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  Dernière mise à jour : 9 décembre 2013

La route de Thionville
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 Saint-Remy 


Après avoir passé le domaine de Ladonchamps, nous arrivons à Saint-Remy.
Quelle est l'étymologie du nom de ce hameau ?
Il est tout à fait certain que le nom de Saint-Remy est issu de la chapelle construite à cet endroit au moyen âge et qui était dédiée à saint Remy.
Dans son Histoire de Woippy, (1878), René Paquet mentionne la chapelle de Saint-Remy en ces termes : Au moyen âge, il existait encore tout près du château de Ladonchamps une chapelle, dite épiscopale, la chapelle Saint-Remy (elle était, croyons-nous, construite sur un des points occupés aujourd'hui par le hameau de Saint-Remy - annexe de Woippy). Il n'en subsiste plus rien ; aussi nous nous abstiendrons de faire son histoire, peu intéressante d'ailleurs, et sur laquelle on ne possède que très peu de renseignements.


Par rapport au château de Ladonchamps, situation de la chapelle Saint-Remy vers 1750.


Agrandissement de la partie droite ci-dessus.

Un autre plan. (sans date)

La chapelle de Saint-Remy faisait partie des quatre chapelles épiscopales du pays messin (les trois autres étant la chapelle St-Jean-Baptiste située dans l'église cathédrale à l'autel de St-Jean près des fonts, la chapelle St-Gal située au palais épiscopal, et la chapelle St-Jean-l'Evangéliste située dans la chapelle St Gal au palais épiscopal). Toutes quatre étaient à la nomination de l'Evêque de Metz.
Elles furent unies au couvent des Minimes de Metz en 1602 pour la moitié des revenus. Les chapelains jouissant de l'autre moitié.
Cet ordre religieux des Minimes a été établi à Metz en 1602 par le cardinal de Guise, évêque de Metz. Installés près de la Citadelle, ces religieux achetèrent par la suite un hôtel particulier près de la rue des Allemands et y fondèrent leur couvent.
(Les Anciens pouillés du diocèse de Metz, N. DORVAUX, Nancy, 1903).


29 : Emplacement du couvent des Minimes.
(Atlas historique du diocèse de Metz, G. Bourgeat et N. Dorvaux. Bibliothèque-Médiathèque de Metz)

Le couvent des Minimes
Lors de la Révolution de 1789, les domaines et possessions de l'église et des communautés religieuses sont confisqués en vertu du décret du 2 novembre 1789 et mis à la disposition de la Nation. Ils sont vendus comme biens nationaux à partir de la fin de l'année.
La maison conventuelle des Minimes est alors mise en adjudication par le district de Metz le 13 décembre 1791 et acquise par François Marchand et son épouse Anne Remy.
Anne Remy devenue veuve le 22 Brumaire an VIII (13 novembre 1799), un partage des biens de la communauté est réalisé entre elle et ses trois enfants par le tribunal de première instance de Metz en 1810, et entre autres, le couvent des Minimes lui est échu.
L'ensemble des bâtiments est mis en vente par adjudication le 15 mai 1811. Mais la cy-devant maison conventuelle des Minimes composée de cours, d'habitations, de caves, d'une église, d'un cloître, d'un pressoir et de plusieurs jardins, est scindée en 8 lots pour en faciliter la vente.
(Le sixième lot dans lequel est compris le clocher de l'église n'est pas adjugé le jour dit mais un mois plus tard pour la somme de quatre mille cinquante francs sur une mise à prix de trois mille six cent cinquante francs)

Au Musée de Metz, il existe une pierre, (datée du XVe siècle - 1460 ?), qui d’après les registres proviendrait de Saint-Remy.
Il s’agit vraisemblablement de la dédicace d’une statue, chapelle ? calvaire ?...
PRIEZ POUR VENERAB(le) ….. (docteur)

EN DECRET DOYEN DE …. (qui a donné)

CESTE YMAIGE Z (=et) U (n)…

LX (=60) QUE DIEU PER LA G (raice ?)…





(Information et document aimablement fournis par Monsieur Pierre-Edouard Wagner, Bibliothèque-Médiathèque de Metz)
Lors des recherches effectuées aux Archives départementales de la Moselle par un membre de la Société d'Histoire de Woippy, M. René Mognon, de nombreux documents intéressant Saint-Remy ont été découverts (Pour voir le descriptif : - clic -).
Avant 1600, des noms apparaissent dans quelques actes, par exemple en 1593, Nicolas, de St-Remy, et Jean, son frère, aussi de St-Remy, tous deux laboureurs à Woippy ; en 1596, Anthoine Regnault est laboureur à Saint-Remy, son épouse se nomme Catherine.

Mais le premier document très intéressant est daté du 23 décembre 1600 : il est question de la chapelle de Saint-Remy (ADM - H 3745).
Ce document est un descriptif des ornements de ladite chapelle : deux missels à dire la messe, l'un à l'usage de Metz, et l'autre en petit romain (typographie) ; un calice de peautre (étain), un corporal avec la custode, deux draps d'autel, deux chasubles, une aube, une amis, une ceinture, deux petites chopinettes d'étain (toutes deux percées), une paix, deux chandeliers de bois, une serviette, un pupitre à décorer le chœur et un autre sur l'autel, un seau à mettre l'eau bénite, et une cloche avec une vieille corde. La chapelle est bien fermée avec une clé.
(Pour voir le document et sa transcription : - clic -)

En l’année 1601, le nouveau chapelain de la chapelle de Saint-Remy est le Sieur Louchon, celui-ci a fait un procès contre la veuve et enfants de feu le sieur Copperet, qui, de son vivant, s’il avait toujours payé la dîme pour une pièce de terre au lieu-dit la Crouée de Franclonchamps, appartenant à la chapelle, il avait, depuis quelques temps, fait refus au nouveau chapelain, de payer les décimes des fruits provenant de ladite pièce de terre. Le jugement en date du 15 décembre de cette année 1601 oblige le paiement de cette dîme.
La dîme.
La grosse dîme affectait les objets de grande culture (grains, foin, etc.)
La menue dîme était prélevée sur les potagers et les jardins.
La dîme fut supprimée au début de la révolution de 1789.
En janvier 1602, c'est un certain Jean de l'Agnus Dei, hôtelier au Porte Enseigne à Metz, qui est condamné à payer les dîmes qu'il doit aussi à ce même chapelain pour une moîtresse qu'il possède près de la chapelle de Saint-Remy.
Par ces jugements, on apprend que la chapelle de Saint-Remy perçoit la dîme sur les terres faisant partie du ban de Saint-Remy. Quelles sont les limites du ban de finage de ladite chapelle ?
Une déclaration du 2 mai 1607 ci-dessous nous en décrit l'étendue (orthographe actualisée) :

Déclaration du ban de finage de St-Remy comme on a accoutume de lever les dîmes tant grosses que menues appartenant présentement aux Pères Minimes du couvent de Metz, chapelains de ladite chapelle.
Premièrement on doit lever les dîmes tant grosses que menues, à savoir, depuis une borne qui est au-dessous du chemin de Norroy, qui sont environ quatre journal de terre de delà le pré l'Allemand vers le ban de Maizières qui va droit au Gibet de pierre et c’est jusque sur les vingt journaulx des Amelange, le ban dudit Maizières d’un côté.
Item on lève la dîme depuis les vingt journaulx jusqu’au champ qui appartenait à Jacquemin Collette d’Algy, joignant le ban dudit Algy d’une part et la Rue du Fay d’autre.
Item on lève la dîme sur une pièce de terre derrière Franclonchamps proche des hauts paturaulx où il y a eu du passé une chènevière et à présent un pâturage dedans, la grande Tappe d’une part et Franclonchamps d’autre, dont appert par une sentence de l’officialité de Metz du quinzième décembre mil six cent un, pour cette terre contre celui qui faisait refus de payer les dîmes.
Item on lève les dîmes comme va le bois St-Georges en une courvée qui appartient au Sieur de Ste-Agathe.
On doit lever les dîmes tant grosses que menues jusqu’à un pré appelé Flecha, ban de Wappi.
Encore devant Gonchelle devant Ladonchamps tirant droit au pré pourri et au long du bois St-Vincent en tirant droit à la côte vers Petillon Bois, le ban de Woippy d’une part et le ban de Norroy, savoir jusqu’à la borne de delà le pré l’Allemand d’autre.
Entre toutes lesquelles séparations on y doit lever les dîmes par chacun an prenant partout le onzième, et appartiennent entièrement audit chapelain de St-Remy.
Comme on lève des dîmes grosses et menues des quatre moitresses, savoir, des grandes Tappes, petites Tappes, du château de Ladonchamps et Sainte-Agathe.
Premièrement on a accoutume de lever en la grande Tappe les grosses et menues dîmes sur les héritages qui en dépendent hormis derrière Chambière, et en la maison de Monsieur Saint-Vincent dans ladite grande Tappe, paye néanmoins les dîmes des foins, hormis le grand pré joignant le ban de Maizières d’une part et le pré de Monsieur de Tallange de Veg Vry en partie d’autre.
Item on a accoutume par chacun an lever toutes dîmes tant grosses que menues du ban de finage des petites Tappes tant dedans que dehors la Maison.
Pour le château et finage de Ladonchamps, on y lève tant les grosses que menues dîmes excepté dans la Maison du seigneur.
Item on a accoutume de lever par chacun an, toutes les dîmes tant grosses que menues du ban et finage de Sainte-Agathe tant dedans que dehors la Maison.
Item tous les Deforrains qui ont des héritages, esdites moitresses, dedans lesdites bornes payent les dîmes comme dessus.
Toutes lesquelles desdites moitresses tant grosses que menues se payent à l’onzième, les menues dîmes seulement par toutes les moitresses ci-devant spécifiées, en foins, navine, loinnes, cochons, agneaux, oysons, chanante, lins, comme de coutume et qu’il appert par une sentence rendue contre feu Pierre Jean de Lannodey, propriétaire de Sainte-Agathe, du dernier janvier mil six cent deux, avec un arrêt de Monsieur de Selue, président à Metz, du deuxième mai mil six cent-sept pour l’exécution de ladite sentence de l’officialité dudit Metz.

Moitresse : seigneurie ou fief de haute, moyenne et basse justice appartenant à des congrégations religieuses ou à des abbayes de Metz.

En janvier 1605, le nouveau chapelain de la chapelle de Saint-Remy se nomme Pierre de Stainville, protonotaire apostolique.
Le 12 mars 1614, Vénérable personne, honoré Seigneur, messire Pierre de Stainville, protonotaire du St-Siège apostolique, doyen de la primatiale de Nancy, et conseiller d'Etat de son Altesse de Lorraine, et chapelain de la chapelle épiscopale de St-Remy lès Metz, laisse à bail pour 9 années consécutives à Miquel Stef, laboureur, demeurant aux petites Tappes, et à Pierre de la Cour, laboureur à Ladonchamps, la maison et chapelle de Saint-Remy, avec ses appartenances et dépendances. Outre les menues réparation à la maison et à la chapelle à leurs frais, ils devront apporter chaque année six quartes* de blé au curé de St-Marcel à Metz. Le canon annuel est de neuf cents francs en monnaie de Lorraine.
Dans ce bail (et dans d'autres par la suite) sont mentionnés les trois fff, qui signifient feu, foudre et vilains fondoirs (ou force). (Lesquels arrivant, ledit preneur sera obligé d'en donner avis au Sr laisseur, une visite sera organisée -aux frais du preneur- afin que sur le rapport qui en sera dressé, soit indiqué à qui incombe la responsabilité...).
Grâce à ce bail, outre de lever la dîme, on apprend que la chapelle de Saint-Remy possède des bien sur le ban de Saint-Remy (voir plus bas).
* Quarte : environ 150 litres. (Chronique anonyme de 1684 à 1725, F.-M. Chabert, Metz, 1879, p. 6)
**Admodiateur ou amodiateur : bailleur d'un bien : maisons, fermes, terres cultivables, etc.
D'après plusieurs documents, Christophe Plessy, laboureur demeurant à Woippy, était l'admodiateur** de ladite maison au moins depuis l'année 1600.

En 1618, Pierre de Stainville fait faire l'inventaire des ornements de la chapelle acquis chez un marchand d'étoffes de Metz, Abraham Mengin. Les linges habituels, drap d'autel, etc., sont rangés dans un coffre qui a coûté 4 francs 6 sols. La vieille corde de cloche citée dans l'inventaire de 1600 a été remplacée par une neuve. Le tout a coûté cent cinquante-six francs six gros en monnaie de Metz ou cent vingt-cinq francs 2 sols en monnaie de Lorraine. (Pour voir le document : - clic -)

En 1622, le précédent bail de 1614 à Miquel Stef est reconduit. Le loyer annuel a été augmenté, de neuf cents francs, il est passé à onze cent vingt-cinq francs monnaie de Lorraine.

Le 5 septembre 1627, suite au décès de Pierre de Stainville, un nouveau chapelain est nommé. Il s'agit du frère Grégoire François.
Il semble que ce dernier n'ait pas gardé la fonction, car quelques mois plus tard, janvier-février 1628, les pères Minimes protestent auprès du nouveau chapelain, Charles Hersant, nommé par l'évêque de Metz. Il semblerait que ce nouveau titulaire ait voulu (?) ou ait encaissé la totalité (?) des loyers inhérent à la chapelle, alors qu'il ne devrait recevoir que cent livres tournois (Bulle de Paul V du 1er juillet 1611), le reste étant uni au couvent. D'ailleurs les pères Minimes ont déjà signifié à l'admodiateur de la chapelle de ne rien payer à autre qu'aux Minimes de ce qu'il doit ou devra de ladite admodiation.

Cette protestation interpelle, en effet :
Nous avons vu en début de page que le couvent des Minimes avait droit à la moitié des revenus des quatre chapelles épiscopales (Les Anciens pouillés du diocèse de Metz, N. Dorvaux). Dans son Histoire de Woippy, René Paquet écrit page 205 : "Ces quatre chapelles furent unies aux Minimes en 1602, pour la moitié des revenus seulement ; toutefois, par exception, la totalité des revenus de la chapelle Saint-Remy fut attribuée aux révérends pères Minimes. (Pouillé du diocèse de Metz, manuscrit n° 58 de la Bibl. de la ville de Metz, fonds hist. - Voy. f° 585).

Cette "affaire" voit le jour au décès de Pierre de Stainville ! Un petit historique : en janvier 1605, il est déjà titulaire de la chapelle de Saint-Remy, une intimation lui est faite des bulles du pape Clément VIII portant sur l'union des chapelles épiscopales du couvent des Minimes. En 1614, c'est lui qui fait le bail de la maison et chapelle de Saint-Remy, appartenances et dépendances, à Niquel Stef et Pierre de la Cour. Ce bail est reconduit en 1622. Pierre de Stainville décède en 1627.
Vu les titres de cette personne, il se pourrait que les pères Minimes n'aient pas protesté et ont simplement attendu que chose se passe ? Peut-être aussi y avait-il un arrangement entre eux (non découvert dans les archives consultées) ?
A noter que les Minimes n'avaient pas que des propriétés à Saint-Remy. Dans la série "H" des ADM, sont cités Ancy, Ars-sur-Moselle, Ban-Saint-Martin, Béchy, Châtel-Saint-Germain, Chazelles, Cheminot, Lessy, Mars-la-Tour, Metz, Montigny-lès-Metz, Montoy, Thimonville. Quant aux biens des trois autres chapelles épiscopales : Saint-Gal à Coincy et Chevillon ; Saint-Jean-l'Evangéliste à Scy ; Saint-Jean-Baptiste à Coyviller, Ferrières, Tonnoy et Velle.

Un document daté de mars 1635, adressé à Mgr Henri de Bourbon, évêque de Metz, décrit l'ensemble des biens possédés par la chapelle de Saint-Remy, (cet "état des lieux" a sûrement été réalisé en prévision du décret du 8 août 1635 de l'évêque de Metz, qui réunit les quatre chapelles épiscopales au couvent des Minimes, les revenus de la chapelle de Saint-Remy devront à partir de cette date être partagés par moitié entre les révérends pères du couvent des Minimes et les quatre chapelains) :

... c’est à savoir de la maison avec ses usoirs et le jardin contigu proche ladite chapelle, sise sur le chemin qui va vers Thionville de part et d’autre.
Item deux journaux de terre arable au long des courtes rayes de Sainte Agathe, Monsieur de Thalange d’une part et les héritiers l’Agnus Dei à cause de Sainte Agathe d’autre ;
Item deux journaux de terre ou environ lieudit du côté Behulle, les laboureurs tournant sur ladite pièce de part et d’autre ;
Item deux journaux de terre au long du vieux chemin de Norroy vers Petillonbois d’une part et les R. Pères Jésuites à cause des Petites Tappes provenantes de Saint Eloy d’autre ;
Item quatre jours de terre derrière Bouxat, Messieurs de Saint Vincent à cause de la Grande Tappe d’une part et lesdits R. P. Jésuites comme dessus d’autre ;
Item un jour de terre arable joignant le chemin devant ladite maison d’une part et lesdits R. Pères Jésuites d’autre ;
Item un jour de terre arable appelé le pain béni, Messieurs de Saint Vincent de part et d’autre ;
Item un jour et demi de terre et fossés qui ne se retourne présentement point quoi qu’il en soit fait mention, et autres pièces de terre ;
Item une demie-fauchée de pré lieudit Loureye, Mr de Thalange d’une part et le chemin d’autre ;
La moitié par indivis du pré Monsieur Lambert, détenu à présent par Monsieur le grand Doyen de la Cathédrale dudit Metz pour l’autre moitié, Mrs de Saint Vincent d’une part et le ban de Maizières d’autre ;
Quatre fauchées de pré en pré Gervaise, le sieur Herbelet d’une part et le chemin d’autre.
(Pour voir le document en entier : - clic -)

A cette date, l'admodiateur des biens de la chapelle est le sieur Bernard Florimond, son bail est d'une durée de six années (1631-1637).
On peut lire dans ce même document qu'il a satisfait aux charges et obligations de ladite chapelle, c'est à savoir qu'il entretient la maison et ses usoirs et tous les héritages et prés en bon et suffisant état comme on lui a mis en main ; qu'il a payé tous les ans au sieur curé de Saint-Marcel de Metz la quantité de six quartes de blé qu'il a droit de prendre sur ladite chapelle, et qu'il a fait acquitter et satisfait aux messes et services et obligations de ladite chapelle, a fourni le sel et le pain pour bénir, la cire et tout ce qui est nécessaire pour lesdites messes et services.

En juin 1640, le sieur Henri Robinet, laboureur à Ladonchamps, est l'admodiateur de la chapelle.

Il semble que par la suite, les dîmes de la chapelle et les biens (maison et terres) soient loués à bail séparément.
Pour "preuve", ce bail établi le 19 juin 1661 pour percevoir les grosses et menues dîmes dépendant de la chapelle de St-Remy, qui d'ailleurs laisse à penser que la chapelle est en mauvais état.
En effet, le preneur fera faire incessamment les réfections qui sont à faire en ladite chapelle de St-Remy et entretiendra ladite chapelle pour la rendre en bon état au bout des années dont on conviendra et dont bail sera passé, lesdites réfections ne surpassant pas cinquante francs...
* Pot : Mesure de capacité représentant 1840,50 cm3. D'après Le Traité de jaugeage, J.-P. Jaunez, Metz, 1804.

** Navette : Plante de la famille des crucifères qui ressemble beaucoup au colza. De la graine, on extrait de 30 à 33 % d'une huile qui, fraîche et bien préparée, peut servir aux usages culinaires, mais qu'on emploie surtout pour l'éclairage.
(Larousse du XXe siècle, 1926)

Le bail précise aussi que le preneur, Laurent Aubertin, bourgeois de Metz, en plus du loyer annuel, devra livrer six quartes de blé froment au curé de St-Marcel, et douze pots* d'huile de navette** ainsi que cinquante francs messins pour une aube aux révérends pères Minimes.
A noter que les grosses et menues dîmes de la chapelle avait été mises en adjudication, ceci après publications tant sur les lieux, qu'aux églises paroissiales de Metz : d'une mise à prix de mille francs messins, la dix-neuvième et dernière mise était de 1420 francs. Bernard Florimond (ci-dessus) était présent lors de cette adjudication, sa dernière surenchère était 1415 francs et n'a pas surenchérit !

Trois mois plus tard, si la chapelle est en mauvais état et a besoin de réfections, un bail du 19 septembre nous explique la raison !
Outre les terres labourables dépendant de la chapelle de Saint-Remy laissées à bail pour le temps et l'espace de neuf années, à Jean La Valle* et François Perin, il est aussi question de la ... maison masure ainsi qu’elle se contient avec les usuaires en dépendant, joignant ladite chapelle de St-Remy, laquelle était bâtie en bon état avant la déclaration de la guerre et laquelle est à présent en ruine par les incursions des ennemis. A charge que lesdits preneurs remettront incessamment en état ladite masure à leurs frais et dépends ... »
Quant à ces ennemis, il ne peut s'agir que des Bourguignons, des Croates, ou des Espagnols dont la guerre franco-espagnole se termina par le traité des Pyrénées (7 novembre 1659).
Petite précision, lesdits preneurs sont aussi « ... obligés de réparer et mettre en état la petite chambre qui est joignant ladite chapelle pour y recevoir lesdits laisseurs pour fois et quand bon leur semblera d’y aller, soit pour faire le service en ladite chapelle, ou pour autres affaires qui les y appelleront, de laquelle chambre lesdits laisseurs en auront la clé à cause desquelles réparations auxquelles lesdits preneurs s’obligent, ils ne seront tenus ni obligés de payer aucun loyer desdits bâtiments usuaires et jardinages dépendant durant lesdits neuf années ...»
Quant auxdites terres labourables, représentant quatorze journaux ou environ, louées trente francs messin l'an, les preneurs devront livrer chaque année dix quartes de grains, moitié blé, moitié avoine, à la maison de l'hôpital St-Nicolas en Neuf-Bourg, et aussi livrer au couvent des Minimes trois livres de cire jaune, sans oublier de fournir tous les dimanches du pain pour le pain bénit qui se distribuera par chacun dimanche aux assistants de la messe qui s’y célébrera.
* Jean La Valle est décédé l'année suivante, sa veuve, Marguerite Cellier continuera le bail.

En 1662, le 16 mars, Pierre Doublet, chanoine et chancelier de la cathédrale de Metz, est le nouveau chapelain de Saint-Remy en remplacement de Charles Hersent, en poste depuis 1627. A noter que ce nouveau chapealin a été nommé par une bulle du pape Alexandre VII.

Le 25 juillet de cette même année décède Henri d'Haraucourt de Chambley, grand doyen et chanoine de la cathédrale de Metz, et vicaire général de l'évêché. Il est inhumé dans la chapelle Notre-Dame-la-Tierce (croisillon nord du transept de la cathédrale).
Dans son testament des 16 et 20 juillet 1662, il donne aux Père Minimes un calice avec son bassinet et les burettes de vermeil doré qu'il avait coutume de se servir en célébrant la Ste messe. En outre le testateur ordonne qu'une confrérie de St-Isidore soit fondée et érigée en la chapelle de Saint-Remy, avec création d'un autel, dont trois cents francs messins seront pris sur sa succession pour le construire. Et pour desservir les messes qui s'y célébreront, il donne sa chasuble de damas vert.

En 1672, il semblerait que les bâtiments près de la chapelle dont il est question dans le bail soient dans un état lamentable et même en ruine !...
Ces bâtiments devaient être remis en état et réparés, c'était principalement les clauses du bail de 1661 ! Que s'est-il donc passé durant ces neuf années ?
A cette date, depuis Charles-Quint, la France est "encerclée" au Nord par les Pays-Bas espagnols et à l'Est par la Franche-Comté, aussi espagnole. Après la mort de Philippe IV (1665), roi d'Espagne, Louis XIV, alors tout jeune roi de France revendique des villes du Nord (Pays-Bas espagnol), une partie du Luxembourg et de la Franche-Comté (question d'héritage -dot non payée, Marie Thérèse, l'épouse de Louis XIV est la fille d'un premier lit de Philippe IV avec Elisabeth de France, fille de Henri IV). S'en suit la guerre de Dévolution (1667-1668). Les Pays-Bas sont conquis ainsi que la Franche-Comté. Le traité d'Aix-la-Chapelle du 2 mai 1668 met fin aux hostilités mais Louis XIV est contraint de négocier : il conserve des places-fortes du Nord, ce qui affaiblit le système défensif des Pays-Bas espagnols et éloigne la frontière Nord de Paris, mais doit rendre la Franche-Comté aux espagnols.

Peut-être une réponse : René Paquet, dans son Histoire de Woippy, écrit page 40, qu'en 1668 un parti de cavalerie espagnole se rua sur Woippy (vingt-quatre maisons et huit granges brûlées - d'où l'assaut de la Haute-Maison où Woirin Lapied et François Mangenot et trois autres paysans, du haut de la terrasse tuèrent quantité d'ennemis). Ces Espagnols sont-ils aussi passés par Saint-Remy ? La maison près de la chapelle fut-elle de nouveau démolie après avoir été rebâtie ?

Le 4 février de cette année 1672, le bail est repris par le sieur Michel S[--], de Saulny :
« ... ledit preneur a promis et s’est obligé de faire rétablir incessamment et sans retard lesdits bâtiments ruinés et y construire les commodités qui ensuivent, premièrement il sera tenu de faire rétablir les murailles du contour desdits bâtiments à chaux et à sable, y faire faire deux chambres avec une cheminée, dans lesquelles il y aura un four, plancher haut et bas, et faire aussi une écurie pour du bétail, le tout couvert, le toit de tuiles, au-dessus desquelles chambres il y aura un grenier ; comme aussi il sera tenu de faire curer et nettoyer le puits qui est auprès desdits bâtiments qu’il entretiendra de toutes réparations grosses et menues pendant lesdites neuf années, et rendre le tout en bon état à dire d’experts et gens à ce connaissant à la fin du présent bail ... »
Les révérends pères Minimes, pour rétablir ces bâtiments ruinés, ont décidé que le nouveau preneur ne paierait que cinq francs messins de loyer annuel ! Et la préférence lui sera faite à la fin du bail. De plus, un bail sur des terres et des prés arrive à échéance, il lui sera passé pour un prix convenu entre-eux.
Le preneur s'est obligé de donner logement auxdits pères minimes toutes fois qu'ils iront à la chapelle et même de leur fournir du vin pour dire la messe s'ils n'en emportaient pas avec eux. Les Pères Minimes lui ont de plus promis la garantie des pêches durant le temps du bail.

Dix ans plus tard, en 1682, la maison avec ses dépendances, proche de la chapelle de Saint-Remy, est prise à bail pour neuf années par Nicolas Roger, dit Champagne, demeurant en la Citadelle de Metz. Mais, en juillet 1686, cette personne ayant d'autres affaires, cède son bail avec l'accord des Minimes, au sieur de Labare.

Le 30 septembre 1686, le Sieur Nicolas Desprez, clerc du diocèse de Metz, prend possession de la chapelle de Saint-Remy précédemment tenue par Messire Pierre Doublet. Cette prise de possession est relatée ainsi : Le Sieur Desprez est entré et après avoir pris de l'eau bénite, s'est approché de l'autel et l'a baisé et fait l'oraison angélique à deux genoux devant ledit autel et a observé toutes les cérémonies accoutumées en pareille prise de possession.

Cette même année, le 9 novembre, Frémin Michel, demeurant à Saint-Remy, reprend le bail (ci-dessus, la maison proche de la chapelle, ban des petites Tappes) pour une durée de 9 années, consistant en terres arables et non arables, avec le jardin derrière ladite maison, à l'exception des prés pendant lesquels le sieur de Labare doit encore en jouir durant trois années.
Outre les charges et conditions habituelles, Frémin Michel devra, dans la présente année, planter dans le jardin derrière la maison, cent arbres fruitiers de quelle nature et aux endroits qu'il plaira auxdits Sieurs laisseurs et de les entretenir et en planter où il s'en trouvera des morts pendant le courant du présent bail ; de planter incessamment une haie vive d'épines blanches autour dudit jardin pour le fermer auprès ladite maison de telle sorte qu'il n'y ait aucun trou (la haie est payée par les révérends pères Minimes)...
Pistole : a servi à désigner l'écu espagnol au type de Jeanne la Folle et de Charles-Quint. Les changeurs appliquèrent le même nom à toute monnaie de titre et de poids analogue.
La valeur de la pistole était fixée à 10 livres tournois en 1652. (Larousse du XXe siècle)
Dans un bail du 19 juillet 1695 au sujet des dîmes de la chapelle de Saint-Remy, la pistole est comptée 14 livres.
Le loyer annuel du présent bail étant de trois pistoles d'or.
Non sans oublier de fournir le pain bénit et le vin qu'il conviendra fournir pour la célébration du Saint Sacrifice de la messe pour toutes les fêtes et dimanches audit Saint-Remy.

En ce début de XVIIIe siècle, les baux concernant les dîmes de la chapelle sont toujours adjugés, la durée peut varier d'un à six ans, les conditions d'attribution sont toujours à peu près identiques, entre autres la caution : les biens meubles et immeubles présents et futurs. Quant au canon annuel, toujours espèces sonnantes et produits de la terre (blé, avoine, foin, paille, etc.), il est très différent d'un bail à l'autre. Voyons pour exemple les trois baux ci-dessous :
- Le bail du 12 juillet 1709 :
Il est pris pour une durée d'un an par Jean Gros de Metz et François Sido, marchands bouchers, bourgeois de Metz, et Françoise Arnould, et Marie Beaudouin leurs épouses... le présent bail est fait à charge par lesdits preneurs de payer et acquitter les charges anciennes et ordinaires dont lesdites dîmes sont chargées, comme aussi de payer et délivrer au sieur curé de St Marcel de cette ville six quartes de blé froment, à l'acquit et décharge desdits Pères religieux et leur en apporter quittance au jour de St Martin prochain ; et en outre pour et moyennant la somme de Six cent trente-neuf livres en argent d'une sorte et vingt quartes d'orge telle qu'elle proviendra desdites dîmes et néanmoins en cas d'insuffisance à charge par lesdits preneurs de suppléer d'autre sorte de canon pour ladite présente année que lesdits preneurs promettent et s'obligent solidairement de payer et délivrer auxdits sieurs religieux en leur couvent de cette ville dans le jour de St-Remy prochain pour tout délai, avec dix livres aussi en argent pour la sacristie, et de voiturer et rendre lesdites vingt quartes d'orge bien vannées et hautonnées et recevables rendues sur les greniers desdits sieurs laisseurs ...
Etant convenu que les trois fff sont réservés au présent bail pour le cas échéant y avoir tel égard que de raison suivant la visite qui en sera faite aux frais desdits preneurs, à charge de les avertir dans les vingt-quatre heures après le dégât arrivé, à peine d'en être déchus
...

Blé méteil : mélange de froment et de seigle. Le seigle donne un pain bis qui se conserve frais assez longtemps.
- Pour comparaison, dans un précédent bail d'un an de 1695, le canon était de 600 livres et 260 quartes de grains, 2/3 de blé méteil et 1/3 d'avoine.
Les droits de la sacristie étaitent de 2 pistoles d'or (28 livres).

- En 1710, le bail des dîmes est pris pour six ans par les sieurs Dominique Vigneulle, maître-boulanger et François Mathis, archer de la maréchaussée, demeurant rue du Pontiffroy. Le canon annuel est de Quatre cent quatre-vingt-dix livres et quarante quartes de blé bien sec, corroyé, vanné, hautonné, un char de foin et un char de pailles en bottes d'autre sorte.
Pour la sacristie, il a été payé une pistole d'or pour cette fois seulement.

En avril 1714, la cense (les terres) dépendant de la chapelle (liste de 1635) est prise à bail pour six années par François Mathis (ci-dessus), l'un des archers de la maréchaussée -à Metz, moyennant cent-vingt livres tournois de loyer et canon annuel.
Ce bail est repris six ans plus tard par son fils, Antoine Mathis, distillateur d'eau de vie -à Metz, et son épouse Sébastienne Raymond. Le canon annuel est passé à 130 livres tournois. Le sieur Nicolas Valet, maître chandelier -à Metz, leur beau-frère, s'est porté caution.

A partir de 1728, la cense de la chapelle ainsi que le bail de la maison près de la chapelle et toutes ses dépendances seront pendant près d'une cinquantaine d'années pris par des "Michel". D'après une étude généalogique existante, tous ces "Michel" sont issus de Frémin Michel (ci-dessus) (1652-1704, marié en 1677 avec Jeanne Mathelin). Etude réalisée par Mme B. Torloting : - clic -

Le 7 mai de cette année 1728, François Michel, laboureur, demeurant à St-Remy, et son frère Louis, laboureur à Ste-Agathe, prennent à bail la cense dépendant de la chapelle consistant en terres labourables pour un canon annuel de 125 livres tournois.
Ces terres arables étant :
- Deux jours de terres labourables situés au long des Courtes Raies de Ste-Agathe au ban des Tappes, les héritiers de la Delle Jallon d’une part et les dames Lefevure d’autre ;
- Deux autres jours de terre environ situés lieudit en la Côte de Hulle, en face Tournail de part et d’autre ;
- Deux autres jours de terre situés sur le vieux chemin de Norroy vers le pré long bois, les seigneurs de la petite Tappe d’une part et le chemin d’autre ;
Jour : Mesure de superficie indiquant la quantité de terrain qu'un homme pouvait labourer dans un jour.
Le jour avait une valeur variable d'une commune à l'autre, pour Metz : environ 35 ares 1/2.
Fauchée : Quantité d'herbe qu'un faucheur pouvait couper dans une journée ou avant d'affiler à nouveau sa faux. (Larousse du XXe siècle, 1928)
Là aussi les valeurs sont variables, dans certaines communes se confondent avec le jour. (André GAIN, Liste des émigrés de la Moselle, tome II, page 779)
- Quatre jours de terres devant la chapelle de St-Remy entre les pères jésuites d’une part et l’abbé de St-Vincent d’autre ;
- Un autre jour joignant le chemin de la chapelle et ledit chemin d’une part et les pères jésuites d’autre ;
- Et un jour et demi aussi de terres labourables lieudit en Fossé actuellement en pâtural ;
- Plus une pièce de pré contenant quatre fauchées lieudit en pré Germain le vieux chemin d’une part et lesdits pères jésuites d’autre ;
- Et finalement la moitié du pré dit Lambert entre Mrs de St-Vincent et le ban de Maizières de part et d’autre, le tout situé audit ban des Tappes.
(C'est à peu près identique à la déclaration de mars 1635, adressé à Mgr de Bourbon, évêque de Metz)

Le 9 septembre 1729, François Michel, manœuvrier et gardien de la chapelle de Saint-Remy, et Jeanne Mangenot, sa femme, prennent à bail pour une durée de six années, la maison située proche la chapelle de Saint-Remy, avec un jardin à côté de ladite maison, un demi-jour de terre au champ le pain béni, un jour de terre situé devant ladite chapelle, et une pièce de pré lieu-dit au Logné servant de pâtural.
Ceci pour la somme de trente livres de loyer annuel.
En outre, le bail indique que les preneurs devront entretenir la maison de menues réfections locatives, de bien labourer, cultiver, fumer et amender la pièce de terre labourable à droits coups et saisons, entretenir le jardin, relever les rigoles et fossés au contour des héritages, et fournir le pain bénit pour le service de la chapelle.

Ce bail est reconduit le 14 septembre 1736, les Pères Minimes ayant la charge de faire faire un poêle dans la maison dans le courant de l'année prochaine 1737.

François Michel (bail précédent) décède en 1744, il avait 56 ans.
Le 13 février 1746, le bail est continué par sa veuve Jeanne Mangenot et ses deux enfants François et Charles pour la totalité des revenus de la chapelle.
C'est-à-dire que les deux baux ne font plus qu'un : la maison près de la chapelle, le jardin à côté, le demi jour au pain béni, le jour de terre devant la chapelle, une pièce de pré située au Lognez servant de pâtural, et la cense dépendant de la chapelle.
Le loyer annuel est de 157 livres tournois payables en deux fois : 125 livres au jour de St-Martin d'hiver et 32 livres au jour de Noël.
Ce bail est reconduit le 16 juillet 1752.


Carte du pays messin en 1789, L. Klipffel, 1929.
Rose : duchés de Lorraine et de Bar ; vert : Pays messin.
En 1759, un document concluant une vente de deux terrains est intéressant : Premièrement, il s'agit d'un François Michel, fils de défunts Louis Michel et Barbe Pangain, ses père et mère, au sujet de la succession de Frémin Michel (ce François Michel, demeurant à Ladonchamps, est cousin avec François et Charles Michel ci-dessus).
Deuxièmement, le premier terrain, située au ban de Norroy, lieu-dit au Dernier sol, est en terre de Lorraine ; le second terrain, situé ban des petites Tappes, lieu-dit à la Croix de Lorraine, est en terre de France.
La Lorraine (et le Barrois) ne devenant province française qu'en février 1766 à la mort du duc de Lorraine Stanislas Leszczinski (beau-père de Louis XV). (Histoire de Lorraine, Robert Parisot, tome II, p. 116)

En 1761, le 25 août, le précédent bail est reconduit. Jeanne Mangenot pour un tiers, François Michel et sa femme Catherine Mathis pour les deux autres tiers. Charles n'est plus présent dans ce renouvellement. Selon un document de 1772, il est cabaretier à la Garde de Dieu, auberge devant le château de Ladonchamps ; il est marié, son épouse se nomme Charlotte Dupuy (ou Dupuis).
Le loyer annuel ou canon est augmenté : 160 livres tournois.

Le 15 avril 1766, Jeanne Mangenot, devenue âgée (elle a 82 ans*, elle décédera en 1779 à l'âge de 95 ans !), cède sa part -son tiers-, à Michel Mathis (frère de Catherine sa belle-fille ?) à charge pour ce dernier de faire accepter ce transfert aux révérends pères Minimes et consorts.
Six années plus tard (13 janvier 1772), elle vend à son fils Charles et à son épouse, la moitié de trois jours de terre, ban de Norroy, lieu-dit la haye du grand Prévost. L'autre moitié appartenant à son beau-frère Louis Michel, jardinier à Ste-Agathe.
* Dans le bail de 25 août 1761, une clause était prévue en cas de son décès, elle avait alors 77 ans.

Le 26 février de cette année 1772, le bail de 1761 des cens de la chapelle est continué par François Michel et son épouse Catherine Mathis. Le canon annuel n'a pas changé, il est toujours de 160 livres, et parmi les charges et conditions, fournir le pain bénit pour le service de la chapelle.

Les derniers baux des dîmes de la chapelle.
Le 9 décembre 1757, le bail des grosses et menues dîmes est adjugé à François Alexandre, marchand drapier à Metz, et Jean Gaspard, maître cordonnier et à leurs épouses Catherine Saut et Jeanne Thomas pour un canon annuel de 1280 livres tournois. Ces preneurs ne faisaient que poursuivre le bail qui leur avait été adjugé le 17 janvier 1749.
Parmi les charges, ils devront payer et délivrer annuellement au jour de St-Martin d'hiver au sieur curé de St-Marcel la quantité de six quartes de blé froment et au sieur curé de St-Simon de la ville neuve (Fort-Moselle) cinq livres au moyen de quoi lesdits preneurs jouiront de la dîme novale qui doit appartenir au sieur curé de la ville neuve.
Dîme novale (ou nouvelle) : concernait les terres nouvellement cultivées.

Dans les clauses, on peut lire que lesdits preneurs ne pourront espérer ni prétendre aucune réduction ni diminution de leur canon pour quelque cas et accident qui pourraient arriver, pas même pour aucune des trois fff (feu, foudre et force), à quoi ils renoncent expressément attendu que ledit canon en argent est pour plusieurs années et que les bonnes pourront compenser les mauvaises.
* Versaines : Plusieurs définitions : Terre qui se repose après avoir donné deux récoltes ; terre préparée pour la semence ; aussi mesure de longueur variable. (Lexique de l'ancien français, Frédéric GODEFROY, Librairie Honoré Champion, Editeur, Paris, 1994).
** Regain des laines : Les brebis et les moutons sont tendus une fois par an au printemps. Mais il arrive que l'on puisse effectuer une deuxième tonte dans l'année, car les premiers mois la laine repousse particulièrement vite. Cette dîme était-elle levée sur la deuxième tonte ?
Et aussi les preneurs seront tenus de lever la dîme des carottes et autres légumes qui se sèment dans les versaines* et du regain des laines**.

Le 22 décembre 1775, l’adjudication des dîmes (bail de 9 ans) échoit à Jean Siméon, marchand drapier à Metz, et Marie Lapied sa femme, et à Henri Mangin, maître tourneur à Metz, et Jeanne Lapied sa femme. Le canon annuel est de 1715 livres argent au cours de France.
Ce bail arrivera à terme en 1785, mais déjà, ce 19 septembre 1782, soit trois ans avant, un nouveau bail pour ces dîmes est rédigé pour une durée de neuf années à commencer au jour de St-Jean-Baptiste de l'année 1785, pour finir à pareil de l'année 1794. Ce nouveau bail est au bénéfice du sieur Nicolas Patté, marchand fayencier, et de Jeanne Lapied sa femme. Il s'agit de la même Jeanne Lapied que ci-dessus, les écrits citent les admodiateurs actuels en ces termes ... que ledit Jean Siméon et sa femme, ledit Henri Mangin premier mari de ladite preneuse en jouissent en vertu du bail qui leur a été passé... Que s'est-il passé ?

Quelques chapelains de Saint-Remy.
1600 : Le sieur Louchon.

La demeure de Pierre de Stainville à Nancy, rue Mably, élevée en 1619. Le buste du duc Henri II surmonte le portail. Au fond, l’église Ste-Elisabeth des Orphelines.
(Site Internet : http://claude.fourcaulx.free.fr)

1605 : Pierre de Stainville, protonotaire du St-Siège apostolique, doyen de la primatiale de Nancy, et conseiller d'Etat de son Altesse de Lorraine.
1627 : Charles Hersent. Né à Paris, prêtre de l’Oratoire, docteur de Sorbonne, prédicateur du roi, élu et reçu chancelier le 16 octobre 1627. Il publia, en 1632, un ouvrage intitulé : « De la Souveraineté du Roy à Mets, pays metsin et autres villes et pays circonvoisins... contre les prétentions de l'Empire... et contre les maximes des habitants de Mets, qui ne tiennent le Roy que pour leur protecteur...» A Paris, chez Thomas Blaise... 231 p, in-8°. Il publia aussi en 1640 : Optatus Gallus de canendo schismate, dans lequel il prétend que, l’Eglise de France était en danger de faire schisme avec Rome ; ce livre fut condamné par le Parlement et les évêques de la Province de Paris et réfuté par Isaac Habert, évêque de Vabres, dans son traité : De consensu hierarchiae et monarchiae. A cause de ses opinions jansénistes, i1 fut déclaré hérétique par la curie romaine, ce qui entraînait l'excommunication et la privation de ses dignités et bénéfices. Le chapitre, en ayant eu connaissance, procéda, le 31 décembre 1661, à l'élection d'un nouveau chancelier. Il mourut peu après au château de Largou, en Bretagne (Bénédictins, III, 227). (Registres capitulaires (1210-1790), Jean-Baptiste PELT, Evêque de Metz, Metz, 1930, p. 393)
1662 : Pierre Doublet, chanoine et chancelier de la cathédrale de Metz. Ce chapelain possédait (entre autres ?) une vigne au lieu-dit en Dalle amodiée par Pierre Gobert, vigneron, demeurant au village de Woippy. - clic -
1686 : Nicolas Desprez, clerc du diocèse de Metz.

1782 (et déjà en 1752) : D’Huart. Grand vicaire du diocèse d’Oléron (dans un bail de 1775)

L'approche de la révolution.
Le cahier de doléances.
Il n'existe pas de cahier de doléances pour le hameau de Saint-Remy, lequel faisait partie de Ladonchamps et de Saint-Agathe. Saint-Remy a été rattaché à la commune de Woippy le 9 février 1810.
Voir le cahier de doléances de Saint-Agathe - Ladonchamps : - clic -

La révolution de 1789.

Le 26 octobre 1791, le comité d'administration du district de Metz divise le district (non compris la ville de Metz) en vingt-trois paroisses. Saint-Remy est compris dans la paroisse de Lorry-lès-Metz. Il est prévu la nomination de quatre vicaires : le premier à Lorry, le second à Saulny, le troisième à Plappeville et le quatrième à Saint-Baudier. Ce dernier, sera en outre chargé, tous les dimanches et fêtes, de dire une seconde messe basse dans la chapelle de Saint-Remy. (René Paquet, Bibliographie analytique de l’Histoire de Metz pendant la révolution (1789-1800), Paris, 1926, page 1035)
Mais avec la constitution civile du clergé et ses conséquences, que s'est-il vraiment passé à Saint-Remy ?...
Les autorités révolutionnaires changent beaucoup de noms de villes, de villages et de hameaux rappelant l'ancien régime (Roi, Louis, Château, etc.) ainsi que la religion (Saint, Sainte), si bien que le 20 mai 1794 (1er Prairial an II), Saint-Remy prend son nom révolutionnaire : « Bonneterre ».
Dès le début de la révolution, les biens de clergé ont été « mis à la disposition » de la Nation et vendus comme biens nationaux. Qu'est-il advenu de la chapelle ???
Dans son ouvrage Les anciens pouillés du diocèse de Metz, N. Dorvaux écrit, page 344 : « en 1804, on ne constate plus dans la paroisse de Woippy, ni chapelle ni oratoire, mais l'on rajoute : « M. de Ladonchamps en fait construire une superbe dans la cour de son château ».

Le XIXème siècle.

A la fin du XVIIIe et début XIXe siècles, on relève des ventes de terrains et de maisons, par exemple, sans les citer toutes :
- En septembre 1790, sur le ban vulgairement appelé le ban commun des quatre seigneurs, devant Saint-Remy, Grégoire Evrard et son épouse Anne Minet, vendent une maison composée de trois chambres, d'une écurie et dépendances.
- Le 22 Pluviôse de l'an 7, Paul Leroy et son épouse Marie-Jeanne Dorvaux, vendent à Nicolas Lapointe et son épouse Marie Beurthe, une maison avec son jardin à Saint-Remy, canton de Lorry, ainsi que trois pièces de terres représentant environ une dizaine de jours.
- L'annonce ci-contre, 10 germinal an 11 (31 mars 1803), à vendre à Saint-Remy :
1° Une maison patrimoniale située à Saint-Remy, entre Gilles Valentin d'une part et les héritiers de Claude Evrard d'autre.
2° Une autre maison patrimoniale, située au même lieu, avec le jardin en dépendant, ledit Gilles Valention d'une part et la route d'autre.
(...)
Les curieux pourront s'adresser au citoyen Grégoire Evrard, cabaretier à Ladonchamps, qui leur donnera tous les renseignements convenables.


Dans les deux ouvrages sur Woippy qui font référence, Histoire du village de Woippy, René Paquet (1878) et Woippy, village du pays messin - 1670-1870, Pierre Brasme (1987), on apprend qu'au recensement de 1856, Saint-Remy comptait 101 habitants, 28 ménages et 24 maisons, et qu'au 1er décembre 1875, il y avait 27 maisons, 44 habitants du sexe masculin et 41 du sexe féminin.

Articles sur Saint-Remy parus dans la presse d'époque : - clic -

La traversée de Saint-Remy en 1845
Les propriétaires

Repères du cadastre : en blanc : maisons et cours ; en noir : terres et jardins.

Repères Propriétaires Repères Propriétaires
66 Jean Conslin 96 Léonard Evrard
67/68 Charles Lapointe 97 François Evrard
69 Nicolas Remy 98 François Evrard
70 Marie Remy 99/100 Humbert Natier
71 Nicolas Remy 101 Baudier Petit
72/73/74/75 Charles Lapointe 102 Jacques Stef
77 Nicolas Remy, gendre Stef 103 François Conslin
78 Charles Jacques 104 Dominique Remy
81 Baudier Petit 105 à 109 Charles Lapointe
82 Jacques Stef 110 Léonard Evrard
85 François Conslin 111 François Evrard
86 Nicolas Conslin 112 Grégoire Evrard
88/89 Marie Valentin 113 Léonard Evard
90 Antoine Chéry    
91b Antoine Chéry (Forge de Mal. Fer.)    
91/92 Pierre Nassoy    
94 Antoine Chéry    
95 Pierre Nassoy    

Les lieux-dits du ban de Saint-Remy et environs
(cadastre de 1845)
- Côté "est" de la route de Thionville.
Chambière, Pièce devant les grandes Tappes, les vieilles Eaux, le Fay, l'Enclos, le pré Lambe, sur les grands prés, le pré Fétique, le grand Patural, Leschire, Pièce de Blantrain, la Corvée des bornes, le grand Bouchelot, le Bouchelot, devant Ladonchamps, la Louvière, la Corvée la dame, les Tournailles, pièce Saint-Remy, le Pain béni, la Corvée noyée, Pré colny, le Patural, Champ chermur, le Pré pourri, Pré saré.
- Côté "ouest" de la route de Thionville.
La Garenne, le Patural aux bœufs, derrière le bois Beuheuil, le bois de Beuheuil, Coupe champ, le Gibet de pierre, sous le bois de Beuheuil, le Pré la dame, sur le Pré la dame, pièce de Saint-Remy, le champ Sautré, le pré l'Huilier, derrière les Jardins, la grande Côte, la petite Côte, le pré Grevais, sur le pré Gervais.

Trois linteaux datés.

Le XXème siècle.

Au début du vingtième siècle, en mars 1905, M. Bombardier, l'aubergiste de St-Remy est victime d'un accident, voici le compte rendu du journal Le Messin du 16 mars 1905 :
« Un affreux accident avec mort d'homme s'est produit l'avant-dernière nuit sur la route de St-Remy, près Woippy.
M. Bombardier, aubergiste à St-Remy, était allé avec sa voiture chercher du vin dans le pays vignoble. Il arrivait d'Olgy et venait de passer la Moselle, lorsqu'il tomba de la voiture, c'est du moins que l'on suppose, puisqu'il voyageait seul et qu'il ne reste donc pas de témoin pour raconter comment l'accident est arrivé. Toujours est-il que l'on vit l'attelage arriver à St-Remy, seul, sans conducteur.
On juge de l'émotion de la famille pressentant un malheur. On se rendit à la recherche de M. Bombardier et on le trouva étendu mort au milieu de la grande route.
Les roues de la voiture lui avaient passé sur le corps. La mort avait dû être instantanée.
Comme on pense, cette nouvelle a produit une profonde émotion dans le pays, où la victime était bien connue et estimée.
On suppose que la fatigue ayant endormi le malheureux, il sera ainsi tombé de son siège, ou encore qu'un vertige lui ayant fait perdre l'équilibre, il aura ainsi roulé sous les roues de la voiture. »


L'auberge BOMBARDIER vers 1908.


L'auberge BOMBARDIER, construite vers 1880, fut détruite durant la Seconde Guerre mondiale


En face de l'auberge Bombardier se trouvait l'auberge CLAUDE.
Ce bâtiment, rénové, existe encore aujoud'hui.

Articles sur Saint-Remy parus dans la presse d'époque : - clic -
Dans ces articles, sont relatées l'ouverture du club hippique en août 1962 et de l'inauguration l'usine CLAAS en novembre 1962.





Petite promenade autour de Saint-Remy : Les grandes et petites Tappes : - clic -


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