans une diminution considérable du prix, il serait en conséquence procédé aux publications vente et adjudication par licitation dudit château de Ladonchamps, manoirs et héritages en dépendants, ainsi que du cabaret où pend pour enseigne la garde de Dieu, et généralement tout ce qui compose le corps de biens dont s’agit, indivis entre les parties, dont la déclaration s’ensuit, conformément audit rapport des experts, savoir :

Premièrement le château et manoir (Retranscrit en orthographe actuelle)
Qu’à l’entrée du château sur le premier fossé il y a un pont construit en maçonnerie par un seul berceau de voûte et les murs de parapet en moellons ; qu’à la suite dudit pont il y a une travée de bois formant le pont dormant au lieu et place d’un pont levis qui y était anciennement ;
qu’à l’extrémité dudit pont dormant il y a une grande porte en pierre de taille avec deux volants de porte, qu’ensuite de ladite porte il y a un passage formé par des murs à droite et à gauche et dans chaque mur une porte qui conduit aux jardins potagers, de part et d’autre ;
qu’à la gauche et à l’extrémité dudit passage il y a un logement qui consiste en une antichambre sans cheminée éclairée par une croisée sans barreau, en la suite de ladite antichambre, une chambre à cheminée éclairée comme l’antichambre, et qu’au dessus desdites deux pièces il y a un faux grenier couvert de tuiles creuses.
Qu’en retour dudit logement il y en a un autre qui consiste en une chambre à cheminée dont le montant n’est qu’en bois, et un cabinet qui sont éclairés par deux croisées, et au-dessus un faux grenier couvert de tuiles creuses ; qu’à côté dudit logement il y en a un autre construit de même ; et qu’en suite dudit logement est la chapelle qui est pavée et au-dessus un lambris de sapin éclairée par deux vitraux garnis de barreaux de fer.
Que dans ladite chapelle il y a un maître-autel à colonnes de bois proprement sculptées et une crédence à droite et à gauche, qu’il y a aussi un autel collatéral avec un petit jour au-dessus, une pierre et son pied qui a servi anciennement de fonts baptismaux, et que ladite chapelle est couverte de tuiles creuses et petit clocher couvert d’ardoises ;
qu’il dépend de ladite chapelle une cloche qui est dans le clocher, une petite clochette au maître-autel, un bénitier, six chandeliers chacun de dix-huit pouces de hauteur, un crucifix et deux bras, le tout en cuivre, six vases de bois argentés et six bouquets artificiels, un grand christ de bois peint, cinq grands tableaux avec leurs cadres bois de sapin, quatre autres chandeliers, deux vases et croix de bois, sur laquelle est un christ de cuivre et deux autres bouquets artificiels, trois petits tableaux à cadres dorés, avec des verres dessus, les images qui sont dedans, un pupitre de bois, un ciboire et un soleil d’argent dont le pied du ciboire sert en même temps et alternativement au soleil, un calice et sa patine d’argent, deux sous-nappes sans dentelle, et deux nappes à dentelle et une sous-nappe pour l’autel collatéral, deux sous-nappes et deux nappes pour les crédences, un tapis de serge pour le maître-autel, un missel, deux coussins et un pupitre de missel, trois aubes en dentelle et une sans dentelle, un surplis, un bonnet carré, une chasuble complète de serge blanche brodée en laine de toutes les couleurs, quatre ceintures, trois amicts, trois lavabos, deux purificatoires, deux corporaux, pales garnies de dentelle ; et que par de là des ornements ci-dessus, l’admodiateur aurait déclaré qu’il y en avait encore d’autres et de surplus au château.
Qu’en retour de ladite chapelle et à la gauche de ladite basse-cour, il y a le logement de l’admodiateur qui consiste en un vestibule d’entrée, à la gauche une chambre à cheminée éclairée par deux croisées garnies chacune de trois barreaux de fer, une armoire dans le mur, une pierre d’évier, et à côté de ladite chambre un poêle éclairé de deux croisées garnies chacune de trois barreaux de fer, à la droite de la première chambre deux décharges éclairées de deux croisées sans barreau ; à la gauche une chambre à four, à la droite dudit vestibule, une chambre à cheminée éclairée par une croisée sans châssis ni vitre et garnie de trois barreaux de fer, dans le fond du vestibule, une cave en sellier, sur la droite, une allée et un rang de porcs, du même côté une autre allée qui conduit à l’écurie des chevaux, à la bergerie, marcairerie, et à l’écurie des vaches, et une grange en retour qui fait face à l’entrée de la basse-cour, qu’à côté de ladite grange il y a un jardin potager entouré de murs occupé par le jardinier, qu’en suite et à côté dudit jardin il y a une écurie à bestiaux avec un grenier au-dessus, le tout couvert de tuiles creuses.
Qu’en retour de ladite écurie à la droite de la basse-cour il y a un logement qui consiste en un vestibule éclairé d’une croisée sans châssis garnie de deux barreaux de fer, une chambre à côté à cheminée dont le montant n’est qu’en bois, éclairée d’une croisée garnie de trois barreaux de fer, et au-dessus un faux grenier couvert de tuiles creuses, qu’un peu plus haut il y a un autre logement qui est distribué de même que celui ci-dessus à l’exception qu’il n’y a que trois barreaux de fer à une vitre ;
qu’entre lesdits deux logements il y a une grande porte qui conduit de la basse-cour dans la grande cour du château, au-dessus de laquelle et dans la largeur des deux logements en dessus il y a une couverture en tuiles plates ;
qu’à la gauche en entrant dans la basse-cour il y a un puits dont la margelle est en pierre de taille, qu’à un des côtés dudit puits il y a un barreau de fer et à l’autre côté un balancier en bois de chêne pour tirer de l’eau au puits et une auge de bois de chêne pour faire boire les chevaux ;
qu’à la droite de la cour du château, il y a un pont formé en maçonnerie avec deux berceaux de voûte et des murs de parapet de part et d’autre, couverts de tablettes de pierre de taille, que ledit pont conduit de ladite grande cour dans une petite cour à côté qui est séparée de la grande par un mur,
que dans le fond de ladite petite cour entre deux avant-corps il y a un escalier en pierre de taille qui conduit de ladite cour à l’appartement de l’étage du château, que sous les paliers dudit escalier il y a deux décharges voûtées, que sous le troisième plafond du milieu dudit escalier entre lesdites deux décharges il y a la porte qui conduit de ladite petite cour à la cuisine qui est voûtée ;
que dans ladite cuisine il y a un four et au-dessus du four une décharge, un puits et à côté du puits une pierre de taille creuse, une séparation faite en planches et lattes de sapin qui forme une cave ou décharge qui est pratiquée dans une partie de ladite cuisine,
qu’à l’opposé de la porte d’entrée de ladite cuisine il y a une porte qui conduit de ladite cuisine dans un logement qui consiste en une chambre éclairée par deux croisées garnies chacune de quatre barreaux de fer et une cave voûtée à côté éclairée par une croisée garnie de trois barreaux de fer sans châssis ni verre, et un cabinet borgne qui est voûté ;
qu’à la gauche de ladite cuisine, il y a une porte qui conduit de ladite cuisine, dans un autre logement qui consiste en une chambre à cheminée éclairée par deux croisées sans barreau, une décharge éclairée par une croisée sans châssis ni barreau, une autre décharge voûtée sous la tour, un passage pour aller aux fossés et un petit cabinet,
qu’à la droite de ladite cuisine il y a une porte qui conduit de ladite cuisine à l’allée du logement de l’aile droite, que ledit logement de ladite aile droite consiste en une porte d’entrée qui conduit de la petite cour dans l’allée, une chambre à cheminée éclairée par deux croisées sans barreau, au-dessus un faux grenier éclairé par une lucarne, et une décharge à un des angles de ladite chambre sous la tour et au-dessus de ladite décharge un colombier, bien peuplé de pigeons, en une autre chambre ensuite de celle ci-dessus à cheminée éclairée par deux croisées sans barreaux, en une autre chambre sans cheminée éclairée de même dans laquelle est le tambour de l’escalier tournant en pierre de taille qui conduit de ladite allée et qui sert de dégagement aux appartements de l’étage du château, en une décharge dans le fond de ladite allée éclairée par deux petites croisées et en un cabinet borgne.
Que le logement de l’aile gauche de la petite cour, composé d’une chambre sans cheminée éclairée par deux croisées sans châssis ni verre, deux caves voûtées dans le fond de ladite chambre éclairée par deux soupiraux sans barreau ni volet, et d’une autre chambre à cheminée éclairée par deux croisées sans barreau.
Que le premier étage du château consiste, savoir :
en une grande antichambre ou vestibule d’entrée éclairée par quatre croisées sans barreaux dans lequel sont construites deux armoires dans l’épaisseur des murs, en une grande salle à manger, ensuite dudit antichambre où il y a une cheminée éclairé par trois croisées garnies en petit bois et à grands carreaux et à chaque croisée des volets peints, et dans ladite salle à manger, il y a deux armoires dans l’épaisseur des murs ;
que l’appartement de la droite de ladite antichambre et de la salle à manger consiste en deux chambres à cheminée séparées par un vestibule, dans lequel est construite une chambre de domestique et que le tout est éclairé par cinq croisées garnies de volets.
Que l’appartement de la gauche de ladite antichambre et de la salle à manger consiste en une chambre à cheminée éclairée par deux croisées en petit bois et à grands carreaux avec des volets peints, en une décharge dans une encoignure de ladite chambre dans la tour, dans laquelle est un colombier bien peuplé de pigeons, en un cabinet à côté éclairé d’une croisée garnie de petits bois et à grands carreaux, en une autre chambre à cheminée éclairée par deux croisées, l’une sans châssis ni verre, et à toutes les deux des volets, en une décharge, un grenier éclairé par une lucarne et dans l’angle en une plateforme cimentée.
Qu’au-dessus desdits appartements il y a quatre greniers, y compris l’ancien corps de garde qui sert actuellement de grenier, que toutes les tours y compris les quatre tourelles du donjon, les deux ailes dudit château ainsi que les mansardes sont couvertes d’ardoises.
Que le donjon et les surplus des couvertures du château sont couverts de tuiles creuses.
Qu’à la gauche de la grande cour du château il y a une grange et à côté de ladite grange une écurie pour les bestiaux et au-dessus des poutrelles pour y recevoir un plancher, le tout couvert de tuiles creuses.
Qu’ensuite de ladite écurie il y a un poulailler et au-dessus un colombier bien peuplé de pigeons, que ledit colombier est couvert de tuiles creuses plates et la gouttière en ardoise ;
qu’entre ledit colombier et l’écurie il y a un passage qui conduit dans un jardin clos de murs, dans le fond duquel il y a une chambre sans cheminée formée ainsi que sa couverture en planches de sapin et qu’à l’angle de la droite de ladite chambre il y a une décharge sous la plateforme, que derrière le logement de l’admodiateur et en retour il y a une espèce de verger presque en friche, qui se termine et forme les bords du fossé et que sur tout le pourtour du château et maison et dépendances il y a un double fossé rempli d’eau, avec une terrasse entre deux fossés, garnie de chaque côté d’arbres, de bois d’orme et de chêne, et que le déchargeoir des eaux desdits fossés est joignant le cabaret de la garde de Dieu.
Que la partie des bords du fossé qui forme l’enceinte du château est entourée de murs et que le mur du parapet du fond de la grande cour du château est couvert d’une tablette de pierres de taille.
Secondement les jardins en dehors du château ... »

Ci-dessous le plan de Ladonchamps en 1847 (ADM 36 P 50)

Pendant la guerre franco-prussienne de 1870, le château fut pris une première fois aux Prussiens le 27 septembre, mais faute d'instructions précises, les troupes regagnèrent leurs cantonnements. Il fut repris une seconde fois dans la nuit du 2 octobre, et cette fois-ci, l'endroit fut fortifié et fut canonné durant toute la journée.
Le 7 octobre lors de l'opération de fourrage (dite « combat de Ladonchamps ») sur les fermes des Grandes et Petites Tappes, et sur Bellevue et Saint-Rémy, le château reçu « une véritable pluie d'obus ».
Durant cette bataille, le général Gibon, récemment promu, fut blessé à Saint-Anne (près de Bellevue) ; évacué au Rucher, son quartier général, il y mourut le 19 octobre. Il est inhumé au cimetière de Woippy. (Journaux d'époque ci-dessous)

Dimanche 9 octobre 1870 (Journal Le Vœu National)
Journée du 7.
Le 7, les opérations eurent beaucoup plus d’importance ; elles parurent constituer dans leur ensemble une grande reconnaissance en force. Ce n’était point une bataille rangée, mais la ligne de combat, sauf quelques intervalles, s’étendit de Ladonchamps et Fèves sur la gauche, à Nouilly et Noisseville sur la droite. Le 3e, le 6e corps et la garde furent plus ou moins engagés dans cette affaire qui est un beau succès pour nos armées.
(...)
Mais c’est la plaine de Thionville qui était le plus sérieux théâtre de l’action. Dès avant midi les 25e et 26e de ligne s’ébranlant avaient gagné les bois à gauche et en avant de Ladonchamps. Dans les premiers ils ne trouvèrent aucun prussien, mais les autres en étaient bondés et nos soldats les abordèrent franchement à la baïonnette. En les attaquant ainsi dans leurs repaires, ils les délogèrent successivement des positions boisées qu’ils occupaient sur les pentes et dans la plaine.

Défense d'un château
(Tableau de A. de Neuville,
extrait de « En Campagne »,
Jules Richard, Paris, s.d., p. 25)
Les Prussiens déployaient leur artillerie d’Olgy à Fèves, formant ainsi une vaste courbe de feux convergents. Ils avaient des batteries à Argancy, à Semécourt, à Fèves, à Amelange. Cet appareil n’arrêta nullement nos soldats dans leur marche en avant.
En même temps, les voltigeurs de la garde, qui montrèrent une brillante valeur, attaquaient l’une après l’autre les fermes des Grandes et des Petites-Tappes et s’en emparaient. La résistance fut vive dans la première dont tous les défenseurs périrent. Ceux de la seconde, les survivants du moins, au nombre de près d’une centaine, se rendirent. Ces hommes qui sont Polonais du grand duché de Posen appartiennent aux 58 e et 59e régiments d’infanterie prussienne.
La marche par les bois constituait un mouvement tournant qui faillit avoir pour résultat la prise des batteries prussiennes établies ou plutôt rétablies à Semécourt. L’un de nos bataillons arriva jusqu’à l’une de ces batteries, composée de 12 pièces et s’en empara après avoir dispersé ou tué ses servants, mais il fallu abandonner les canons, un retour en force des Prussiens menaçant les nôtres d’être capturés. Cependant, ils purent, dit-on, ramener une pièce. D’après un autre on-dit, dix autres pièces auraient également été ramenées en ville, mais n’ayant pu vérifier nous ne pouvons garantir ce fait.
La trouée victorieuse de nos soldats à travers les bois constitue un succès sérieux, car elle habitue les nôtres à traquer les Prussiens là précisément où ils se croient le plus en sûreté. L’ennemi a perdu beaucoup de terrain, car nos soldats, assure-t-on, seraient parvenus jusqu’à Norroy et Fèves. On a fait, en outre, aux Prussiens, un assez grand nombre de prisonniers. Il en a été amené 548 à la prison civile.
Parmi ces prisonniers est un chef de marque, un général probablement, à en juger par les égards dont il était l’objet. On lui laissa son cheval pour rentrer en ville.
Ces prisonniers s’accordent pour dire, comme ceux d’hier et des jours précédents que, depuis plus d’une semaine, ils n’ont pas de nouvelles de l’armée du prince royal qui est devant Paris. Ils confirment malheureusement aussi la prise de Strasbourg qui a capitulé après 40 jours de tranchée ouverte et de bombardements.
Tels sont, en abrégé, les renseignements que nous avons pu obtenir sur la journée d’hier. Elle embrassait un trop grand ensemble de faits pour que notre récit ne présente pas bien des lacunes. Mais la conclusion, du moins, en est assurée. Elle annonce une véritable victoire de notre patriotisme.
Nos cacolets ont ramené d’assez nombreux blessés français. Le brave général Gibon, nouvellement promu, a eu un cheval tué sous lui et a reçu une balle au bras. Les Prussiens ont fait de grandes pertes.
Le feu a recommencé ce matin, mais au-delà des positions où le combat a été le plus vif hier, c’est-à-dire au-delà de Semécourt et de Fèves, ce qui prouve que nous avons conservé le terrain conquis hier.    VAILLANT.


Le combat de Ladonchamps (Dessin de Maurice Pallandre)


Le général Gibon
Le livre d'or du Souvenir Français,
J.-P. Jean, Metz, 1929.
Dimanche 23 octobre 1870
NOS MORTS.

Encore un trépas glorieux ! Le brave général Gibon, promu, il y a moins d’un mois, à ce grade, a succombé aux suites de la blessure qu’il a reçue, le 7, à l’attaque de Ladonchamps. C’était une nature énergique, un cœur trempé d’acier. Il commandait cet admirable 25e de ligne qui a laissé tant de ses braves sur tous nos champs de bataille. Les funérailles du général Gibon ont été célébrées, mercredi, à l’église de Woippy, au milieu d’un grand concours de camarades. La population tout entière suivait le cercueil, s’associant à la douleur commune. Le curé de Woippy, dans une allocution touchante et bien inspirée, a jeté quelques fleurs sur cette tombe si tristement et si prématurément ouverte. (VN)

Le blocus de Metz (19 août - 29 octobre 1870)

Pendant le siège, pour correspondre avec l'extérieur, quand le vent était favorable, des petits aérostats gonflés à l'usine à gaz contenant du courrier furent lâchés dans les airs, avec l'espoir qu'ils seraient récupérés au-delà des lignes ennemies et que les lettres seraient expédiées à leurs destinataires.
Ces petits ballons portaient une étiquette : « La personne qui trouvera le présent paquet est instamment priée de mettre à la poste les lettres qu'il contient ». Ces lettres prirent le nom de « Papillon de Metz » du nom du docteur E. Papillon, médecin aide-major à l'ambulance de la Garde, qui en eut l'idée.
A Paris, durant le siège (18 septembre 1870 - 27 janvier 1871), outre des ballons montés pour expédier du courrier, on utilisa des Boules de Moulins (de la ville de Moulins dans l'Allier) pour recevoir du courrier, ces sphères de zinc contenant 500 à 800 lettres étaient immergées dans la Seine en amont de Paris et récupéres dans la capitale à l'aide de filets. Plusieurs boules de Moulins furent retrouvées bien après la levée du siège (dont deux en août 1968 et avril 1982).

Ce même principe semble avoir été utilisé à Metz, mais avec des bouteilles :
Ci-dessous, Extrait du Bulletin de la Société des Amis du Musée Postal N° 22, 1968 : Les papillons de Metz, Louis LUTZ, p. 67.
CORRESPONDANCES PAR BOUTEILLES
Ce n'est pas seulement par les ballons que l'on cherchait à communiquer avec l'extérieur, mais aussi par le moyen de bouteilles jetées dans la Moselle. Même les espions utilisaient ce moyen de correspondance.
Le Château de Ladonchamps est situé sur la route de Metz à Thionville à quelques centaines de mètres de la ligne du chemin de fer. Occupé dès les premiers jours par les Prussiens, il fut reconquis au début d'octobre par le 6e Corps.
Parmi les papiers saisis à Ladonchamps, on a découvert une pièce assez importante. C'est un ordre du jour du 25 septembre, dans lequel le Général Prussien faisait part à ses troupes de la situation de Metz. Il y avait jusqu'à un plan des environs de la Place, tracé d'après les renseignements fournis par des espions, et où se trouvaient indiqués les points occupés par nos divisions et nos régiments. La Garde Nationale, disait cet ordre du jour, et la garde mobile font le service de la ville. L'état sanitaire des Français est bon ; ils mangent de la viande de cheval et sont abondamment pourvus de blé et de farine. Ces renseignements, ajoutait le Général, étaient parvenus par la voie de bouteilles jetées dans la Moselle et par ballons.
Dans son livre, le Major von Kritschmann dit qu'au commencement du blocus les habitants de la ville et les soldats de la garnison cherchant par tous les moyens à rester en communications avec l'extérieur, enfermaient des lettres dans des vessies et dans des bouteilles, et les jetaient dans la Moselle, espérant qu'elles seraient recueillies dans la zone non occupée. Déjà le 3 septembre, von Kretschmann parle des bouteilles et je cite « Ils seront bientôt obligés de se rendre. Dans une lettre enfermée dans une bouteille qui descendait la Moselle et qui a été repêchée par nos avant-postes, Bazaine se plaint de l'insuffisance de la nourriture et du Typhus ».
(Nous pouvons toutefois difficilement admettre que le maréchal ait pu écrire une pareille lettre et la confier à une bouteille).
Un site très intéressant sur la guerre franco-allemande de 1870-71 : - clic - (retour à cette page assuré)


Château de Ladonchamps, terre patrimoniale de Saint Livier.
(Dessin de Migette - 1870) (Bibliothèque-Médiathèque de Metz, Fonds Mutelet. Photocopie)

Ladonchamps sous l'annexion, 1871 - 1918
Pour voir cette période : - clic -


Le château de Ladonchamps.
(Otto TAUBER, Die Schlachtfelder von Metz, 1893)



Le château de Ladonchamps photographié en 1900 par Mlle Madeleine Berweiler (qui demeurait à cette époque en face
du vieux château, rue de Briey). Peut-être l'une des premières photographies du château ?

Au début du XXème siècle, les photographes et éditeurs de cartes-postales de Metz reproduisent le château, dont ci-dessous quelques exemplaires.


La chapelle du château, construite à neuf au début des années 1800 et le château, comme on le découvrait en pénétrant dans la propriété, façades "ouest" et "sud".


L'allée qui conduit à la grande cour du château et la façade principale "nord" avec son double escalier.


La façade "est" avec son petit pont qui donnait accès à une petite terrasse, et une vue de la façade "sud".


(Photographie Prillot)


Kaum sechs Kilometer von Metz, an der Straße nach Diedenhofen, liegt das schmucke Schlößchen Ladonchamps.
Metzer-Zeitung, 10.09.1942 - (Illustration d'un article sur le château de Ladonchamps) (Photo : G. Bour)

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Au mois de mai 1913, un incendie éclate dans les bâtiments de la ferme de Ladonchamps. Ci-dessous les articles de journaux relatant les faits :

Jeudi 22 mai 1913 (Journal Le Lorrain)
Woippy. (Violent incendie). – Cette nuit, nous rapporte-t-on, vers 11 h ½, la ferme de Ladonchamps, exploitée par M. Fabert, est devenue la proie des flammes ; des écuries de chevaux et de vaches ainsi que les engrangements, il ne reste plus que les murs. Un grand matériel agricole, voitures, machines, etc., sont devenus la proie des flammes. Les pompiers de Woippy sont arrivés rapidement sur les lieux et ont pu préserver le corps de logis. Les chevaux et le bétail ont pu être sauvés. Il y a assurance.

Vendredi 23 mai 1913 (Journal Le Courrier de Metz)
LADONCHAMPS. (Incendie) – L’avant-dernière nuit un incendie se déclara dans la partie des bâtiments de le ferme de Ladonchamps ; les pompiers de Woippy, appelés en toute hâte, se mirent en devoir de combattre le fléau qui faisait rage ; on put sauver les chevaux et le bétail et préserver le corps de logis ; mais les écuries et engrangements ont été la proie des flammes. C’est M. Fabert qui exploite cette ferme ; et l’on dit qu’il y a assurance.
Voici quelques détails : - L’incendie fut aperçu vers minuit ; malgré les efforts des pompiers accourus des localités voisines, tous les approvisionnements en fourrages ont été la proie des flammes. Les fossés du château ont beaucoup facilité la lutte contre le fléau, puisqu’on n’avait pas à se préoccuper de trouver de l’eau en abondance. – On croit que le feu a été mis par des vagabonds qui cherchaient un gîte dans les engrangements.

Lundi 9 juin 1913 (CdM)
LADONCHAMPS. (Remerciements) – A la suite de l’incendie qu’il vient de subir, Monsieur de Ladonchamps tient à remercier les personnes qui les premières ont organisé les secours, les habitants de Saint-Remy, les pompiers de Woippy, ceux des habitants de Woippy et de Bellevue, des annexes et des fermes voisines qui, venus dans la nuit, ont payé de leur personne et ont effectivement travaillé au sauvetage et à la localisation du sinistre. Il les assure de sa reconnaissance.

Mardi 17 juin 1913 (CdM)
LADONCHAMPS. (Récompense) – M. de Ladonchamps a donné 200 mark aux pompiers de Woippy pour leur témoigner sa reconnaissance du zèle dont ils ont fait preuve lors de l’incendie du château de Ladonchamps.

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Ci-dessous, deux vues datant des années 1930.

Pendant la présence allemande de la dernière guerre mondiale, le château de Ladonchamps a eu « l'honneur » d'un historique dans la Metzer-Zeitung du 17 mars 1943 : - clic -. On découvre aussi le château dans ce même journal les 14 mars 1941 et 10 septembre 1942
Complètement incendié en novembre 1944, lors de l’avance alliée vers Metz, le château ne sera jamais reconstruit.


Les ruines du château en 1946 (Bibliothèque-Médiathèque de Metz, Fonds Mutelet).


Dimanche 16 avril 1950, clôture de la Mission. Cérémonie devant le reposoir installé entre ce qu'il subsistait du double escalier.
(L'abbé Guénot et deux enfants de chœur, Raymond Bihr et Michel Gusse).

Vendredi 21 mars 1952 (Journal Le Lorrain)
Peu de chose subsiste du château, proprement dit « de Ladonchamps », lui aussi victime de la guerre, ainsi qu’on peut s’en rendre compte sur notre cliché. Cette ruine émerge au milieu du parc dont le fossé d’enceinte disparaît à son tour, comblé qu’il est par des terres amenées des proches sablières. La ferme de Ladonchamps est toujours en exploitation et les propriétaires ont fait construire, au milieu des arbres qui n’ont pas été rasés, un coquet pavillon moderne qui contraste quelque peu en ces lieux où le perce-neige fleurit abondamment.

Pour une histoire complète de Ladonchamps depuis l'origine, voir l'étude de René MOGNON dans les Chroniques du Graoully
(Revue annuelle éditée en novembre par la Société d'Histoire de Woippy), numéros 19-2009, 20-2010 et 21-2011.

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